Ahmed a écrit :Affirmer que la démocratie est "confisquée" doit s'entendre d'un point de vue principiel et non historique, puisqu'elle n'a jamais eu d'existence historique. Certes, des peuples ont fonctionnés (et peut-être encore aujourd'hui) en appliquant ce principe, mais le concept de démocratie , lui, leur est totalement étranger, du fait même de sa réalisation effective.
C'est comme d'imaginer notre société respectant parfaitement l'écologie*: aussitôt, ce concept deviendrait inutile et désuet.
*Inutile de préciser qu'il s'agit d'une simple hypothèse d'école!
Ça... pour le moment (je te taquine un peu, pour ne pas voir la chose superficiellement, puisque tu raisonnes en profondeur!^^) la démocratie est faite avec des lois, qui, si on ne les respecte pas, font que le volet répressif entre en action: après on peut toujours dire que ça n'existe pas
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Ça dépend ce que tu appelles "
réalisation effective" (si c'est de dire que dans le mode d'application, dès lors que ça ne correspond pas à tes/nos propres vues ce n'est pas "
effectif", c'est un critère secondaire, puisque dans l'intervalle la loi s'applique => "
Besoin de contrainte" revendiqué => revendiqué et exprimé par une loi => application de la mesure de contrainte => respect de la mesure de contrainte — en principe et en général par beaucoup — donc suivisme et asservissement à la loi, c'est le mimétisme de l'observation du potentiel coup de pied au train en cas de terrain de défi... assez efficace).
Ahmed a écrit :Difficile d'envisager de renoncer à la rivalité mimétique qui est corrélée à nos facultés d'apprentissage, mais elle peut s'exercer dans des domaines moins dévastateurs que l'économie...
Il n'y a pas de possibilité d'exprimer cette rivalité, si tant est qu'elle existe: dans le cas qui précède. C'est une sorte de nivellement.
Ahmed a écrit :Ce que tu appelles "besoin de contrainte", d'après Maslow, est probablement un des aspect essentiel de la rivalité mimétique: le désir pour l'objet détenu par le rival ne fonctionne que si le rival est hors d'atteinte, si ce n'était le cas, alors le désir s'évanouirait; il est donc nécessaire de survaloriser le rival (à tort ou à raison), à tel point que la rivalité mimétique puisse continuer à jouer son rôle.
Puisque tu me tends la perche* (
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) je vais tenter une modeste réponse!
La "
Pyramide des besoins" de Masslow, n'est pas une théorie visant à assoir tel ou tel paradigme fondé sur le consumérisme (et/ou qui validerait en quoi que ce soit le "
bien fondé" du modèle théorique actuel, oh ça non...). Ce n'est qu'une tentative de hiérarchiser les besoins chez les individus — chose hautement subjective — précisément en tenant compte de cette subjectivité (Masslow affirme que chaque individu a sa propre pyramide des besoins et que relativement à ça, il serait "
motivé par son besoin le plus bas insatisfait"). C'est plutôt un cliché des réflexes cognitivo-comportementaux d'un individu (ou d'un groupe réagissant de même manière) à un moment "T". Je n'y vois rien d'autre qu'un outil de compréhension de certains mécanismes mentaux. Il serait d'ailleurs intéressant d'étudier pourquoi ceux-ci peuvent devenir pathologiques à un moment donné (puisque tu fais référence à ce qu'il se passe au Moyen-Orient, qui n'est pas seulement Dae$h) ou a contrario donner des génies pourront éventuellement contribuer à guider l'humanité...
Dans cette pyramide, il est une catégorie des besoin qui est commune à TOUS les individus: les "
Besoins physiologiques" (boire, manger, dormir, ne pas avoir froid ou trop chaud etc...) sans la satisfaction desquels rien n'est possible. Et on comprend tout de suite que le "
Besoin de contraintes" est profondément ancré, puisqu'il en fait partie. Bien que je ne dénie pas qu'il puisse y avoir du mimétisme dans l'acquisition des réflexes y relatifs, ce qu'il est surtout intéressant de constater, c'est que ce besoin s'impose même dans les cas d'une conscience de soi relativement peu développée (on peut se droguer, ou nuire à sa santé de diverses manière, sans avoir renoncer à boire ou à manger... de la même manière, on peut consommer sans percevoir toutes les conséquences et implications de ses choix de consommation!)
