antoinet111 a écrit :fplm a écrit :Salut antoinet111,
Tu n'as aucune végétation spontanée? (inquiétant)
c'est normal vu que le temps d'implantation n'est pas respecté, soit un travail du sol, soit le semis d'une culture intermédiaire.
Même en monoculture généreuse en herbicide, il y a des adventices. A l'heure d'aujourd'hui, on peut tout au plus limiter mais je ne connais pas d'agriculteurs qui n'ont sur leur terre que ce qu'ils cultivent.
Qu'entends-tu par grande culture?
Pomme de terre
Ah, monoculture, bio ou pas ? Avec rotation de culture et rotation intercalaire de couvre-sol (légumineuses) ? Semis sous couvert ?
Tout dépend, il ne faudrait non pas réduire la permaculture à l'économie locale... Mais ça s'en rapproche, oui.
Tu peux très bien faire les mêmes dégâts (excès ou faim d'azote, fragilisation du complexe argile-humus, déstabilisation de la pédofaune et peste, lessivage, pollution, ...) avec des amendements biologiques si ceux-ci ne se font pas dans un but précis et en parfaite connaissance de l'écosystème qui les reçoit, ce que ne permet pas une analyse chimique.
je ne connais pas ce genre de souci avec un apport de matière organique végétale.
Végétale, animale ou chimique, l'utilisation comporte les mêmes enjeux (et les mêmes risques en cas de dosage/composition mal adapté).
Voici un extrait de l'encyclopédie des plantes bioindicatrices qui parle de lui-même :
"Comment passer des Rhinanthes au chardons.
Il s'agit de retrouver le bon sens paysan dans ce monde ou profit et rentabilité tiennent le haut du pavé.
Voici un paysan devant sa prairie ou poussent par exemple les rhinanthes crête-de-coq qui affaiblissent les graminées et les empêchent de prospérer.
Sa parcelle produit peu de fourrage et un fourrage de mauvaise qualité. Il se dit qu'il va falloir faire quelque chose. Il est surtout pressé de corriger les carences de cette mauvaise terre. Il épand donc du fumier, ce qui va accélérer le processus naturel de disparition des rhinanthes. A leur place, le trèfle et la grande oseille s'installeront, augmentant le rendement et la biodiversité. Le paysan, content de s'être débarrassé des rhinanthes et d'avoir amélioré le rendement, épand une nouvelle couche de fumier à l'automne.
Au printemps suivant apparaissent les pissenlits avec un cortège d'une petite centaine d'espèces différentes sur un hectare. Le rendement et la biodiversité continue à croître et notre paysan, ravi, décide d'en remettre une nouvelle couche.
Au troisième printemps, c'est l'explosion : les champs sont jaune de pissenlit au détriment des autres espèces. Qu'importe, le rendement continue d'augmenter et "comme on ne change pas une équipe qui gagne", une nouvelle couche de fumier s'ajoute.
Cette fois-ci le rendement commence à diminuer et les grandes ombellifères blanches apparaissent et dominent les autres espèces. Le paysan, lui, ne voit qu'une chose, la chute du rendement et la qualité du fourrage. Il remet une bonne couche de fumier. Il ne lui vient pas à l'idée que le sol peut avoir une indigestion et que les bactéries commencent à avoir de la difficulté à transformer une telle quantité de matière organique.
Le rendement et la biodiversité continuent à baisser encore avec l'apparition des chardons des champs qui contiennent beaucoup de phosphore. Les chardons sont les indicateurs des terrains en anaérobiose ou tous les oligo-éléments sont bloqués et en particulier...le phosphore. Bizarre! Il pousse justement la plante antidote de la maladie du sol. Mais, quand on est un bon paysan, on est pas là pour se poser des questions sur le phosphore des chardons mais pour faire du rendement et épandre du fumier. Donc, une nouvelle couche va s'ajouter aux précédentes. Ce sera la sixième et dernière car l'apparition du rumex à feuilles obtuses, dont les biotopes sont les marécages et les tourbières, indique une intoxication des sols pratiquement irréversible."
Volume 1 - page 52.
Je ne suis pas contre ces analyses mais je les trouve particulièrement inefficientes (coût vs info) par rapport à la "lecture" directe d'un écosystème, ce que permet l'observation de la nature et sa compréhension (en toute modestie).
l'efficience de telles analyses ce fait largement ressentir dans une culture professionnelle à but lucratif par le gain de rendement et l'économie d'apport d'intrant, sinon, aucun de mes agriculteurs n'en ferait
Aaaah, les agriculteurs font toujours le meilleur choix. A en juger par l'état de celle-ci et des sols, on est en droit d'en douter. C'est exactement ce qui est dit plus haut, le rendement prime sur le bon sens.
Et ça aussi, c'est un principe de perma, le maximum de bonus (bénéfice ou impact positif) pour un minimum de malus (coût ou impact négatif).
