Je ne pense absolument pas que "Mai 68 fut un coup d’état dont le but était de convertir la France", etc...
Non, mais cet événement a été utilisé par le système pour réformer ce qui le bridait.
Un autre exemple serait le Front Populaire qui, visant à l'émancipation des travailleurs et donc très mal vu par les classes dirigeantes, a objectivement servi les premiers bénéficiaires du système (contre leur volonté consciente!) en jetant les bases de ce qui deviendrait plus tard la société de consommation (offrant ainsi un vaste domaine de nouvelles productions permettant la valorisation de la valeur).
Ceci révèle la double nature du système: capable d'une extrême rationalité pour persévérer dans son être et, en même temps, complétement assujetti à une finalité irrationnelle et biocidaire...
La même chose s'observe, de façon fractale, au niveau d'une entreprise ou de diverses institutions: rationalité des moyens, irrationalité des buts.
#USTE : Tous immortels? (transhumanisme et philosophie)
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Ahmed a écrit :Je ne pense absolument pas que "Mai 68 fut un coup d’état dont le but était de convertir la France", etc...
Il existe de très nombreux éléments qui vont dans le sens d'un coup d'état organisé par les États-unis.
D'ailleurs les révolutions de couleurs ou le printemps arabe viennent nous le rappeler.
En 1966 la France se dote de la bombe H,ce qui la propulse dans le clan très sélectif des faiseurs d'apocalypse.
La même années De Gaulle décide de faire quitter la France du commandement militaire intégré de l'Otan,cela n'a guère été apprécié outre atlantique...
Les mouvements de contestations ont bizarrement couvé dans les milieux étudiants,ce qui est quasiment toujours le cas dans les tentatives de renversement du pouvoir,pour insuffler le changement rien de mieux que de jeune cerveaux malléable.
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sen no sen bonjour
J'ai volontairement mentionné Chrétienne dans le sens ou les valeurs fondamentale du Christianisme sont fondamentalement opposé à l' ultra-libéralisme("les marchands du temple").
La mention des marchands du temple et l'ultra libéralisme n'est pas judicieux. En effet le reproche fait au marchand n'est pas leur commerce (tout à fait licite) mais de confusion entre spiritualité et matérialisme
"Matthieu 21:13 Et il leur dit : Il est écrit : Ma maison sera appelée maison de prière. Mais vous, vous en faites une caverne de bandits.
Marc 11:17 Il les instruisait et disait : N’est–il pas écrit : Ma maison sera appelée maison de prière pour toutes les nations. Mais vous en avez fait une caverne de bandits.
Luc 19:46 en leur disant : Il est écrit : Ma maison sera une maison de prière. Mais vous, vous en avez fait une caverne de bandits.
J'ai volontairement mentionné Chrétienne dans le sens ou les valeurs fondamentale du Christianisme sont fondamentalement opposé à l' ultra-libéralisme("les marchands du temple").
La mention des marchands du temple et l'ultra libéralisme n'est pas judicieux. En effet le reproche fait au marchand n'est pas leur commerce (tout à fait licite) mais de confusion entre spiritualité et matérialisme
"Matthieu 21:13 Et il leur dit : Il est écrit : Ma maison sera appelée maison de prière. Mais vous, vous en faites une caverne de bandits.
Marc 11:17 Il les instruisait et disait : N’est–il pas écrit : Ma maison sera appelée maison de prière pour toutes les nations. Mais vous en avez fait une caverne de bandits.
Luc 19:46 en leur disant : Il est écrit : Ma maison sera une maison de prière. Mais vous, vous en avez fait une caverne de bandits.
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janic a écrit :La mention des marchands du temple et l'ultra libéralisme n'est pas judicieux. En effet le reproche fait au marchand n'est pas leur commerce (tout à fait licite) mais de confusion entre spiritualité et matérialisme
"Matthieu 21:13 Et il leur dit : Il est écrit : Ma maison sera appelée maison de prière. Mais vous, vous en faites une caverne de bandits.
