Mais répond à Ahmed alors...?Ahmed a écrit :C'est évidemment une réalité complexe, mais Obamot a raison de souligner que ce n'est pas simplement un accommodement à certains traits de la modernité par une structure archaïques. Il s'agit de quelque chose de réactionnel par rapport à une modernité dont l'accès est interdit du fait de la non compétitivité des pays de la périphérie (c'est valable à une échelle plus petite pour les "técis") par rapport à l'avance technologique des pays du centre. Cette impossibilité se traduit par la condamnation de l'objet du désir et son interdiction au nom des valeurs islamiques qui est la coquille idéologique disponible pour abriter ce désir mimétique contrarié. Certes, cela n'empêche pas l'usage des produits de la modernité, ni le financement par la rente pétrolière, avec les dollars des pays occidentaux, mais rien de tout cela ne s'oppose à prêcher la radicalité morale dans le domaine privé...
L'analyse de Jean.caissepas est très pertinente: l'islam radical tente de recréer les liens humains perdus par le sujet de la marchandise qui médiatise ses relations par les choses. Il y a une citation intéressante que je livre à votre attention: "Les valeurs occidentales sont des valeurs occidentales, les valeurs islamiques sont des valeurs universelles." Mahatir ibn Mohamad, ex-Premier ministre malaysien.GuyGadeboisLeRetour a écrit :Obamot a écrit :Pas si l’on considère que ses acteurs étaient forcément D’ABORD accrocs dans leur enfance/adolescence aux technologies, smartphones, ordinateurs jeux vidéos, faisant dans le “m’as-tu-vuisme” en tant que “fashion victims”, belles bagnoles, grandes marques, belles montres, rêves fous, recherche de réussite pour l’afficher et concurrencer à tout prix l’image d’un père idéalisé...
Pas vraiment:
Ceci me fait me replonger dans les réflexions de l’époque, exercice périlleux. Mais y’a-t-il eu grands changements depuis?
Ahmed avait publié le 30/01/15, 02:37 cette autre citation:
Est-ce selon ce principe qu’est né le Jihadisme? (Lire aussi mon post qui précédait le sien, c’était fouillu à l’époque...) Le fil étant verrouillé, je réponds ici,Ahmed a écrit :Mais en réalité le capitalisme n'a pas de tête, de centre régulateur, il n'est qu'en partie mû par des intentions conscientes et les théories du complot qui se multiplient aujourd'hui sont, paradoxalement, des efforts désespérés de la raison pour garder (dans l'imaginaire) un contrôle sur des processus qui lui échappent.
Bertrand Méheust, P.48, in "La nostalgie de l'occupation".
societe-et-philosophie/comment-les-usa-dirigent-le-monde-video-t12212-180.html?hilit=Abou%20Bakr%20al%20Baghdadi#p282436
Oui et non, c’est vrai mais plutôt non. Si tu parles des sunnites.GuyGadeboisLeRetour a écrit :(Wiki)Talibans:
Naissance du mouvement
À l'origine, les talibans sont les élèves des écoles religieuses deobandi créées dans les camps de réfugiés au Pakistan. Lors du retrait soviétique, ils étendent leur activité sur le territoire afghan. Ils fournissent quelques volontaires aux moudjahidines, mais ne jouent encore qu'un rôle effacé. Selon la tradition du mouvement, c'est en 1994 que le mollah Omar et ses élèves prennent les armes pour protéger la population locale, à la suite de deux agressions : le viol et le meurtre de deux jeunes filles par un chef de bande, puis la mort d'un jeune homme disputé entre deux chefs de bande. Ils reçoivent le soutien de l'ISI pakistanaise et de la puissante corporation des camionneurs, qui font appel à eux pour mettre fin au banditisme sur la route qui relie le Pakistan à l'Asie centrale.
Pas vraiment le "top" de la modernité ni de la "fashion".
(je ne voudrais pas répondre à la place d’Ahmed, mais je tente une réponse), tu ne considères pas les salafistes.
Les Talibans qui signifient “étudiants” incarnent bien par leur dénomination même, cet aspect de modernicité. Pourquoi?
Le jihadisme est un néologisme (qui est antérieur à 1994 puisque cela apparaît dans les années 80).
C’était complètement nouveau et un détournement de sens, puisqu’ã la base le djihad ne signifie pas “la guerre sainte” (comment une guerre pourrait-elle d’ailleurs être “sainte”?) mais signifie un combat contre soi-même (contre ses propres démons?)
A partir de là, de cette “récupération dogmatique”, les Talibans deviennent des victimes idéologiques, sacrificielles au sens de “chair à canon” pour défendre la “cause” supérieure à hauteur de leur propre existence — cet aspect kamikaze, quête du sacrifice ultime est très recherché (d’où les attaques suicides) car elle confèrerait aux sacrifiés, un ticket VIP pour le nirvana. C’est parfaitement nouveau et un détournement de valeurs ultra archaïques en même temps. C’est le mouvement historique, d’un fondement archaïque mais plus que moderne dans sa déviante formulation.
Je crains encore une fois que ta méconnaissance des dossiers ne t’ai conduit à un jugement hātif, c’est un constat, pas une critique.
Méfies-toi, comment savoir si on parlait des Talibans / Al Qaeda ou de Daesh (salafisme)? — qui est une engeance islamiste concurrente et composée essentiellement d’enrôlement “d’étrangers” dans ces mouvements (sauf au tout début), comme Abdelhamid Abaaoud, ou Salah Abdeslam pas du tout des Talibans (=étudiants) à la base. C’est à eux que je pensais ici:
societe-et-philosophie/uniondesdroites2022-eric-zemmour-va-gagner-la-presidentielle-2022-t17104-440.html#p491163 (et je ne faisais que donner un exemple pour contester ton retournement sémantique)
D’ailleurs ceux qui s’enrôlaient, ne savaient pas dans quelle branche ils allaient aboutir, parfois ils changeaient de branches en cours de route... Se retrouvant tantôt chez Daesh tantôt Al Nosra... Et ce n’était pas quelque chose “d’arrêté” puisque pour couronner le tout, ils étaient combattus par des Chiites venus d’Iran, venant prêter main forte aux forces Sunnites de Bashar, alors même que les Talibans seraient de même origine.... Les jihadistes ne savaient parfois pas où ils en étaient non plus, ils ont sacrifiés beaucoup des leurs sur l’autel de leurs confusions...
Il y a différentes thèses sur les origines des Talibans ou de l'idéologie jihadiste. Les Américains sont derrière ces mouvances, ils ne s’en cachent même plus (voir mon post de l’époque), il n’est pas clair non plus qui était réellement leur chef, Abou Bakr al-Baghdadi, agent du Mossad ou quoi que ce soit... Ça reste controversé.
Je terminerais pour dire que les talibans, eux, sont quand même aussi des “modernes” puisque ce sont des «néo-fondamentalistes», même si dans les deux mouvements, les stigmates d’un archaïsme certain sont présents.