Les OGM sont ils dangereux pour la santé? L'étude qui accuse

Comment rester en bonne santé et prévenir les risques et ses conséquences sur votre santé et la santé publique. Maladies professionnelles, risques industriels (amiante, pollutions de l'air, les ondes électromagnétiques...), risques de société (stress au travail, surconsommation de médicaments...) et individuels (tabac, alcool...).
dedeleco
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par dedeleco » 26/09/12, 14:37

Mais lisez au moins le travail ENCODE de milliers de chercheurs pendant plus de 10 ans sur les gènes de la vie, résultat inextricable, de 4 milliards d'années d'évolution de la vie pleine de hasards, que nous possédons tous dans nos cellules, au lieu , de pérorer dans le vide, en méprisant cet énorme travail !!
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Obamot
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par Obamot » 26/09/12, 14:47

Et c'est reparti..! :cheesy:

janic a écrit :Tu t'es déja fait mettre au [....] pour tes réflexions [...] sur les autres intervenants et tu ne sembles pas en avoir compris le sens.

C'est pas très gentil de rappeler ça. Il me semble que c'est une affaire classée.

Soyons plus cool les gars, on partage nos mêmes passions pour l'environnement... :mrgreen:
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Ahmed
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par Ahmed » 27/09/12, 21:48

C'est une affaire classée, mais il est assez normal d'apprécier modérément ces remarques désobligeantes: "ne comprend rien", "pérore dans le vide" et autres "vos obsessions", pour ne citer que les plus récentes (les autres étant frappées de prescription!).

N'est-ce pas toi, Obamot, qui disait:
En général, plus ils sont arrogants et méprisants, et moins ils sont compétents.
:cheesy:
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par Obamot » 27/09/12, 22:53

Bah,

C'est ses avis.

Donner un avis sur quelqu'un c'est un peu le juger. Je m'y refuse ici. A lui de voir...

Il s'enflamme parce qu'il estime que certains messages ont de la peine à passer... Voire pour d'autres motifs. A-t-il tort et si oui pourquoi(?)

Par contre je suis largement contre le délit d'opinion, l'exclusion. Et la bonne foi semble de mise. Donc excepté les écarts de language, y'a strictement rien à dire ...et à nouveau: loin de moi l'idée de juger quiconque... Car à contrario, y'a-t-il également un «mieux» chez chacun de nous(?).

Peut-être que la bonne question à se poser, serait de se demander «quelle est la bonne méthode pour communiquer dans un forum»(?)

PS: j'ai mis les points d'interrogation entre parenthèse, parce que ce n'est pas vraiment des questions, mais des réflexions...
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janic
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par janic » 28/09/12, 08:34

je partages ton avis sur le droit d'exprimer un avis sur un sujet, mais il ne s'est fait virer QUE pour les attaques personnelles et ses remarques désobligeantes pas pour ses opinions. S'il recommence que se passera-t-il à nouveau? c'est à lui d'en prendre conscience!
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Exnihiloest
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Re: Les OGM sont ils dangereux pour la santé? L'étude qui accuse




par Exnihiloest » 20/12/18, 18:16

Les rats se portent bien !

http://presse.inra.fr/Communiques-de-pr ... e-des-rats
"Maïs OGM MON 810 et NK603 : pas d’effets détectés sur la santé et le métabolisme des rats
Un régime alimentaire à base de maïs transgénique MON 810 ou NK603 n’affecte pas la santé et le métabolisme des rats dans les conditions du projet GMO 90+1. ..."

Pour ceux qui veulent vérifier l'étude, c'est là :
https://academic.oup.com/toxsci/advance ... 98/5236972

Les OGM sont une science et une technique parmi d'autres. Le problème n'est jamais la techno elle-même, c'est l'usage qu'on en fait, n'en déplaise aux intégristes anti-OGM qui ne l'ont pas encore compris.
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Re: Les OGM sont ils dangereux pour la santé? L'étude qui accuse




par sen-no-sen » 20/12/18, 18:35

Exnihiloest a écrit :Les OGM sont une science et une technique parmi d'autres. Le problème n'est jamais la techno elle-même, c'est l'usage qu'on en fait, n'en déplaise aux intégristes anti-OGM qui ne l'ont pas encore compris.


