François Roddier, thermodynamique et société

Débats philosophiques et de sociétés.
Ahmed
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par Ahmed » 16/01/15, 09:11

C'est la même chose pour ces caricaturistes qui ne mesurent pas la portée réelle de leur humour ou pseudo humour.

C'est probable, d'un autre côté, pour maintenir leur fond de commerce d'hebdo "critique et irrévérencieux", leur marge de manœuvre c'est rétrécie progressivement, à la mesure de leur allégeance progressive au pouvoir*.
En conséquence de quoi, il ne leur reste plus guère comme champ d'action que la critique des religions, et parmi celles-ci la musulmane représente la cible idéale, puisque la plus distante du pouvoir local et, au-delà, celle des sans-pouvoirs.
Loin de représenter une épine dans le pied des pouvoirs publics, l'équipe de Charlie représentait une forme de délégation de la critique, en lieu et place de leurs lecteurs, effectuant ainsi une catharsis des mécontentements, de façon d'autant plus inoffensive sur le fond que virulente dans la forme.

*D'où l'enthousiasme généralisé des gouvernements à s'impliquer dans la manifestation.
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par sen-no-sen » 16/01/15, 11:04

Je reviens sur un articles de F.Roddier sur la notion de croyance,notamment en matière économique qui explique très bien l'impasse actuelle:

Extrait:
Le modèle néoclassique admet qu’une croissance économique régulière peut être indéfiniment maintenue grâce au progrès scientifique et technique. Les crises économiques actuelles remettent en question ce modèle. Dans sa conférence du 1er mars, Dennis Meadows (voir article précédent) montre l’évolution progressive de la pensée des économistes concernant les limites de la croissance. Je traduit en français sa présentation:

– 1970: Il n’y pas de limites.
– 1980: Il y a des limites, mais on en est bien loin.
– 1990: Les limites sont proches, mais la technologie et le marché s’en affranchiront aisément.
– 2000: La technologie et les marchés ne s’affranchissent pas toujours des limites, mais la croissance du PNB nous apportera plus de ressources pour résoudre les problèmes.
– 2010: Si nous avions été capable de maintenir la croissance, nous n’aurions pas de problème avec les limites.

Cette séquence illustre parfaitement la manière dont le cerveau (global ou non) fonctionne. Les croyances acquises tendent à se maintenir le plus longtemps possible. Sous la pression des faits (diminution de l’apport énergétique), les croyances se modifient peu à peu, par itérations successives. Elles le font de façon à préserver l’acquis le plus longtemps possible.

Chaque modification correspond à une petite restructuration du cerveau global (les croyances évoluent). Cela se traduit par des petites restructurations de la société: depuis le recyclage des déchets jusqu’à l’introduction d’une taxe carbone. L’importance de ces restructurations est en 1/f. Cela signifie qu’elles sont d’autant plus nombreuses que leur impact est plus faible.

Dennis Meadows traduit cela en disant qu’on soigne les symptomes (pollution, réchauffement climatique, etc…) plutôt que le mal (la croissance). Pour Meadows, dès 1972 son rapport avait correctement diagnostiqué l’origine du mal. Il pensait que la société allait en tenir compte et ralentir la croissance. Quarante ans plus tard, on vit toujours dans une économie productiviste.


http://www.francois-roddier.fr/?p=235
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par Ahmed » 16/01/15, 12:11

"Toute chose tend à persévérer dans son être" et donc de façon immanente, c'est à dire en suivant sa logique interne (qui permet un certain jeu adaptatif), alors que devant une impasse, la seule bonne attitude consiste à effectuer un saut hors de cette logique condamnée; pour cela, il faut être capable d'imaginer une transcendance, un "en-dehors" radicalement nouveau.
Cette capacité ne peut toutefois s'exercer que si l'on peut remettre en question le schéma de départ, or, comme on le voit, une situation dite (faussement) de crise, ne prédispose nullement à cette disposition psychique, bien au contraire: si le modèle ne fonctionne pas bien, ce n'est pas la faute du modèle, mais le fait qu'il soit mal ou insuffisamment appliqué, continuons donc de plus belle et ça finira par s'améliorer =>la prospérité passe par l'austérité.
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L’Europe et la monnaie commune




par sen-no-sen » 21/03/15, 11:42


Dans le billet précédent j’ai montré que, en présence d’une source d’énergie (houille, pétrole), les échanges commerciaux entre des pays développés et des moins développés ont pour effet de diminuer leurs écarts économiques (ou différences de « température »). Cela est vrai pour les pays qui utilisent des monnaies différentes. Cela a été le cas, par exemple, des États-Unis et de la Chine.