Marc 11:17 Il les instruisait et disait : N’est–il pas écrit : Ma maison sera appelée maison de prière pour toutes les nations. Mais vous en avez fait une caverne de bandits.
Luc 19:46 en leur disant : Il est écrit : Ma maison sera une maison de prière. Mais vous, vous en avez fait une caverne de bandits.
C'est au contraire parfaitement judicieux,les marchands du temple ont simplement "évolués" et se trouve désormais à Wall street.
Un exemple parmi tant d'autre: "Je ne suis qu’un banquier faisant le travail de Dieu".
dixit Lloyd Blankfein...directeur général de Goldman Sachs!
Faire du business est parfaitement légale,par contre en faire une religion totalisante est-ce bien morale?
Fait une petit recherche sur les penseurs ultra-libéraux et leurs obédience et tu comprendras toute la dimension de la citation de Jésus...
Quelque noms pour t'aider:Ludwig von Mises,Henry Hazlitt,Milton Friedman,Alan Greenspan ,Guy Sorman.
Tu verras également les liens entre ses penseurs et le transhumanisme.
L'ultra-libéralisme favorise la compétition et la sélection impitoyable des plus aptes(le cas échéant corrompue),ce qui me semble être en totale contradiction d'avec les valeurs du Christianisme et de beaucoup d'autre spiritualité...
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sen no sen bonjour
C'est au contraire parfaitement judicieux,les marchands du temple ont simplement "évolués" et se trouve désormais à Wall street.
Je doute que Wall Street soit une maison de prière tournée vers dieu, le créateur de la vie.
Un exemple parmi tant d'autre: "Je ne suis qu’un banquier faisant le travail de Dieu".
N'importe qui peut se recommander de n'importe quoi, ça ne coute rien. Il suffit de voir le terrorisme actuel qui en fait autant.
Faire du business est parfaitement légale,par contre en faire une religion totalisante est-ce bien morale?
Là, tu touches du doigt ce que devrait être une religion "vraie" et sa dimension morale, mais quelles sont-elles en réalité?
C'est au contraire parfaitement judicieux,les marchands du temple ont simplement "évolués" et se trouve désormais à Wall street.
Je doute que Wall Street soit une maison de prière tournée vers dieu, le créateur de la vie.
Un exemple parmi tant d'autre: "Je ne suis qu’un banquier faisant le travail de Dieu".
N'importe qui peut se recommander de n'importe quoi, ça ne coute rien. Il suffit de voir le terrorisme actuel qui en fait autant.
Faire du business est parfaitement légale,par contre en faire une religion totalisante est-ce bien morale?
Là, tu touches du doigt ce que devrait être une religion "vraie" et sa dimension morale, mais quelles sont-elles en réalité?
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janic a écrit :Je doute que Wall Street soit une maison de prière tournée vers dieu, le créateur de la vie.
Oh que oui,Wall street est le temple mondiale de la religion finance et du dieu argent,les prêtres ont simplement changés de soutane et se font appelé traders.
Et l'argent (dieu) permet au système(la vie) de fonctionner,cqfd.
Les concepts change relativement peu au fil des temps,il revêtent simplement de nouveaux habits.
La référence à une toute puissance abstraite se retrouve très bien dans la logique économique.
Pourquoi l'ensemble de la classe politique ne jure que par le retour de la croissance(messie),alors que les sciences démontre l'impossibilité d'un tel projet?
Réponse:les politiciens sont des croyants,et il ne fonde pas leurs idées sur la raison,mais sur une religion.
Et si cette religion perdure c'est qu'elle met au service de son irrationalité un rationalisme scientifique.
Il en est de même du transhumanisme bien évidemment.
Le transhumanisme est un désir de toute puissance,un désir complétement irrationnel qui, ne pouvant se réaliser par nature s'adjoint comme tuteur la techno-science.
Dieu n'existe pas,la vie après la mort n'est qu'une fable,peu importe c'est juste une affaire de temps!
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Oh que oui,Wall street est le temple mondiale de la religion finance et du dieu argent,les prêtres ont simplement changés de soutane et se font appelé traders.
