par Ahmed » 31/03/23, 12:30
Laissant de côté les gamineries (néoténie, en terme "savant"; spécial attention pour Sicetaitsimple), revenons aux choses sérieuses.
Contrairement à ce que l'on peut lire un peu partout, la guerre n'a pas totalement rebattu les cartes, notamment au travers des sanctions occidentales: c'est une interprétation inexacte à partir d'une observation juste. Les guerres d'une certaine intensité peuvent être considérées comme des catalyseurs et des accélérateurs de transformations déjà en cours avant le déclenchement des hostilités. Le monde était grossièrement bipolarisé, mais une inversion est en cours: ce sera toujours en gros une bipolarisation avec d’un côté les anciens pays développés en récession, de l’autre les émergents en expansion, à quoi s’ajoute bien sûr les pays en effondrement, actuels ou à venir.
Les plus grosses modifications concernent les flux économiques évidemment, mais aussi les flux financiers (liés aux flux matières). Pour le moment, l’interdépendance Chine/USA structure fortement l’ensemble, mais le dollar commence à céder devant d’autres monnaies, notamment depuis l’inversion partielle des flux énergétiques russes vers la Chine (à des conditions très avantageuse pour cette dernière). Une fois l’obligation de se procurer des dollars moins prégnante, une réorientation des produits chinois devrait s’opérer à moyen terme*, ce qui changerait complètement les rapports géostratégiques actuels. Ceci serait générateur de tensions accrues, car les dernières forces des USA en perte de vitesse pourraient se jeter dans une option guerrière (cette éventualité est probablement la raison de la montée en puissance de l’armée chinoise).
Une vision classique de l’économie verrait donc assez bien se développer ce schéma d’une substitution des bénéficiaires de la prospérité. Pourtant ce n’est probablement pas la conclusion qui devrait en être tirée : le déclin des pays autrefois dominants entrainera, certes un déplacement de l’activité, mais sur des bases fragiles car progressivement rétrécies. Songeons que les recettes déployées dans les pays émergents sont celles qui in fine ont échoué ou sont en passe de le faire en Occident. Pour le moment, l’affrontement économique se concentre sur quelques pôles technologiques stratégiques, les seuls qui offrent une rentabilité acceptable, mais qui ne concernera à terme que peu d’acteurs et qui sont bien insuffisants pour soutenir l’ensemble du système.
* On voit mal les chinois continuer à approvisionner les américains pour leurs seuls beaux yeux!
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"Ne croyez surtout pas ce que je vous dis."