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Débats philosophiques et de sociétés.
Ahmed
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par Ahmed » 20/11/15, 22:54

Le libéralisme s'est justifié, avant d'exister, par opposition avec le système des ordres fondés sur une supposée délégation de Dieu dans le monde sublunaire*, comme devant assurer une allocation optimale des ressources.
Au début, ce ne fut vraiment pas le cas pour la majorité des gens, mais, longtemps après, des améliorations apparurent et, avant et surtout après guerre, en France par exemple, la période à laquelle tu fais allusion, vit une certaine aisance se répandre (pas seulement du fait d'une production plus grande, mais également par une meilleure répartition [importance des luttes ouvrières, rivalité avec l'URSS]). En ce sens, le capitalisme tenait ses promesses, au moins en grande partie.
Cependant, il s'agit d'un jeu pratiquement à somme nulle (considéré à un instant T) et ce que la gauche célébrait comme une conquête démocratique (ce qui n'était pas totalement faux) se faisait aux dépends des peuples de la périphérie =>extractivisme.

Tu écris:
l'objectif étant la profitabilité à tout prix, lorsque la profitabilité cesse la modeste rétrocession s'arrête en même temps (ce que tu appelles peut-être le principe de l'extractivisme

Ce que tu soulignes est différent de l'extractivisme: il s'agit du simple constat que ce n'est nullement directement le besoin des hommes qui meut l'économie, mais l'accumulation de la valeur abstraite.
Si la classe moyenne résultant de cette phase de redistribution se voit désormais condamnée au déclin, c'est parce qu'elle devient de plus en plus inutile au processus de la valorisation.
Ce qui s'observe en Chine ne doit pas faire illusion: la modalité de fonctionnement systémique est la même qu'ici, simplement le paramètre du coût de la main d'œuvre était initialement plus en accord avec des profits bas. Ceci permet de comprendre les limites du miracle chinois, miracle qui commence à se dissiper à mesure que les progrès de la productivité (robotique) entraîneront les salaires en-dessous du seuil de reproduction de la force de travail.**
Les chinois ont probablement dû mal lire les traités marxistes ou bien étaient-il trop admiratifs de la "culture" occidentale? Je ne saurais trancher! 8)

*La terre... ndt.
**Le salaire devrait se situer plus bas que ce qui est nécessaire pour survivre.
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par Obamot » 20/11/15, 23:19

Dès lors que ce n'est pas l'objectif* mais une conséquence, le résultat n'est-il pas idem pour les peuples de la périphérie?

La redistribution semble meilleure en Chine, je supppose...toute proportion gardée. J'ignore si ça va durer, autant que j'ignore si ils ont ou non conscience des enjeux qui sont les leurs pas plus que si ils sont capable de dépasser leur propre dialectique inhérente à leur système. (Je pense que oui, ils envoient beaucoup d'étudiants dans des universités occidentales, les meilleures autant que faire se peut, mais ceux qui viennent chez nous, ce sont ceux qui ont échoué là-bas...)

Pour le reste il va falloir que je te relise :mrgreen: :shock: je peine à suivre, mais quel enrichissement de t'avoir dans ce forum! (Comme quelques autres, je ne voudrais oublier personne.)

Crdt.

*(partage/répartition autant que faire se peu: "équitable")
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par Ahmed » 21/11/15, 08:49

Je te remercie pour tes appréciations flatteuses et j'apprécie que tu ne sois pas contaminé par l'agressivité hargneuse et inutile de certain! :oops:

Le capitalisme n'est pas soluble dans la dictature, la Chine en apporte la preuve. Pour qu'elle puisse évoluer vers une société de consommation adossée à un relâchement du contrôle généralisé*, il faudrait que le profit agrégé réalisé dans la production de marchandises soit à un niveau correspondant à ce qu'il fut dans les circonstances qui l'on fait apparaître en Europe.
Ce n'est, comme je l'ai dit précédemment, que parce que le niveau de productivité était trop élevé et donc n'incorporait plus assez de travail humain (une des deux sources** de la production de la valeur) que cette production a été délocalisée en Chine. Comme la productivité n'a pas suspendu sa croissance, ce qui était seulement possible en Chine (ou dans des pays encore plus pauvres), cela sera de moins en moins réalisable.
Une autre raison à l'impossibilité de la croissance chinoise est que pour continuer à produire une valeur simplement stable, il est nécessaire de produire de plus en plus de marchandises, donc de mettre en œuvre de plus en plus de matières premières. Comme l'univers exploitable n'est pas extensible, ni proportionnel à la soif extractiviste de ce pays, cela détermine une autre limite à son expansion.