Le lecteur perspicace aura remarqué qu’en adoptant une monnaie unique les Européens ont de facto imposé une « température » unique à leur économie commune. Cela rend impossible de combler les différences de pouvoir d’achat entre les états membres. Ceux-ci sont considérés comme des partenaires de même avance économique que l’on met en compétition « libre et non faussée ».

Le résultat est alors l’inverse. Au lieu de diminuer leurs différences économiques, les échanges commerciaux les augmentent. Tandis que l’Allemagne s’enrichit, la Grèce devient de plus en plus pauvre. Le même phénomène se produit à l’échelle individuelle. Les inégalités de richesses ne cessent de croître entre les individus. C’est une propriété générale de toute communauté utilisant une même monnaie.

De même qu’une machine thermique ne peut fonctionner durablement avec une seule source de chaleur, de même une économie ne peut fonctionner durablement avec une seule monnaie. Dès que les ressources diminuent, la croissance stagne. Tôt ou tard, l’économie est en faillite et la société s’effondre. Un effondrement brutal pourrait être évité si l’on introduisait une deuxième monnaie. Dans son livre « Au cœur de la monnaie », l’économiste belge Bernard Lietaer arrive à la même conclusion à partir de considérations historiques. Il appelle ces deux monnaies le yin et le yang.

Aujourd’hui, le besoin de monnaies complémentaires se fait partout sentir. Beaucoup ont été introduites, mais les diverses tentatives restent isolées les unes des autres (1). Philippe Derudder et André-Jacques Holbecq proposent une monnaie nationale complémentaire (2). Malheureusement, l’histoire montre que les civilisations s’effondrent avant que l’usage d’une deuxième monnaie se généralise. À vous, chers lecteurs, d’en propager l’idée et de faire pression sur nos dirigeants pour qu’ils la mettent en application.

L’exposé que j’ai fait le 12 mars a pour titre « La thermodynamique des transitions économiques ». Le lecteur intéressé en trouvera ci-joint une version écrite ainsi que les projections associées (format pdf ou diaporama). On y trouvera ma proposition en faveur d’une seconde monnaie européenne.

(1) Voir: http://monnaie-locale-complementaire.net/france/
(2) Éditions Yves Michel (2010) et http://www.aises-fr.org/s-informer/bibliographie-choisie/livres-communs-philippe-derudder-et-andre-jacques-holbecq

http://www.francois-roddier.fr/
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par Ahmed » 21/03/15, 18:44

Roddier caractérise les échanges économiques en utilisant l'analogie avec un moteur thermique, là où j'usais de l'image de la chute d'eau (je pense que tu t'en souviens).
Cependant, je ne partage pas entièrement son analyse. La question des rapports de la Grèce et de l'Allemagne ne se résume pas à cette vision mécanique. Il a raison sur le fait que la différence de parité entre deux monnaies permet d'ajuster des niveaux de productivité différents et que cela tend à intensifier les flux économiques entre les deux entités correspondantes (cependant, le financement de l'Allemagne par la dette grecque produit le même résultat, en changeant la donne).

Il est vrai également que le pays doté d'une monnaie plus faible se voit stimulé, cependant le nivellement des différences de richesse ne peut être que modeste (même si le cas puisse s'observer, lorsqu'un pays parvient à rattraper son retard technologique), puisque le fonctionnement de l'économie implique une inégalité.
Ceci signifie simplement qu'une même somme possède un pouvoir très différent selon le capital total auquel il se rapporte.
Cette inégalité, où qu'elle se présente, fait que la valeur, à parité fixe, se comporte comme si elle était mobile, selon ce degrè d'inégalité.