Et l'argent (dieu) permet au système(la vie) de fonctionner,cqfd.
Evidemment que toute chose peut prendre « la forme » d’une religion que ce soit l‘argent, le sexe, la politique,etc… Pour autant comparaison n’est pas raison et, théologiquement, cette comparaison n’est justement pas raison.
Les concepts change relativement peu au fil des temps,il revêtent simplement de nouveaux habits.
La référence à une toute puissance abstraite se retrouve très bien dans la logique économique.
C’est exact, c’est ce que je disais ailleurs sur l’athéisme qui est devenu le substitut de la religion traditionnelle dont il a pris la place puisque la nature a horreur du vide.
Réponse:les politiciens sont des croyants,et il ne fonde pas leurs idées sur la raison, mais sur une religion.
C’est encore vrai, mais c’est le lot de tout système institué qu’il soit religieux ou autre.
Et si cette religion perdure c'est qu'elle met au service de son irrationalité un rationalisme scientifique.
Le rationalisme scientifique ? On pourrait en dire beaucoup sur le sujet ! Seule une machine (excluant toute forme de subjectivité, et encore) pourrait être considérée comme rationnelle, mais les humains sont sujet à la subjectivité, à des croyances, à des comportements sociologiques et bien entendu à l’argent et les honneurs.
Il en est de même du transhumanisme bien évidemment.
Qui n’est que la conséquence de ce qui précède.
Le transhumanisme est un désir de toute puissance,un désir complétement irrationnel qui, ne pouvant se réaliser par nature s'adjoint comme tuteur la techno-science.
Pour autant « nous » sommes bien contents que cette techno science existe (exemple cet ordinateur, le Web, l’électricité que nous utilisons pour ce faire, plus toutes les autres machines sophistiquées comme les IRM, les transplantations, etc…
Dieu n'existe pas,la vie après la mort n'est qu'une fable,peu importe c'est juste une affaire de temps!
Ca c’est un point de vue philosophique, pas scientifique.
Et l'argent (dieu) permet au système(la vie) de fonctionner,cqfd.
Evidemment que toute chose peut prendre « la forme » d’une religion que ce soit l‘argent, le sexe, la politique,etc… Pour autant comparaison n’est pas raison et, théologiquement, cette comparaison n’est justement pas raison.
Les concepts change relativement peu au fil des temps,il revêtent simplement de nouveaux habits.
La référence à une toute puissance abstraite se retrouve très bien dans la logique économique.
C’est exact, c’est ce que je disais ailleurs sur l’athéisme qui est devenu le substitut de la religion traditionnelle dont il a pris la place puisque la nature a horreur du vide.
Réponse:les politiciens sont des croyants,et il ne fonde pas leurs idées sur la raison, mais sur une religion.
C’est encore vrai, mais c’est le lot de tout système institué qu’il soit religieux ou autre.
Et si cette religion perdure c'est qu'elle met au service de son irrationalité un rationalisme scientifique.
Le rationalisme scientifique ? On pourrait en dire beaucoup sur le sujet ! Seule une machine (excluant toute forme de subjectivité, et encore) pourrait être considérée comme rationnelle, mais les humains sont sujet à la subjectivité, à des croyances, à des comportements sociologiques et bien entendu à l’argent et les honneurs.
Il en est de même du transhumanisme bien évidemment.
Qui n’est que la conséquence de ce qui précède.
Le transhumanisme est un désir de toute puissance,un désir complétement irrationnel qui, ne pouvant se réaliser par nature s'adjoint comme tuteur la techno-science.
Pour autant « nous » sommes bien contents que cette techno science existe (exemple cet ordinateur, le Web, l’électricité que nous utilisons pour ce faire, plus toutes les autres machines sophistiquées comme les IRM, les transplantations, etc…
Dieu n'existe pas,la vie après la mort n'est qu'une fable,peu importe c'est juste une affaire de temps!
Ca c’est un point de vue philosophique, pas scientifique.