Ce n'est pas en venant étudier en Europe que les étudiants chinois comprendront cela, puisque le modèle théorique communément admis et enseigné est résolument formaliste et sans aucun souci des contradictions systémiques auxquelles il est tout simplement aveugle.
Ainsi, la gestion des conséquences négatives de l'activité humaine pour l'accumulation de valeur abstraite, est-elle interprétée comme de nouvelles opportunités de développement***, au lieu d'être comprises comme des frais longtemps différés et qui vont désormais peser sur le fonctionnement d'un système déjà défaillant.
En somme, on attend de l'essor des nouvelles technologies vertes qu'elles nous épargne les conséquences de ce que les anciennes provoquent, dans une absurde synergie.
Cela ne pourra s'opérer que par le recours massif à l'emprunt, puisque seule l'industrie financière est capable, au travers d'un biais fictionnel, de produire la valeur abstraite capable de financer tous ces faux-frais supplémentaires; en effet, aucune perspective de valorisation réelle ne se manifeste dans les nouvelles productions physiques, faute de vrais nouveaux marchés et de la capacité d'achat correspondante du côté des consommateurs.
Lorsqu'il deviendra évident que tout ceci n'est qu'artifice, l'édifice s'écroulera à la manière du héros de cartoon qui s'aperçoit soudainement qu'il a quitté le bord de la falaise et qu'il est au dessus du précipice.

*Vers lequel nous bifurquons au travers des "patriot act" à venir...
**L'autre étant la rente, comme c'est le cas, notamment dans les petits émirats pétroliers.
***Ce qui est vrai au niveau microéconomique, d'où l'erreur, mais nullement d'un point de vue macroéconomique.
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par Ahmed » 21/11/15, 09:41

Notre ami Exnihilo, dont j'apprécie la présence stimulante sur ce forum est un grand producteur de sophismes, qualité (?) qu'il doit à sa grande maîtrise de la langue de Racine.

Habile joueur de bonneteau, il s'arrange pour faire croire que la fève se trouve sous le gobelet vide: je propose d'observer plus attentivement ses assertions pour en découvrir les subterfuges: voilà de quoi nous occuper pour l'hiver! 8)
Un premier exercice, nul besoin d'aller chercher loin:
Oui, puisque cette composante n'est pas majeure, peu pertinente, et la culture prime car son champ est plus vaste et englobe l'économie.

Pour vous aider un peu, je vous suggère de vous concentrer sur la dernière partie de la phrase.

PS: vous pouvez m'en envoyer d'autres, je publierai les plus intéressants!
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par janic » 21/11/15, 10:20

obamot et autres bonjour
Obamot a écrit:
Pour ce qui est de la théocratie, Janic a bien répondu. Je m'inscris en faux sur ce terme car:
— il ne peut s'agir de théocratie dans la mesure où ces fanatiques ne reconnaissent pas d'autorité suprême (pour les meneurs) c'est tout "simplement" eux l'auto-rité auto-proclamée.
Dans une théocratie l'autorité suprême est par définition,le cas échéant, Allah.

C’est exact, c’est le principe de base.
Hors c'est bien ce que revendique daesh...