Puis viennent les "
Besoins de sécurité" (avoir un salaire, vivre en sécurité chez soi, pour s'y reposer lorsque l'on est le plus vulnérable, rouler dans les limitations de vitesse pour éviter de se tuer, etc), que l'on pourrait classifier également comme "indispensables" tout comme les "
Besoins physiologiques", mais dont la particularité est que certains individus sont capable de faire fi des contraintes qu'ils représentent, pour prioritiser d'autres activités (du moins temporairement): un peintre en pleine pulsion créatrice qu'il en oublierait de manger (par exemple.) Ceux-ci arrivent donc même à reléguer des besoins essentiels (boire ou manger) pour se consacrer entièrement à leur préoccupation du moment.
Alors rivalité miémtique entre individus? Pas complètement puisque même en l'absence de rival, le/s besoin/s demeure/nt. Il faut monter dans les échelons de la hiérarchie de la pyramide ("
Besoins sociaux, d'appartenance", et aussi "
Besoins de développement") pour que le mimétisme dont tu parles s'exprime et s'applique (ce qui ne veut pas dire qu'il ne s'applique jamais à des échelons inférieurs, mais c'est pour dire que cela nécessite déjà une certaine conscience de soi et des autres, au moins en tant que référent). Le "
Besoin de contraintes" est classifié en tant que "besoin" puisqu'il s'agit d'une revendication non formulée forcément consciemment par les individus, mais "besoins" qui restent impérieux dans beaucoup de cas. C'est pourquoi je dis (et en faisant référence à l'épistémologie constructiviste de Piaget et autres grands noms de l'observation de la motivation des individus dans une approche humaniste) que l'individu a besoin de développer sa capacité à "dépasser la conscience qu'il a de lui même" (déjà pour éviter qu'il en soit réduit à son niveau d'insignifiance potentiel...) mais
c'est un besoin déjà très évolué. Il me semble que — par exemple — c'est là l'une des clefs de l'approche altruiste (comme celle d'être conscient des mimétismes et d'avoir la lucidité de voir lorsqu'ils s'expriment...) oui ça exige de toute évidence une sorte de renoncement de soi.
Ahmed a écrit :Ce serait le danger d'une démocratie: plus les gens sont semblables, plus ils sont rivaux (bien qu'essayant d'apparaître alors comme d'autant plus différents).
Tout dépend du degré de conscience de son "environnement" et notamment de la capacité de construction mentale dont on dispose. Mais si on observe les choses autour de soi: c'est vrai qu'il y a du boulot dans le domaine. Il faut voir le "
Besoin de contraintes" à la fois comme une sécurité mais forcément également comme un frein...(et encore plein d'autres choses.)
Ahmed a écrit :Un bon exemple en est le conflit avec Daesh: quoi de plus différent que cette théocratie moyenâgeuse et nos sociétés modernes?
Même si il y a des pistes de réflexion, je ne connais pas suffisamment comment la C!A (je veux dire certains membres infiltrés, mais quand même à un très haut niveau) s'y est prise pour recruter les pseudo-futurs-djihadistes (comme aller jusqu'à leur donner des cours de pilotage pour ensuite aller se faire crasher dans les tours avec des avions détournés au mépris des vies civiles dans l'avion et au sol...ou comment s'y sont-ils pris pour développer des camps d'entrainement pour parvenir à leur fin: auto-détruire les rivaux de l'État hébreux en les faisant s'entre-tuer), grâce notamment aux théories de Gene Sharp ou aux expérimentations faite à Abou Ghraib ou à Guantanamo (par des sortes de Dr Mengele V2.0), mais il est certain qu'en fouillant bien, il doit y avoir un lien avec des "besoins" de type paradoxaux qui sont tellement antagonistes et enfouis, qu'ils peuvent amener les individus au bout d'eux-mêmes, jusqu'au sacrifice ultime de leur vie, et de facto au collapse de la pyramide qui justifierait le passage à l'acte...
