Exnihiloest a écrit :Obamot a écrit :...nous sommes dans des société en déclin. Suggérer que la technologie pourrait être à elle seule la panacée, ressemble au "rêve annoncé" un peu brisé de la "révolution industrielle" (Ahmed sait se montrer plus sévère sur ce point et j'estime qu'il a raison)...
[...] Le progrès matériel n'a jamais été une clé pour le bonheur, mais une façon de réduire les "emmerdements" de tous les jours, lesquels ne participent que plus ou moins au bonheur.
Avant de "
réduire les emmerdements" il vaudrait peut-être bien commencer par ne pas s'en créer de nouveaux....: une bonne partie des produits (biens de consommations) mis en vente sont entachés d'obsolescence programmée (à plus où moins brève échéance) avant nous vivions très bien sans également, l'amélioration des conditions de vie n'est pas dû aux "biens" en tant que tels, mais à la capacité de l'industrie d'avoir réussi à les produire à bas coût! C'est deux choses séparées (une capacité et le résultat produit par cette capacité).
Quelques exemples En essayant de rebondir sur cette matérialisation des deux mondes telle que décrite par
Ahmed, cette espèce de dualité entre apport et dérives perverses de ce que l'on fait de la technologie.
Dans l'informatique par exemple, c'est bien pire, cette obsolescence est assumée et nichée dans une fuite en avant qui à son tour engendre une obsolescence du large part du parc informatique encore parfaitement opérationnel. L'informatique se singularise encore par le fait que nous ne serons bientôt plus propriétaire des biens que nous aurons acquis . La valse des changement de licences a déjà commencé dans cette direction durant les années 90 — sans aucune possibilité pour les utilisateurs de s'y soustraire, ceux-ci étaient invités à accepter les nouvelles restrictions, systématiquement après avoir acquis leur bien — voir par exemple Adobe qui conditionne la possession de ses softwares à un abonnement permanent au "
Clouds" (depuis CS6, le "Clouds Computing" devient de plus en plus de rigueur, cela avait déjà commencé il y a plus d'une dizaine d'années avec le "net-boot"), connexion au "Clouds" qui lui permet de contrôler les licence et de forcer ses gogos de clients à faire des mises-à-jour permanentes... Et ce qui permet également de rendre ces gogos captifs et même d'être en mesure de contrôler les contenus! Mieux que la N$A on paye pour se faire espionner!
Et tout ce qui est à base ou connecté à de l'informatique, comme idem pour les voitures que l'on ne pourra progressivement plus réparer soi-même (ordinateurs de bords bloquant les fonctions si on n'a pas fait tel ou tel service et j'en passe et des meilleurs...) Idem avec tous les produits "connetctés". Bref la technologie est non-seulement pas un moteur de progrès mais souvent le pied en dehors de la barque qui ralentit la progression de l'esquif.
L'obsolescence programmée, une sorte d'impôt privé?En ce sens je dirais que la technologie telle qu'on la voit aujourd'hui parée de toutes ces chausse-trappes déguisées en atours, ressemble de plus en plus à une sorte d'endettement permanent pour acquérir la "nouvelle version", voire même une forme de chantage par la menace de ne plus être en mesure d'utiliser le bien si on n'acquiert pas la "nouvelle version", donc si on n'a pas payé "l'update" qu'il faut (sous peine de frustrations et de ralentissements), le tout s'apparentant fortement à une sorte "
d'impôt sur le développement des affaires" ou "
impôt sur le bien-être" c'est selon. Puisque si vous souhaitez sortir de la spirale, vous vous exposez à être éjecté du système. Pour les entreprises ça devient alors une sorte de racket légal: elles ne peuvent se passer des mises-à-jour (la frénésie de disposer de la "nouvelle version" le plus rapidement possible, pour conserver l'avantage concurrentiel...) et sont donc contraintes à une escalade de frais allant croissants avec le développement du business. Et il faut être de plus en plus habile pour échapper à cette "
fiscalité privée souterraine" d'une industrie de plus en plus intrusive.
Pour le moment, faute d'avoir trouvé un autre idéal, l'homme ne sait guère faire d'autre que détruire pour construire ou re-construire.Exnihiloest a écrit :Je préfère un lave-vaisselle et un lave-linge plutôt que perdre mon temps dans ces tâches ingrates pour moi sans intérêt. Je préfère prendre de l'aspirine quand j'ai mal à la tête, plutôt que souffrir en attendant que ça passe et avoir mes activités handicapées. Je préfère tourner le bouton de mon chauffage, plutôt que cailler ou devoir aller couper du bois pour le mettre dans le poêle.
Même les chaudières n'échappent plus à l'intrusion de l'informatique et de l'obsolescence programmée.