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Les révolutions arabes se sont produites dans un contexte spécifique : des régimes ouvertement autocratiques (donc des adversaires facilement identifiables), une opposition constituée (même si clandestine) et une "pression de confort" très faible (en clair, des gens qui n'avaient pas grand chose à perdre).
Mai 68 est né de la conjonction de plusieurs facteurs : l'accès massif à l'éducation et à l'université de classes nombreuses issues du baby-boom et donc l'existence d'une population dans un entre-deux indéterminé, entre enfance et vie active, donc très disponibles (et pas seulement "influençables" ; essor de la société de consommation à l'intérieur de cadres psychiques en contradiction avec cette tendance et perçus comme hypocrites, déclin des valeurs religieuses traditionnelles et plus généralement des valeurs transcendantes, débouchant sur un vide consumériste sans idéal.
Partiellement récupéré par des leaders politiques parfaitement dépassés par les événements, Mai 68 fut la dernière "émotion" à ébranler la France.
Elle ne pouvait déboucher sur un changement de régime, car "l'imagination au pouvoir" n'est pas l'imagination du pouvoir et si l'hypocrisie de la morale ancienne devait être balayée, ce ne fut qu'au profit du cynisme.
Finalement, ce fut le dernier soubresaut avant le ralliement à la société du spectacle qui se contemplait complaisamment dans son confort kitsch ce qui finit de dissimuler les contradictions et d'éteindre les protestations.
Si les américains ont voulu influer sur ces événements, sans doute ont-ils mal pris la mesure des potentialités réelles de la révolte et un coup d'état était bien irréaliste, non que l'intensité soit trop faible, mais parce qu'elle n'était tout simplement pas dirigée en ce sens.
Si ce mouvement dirigé contre le consumériste n'a pu aller au bout de ses possibilités contestataires, c'est qu'il était lui-même habité par les contradictions qu'il dénonçait et que, parmi ses membres (comme la suite l'a montré) très peu était disposés à renoncer aux conditions matérielles qui avaient été à la fois la cause et la condition de la contestation.
-------------------------------------------------------------------------------
Le désenchantement du monde, la déchristianisation et plus généralement la perte des idéaux peuvent apparaître comme une laïcisation totale et si l'on peut parler d'une religion de l'argent de façon pertinente, ce doit être en prenant la précaution de préciser que ce ne peut être sous le même registre.
En effet si le culte de la Valeur peut facilement se transposer des anciennes pratiques religieuses avec ses institutions, ses prêtres, ses rites et sa transcendance, subsiste d'essentielles différences.
Toute spiritualité digne de ce nom vise à un dépassement de l'individu, à le relier (religere=>religion) avec la communauté grâce à des valeurs surplombantes qui instituent des limites sacrées.
Certes, on retrouve quelques traits de cela dans le capitalisme : la Valeur fonde les rapports sociaux, mais si l'individu est exalté ce n'est que dans l'isolement de la concurrence universelle et la seule chose de sacrée est l'absence de limites. Souvent accusée de matérialiste, cette idéologie en est aussi loin que de la spiritualité, puisque ce n'est pas l'accumulation de marchandises qui est le but, ni la richesse réelle (sinon ce serait un grand échec!), non, sa finalité suprême est l'accumulation de la Valeur abstraite* qui, par définition, n'a aucun sens. Ce n'est cependant pas non plus une spiritualité, puisque chaque croyant abandonne une part croissante de son humanité au service de l'idole. Bien entendu cette idole n'est qu'une hypostase, une projection fantasmée d'une puissance qui n'est que le résultat des efforts des hommes, mais qui fonctionne cependant à l'inverse, s'autonomisant pour imposer sa volonté implacable à ses sujets et les amener à travailler jour après jour à leur perte, les poussant à déployer une ingéniosité toujours plus grande pour édifier le piège qui signera non plus seulement (si l'on ose dire!) la perte de leur humanité, mais leur disparition totale et physique, ultime ressemblance et différence d'avec les religions sacrificielles.