OGM cela veut tout dire et rien dire,beaucoup sont terrifiés à la simple prononciation du sigle qui renvoi à des images de science fiction.
Certains OGM (comme celui de la papaye) sont utilisé depuis des décennies(22ans) sans risque sur la santé,le problème c'est que l'innocuité d'un OGM ne signifie strictement rien concernant celle des autres.
La question de fond concernant les OGM ne concerne pas l'aspect uniquement sanitaire mais plutôt celui de l'utilité de tels produits:pour quelle raison pratiquer la trangénése à l'heure de l'uniformisation des espèces?
Il y a là un bien curieux paradoxe,si l'on veut de la diversité,pourquoi ne pas utilisé les très nombreuses variétés naturelles? (Je suis volontairement naif! :) )
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Did67
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Re: Les OGM sont ils dangereux pour la santé? L'étude qui accuse




par Did67 » 20/12/18, 18:57

Il s'agit en fait de 3 études, indépendantes. Qui rendent publiques leurs résultats pour que la communauté scientifique puisse les scruter. Mais je ne me fais aucune illusion : cela sera a) ignoré ; b) massivement rejeté (on va tout voir ; théorie du complot, conflits d'intérêts, intérêts supérieurs de l'UE à la botte des grandes firmes...).

J'avais copie/collé ceci dans le fil qui parle du potager du paresseux :

Il y a quelques jours, j'invitais à rester prudent quand une personne "démontre" des choses qui vont à l'encontre de ce que semblent étayer tout plein de données. Je pensais à Kervran ou à Joyeux ou Benvéniste et quelques autres du genre...

Aujourd'hui, je tombe sur ceci, sur le site internet du journal Le Monde :

OGM-poisons ? La vraie fin de l’affaire Séralini


Vous souvenez-vous ? Ces images spectaculaires de rats atteints de cancers envahissants, si gros qu’en en voit les boules sous le poil. Exhibés à la télévision. Diffusés en film, livre, articles retentissants. Et de cette formidable campagne de presse lancé par le titre choc de l’Obs : «Oui, les OGM sont des poisons».

Oui, vous vous souvenez. Mais savez-vous que le 10 décembre, la revue Toxicology Sciences a publié l’un des articles de recherche montrant qu’il s’agissait d’une infox ? Certainement pas.

Revenons à ce jour de septembre 2012. L’hebdomadaire publie alors un épais dossier à l’appui de son titre. Mais un dossier étrange : ses seules sources d’information sont l’équipe du professeur Gilles-Eric Séralini, auteur principal d’une expérience publiée le même jour et des militants opposés à l’utilisation des plantes transgéniques. Comme si l’équipe de journalistes du Nouvel Observateur mobilisée pour ce coup de presse n’avait besoin de personne, en particulier d’autres experts du sujet, pour juger de la solidité de la thèse présentée par l’équipe du biologiste. Étrange puisque cette thèse s’oppose frontalement à nombre d’études déjà publiées. En affirmant que les rats nourris au maïs génétiquement modifié pour tolérer le glyphosate – principe actif des herbicides les plus utilisés dans le monde par les agriculteurs, dont le fameux Round Up inventé par Monsanto – en souffrent jusqu’à la mort.

Radios et télés enchaînent, sans plus d’enquête critique – mais c’est difficile à ce rythme – au point que le gouvernement, par la voix de son ministre de l’agriculture, Stéphane Le Foll, annonce le soir même qu’il va demander une modification des procédures européennes destinées à expertiser les risques des plantes transgéniques avant leur mise sur le marché.