Exnihiloest a écrit :Je jubile de pouvoir utiliser Internet pour accéder à un savoir et des bibliothèques qui il y a seulement 20 ans, n'étaient pas encore à ma portée.
Internet est devenu LA véritable mascarade de tout ce système. Il suffit de voir — lorsque vous vous connectez à des pages — l'explosion des requêtes de toutes sortes à n'en plus finir, sur des pages au départ ultra-simple à gérer en HTML (mettez-vous en console sur un navigateur qui le permet et vous verrez ce qu'il se passe, effarant...), requêtes qui désormais vous proposent (à votre insu) toutes sortes de liens et d'actualisation vers des réseaux sociaux, des moteurs de recherches des "états de pages en cours ou réactualisées" et... et.... et...... réactualisation permanente à n'en plus finir, comme les y.timig.com et autres requêtes Ajax, et/ou encore via le langage Java, lui-même vous demandant constamment des mises à jour vers de nouvelles versions (qui à leur tour sont obsolètes en un rien de temps pour des "failles de sécurité"), sans compter Adobe Flash etc, qui transforment le tout du web en "une machine à ralentir sans fin" telle une histoire sans fin (et s'en est une). La preuve en est qu'avec les machines rapides d'aujourd'hui aussi bien les processeurs que leur bus arrivés à des vitesses fulgurantes, nous devrions en être déjà à du "
real-time-editing" (et même avec des photos et des vidéos, toutes les technologies de streaming mémorisation temporaires de pages web sur les serveurs et j'en passe et des meilleurs existent déjà et sont parfaitement fonctionnelles et opérationnelles: elles sont DÉJÀ implémentées mais simplement rendues inopérantes pour le but pour lesquelles elles ont été prévues, en raison des multiples télescopages voulus...).
Si on compte les milliards d'années hommes perdues dans ce paradigme, le web en l'état est aussi à considérer comme «une sorte de machine à tuer passive»!, le plus grand holocauste de tous les temps en fait... (tout le temps que vous ne passerez jamais en famille avec vos amis, à vous instruire, à vous cultiver à avoir une activité sociale utile, etc. Finalement le contraire de ce que le web suppose à priori. Ou en tout cas très amenuisé pour cette part là.)
Une facilité d'usage inversement proportionnelle à son intensité Tout ceci est donc savamment organisé et fait exprès pour que les plus puissants ordinateurs, deviennent très vite (aussi vite que possible et "admissible" par l'utilisateur) des lavettes n'arrivant pas à gérer tous ces flux de données via des "cookies" et autres joyeusetés, qui vous ralentissent de plus en plus le bazar au fur et à mesure de l'augmentation de vos connexions (tout ce bal est totalement et volontairement nuisible et inutile et ceci dans le but de ralentir votre machine pour vous pousser à la changer, ou l'a réinstaller en espérant un "mieux" pour que le bal recommence un peu plus loin...). Le réseau est même capable de s'adapter au type de périphérique auquel il a affaire et "d'adapter la lenteur volontaire induite et infligée en conséquence". Pour ce faire il y a notamment des instructions requêtes de ce type:
connectionTypes:
=> [ '0', _('Slow')],
=> [ '1', _('Mobile')],
=> [ '2', _('Fast')]
C'est donc tout à fait intentionnel et volontaire...;
Vous êtes immédiatement "identifié" en vous connectant, et le bazar s'adapte à vous en vous ralentissant plus ou moins selon "l'état de mise-à-jour" que vous avez payé. Le jeu est de créer des frustrations, juste assez admissibles pour que cela soit considéré comme "normal" et juste assez intrusive à un moment du crescendo, pour vous pousser à prendre une "nouvelle génération" (qui sera à son tour soumise à une nouvelle escalade sans fin...).
Exnihiloest a écrit :Et parmi ces "emmerdements de tous les jours", il y en a aussi de graves quand il s'agit de santé. Voir un proche sauvé par la médecine participe bien du bonheur.
Là il faut que je sorte mon joker pour parler de l'agro-pharma, y'a des bouquins à écrire sur ce sujet (heureusement que d'autres l'ont déjà fait), sans offense mais c'est ce à quoi mène la croyance en la technologie salvatrice. Il faut y faire attention, car quelle vision idyllique et complètement biaisée! >80% sont des maladies dites "de civilisation", précisément engendrées par ces formes de "progrès" infléchissant les habitudes "culturelles" et modifiant le cognitivo-comportemental autour de la nourriture, rendant les victimes (c'est-à-dire presque nous tous) vulnérables à une pathogenèse qui n'existe pas à l'état naturel! A ce stade, ça frise l'idéologie de faire "reposer le progrès sur la technologie" (en omettant le paradigme essentiel "
demande VS offre", qui pourrit les branches solides de l'arbre, jusqu'au tronc) et on en comprend mieux les implications mais seulement ensuite, implication que l'on retrouve éventuellement connexe à cette sorte d'engouement pour les nouveautés (quête autour des "énergies libres" et consort...). C'est du "techno-geekisme" à ce stade! La métaphore du fruit défendu.