Personnellement, je préfère observer et essayer de comprendre ce que mon jardin me dit que de dépendre d'analyses chimiques à grand frais de transport carboné, solvants toxiques et autres composés polluants.![]()
il n'y a pas de grand frais à faire un test, ni de grosse dépense de carbone, tu peux meme faire le test au champs pour qques €
Quelques € par dosage pour une analyse de base. Sachant que le ph et la composition chimique varie plusieurs fois sur une année mais aussi d'un endroit à un autre. Alors quand on a quelques hectares de culture, c'est plutôt quelques centaines d€. Sans compter que cette méthode est sale! Si tu veux je poste un protocole d'analyse et tu verras que rien que le recyclage des produits utilisés font grimper le coût réel bien au delà du tarif.
L'avantage des plantes spontanées (bio-indicatrices) est que non seulement elles te renseignent sur un déséquilibre mais la plupart du temps elles apparaissent pour le réguler! En outre, elles peuvent apparaître suite à un déséquilibre climatique soudain (forte pluie -> engorgement du sol -> anaérobiose) qui peu survenir juste après ton analyse chimique et ainsi la rendre inutile...
Par exemple, une longue et intense pluie d'orage va engorger le sol et le tasser. Le compactage du sol va empêcher la germination de plante qui n'ont pas un système racinaire assez puissant pour s'enfoncer dans ce sol et le pissenlit aura toute la place pour se développer. L'arrivée des pissenlit peu se voir très vite et on peut décider d’y remédier en l'arrachant et en aérant le sol. Temps d'analyse, réaction et correction moins d'une semaine!
tu oubli le temps d'implantation de l'adventice.
Non non, je ne l'oublies pas. Etant toujours mieux adaptées aux conditions pédologiques, elles ont toujours une vigueur et une longueur d'avance sur les cultures. Moins d'une semaine... à condition de savoir identifier une jeune pousse! Je sais de quoi je parle, je le pratique. Il m'est déjà arrivé d'attendre 5 semaines pour des résultats d'analyses chimiques!
Ensuite, pour ne prendre que le PH, il peut varier 4 à 5 fois sur une année et c'est normal car il va dépendre des variations climatiques (pluie, température, ...).
Pareil pour les nutriments. En plus, la composition chimique peut varier du tout au tout sur à peine 5m de distance. L'analyse chimique ne donne qu'un cliché d'un système en changement perpétuel et un cliché au zoom, pas au grand angle!
Toutes ces variations peuvent être lues si on sait analyser son lieu; gratuitement (achat du livre mis à part) et agréablement.
Les gros avantages du BRF :
- les rameaux sont fait de lignine peu polymérisée et donc facilement décomposable
au bout de deux ans au moins, la lignine est la partie le plus difficilement décomposable dans une plante. sans parler d'humification ou meme de minéralisation...
C'est bien l'intérêt! Lente diffusion, au goute à goute mais sur au moins 2 ans. Il serait faux de dire qu'il faut attendre 2 ans pour avoir un résultat. Après 3 mois, le processus commence et perdure pendant 2 à 3 ans. Quel est le problème d'humidification et de minéralisation dont tu parles ? Je ne te suis pas.
- les rameaux ne stockent pas la pollution atmosphérique contrairement aux feuilles qui font office de filtre
- le broyage permet juste de rendre accessible la lignine "tendre" autrement protégée par l'écorce que les fongus ne peuvent digérer (donc plus rapide)
ça en fait du carbone avec ton broyeur thermique
Certes, le broyeur thermique n'est pas sans conséquence mais il permet, via l'utilisation du BRF, de stocker plus de carbone qu'il n'en rejette par son utilisation. Je ne me sens pas du tout coupable quand je pense à ce que l'agriculture conventionnelle relargue comme CO2 et méthane par sa pratique!
- les rameux contiennent plus de nutriment que le bois dur
- plus toutes les caractéristiques d'un couvre-sol forestier (carboné)
la majorité du sol forestier est composé de feuille, pas de brindille.
Oui, mais je parlais du principe de couverture, pas de la composition. Et bien qu'il soit principalement constitué de feuilles, il est néanmoins carboné. Rapport Carbone/azote du BRF = entre 60 et 150. Rapport carbone/azote des feuilles = entre 20 et 60. On est bien dans une dominance du carbone même si le BRF en compte plus.
- les fongus s'y développent bien et durablement (feuillus) et c'est sans doute le plus gros bénéfice pour le sol et ce qui y pousse
Ahmed tu dit :
l'ajout d'une couverture sur le sol peut être néfaste à certains moments, sur certains sols et climats, comme par exemple en terre lourde au printemps...
justement, ça fait bosser les vers de terre qui aere le sol, bien mieux qu'une charrue.
et pour ce qui est des champignons, une couverture totale et permanente du sol permet de conserver une bonne hygrométrie et ainsi permet aux champignons de ce développer.
Pour finir, nous essayons juste de souligner que ce que l'agriculture de demain doit relever comme défis, ce n'est pas reproduire l'utilisation déraisonné avec des intrants organiques mais nourrir autant la nature que les hommes puisque c'est la nature qui nourrit les hommes. Et que, au même titre que le monde paysan a écouté et collaboré avec les agro-chimistes, nous souhaitons qu'ils aient la même ouverture avec les agro-écologistes. Pour le bien de tous, eux en premier.