J’ai proposé à ex , mais c’est valable pour n’importe qui :que vaudrait un groupe qui se recommanderait de notre nom pour commettre des actions violentes ? Quelle valeur cela aurait-il à nos yeux et aux yeux de la société ? Se revendiquer, n’est pas synonyme d’en être crédité.
Or en l’occurrence quelques dizaines de milliers s’autocréditent de cette violence avec en face un milliard et demi d’autres théocrates qui discréditent les premiers : qu’est-ce qui pèse le plus lourd dans la balance ?
Citation:
— dans une théocratie, le titulaire de la souveraineté est une divinité, or ces fanatiques se sont approprié cette "souveraineté" en décidant à la place du démiurge — par exemple — qui "devait mourir" VS qui "avait le droit de vivre"!
Il faudrait vraiment expliqué comment une divinité pourrait diriger une nation????
il faudrait aussi expliquer comment « une information hors de l’espace temps » pourrait en faire autant !
C'est là ou réside toute l'escroquerie du terme théocratie.
Même chose ! C’est là où réside l’escroquerie du terme de l’information en question. A ce petit jeu de la chaise musicale, personne ne va gagner.
Les démocraties sont par définition possibles,(mais systématiquement détournés par l’oligarchie),dans le cas de la théocratie,cette possibilité est tout simplement inexistante...c'est donc tout naturellement qu'une oligarchie va à nouveau s'octroyer les pouvoirs pour garantir ses privilèges...au nom de dieu!
C’est exactement ce que je dis et répète, à la nuance près que démocratie ce n’est qu’un concept, une idée pas plus ni moins que divinité.
Exemple : http://www.devoir-de-philosophie.com/di ... 41385.html
definition : cratie-crate
Racines issues du grec kratos, qui signifient « pouvoir, gouvernement ». En position de suffixe, a servi à la formation de nombreux mots, notamment : Aristocratie (« gouvernement des meilleurs», voir ce mot), Autocratie (pouvoir personnel tyrannique), Bureaucratie (voir ce mot), Démocratie (voir ce mot et les mots de la même famille), Gérontocratie («gouvernement des vieillards »), Phallocratie (« pouvoir masculin » symbolisé par le « phallus », ou encore « machisme »), Technocratie (voir ce mot) et Théocratie («gouvernement de Dieu »; c'est-à-dire gouvernement de religieux qui se disent représentants de la volonté de Dieu).
Citation:
— dans une théocratie enfin, l'idée est que Dieu gouverne — or dans ce cas il ne peut le faire qu'au travers du Coran — sauf que le livre sacré leur réfute le droit d'agir comme il le font.
Oui mais par qui a été écrit le Coran?
C’est une fausse question ! Tu soulignes ailleurs que des stèles portent des inscriptions dont personne ne connait les auteurs; ce qui est pris en compte c’est le sens du texte gravé. Que le Coran ait été écrit par Mohammed ou Dupont, c’est sans importance en soi puisque chaque transcripteur utilise ce qui sort de son cerveau. La différence possible vient du fait que l’un va se servir de sa culture, l’autre d’une inspiration qui ne fait pas partie de ses acquis culturels. Ensuite déterminer d’où ça vient la question est difficile puisque l’athée va réfuter que cette information puisse venir d’au delà de l’espace temps et le croyant affirmer que cela vient bien de l’au delà de l’espace temps. C’est comme les OVNIs,on y croit ou on y croit pas, ce qui dans les deux cas sort de la rationalité habituelle.
Les terroristes respectent autant le Coran que les musulmans modérés, mais ils le font simplement de façon violentes.
Tiens donc va dire ça aux modérés !Ces terroristes ne respectent justement rien et pas plus ce Coran que la vie humaine, ils s’en servent pour justifier leur folie et se fichent comme de leur première burqa de savoir si c’est dans l’esprit de la lettre.
Les actualités viennent de parler de la gamine qui s’est faite exploser qui ne connaissait pas un mot du Coran , ni de Pierre, ni de Mohammed, c’était juste une gamine perdue qui cherchait une raison d’exister et reconnue exister. Après le canal par lequel chacun s’exprime relève de la psychanalyse. Des spécialistes du terrorisme tiennent le même discours (à moins qu’ils ne connaissent rien à leur job ?)
Comme je l'ai déjà expliqué, l'Islam est une religion à reformé entièrement, répéter comme je l'entends d'ici la que l'Islam serait une religion de paix démontre simplement que les gens n'ont pas lu le Coran.
L’Islam, en tant que philosophie/croyance ne peut être réformée en soi, pas plus que le terme démocratie, qui ne sont que des principes avec, certes, la difficulté de les concrétiser au quotidien. C’est donc la pratique qui doit et peut changer, pas le principe.
Larousse
islam
nom masculin
(arabe islām, soumission à la volonté de Dieu)
Civilisation qui caractérise le monde musulman (s'écrit alors Islam).

(puisque tu l'as écrit avec un I majuscule!)
De la même façon dire que le Coran est une religion de violence, c’est que d’autres n’ont pas lu, pardon, étudié le Coran comme la Bible d’ailleurs.
Pour les mémoires défaillantes le coran dit en substance: « si on t’attaque, répond par les mêmes moyens» En clair si on te frappe sur la joue droite, ne tends pas la joue gauche, refile une baffe mais pas question de frapper le premier.
Pour l’anecdote il se trouve qu’il y a de nombreuses années, j’ai lu la méthode Assimil pour l’anglais. A la fin de cet ouvrage connaissais-je l’anglais pour autant ? N’importe quel anglais ou anglophone affirmerait que non, même si je pouvais répéter en boucle « my tailor is rich »
Trop de lecture superficielle (qui hors contexte n’est pas fausse en soi) donne le même résultat ! « the coran is violent », « the coran is violent », « the coran is violent »…..à la fin ce mantra finira bien par persuader qu’il est vrai!

