Exnihiloest, tu cites mes paroles:
Une bonne partie du monde "s'auto-démerde" déjà en grande partie, puisque les bons côtés de la technologie sont majoritairement monopolisés par les pays industrialisés, laissant aux autres la portion congrue...
en leur attribuant un jugement de valeur, alors que ce n'est qu'un constat; plus ennuyeux, tu détaches cette partie de son contexte qui insistait justement sur le fait que les pays du nord se défaussait de leurs externalités négatives sans les contreparties qu'elles supposeraient, en toute équité. Il n'y a pas un biais cognitif, là?
Sur le second point, tu as reconnu une certaine équivalence de valeur entre les peuples, ce qui doit également faire sens à l'intérieur des nations.
Il est bien certain qu'existent des différences et il est bien difficile de démêler l'inné et l'acquis, mais comme je ne me fais pas l'avocat de l'économie, je ne rentrerais pas dans le jeu absurde qui consiste à débattre
ad nauseam de l'allocation des ressources en fonction de "mérites" qui mesurent seulement la capacité à se tailler une part de gâteau, quel que soit le moyen (héritage financier, culturel ou relationnel) : les dés sont largement pipés.
L'existence de plus faibles, soit par incapacité, soit par manque d'intérêt ne peut pas être considéré comme un manquement à la règle, mais au contraire comme une résultante nécessaire, pour une bonne part, de la bonne marche du système.
Prenons l'exemple du chômage : que penser d'une société dont les membres se rapportent les uns aux autres par le travail et qui gratifie largement des spécialistes pour détruire les emplois ? N'est-il pas facile ensuite de dénoncer le manque de pugnacité des demandeurs d'emploi, comme cela se nomme ironiquement ?
Autre exemple : l'énorme capacité de production de marchandises exige, pour s'écouler, le recours à des méthodes de persuasion scientifiques qui ont raison de la misère psychique d'un grand nombre ; est-il raisonnable d'accabler des victimes ?
Puisque nous sommes entre-nous et qu'il est tard, je vais te conter une histoire de veillée, qui te montrera que ce genre de réaction ne date pas d'hier.
Once upon a time, en Angleterre, au XVI siècle le mouvement des enclosures (qui amorce la future révolution industrielle) chasse une classe de petits paysans de leur lieu de subsistance et en fait des vagabonds réduits à voler pour survivre.
Partout, des voix indignées s'élèvent pour stigmatiser cette flambée d'immoralité et, seul, Thomas More comprend que la moralité n'est pour rien là-dedans et qu'il est vain de s'indigner des conséquences sans considérer la cause.