En effet, là où ces dernières limitaient le sacrifice au minimum requis pour épargner l'ensemble, le culte de la Valeur institue le potlatch universel et irrémédiable : seule l'apocalypse convient à sa démesure.
Encore ce mot trop et trop mal employé ne doit-il pas faire illusion : son étymologie grecque désigne un dé-voilement, une révélation finale de ce qui était auparavant caché, donc un événement éminemment positif ; ici, rien de tout cela et l'apocalypse n'est qu'anéantissement sans espoir.
Ahmed, Apocalypticien-prophylactique, pour vous servir!
*Plus exactement il s'agit d'une abstraction-réelle, selon la formulation de Marx, puisque si son essence est abstraite et résulte d'une simple croyance, ses effets sont très réels.
Mai 68 est né de la conjonction de plusieurs facteurs : l'accès massif à l'éducation et à l'université de classes nombreuses issues du baby-boom et donc l'existence d'une population dans un entre-deux indéterminé, entre enfance et vie active, donc très disponibles (et pas seulement "influençables" ; essor de la société de consommation à l'intérieur de cadres psychiques en contradiction avec cette tendance et perçus comme hypocrites, déclin des valeurs religieuses traditionnelles et plus généralement des valeurs transcendantes, débouchant sur un vide consumériste sans idéal.
Partiellement récupéré par des leaders politiques parfaitement dépassés par les événements, Mai 68 fut la dernière "émotion" à ébranler la France.
Elle ne pouvait déboucher sur un changement de régime, car "l'imagination au pouvoir" n'est pas l'imagination du pouvoir et si l'hypocrisie de la morale ancienne devait être balayée, ce ne fut qu'au profit du cynisme.
Finalement, ce fut le dernier soubresaut avant le ralliement à la société du spectacle qui se contemplait complaisamment dans son confort kitsch ce qui finit de dissimuler les contradictions et d'éteindre les protestations.
Si les américains ont voulu influer sur ces événements, sans doute ont-ils mal pris la mesure des potentialités réelles de la révolte et un coup d'état était bien irréaliste, non que l'intensité soit trop faible, mais parce qu'elle n'était tout simplement pas dirigée en ce sens.
Si ce mouvement dirigé contre le consumériste n'a pu aller au bout de ses possibilités contestataires, c'est qu'il était lui-même habité par les contradictions qu'il dénonçait et que, parmi ses membres (comme la suite l'a montré) très peu était disposés à renoncer aux conditions matérielles qui avaient été à la fois la cause et la condition de la contestation.
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Le désenchantement du monde, la déchristianisation et plus généralement la perte des idéaux peuvent apparaître comme une laïcisation totale et si l'on peut parler d'une religion de l'argent de façon pertinente, ce doit être en prenant la précaution de préciser que ce ne peut être sous le même registre.
En effet si le culte de la Valeur peut facilement se transposer des anciennes pratiques religieuses avec ses institutions, ses prêtres, ses rites et sa transcendance, subsiste d'essentielles différences.
Toute spiritualité digne de ce nom vise à un dépassement de l'individu, à le relier (religere=>religion) avec la communauté grâce à des valeurs surplombantes qui instituent des limites sacrées.
Certes, on retrouve quelques traits de cela dans le capitalisme : la Valeur fonde les rapports sociaux, mais si l'individu est exalté ce n'est que dans l'isolement de la concurrence universelle et la seule chose de sacrée est l'absence de limites. Souvent accusée de matérialiste, cette idéologie en est aussi loin que de la spiritualité, puisque ce n'est pas l'accumulation de marchandises qui est le but, ni la richesse réelle (sinon ce serait un grand échec!), non, sa finalité suprême est l'accumulation de la Valeur abstraite* qui, par définition, n'a aucun sens. Ce n'est cependant pas non plus une spiritualité, puisque chaque croyant abandonne une part croissante de son humanité au service de l'idole. Bien entendu cette idole n'est qu'une hypostase, une projection fantasmée d'une puissance qui n'est que le résultat des efforts des hommes, mais qui fonctionne cependant à l'inverse, s'autonomisant pour imposer sa volonté implacable à ses sujets et les amener à travailler jour après jour à leur perte, les poussant à déployer une ingéniosité toujours plus grande pour édifier le piège qui signera non plus seulement (si l'on ose dire!) la perte de leur humanité, mais leur disparition totale et physique, ultime ressemblance et différence d'avec les religions sacrificielles.