Données brutes

Quelques mois plus tard, les deux agences publiques d’expertise concernées – ANSES et HCB – publiaient une analyse complète de l’article de Gilles-Eric Séralini et al. et concluaient toutes deux à son incapacité à démontrer quoi que ce soit. Les données brutes de l’expérience montrent que sa mauvaise réalisation, en particulier par le trop faible effectif des groupes contrôles, interdisait de tirer une quelconque conclusion des observations faites sur la santé des rats au bout de deux ans de régime au maïs modifié génétiquement (1).

Toutefois, l’ANSES recommandait de conduire une expérience « vie entière » – deux ans pour les rats – afin de répondre à la question posée par Séralini : « manger ce maïs transgénique rend-il malade à long terme, en particulier cela provoque t-il des cancers ? ». De son côté, le comité scientifique du HCB ne le recommandait pas vraiment, mais disait en substance : si cela peut rendre confiance aux citoyens et aux consommateurs, pourquoi pas ?

Cela a t-il été fait ? Oui. Au prix d’environ 15 millions d’euros dépensés par la Commission Européenne et la France et de milliers de rats de laboratoire. Par trois expériences différentes et indépendantes. Beaucoup mieux préparées et conduites que celle de Gilles-Eric Séralini. Et pour quel résultat ? Allons droit au but, comme à l’Olympique de Marseille : RAS. Rien à signaler côté santé des rats qu’ils soient nourris 90 jours, un an ou deux ans, avec des maïs transgéniques (tant pour le maïs tolérant au glyphosate que pour celui produisant son propre insecticide). Il y a certes quelques signaux dans l’expérience française, mais plus liés à des différences entre variétés de grains utilisés, pas vraiment entre maïs transgéniques et non transgéniques.

Rêvons un peu

Avant d’en venir à ces expériences et de leurs résultats, rêvons un peu. Rêvons que les journaux, radios, télévisions, journalistes et ONG ou responsables politiques qui ont en chœur assuré à leurs publics, lecteurs, électeurs et militants que Gilles-Eric Séralini avait « prouvé » que « les OGM » sont des « poisons » mortels, vont consacrer autant d’efforts, de temps de paroles, de longueur d’articles et de propos publics à annoncer cette nouvelle désormais bien établie.

Ce rêve n’a aucune chance de se réaliser. Ces actions ne sont susceptibles de rapporter aucune voix lors d’une élection, aucun soutien d’une opinion publique à des candidats aux postes électifs plus motivés par leurs conquêtes que par la qualité du débat public. Côté presse non plus : ce type d’information normale, a-t-on appris dans les écoles de journalisme, « ne fait pas vendre ». L’homme qui mord un chien, c’est une info, mais si c’est un chien qui mord un homme, c’est une info seulement s’il en meurt. Une plante transgénique qui tue, c’est une information; elle se contente de nourrir, ce n’en est pas une. Et les près de 98% des journalistes qui ont écrit sur cette affaire sans lire l’article originel de G-E Séralini ne vont pas plus lire les résultats de ces expériences ni se voir incité à les présenter par des rédactions en chef qui n’y verront pas le motif d’un titre bien saignant.

Donc, cessons de rêver. Et informons.

Quatre expériences ont été conduites. Trois européennes et une française.

