par janic » 01/04/21, 14:06
puisque les autres topics favorables à l'homéopatie sont verrouillés, mais les opposés eux restent ouverts, allons y pour une démonstration sur le terrain de l'H.
En moyenne, les cas hospitalisés demeuraient 6 à 8 jours sur leur brancard
spécial avant de pouvoir repartir chez eux. Allongés sur une simple bâche
plastique, les malades étaient perfusés, tandis qu’une large ouverture au
milieu du lit leur permettait d’évacuer les selles dans un grand seau sans avoir
besoin de se lever. Pour vomir, il leur suffisait de se pencher sur un autre grand
récipient à la tête du lit.(...)
Une première inspection des patients me montra que les vomissements et les
selles étaient aqueux et abondants. Ils n’avaient pas l’aspect « eau de riz »
classique du choléra, mais on pouvait voir en suspension dans le liquide clair
de nombreuses particules blanchâtres floconneuses aux contours mal définis,
ce qui évoquait immédiatement à mon esprit des « boules de suif » pour établir
une concordance avec la matière médicale. Sachant d’autre part que tous les
patients avaient dès le début de l’affection une soif intense pour de l’eau la plus
froide possible, un premier candidat pour désigner le remède épidémique me
venait à l’esprit.
Ces premières constatations ne devant pas m’influencer, je passai à l’examen
du premier cas. Ce patient venait d’être hospitalisé. La veille, il avait été saisi
de vomissements et de diarrhées. En même temps qu’il s’affaiblissait très vite, il
avait présenté une soif très importante pour de l’eau froide. Ce qui était frappant
chez lui, comme chez tous les autres cas, c’était la dégradation très rapide de
l’état général, mais aussi l’absence de crampes ou de fortes douleurs. Le fait
d’avoir ce genre de cas aussi peu algique me permettait d’exclure Cuprum et
Veratrum.
Dans les cas aigus, c’est une bonne routine de s’enquérir si le patient a chaud
ou froid. Dans le choléra, il n’y a jamais de fièvre, mais ce patient se plaignait
spontanément d’éprouver des chaleurs. Comme toujours en homéopathie,
nous devons affiner un symptôme pour le rendre utilisable, ce qui revient à
le caractériser. Localisation, sensation, modalité, concomitant, irradiation sont
notre leitmotiv.
Or, ici le patient montrait clairement que sa chaleur était ressentie dans le dos.
Cela me permettait de dégager très nettement Phosphorus, au vu de mes
premières constatations. Mieux encore, en demandant au patient de bien
préciser où dans le dos cette chaleur se localisait, il parvint à se tourner pour
nous montrer la région dorsale entre les omoplates.
Le diagnostic de Phosphorus ne souffrait aucun doute, mais il était prudent de
chercher désormais à valider le choix par la recherche de signes plus généraux,
ce qui prend quelques instants de plus :
« A quel moment de la journée êtes-vous le pire ? » A cette question le patient
répond spontanément « le soir, dès que la nuit tombe ».
« Avez-vous besoin qu’on vous laisse tranquille ou préférez-vous qu’il y ait
quelqu’un près de vous ? » Décontenancé un instant par la question, le patient
nous montre sa mère et nous dit « surtout le soir, je serais content qu’elle soit
avec moi »
Que demander de plus pour prescrire Phosphorus ? Nous avions préparé
plusieurs médicaments sous forme de spray en solution hydro-alcoolique,
suivant les conseils de Kaviraj qui possède une très grande expérience des
« traitements de masse » en Inde. Il suffit de faire ouvrir la bouche et pschitt,
une petite giclée de Phosphorus 200. Le médicament touche ainsi une grande
surface muqueuse à la fois, ce qui accentue nettement son effet.
La plupart des cas n’auront besoin que d’une seule prise pour se rétablir…
Phosphorus, encore Phosphorus, toujours Phosphorus.
Les cas deviennent rapidement monotones quand le génie épidémique s’affirme
avec autant de clarté. Mais le plus surprenant c’est que chaque malade faisait
son propre tableau de Phosphorus selon sa propre constitution.
Les signes communs qui se retrouvaient chez tous les malades étaient :
Affaiblissement, vomissement, diarrhées, soif pour de l’eau très froide en
grande quantité, aggravation le soir, désir de compagnie.
Mais à chaque cas on trouvait de nouvelles keynotes de Phosphorus, voici
quelques exemples :
Cas 2 : chaleur dans le dos, comme de l’électricité qui monte jusqu’au vertex.
Cas 3 : douleur de l’abdomen qui irradie de partout dans le ventre (pain
extending across abdomen)
Cas 4 : grande agitation, la jeune femme se dévêt devant tout le monde, les
seins nus (ce qui est très rare dans un pays où les gens sont très pudiques)
Cas 5 : ictère très marqué des conjonctives, langue jaune, douleurs hépatiques
Cas 6 : vieille femme maigre, délire loquace
Conclusion
Phosphorus guérit la plupart des cas en 6 à 12 heures, certains demandant
une répétition de la dose. Les résultats sont tellement surprenants qu’on voit
la plupart des patients se redresser dans leur lit peu après la prise du remède.
Seules les personnes âgées demandent plus de temps pour se remettre debout.
Dans l’heure qui suit l’administration du médicament, les douleurs et autres
malaises sont soulagés, puis les vomissements s’estompent ainsi que les
diarrhées. Les patients demandent à manger et leur état général s’améliore très
rapidement. A la fin de notre séjour, on avait renoncé à poser des perfusions
aux patients nouvellement admis et tous avaient droit d’office à leur spray de
Phosphorus.
Finalement le plus surprenant a été la réaction des médecins haïtiens.
Contrairement à leurs confrères occidentaux qui refusent de voir l’évidence
et demandent des « preuves », ils ont rapidement compris l’intérêt de
l’homéopathie et désirent ardemment l’apprendre.
A travers notre modeste expérience haïtienne (qui demande à être développée
sur des bases plus rigoureuses), nous avons voulu montrer la supériorité de
l’homéopathie dans les situations infectieuses même les plus graves, et qu’il
est très simple de la mettre en œuvre rapidement et efficacement pourvu qu’on
ait bien compris l’enseignement de Hahnemann.
C’est pourquoi je voudrais que notre petite étude donne envie d’étudier
sérieusement la doctrine car se lancer dans la pratique de l’homéopathie
sans avoir jamais étudié l’Organon revient à nous priver de la conscience qui
forme l’ossature même du futur homéopathe et tourner le dos à l’héritage de
Hahnemann.
Ceci expose toujours aux mêmes fléaux :
- devenir la proie des inventeurs de systèmes et payer leurs coûteuses
formations
- picorer ici et là des fragments de l’homéopathie pour obtenir au final une
pratique approximative, toujours très inférieure aux résultats que peut apporter
l’étude de l’ensemble de la méthodologie Hahnemannienne, fruit de plus de 50
années d’expérimentations et d’améliorations incessantes.
Seuls les résultats comptent : qui est capable d’aller sans trembler devant
un cas de typhoïde, de choléra ? Qui est capable de gérer une polyarthrite
rhumatoïde, une épilepsie, un ulcère d’estomac ?
La réponse est univoque : seul celui qui aura pénétré la pensée du Fondateur.
Docteur Edouard Broussalian
file:///C:/Users/Alexandre/Downloads/lettre-32-2.pdf
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« On fait la science avec des faits, comme on fait une maison avec des pierres: mais une accumulation de faits n'est pas plus une science qu'un tas de pierres n'est une maison » Henri Poincaré