Exnihiloest, j'espère que tu comprends bien que ce n'est pas une fronde contre toi, tu as créé ici un débat très intéressant, j'amène à mon modeste niveau, quelques expériences et constatations. Rien de personnel. Mais je suis il est vrai assez "remonté" contre ce système que j'essaye d'expliquer à ma façon.
Exnihiloest a écrit :Ceux qui en attendent tout sont évidemment dans l'erreur. Mais le pire, c'est que parmi eux, beaucoup prétendent que c'est ce qu'on leur aurait promis, "on" étant ceux qui pourtant ne voient dans le progrès matériel que le progrès matériel, pas le bonheur de l'humanité, et qui le promeuvent seulement comme tel.
Là j'ai beau me pincer, je n'ai pas bien saisi, sauf à décoder qu'il y est dit tout et son contraire? A développer.
Exnihiloest a écrit :Alors par dépit d'enfants gâtés, les premiers crachent maintenant dans la soupe, accusant les autres de scientisme et refusant de prendre la relève pour le bien-être matériel des générations suivantes, tandis qu'ils profitent des avantages matériels acquis grâce aux générations précédentes. C'est qu'ils s'expriment par Internet, réseau écologiquement coûteux pourtant, et pas par nuages de fumée à l'indienne ! :-)
Je dis précisément le contraire et c'est étayé par des faits concrets.
Ceux qui ont craché dans la soupe furent les politiciens corrompus qui ont rendu ce grand foutoir de supermarché planétaire possible (il faut dire que le financement des campagnes électorales par les milieux d'affaires, a bien aidé leur schmilblick, mais maintenant on passe tous à la caisse...)
Exnihiloest a écrit :Si encore ils crachaient dans la soupe pour la raison qu'ils en auraient une autre bien plus délectable, on les comprendrait. Mais c'est qu'ils n'ont strictement rien à nous montrer de concret comme alternative, alternative qu'ils suivraient. Même les voies écologiques sont souvent à base de high-tech qui nécessite des moyens technologiques, et humains (en recherche et enseignement par exemple, donc technologiques aussi), considérables, ce qui montre que l'écologie est une méthode parmi d'autres, peut-être meilleure mais toujours avec des avantages et inconvénients à pondérer par rapport aux autres méthodes. Ce n'est pas une panacée non plus.
Les "vrais cracheurs dans la soupe" sont aussi ceux qui encouragent la dilapidation les matières premières... (C'est donc pas à ce stade des industriels, mais des grattes papier) Puisque c'est sur elles que reposent ce jeu de l'avion et la rédemption salvatrice du désendettement qui doit passer par la frénésie de la perspective de leur épuisement.... Car à ce stade si je comprends bien, "
les cracheurs dans la soupe" pour toi, seraient éventuellement ceux qui crachent sur les technologies?! Ce n'est pas mon propos, j'ai dit que "
les technologies étaient ce que l'on en faisait", exemples à l'appui ci-dessus. J'ai strictement rien contre les techno en tant que telles, mais je ne me laisse pas attirer aussi facilement par le mirage de leur apologie.)
Exnihiloest a écrit :Ceux qui prétendent parler au nom des générations futures et nous indiquer des voies pour tous pour le bonheur de l'humanité, qu'eux-mêmes souvent ne suivent même pas, sont de dangereux criminels par l'illusion qu'ils créent (toujours d'actualité aussi dans les religions et les sectes). Comme si une recette générale allait rendre tout le monde plus heureux, alors que le bonheur est un état d'esprit individuel, avec des attentes et des solutions différentes pour chacun, souvent une recherche de ce qu'on n'a pas et qui change quand on l'a, avec une atteinte globale impossible en pratique à cause des contingences matérielles, et certainement pas un produit de masse !
C'est marrant cette prédisposition d'esprit, qui serait à cheval entre "l'avoir" et "l'être"! A ne pas confondre avec le "pouvoir" et le sens éventuellement perdu du "devoir" face aux générations futures ;-) Ça reflète assez bien ce qui s'est éventuellement substitué à toute quête spirituelle (remplacé par le "dieu technologie" ou que sais-je?) Je dis ça à titre purement personnel et privé, ce n'est pas une critique, plutôt une question sociologique voire humaniste qui peut s'en dégager: qui sommes nous et où voulons-nous vraiment aller...?
(Et encore merci pour ce fil.)