Marlon qui a étudié l’état de santé des animaux d’élevage nourris avec des plantes transgéniques comparé avec celui d’animaux n’en consommant pas.
GRACE (GMO risk assessment and communication of evidence) dans un cadre toxicologique réglementaire avec du maïs MON 810 (maïs modifié pour produire la toxine insecticide Bt) avec des études à 90 jours et à un an dans l’objectif de vérifier si les protocoles à 90 jours ne ratent pas des processus plus lents.
G-TwYST (GM plants two years safety testing) qui réalise notamment l’expérience vie entière avec du maïs tolérant au glyphosate et visant l’apparition de cancers à long terme que G-E Séralini prétendait faire… mais avec des rats mieux choisis pour ce type d’étude et en nombre suffisant (50 dans chacun des groupes testés et groupes contrôles contre les dix de Séralini) permettant d’obtenir des statistiques significatives.
GMO 90+, c’est l’expérience française, proposée par Bernard Salles, le dernier auteur de l’article de Toxicological Sciences. Elle était destinée à étudier si l’on peut tirer d’une expérience sur six mois, des informations sur des « précurseurs » biologiques susceptibles d’indiquer de futurs problèmes de santé chez les rats testés. L’expérience est conduite avec les deux types de maïs transgéniques (tolérant au glyphosate et Bt). Elle fait appel à des technologies dite « omiques » (protéomique, etc) pour traquer des signaux faibles dans le métabolisme susceptibles d’être précurseurs de maladies survenant à plus long terme. Elle fut financée par le ministère de la Transition écologique et solidaire.

Ces expériences sont terminées, les résultats publiés ou en cours de publication (mais déjà connus des spécialistes car exposés en séminaires). L’expérience GMO90+ vient ainsi d’être publiée dans Toxicological Sciences. Elles doivent donner lieu à des analyses croisées complètes permises par une transparence totale sur les données brutes de chacune d’entre elles. Les informations disponibles vont toutes dans le même sens : pour un rat, avaler du maïs rendu tolérant au glyphosate, ou producteur de la toxine Bt (issue d’une bactérie commune) ou un maïs standard, c’est kif kif pour sa santé. L’étude GMO90+, très minutieuse, conclut à l’absence d’effets (clinique, physiopathologique, dans les analyses d’urine…) d’une nourriture avec les maïs génétiquement modifiés. L’étude à deux ans ne montre en particulier aucun effet sur la survenue de cancers.

Quelques remarques :

► Dire que ces expériences prouvent que « Les OGM ne sont pas des poisons » serait une ânerie de même calibre que l’affirmation inverse du Nouvel Observateur en septembre 2012. Elles montrent seulement que les plantes transgéniques testées, et uniquement celles-là, ne sont pas des poisons.

► Ces expériences donnent raison une fois de plus aux biologistes qui estiment qu’il faut « une raison » (biochimique, biologique) de se demander si telle ou telle plante transgénique pose un problème de santé ou non et non supposer a priori que l’introduction d’un gène (ou sa manipulation à l’aide des nouvelles techniques disponibles comme CRISPR) représente un risque sanitaire plus élevé que, par exemple, un croisement artificiel utilisé en sélection de semences traditionnel. En l’occurrence, il n’y avait pas de « raison » de penser que le gène de tolérance au glyphosate ou celui permettant la production de la toxine Bt et les protéines qu’ils codent constituaient un risque sanitaire pour la consommation humaine.

► Les technologies de manipulation génétique progressent, notamment avec CRISPR. La perspective de voir des plantes modifiées pour les cultures grandit. La réponse militante consistant à vouloir à toute force suspecter a priori ces plantes modifiées et voulant interdire ces techniques de manière générique pourrait bien se terminer par une défaite généralisée et le recul de la vigilance. Les résultats de ces trois expériences sont ainsi agités par les semenciers utilisant la transgenèse et leurs partisans pour réclamer… que l’on ne fasse plus du tout d’études toxicologiques à 90 jours sur les plantes transgéniques. C’est le retour de bâton qu’il fallait craindre, un retour de bâton d’autant plus dangereux avec les nouvelles techniques d’édition du génome. Les décisions d’encadrement réglementaires ont en effet été prises sur la base des «spasmes de l’opinion publique», note un sociologue, et non sur des analyses scientifiques montrant la nécessité de prendre des précautions avec les produits d’une technologie nouvelle.

► Si ces expériences démontrent l’innocuité sanitaire de ces deux plantes transgéniques, elles ne disent rien de leur (in)utilité ou de leurs effets sociaux, économiques, agronomiques et environnementaux.