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Ça dépasse l'entendement (d'un autre côté, c'est à double tranchant, si ça a fonctionné pour auto-détruire les individus avec autant de "facilité", ça pourrait tout aussi bien être utilisé pour "changer quelque chose dans la société" comme son modèle théorique avec les tares que l'on connaît...il y a l'exemple précurseur des flash-mob.)
Ahmed a écrit :Et pourtant, cette différentiation est largement mensongère, loin de constituer deux univers étanches prêtant le flanc à un jugement du genre "choc civilisationnel", l'analyse révèle tout autre chose.
Je mise sur le fait que la "greffe intergénérationnelle", n'a pas pris. Précisément parce que le "
Besoin de contraintes" (architecte en partie d'une relativement "bonne" construction mentale) a fait défaut (par exemple: l'accès facile à internet a donné l'illusion d'un savoir disponible, mais....non acquis). Demande de contraintes revendiqués et qui n'ont pas été satisfaites, ce qui aurait dû permettre aux jeunes générations de se situer dans le monde (en leur donnant des repères qu'ils n'ont pas: absence du "père" au temps jadis, ou "vrai père" absent dans les familles recomposées, ou père tout simplement absent dans les cas de divorces, etc). Et comme ils n'ont pu être "satisfaits" ils se sont exprimés sous la forme que l'on sait: car pour un pseudo-djihadiste enrôlé, il y a peut-être 50'000 ou 100'000 individus qui se reconnaissent dans ce que tu appelles
le réflexe mimétique (j'ai vu de nombreux cas où seulement 3 personnes déterminées avaient pu influencer tout un pays...). Ce n'est pas pour rien qu'un "besoin" s'appelle un besoin...Il y a là quelque chose de la "
volonté personnelle" (exprimée consciemment ou pas), même si a un moment donné ça a dépassé la capacité de régulation par le juge de paix qu'est le "
libre arbitre" (et cela n'empêche pas encore à un besoin d'être considéré comme tel, ni d'être passé à l'acte de sa satisfaction: "
j'ai acheté une grosse bagnole 4x4 alors que je ne roule qu'en ville pour flatter mon égo" et c'est donc bien moi qui ait décidé que j'en avais "besoin" même si tel n'était pas le cas...à fond dans le mimétisme, peut-être...mais la représentation des besoins est riche et multiple.)
Ahmed a écrit :L'expansionnisme économique des sociétés modernes entraîne deux conséquences explosives à sa périphérie:
-1 le désir d'accéder à une forme de vie si séduisante,
-2 le blocage de tout ce qui peut permettre d'espérer y parvenir (non seulement cela, mais aussi la destruction du tissu économique fonctionnel).
La rivalité mimétique joue dès lors à plein, mais comme elle ne peut se permettre de se révéler comme telle, elle se dissimule derrière un refus véhément de ce qu'elle convoite (la modernité) et, tel un bernard-l'hermite, se réfugie opportunément dans la coquille vide d'un islamisme archaïque (comme elle pourrait le faire dans un marxisme simplifié, ou dans un nationalisme classique).
Cela fonctionne d'autant mieux que la rivalité mimétique est intimement liée à la violence et celle, individuelle, des terroristes enclenche des cycles où elle trouve à chaque fois de nouveaux aliments, puisque chaque camp interprète chaque fait suivant une analyse autojustificatrice, ainsi la défaite (provisoire) des uns est-elle la victoire des autres, selon les critères qui leur sont propres.
J'ai pas encore fait le tour de cette question (pour les motifs ci-avant) je te fais donc confiance...
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en fait il y a quelques mois tu avais noté que je ne t'avais pas répondu, et tu étais resté sur ta faim?
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