"L'Incompatibilité entre Sciences et Religions" .... il est des sujets comme celui là pour lesquels on se dit : "C'est un sujet clivant et explosif et mieux vaut ne pas y aller !". Et puis, le sujet et si déstabilisant et chatouillant, au sens où nous avons tous des doutes et des interrogations (ou des convictions) à exprimer qu'on ne peut s'empêcher d'y mettre les pieds. Bref, après quelques minutes d'hésitation, j'y saute à pieds joints.
J'ai le sentiment qu'opposer Sciences et Religion c'est un peu la même chose qu'opposer Mathématiques et Littérature : les mathématiques sont indiscutables, alors que la littérature c'est l'imagination, le rêve, auxquels on croit ou pas.
Nos sociétés humaines (surtout occidentales) n'aiment pas cette ambiguïté, cette position instable entre le réel expliqué et l'inconnu diffus. D'ailleurs dès les premières années d'apprentissage des jeunes citoyens, elles classent chacun de nous dans une des 2 catégories, comme si on ne peut être dans l'une et l'autre : Scientifiques ou Littéraire ? Choisi ton camp citoyen !
Plus amusant encore : quand un scientifique devient écrivain (ou religieux), ou inversement, on a l'impression qu'il s'agit d'un "coming-out" !
J'ai un ami d'enfance, lequel après avoir fait de brillantes études scientifiques d'ingénieur de haut niveau est devenu prêtre ! ça parait si incongru comme cheminement qu'on a du mal à comprendre. Mais c'est une réalité qui implique une autre façon de voir l'humain.
Nous avons tous dans notre entourage, un scientifique croyant, ou un croyant qui aime la science.
J'ai longtemps côtoyé un scientifique de très haut niveau, membres de plusieurs académies scientifiques, lequel était très croyant et très pratiquant !
Au début, cette dualité me paraissait incompatible : on ne peut pas dire d'un côté "si la Science n'explique pas, ça n'a pas de valeur", et de l'autre, "croire en Dieu et l'exprimer par la pratique sans avoir de preuve scientifique justifiant ce comportement". L'argument de ce haut scientifique était de me dire : "Dès que la limite de la Science est atteinte, j'aime à penser que derrière cette limite, c'est du domaine de Dieu"...
D'ailleurs, il imageait souvent son raisonnement avec l'Univers dont on dit qu'il est infini mais dont la limite se trouve à 14 Milliards d'années de nous ...
Avec le temps et des heures de discussions mélangeant sciences, religions, philosophies, j'ai fini par me dire "Pourquoi pas ? si la croyance religieuse apporte un bien-être, un réconfort, ou mieux une motivation, quand bien même on est un fervent scientifique qui ne valide que ce qui est prouvé !...".
C'est un peu à l'image d'un sportif de haut niveau qui a atteint par l'entraînement une forme physique optimale et une maitrise parfaite du geste technique de son sport, et qui va ensuite travailler son mental pour être encore plus performant.
Du coup, je suis devenu "agnostique", sur la base d'une définition que j'ai entendu un jour d'une interview d'un scientifique : "Quand la Science n'explique pas une chose et qu'on pense que l'explication ne nous est pas accessible par notre intelligence, et qu'on n'est pas convaincu par les explications religieuses, c'est qu'on est agnostique." ; je me suis reconnu dans cette définition !
Dans les Sciences et les Religions, ce sont les excès qui me gênent. D'ailleurs, un religieux extrémiste est-il plus dangereux qu'un scientifique fondamentaliste ?... La situation de crise sanitaire actuelle du Covid, avec les positions et déclarations contradictoires et conflictuelles auxquelles nous assistons de la part des plus hauts scientifiques contemporains depuis de le début de cette crise, nous montre à quel point les "croyances" scientifiques et religieuses peuvent avoir des effets similaires et provoquer des comportements antagonistes !
Bref, sciences et religions incompatibles ?... surement un peu du fait que ce sont des créations et des conceptions qui proviennent de la même origine, à savoir le cerveau humain qui a cette faculté d'être un organe complexe, mystérieux, quelques fois antinomiques et pas toujours logique.