En effet, là où ces dernières limitaient le sacrifice au minimum requis pour épargner l'ensemble, le culte de la Valeur institue le potlatch universel et irrémédiable : seule l'apocalypse convient à sa démesure.
Encore ce mot trop et trop mal employé ne doit-il pas faire illusion : son étymologie grecque désigne un dé-voilement, une révélation finale de ce qui était auparavant caché, donc un événement éminemment positif ; ici, rien de tout cela et l'apocalypse n'est qu'anéantissement sans espoir.
Ahmed, Apocalypticien-prophylactique, pour vous servir!
*Plus exactement il s'agit d'une abstraction-réelle, selon la formulation de Marx, puisque si son essence est abstraite et résulte d'une simple croyance, ses effets sont très réels.
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"Ne croyez surtout pas ce que je vous dis."
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Ahmed a écrit :Mai 68 est né de la conjonction de plusieurs facteurs : l'accès massif à l'éducation et à l'université de classes nombreuses issues du baby-boom(...)
Ta rétrospective sur 68 est excellente comme à l'accoutumé,néanmoins tu ne décris ici que le terrain des événements.
Hors on ne peut omettre un certain nombre d’éléments sur la période qui à précédé 68.
De Gaulle à très vite fâché les américains: le développement de la bombe H,la sortie du commandement intégré de l'OTAN,le fameux discours de Phnom-Penh critiquant l’intervention des USA au Vietnam,puis sont projet de défense nucléaire est/ouest,mettant de fait américain et russe sur le même piédestal.
D’ailleurs le général Ailleret responsable de la mise en place de cette politique,mourut dans un accident d'avion en Mars 68...
Mais la cerise sur le gâteau fut d'ordre économique,puisque De Gaulle voulait remettre en cause la suprématie du dollars(et oui déjà a l’époque!).
La liste serait trop longue a énuméré,mais il apparait clairement que la chute de De Gaulle n'est pas le simple fait du hasard et que le terrain social fut particulièrement propice au changement de régime.
Pour ce qui est des religions:
Tu écrit:
En effet si le culte de la Valeur peut facilement se transposer des anciennes pratiques religieuses avec ses institutions, ses prêtres, ses rites et sa transcendance, subsiste d'essentielles différences.
Toute spiritualité digne de ce nom vise à un dépassement de l'individu, à le relier (religere=>religion) avec la communauté grâce à des valeurs surplombantes qui instituent des limites sacrées.
Mais justement il ne faut pas confondre religions et spiritualité.
Les religions sont des systèmes de pensées dont le but est de connecter les individus au travers d'un mythe fondateur.
Elle occupe un rôle d'ordre politique et sont contrainte dès lors a s’imposer face à d'autre système concurrent.
Leur rôle est de canalisé les désirs et les craintes existentielles des foules.
La spiritualité quant a elle relève avant tout du cheminement intimiste d'un individus vers son essence,son être.
Si effectivement cette dernière utilise comme squelette un système de pensé,elle se veut avant tout un moyen de le dépasser.
Force est de constater que malgré les milliards de croyants,bien peu sont réellement tourné vers une pratique authentiquement spirituelle!
D’où ma comparaison entre religion économique et religion classique,les fondements qui les constitue sont les mèmes(sic):une organisation sociétale,un mythe fondateur,une toute puissance abstraite,et une promesse d'un monde meilleur.
Pour le reste beaucoup d'ultra-libéraux diront que l'économie à fait bien plus pour l'humanité en quelques siècles que l'ensemble des religions en plusieurs millénaire....
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"Le Génie consiste parfois à savoir quand s'arrêter" Charles De Gaulle.
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