► Comme il est très peu probable que les résultats conclusifs de ces expériences réalisées avec un grand luxe de précautions seront autant diffusées auprès des citoyens et consommateurs, comme d’ailleurs de « décideurs » (élus notamment), il est regrettable que l’affaire Séralini soit celle d’un lanceur de fausse alerte, puisque toute fausse alerte occupe une part de la citoyenneté et de l’expertise publique disponible pour une vraie alerte sanitaire ou environnementale. Certes, il vaut mieux se tromper de temps en temps et traiter une fausse alerte que de passer à côté d’une vraie mais ne pas se noyer dans les fausses alertes est indispensable. Sinon, c’est l’histoire du petit garçon qui criait toujours au loup et qui n’a pas été cru lorsque le vrai loup est arrivé qui risque de survenir.

► L’Union Européenne ayant limité à 5 ans l’autorisation en cours du glyphosate, trois ans pour la France, il est probable que cet herbicide va voir son usage décliner puis disparaître en Europe. Cela règle la question des plantes transgéniques tolérantes à cette molécule qui n’auront dès lors aucun intérêt. Mais quelle sera la conséquence de cette décision suivie nulle part ailleurs dans le monde ? Si une politique cohérente de moindre recours, voire de non-recours à grande échelle, aux herbicides pour les cultures s’ensuivait, ce serait un grand bénéfice. Il ne faut toutefois pas se tromper : les changements agronomiques (rotations complexes, désherbage mécanique qui suppose des heures de tracteurs, dé-spécialisation des territoires…) économiques et de soutien aux agriculteurs (fluctuations des rendements) nécessaires pour y parvenir sont très importants (voir ici un reportage publié dans Libération sur les études de l’INRA pour le moindre ou le non recours aux herbicides en grandes cultures). En l’absence d’une telle politique, que l’on ne voit pas venir, il est à craindre que l’on constate un recours accru à d’autres herbicides dont les risques environnementaux sont pires que ceux du glyphosate.

► Le bilan d’un usage immodéré des herbicides au glyphosate, boosté ou non par les plantes transgéniques tolérantes au glyphosate, c’est aussi la montée des résistances, un phénomène général traité dans la livraison du 18 mai de la revue Science par une série d’articles. La revue s’interroge : «pouvons-nous traiter le dilemme sociobiologique de la résistance aux pesticides», un vocabulaire montrant que le problème est tout autant économique et social que techno-scientifique. L’un des exemples les plus emblématiques est celui des herbicides au glyphosate (dont le round up de Monsanto est le plus célèbre mais loin d’être le seul). L’usage immodéré de ces herbicides dans les pays qui cultivent des plantes transgéniques résistantes au glyphosate a aboutit à ce que plus de 40 espèces d’adventices (les « mauvaises herbes » en langage savant) développent des résistances à cette molécule. Un processus darwinien inhérent à toute lutte chimique de ce type contre un végétal et qui suppose une stratégie de long terme autre que son usage répétitif à doses accrues devant les résistances qui émergent si l’on souhaite des pratiques agricoles durables.

Mais on note aussi plus de 550 espèces d’arthropodes qui ont développé des résistances à au moins un insecticide. A l’inverse, le bilan des plantes transgéniques modifiées pour produire la toxine insecticide de la bactérie Bt (utilisée en agriculture biologique) est bien meilleur : dès lors que l’on respecte les zones refuges et que l’on se situe dans un paysage de champs de taille modérées et de cultures variées, le résultat est une amélioration de l’environnement et la meilleure santé des populations d’insectes auxiliaires de l’agriculture (araignées, coccinelles, etc…) comme cela a été démontré en Chine sur des régions où l’on cultive du coton transgénique Bt.

