"C'est un cadeau de la nature" : un photographe réussit à réunir sur un même cliché la foudre, Mars et l'éclipse de LuneMaxime Verrier traquait un orage vendredi lorsqu'il a capturé cette impressionnante photo de l'éclipse de Lune la plus longue du XXIe siècle.
Certains ne l'ont absolument pas vue, à cause des nuages. Mais Maxence Verrier, lui, a réussi à photographier la plus longue éclipse totale de Lune, vendredi 27 juillet. Et le mauvais temps n'a pas desservi son cliché. On y voit la foudre côtoyer la Lune rougie ainsi que Mars, qui était particulièrement visible cette nuit-là. Pour Maxence, qui partage le récit de ses traques sous forme de websérie, c'est "la photo d'une vie". Franceinfo a interrogé ce traqueur d'orages sur cette image remarquable, prise en Haute-Loire.
Franceinfo : Dans quelles conditions avez-vous réalisé ce cliché ? Espériez-vous photographier l'éclipse ?
Maxence Verrier : Je n'avais même pas imaginé prendre cette photo ! Nous nous attendions à pouvoir photographier l'éclipse, mais à partir de 18 heures une épaisse couverture nuageuse s'est installée en Rhône-Alpes. Moi, je suis traqueur d'orages, sur mon temps libre. Et comme ils annonçaient une situation orageuse en soirée, j'ai pris tout mon matériel et je suis parti dans une traque qui a duré quelques 200 kilomètres et quelques heures. Je suis finalement arrivé à Sainte-Sigolène et suis tombé sur un orage qui avait pris naissance du côté du Puy-en-Velay et qui glissait rapidement vers Valence. En passant au-dessus du massif du Pilat, il s'est libéré de son activité électrique, provoquant beaucoup d'impacts de foudre, assez puissants
J'ai eu une chance inouïe car le ciel s'est dégagé pour découvrir la lune orangée et Mars à ses côtés. Quand j'ai vu cette photo sortir à l'arrière du boîtier de mon appareil, j'étais stupéfait. C'est la photo d'une vie. Je suis assez ébloui par ce beau cadeau de la nature.
Que rajoute l'orage à cette photo de l'éclipse ?
Je pense que des photos de l'éclipse, on en a tous vu des milliers. Mais la puissance de l'orage et l'énergie qu'il déchaîne à côté de ce beau spectacle des astres nous ramène à notre état par rapport à l'univers et au monde. On n'est vraiment rien, on n'est vraiment que dalle. Ça m'a fait me sentir infiniment petit. On peut faire beaucoup de choses en tant qu'êtres humains, mais ce n'est rien à côté du spectacle de la nature. Ça, c'est indescriptible.
Comment se prépare une traque d'orage ?
Le premier outil, c'est la météo. Cela nous permet d'anticiper les perspectives d'orage et de partir en traque. On établit une cible, même si la météto reste une science inexacte. Ensuite, c'est important d'avoir des connaissances géographiques des zones qu'on arpente, ça nous permet de savoir quel endroit nous donnera un bon point de vue. Et puis il y a le matériel photographique : je pars avec trois trépieds et trois appareils photo. C'est du matériel tropicalisé [protégé de l'humidité par des matériaux spécifiques], car nos appareils sont généralement trempés après une prise de vue.
On peut partir à dix heures du matin et rentrer à deux heures du matin le lendemain, en fonction de là où nous mène notre traque. A vrai dire, 200 kilomètres pour une traque, ce n'est pas grand chose, c'est même très peu !