Enfin, Roddier parle de l'économie comme d'une "science", ce qui est certainement très abusif!
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par sen-no-sen » 22/03/15, 08:59

L'idée d'une monnaie locale est salutaire dans le sens ou celle ci devra remplacer l'euro lors de sa chute et éviter un effondrement sociétale.
Si Roddier parle de science économique,c'est qu'elle devrait l'être.
Si effectivement l'économie passe du stade de religion à celui de science alors il sera possible de bâtir un projet de civilisation réellement durable.
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par moinsdewatt » 22/03/15, 14:06

Faut en finir avec ce mythe que l' économie est une science.
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par Ahmed » 22/03/15, 21:46

Autant je trouve l'approche scientifique louable lorsqu'elle s'applique à son objet, c'est à dire ce qui relève du déterminisme, autant je suis réservé quant elle tente d'embrasser des domaines qui lui sont par nature étrangers.
Si l'on veut s'extraire de ces déterminismes, il faut bien le faire au nom d'autre chose que de la science! C'est ce que fait parfois Roddier, sans l'avouer, mais sous le manteau scientifique.

Le mot "métaphysique", par exemple, ne fait pas partie de son vocabulaire de travail, ce qui est cohérent avec ses convictions, pourtant, comment s'en passer?
Comment reconnaître un déterminisme sans s'en abstraire, ne serait-ce que "légèrement"?
Comment imaginer une autre finalité , non-mécanique celle-ci, si ce n'est en recourant à ce terme de métaphysique qui semble si périlleux aujourd'hui que l'on s'en détourne respectueusement?
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par dede2002 » 22/03/15, 21:54

sen-no-sen a écrit :L'idée d'une monnaie locale est salutaire dans le sens ou celle ci devra remplacer l'euro lors de sa chute et éviter un effondrement sociétale.
Si Roddier parle de science économique,c'est qu'elle devrait l'être.
Si effectivement l'économie passe du stade de religion à celui de science alors il sera possible de bâtir un projet de civilisation réellement durable.


La monnaie du futur sera peut-être le kilowattheure, quand la science "économique" sera capable de calculer l'énergie grise?
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par sen-no-sen » 22/03/15, 22:53

Ahmed a écrit :Autant je trouve l'approche scientifique louable lorsqu'elle s'applique à son objet, c'est à dire ce qui relève du déterminisme, autant je suis réservé quant elle tente d'embrasser des domaines qui lui sont par nature étrangers.
Si l'on veut s'extraire de ces déterminismes, il faut bien le faire au nom d'autre chose que de la science! C'est ce que fait parfois Roddier, sans l'avouer, mais sous le manteau scientifique.


Tu pourrais développer l'idée de "domaines étranger"?
La science depuis l'apparition de la physique quantique tend à être de moins en moins déterministe.
La nature de la réalité semble être un "pancake" mêlant déterminisme et indéterminisme -en fonction des échelles- tel un yin et un yang entremêlé.


Le mot "métaphysique", par exemple, ne fait pas partie de son vocabulaire de travail, ce qui est cohérent avec ses convictions, pourtant, comment s'en passer?


"Le tout étant supérieur à la somme des éléments qui le compose",il est clair que la physique arrive tôt ou tard sur les frontières mouvantes qui l'a délimite aussi bien dans les échelles subatomique que cosmologique.
Jusqu’à maintenant ses questions étaient réservés aux religions et aux philosophies,mais elles reviennent désormais sur le devant de la scène à travers de nouvelles théories scientifiques.
Le cas du multivers est un bon exemple de l'incursion scientifique dans le domaine métaphysique...

Comment reconnaître un déterminisme sans s'en abstraire, ne serait-ce que "légèrement"?

C'est ce que l'on appel le libre arbitre...


Comment imaginer une autre finalité , non-mécanique celle-ci, si ce n'est en recourant à ce terme de métaphysique qui semble si périlleux aujourd'hui que l'on s'en détourne respectueusement?


Une finalité métaphysique en somme? C'est un non sens...
La métaphysique recouvre les notions d'absence de limite et d'ontologie,comment pourrait on alors en définir une quelconque finalité,cette dernière n'étant définie qu'a l'intérieur d'un niveau d'organisation et de connaissance donné?
La métaphysique n'est pas un domaine pour l'intellect,mais pour l'esprit.
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