► Or, on ne peut pas se dire que l’on doit continuer une politique qui privilégie l’utilisation des produits chimiques sans précautions plus fortes. Des signaux le montrent, comme cette étude récente d’une équipe de l’INRA qui a démontré le fameux « effet cocktail » pour des pesticides à très faibles doses ingérés par des souris. L’étude a été publiée ici. Pour une lecture plus aisée voir le communiqué de l’INRA ici. Il faut noter que parmi les 6 pesticides (2) étudiés on trouve le fongicide à base de boscalide. Or, il fait partie des SDHI (inhibiteurs de la succinate déshydrogénase), fongicides largement utilisés dont un collectif de scientifiques estime qu’il faut instruire le dossier de risque sanitaire. Des mécanismes d’action moléculaire susceptibles d’impacter la santé humaine ont été découverts. La première réaction plutôt négative de l’ANSES (3) à cette demande ne semble pas encourageante alors que si la démonstration d’un risque justifiant leur interdiction reste à faire, les arguments scientifiques à l’appui d’une instruction sérieuses sont bien plus solides que ce qui avait été avancé par l’équipe de Séralini dans l’affaire du glyphosate. Il est tentant de se demander si l’effet « enfant qui crie au loup » n’est pas déjà en action…

► note terminale : il est utile de lire in extenso le compte rendu d’un séminaire du programme RisKOGM qui a notamment financé l’étude GMO90+ où l’on peut lire cette remarque d’Armin Spök de l’Université de Klagenfurt : «il ne faut pas surestimer ce que la science ouverte est réellement capable de faire, en particulier en ce qui concerne les domaines fortement polarisants et les questions controversées de type réglementaire telles que le sujet des OGM, car la science ouverte ne peut pas résoudre ou atténuer les controverses portant sur les facteurs contextuels sous-jacents.»

Pour traduire ce langage en termes plus clairs : certains participants à ces dialogues ne sont pas prêts à renoncer à leurs affirmations d’origine, même si la science normale démontre qu’elles sont erronées, parce que leur conviction est en réalité ancrée sur d’autres points, économiques, sociaux voire moraux pour lesquels le compromis n’est pas envisagé. C’est pourquoi, par exemple, Gilles-Eric Séralini et nombre de ses soutiens n’ont jamais accepté le verdict scientifique pourtant solidement établi sur leur expérience originelle et qu’il est très peu probable qu’ils admettent que les trois expériences conduites pour répondre à la question qu’ils avaient mal traitée sont, elles, conclusives.

La difficulté à organiser un débat lorsque les participants en ont une vision de combat avec vainqueurs et vaincus explique aussi le marasme du Haut Conseil des Biotechnologies avec démissions en série et blocages.

Sylvestre Huet
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perseus
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Re: Les OGM sont ils dangereux pour la santé? L'étude qui accuse




par perseus » 20/12/18, 19:35

Bonjour,


Did67 a écrit :[...]

► Les technologies de manipulation génétique progressent, notamment avec CRISPR. La perspective de voir des plantes modifiées pour les cultures grandit. La réponse militante consistant à vouloir à toute force suspecter a priori ces plantes modifiées et voulant interdire ces techniques de manière générique pourrait bien se terminer par une défaite généralisée et le recul de la vigilance.
[...]
[/i][/color]


Bien d'accord avec cela.
J'avais évoquer des questions autour de cela en marge du fil sur le glypho je crois. Pas certains d'avoir été bien compris ou que je me sois bien exprimé. :mrgreen:
L'interdiction de principe des OGM, qui ne sont pas une technique mais le résultat d'une technique (mais bon), est une mauvaise voie (et je suis infiniment poli).

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Re: Les OGM sont ils dangereux pour la santé? L'étude qui accuse




par Did67 » 20/12/18, 21:33

Attention : ce n'est pas moi qui ait écrit le texte en bleu, je n'ai fait que le copier/coller...

Maintenant, sans avoir étudié cette question (les 3 études), je suis d'accord avec le texte.
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