Ex bonjour
janic a écrit:
Il y a d'ailleurs un coté dérisoire à condamner la violence qui vient d'arriver et en même temps chanter à tue tête: "qu'un sang impur abreuve nos sillons"
La bonne question est celle de la force.
L'utilisation de la force est parfois nécessaire pour sortir de la violence. Le débarquement de Normandie, entre autres, l'a montré.
Ensuite l'usage de la force peut être vu violente et est sûrement violente quand elle doit s'appliquer contre des violents qui refusent son bien-fondé, mais cette violence est légitime. Je ne vois rien de moralement gênant à la balle du policier qui frappe le terroriste, rien ne l'empêchait de se rendre.
Un grand merci pour ce que tu viens d’écrire ! Même si ça a un coté star war!
En clair, la force peut être utilisée lorsque l’on est agressé. Ce n’est donc, toujours selon cet écrit, pas de la violence. Ou si c’est bien aussi de la violence elle se justifie si elle est bien fondée, donc légitime. C’est exactement ce qui dit ce Coran concernant la violence, pardon la force, que l‘on peut lire dans les textes non extraits de leur contexte.
Et bien cela à de quoi mettre tout le monde d’accord !
qu'un sang impur abreuve nos sillons fait partie de la symbolique de cette situation.
Oh que non ! comme le souligne sen no sen, la marseillaise a bien été écrite pour faire couler des fleuves de sang que tu qualifierais probablement de bien fondé , de légitime (du point de vue français évidemment) alors qu'elle vient de déclarer la guerre à l'Autriche (affaire de famille surtout!).
Un peu d’histoire : https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9cl ... grie_(1792)
D’où il ressort que c’est bien la France qui déclare la guerre et non qui se défend d’une invasion.
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par Obamot » 21/11/15, 11:39

Salut Janic, bon w-e à toi et à tous.

Ahmed a écrit : [...] flatterie

Où ça? Non sincère respect sur la profondeur des réflexions: je ne suis pas en position d'arbitre là, quelle futilité ce serait Image Image

Ahmed a écrit :Le capitalisme n'est pas soluble dans la dictature, la Chine en apporte la preuve. Pour qu'elle puisse évoluer vers une société de consommation adossée à un relâchement du contrôle généralisé*,

C'est tout le problème de ces mastodontes que sont la Chine, les USA, la Russie. Je ne crois pas que le relâchement y soit possible.
D'ailleurs depuis l'émergence de l'Union européenne, la situation ne fait que se durcir et ça s'accélère sous l'impulsion de son principal concurrent contre qui nous sommes en guerre par conflits co-latéraux exportés. Un vrai jeu de barbichette et de bras de fer avec de vrais millions de morts! Parmi lesquels beaucoup de femmes et d'enfants!

Ahmed a écrit :il faudrait que le profit agrégé réalisé dans la production de marchandises soit à un niveau correspondant à ce qu'il fut dans les circonstances qui l'on fait apparaître en Europe.
Ce n'est, comme je l'ai dit précédemment, que parce que le niveau de productivité était trop élevé et donc n'incorporait plus assez de travail humain (une des deux sources** de la production de la valeur) que cette production a été délocalisée en Chine. Comme la productivité n'a pas suspendu sa croissance, ce qui était seulement possible en Chine (ou dans des pays encore plus pauvres), cela sera de moins en moins réalisable.

C'est pas contestable, en même temps par le fait que nous nous sommes frottés au communisme par échanges économiques interposés — tout ceci est terriblement imbriqué et nous dépendons véritablement les uns des autres — ceci nous pousse déjà à nous remettre en cause ce qui provoquera par la suite de même chez nos "partenaires". Ce qui fait qu'à terme, je ne vois pas autre chose qu'une migration croisée des systèmes entre eux! Et on ne peut pas ne pas songer que l'on ait tout à y gagner, car sinon...

Ahmed a écrit :Une autre raison à l'impossibilité de la croissance chinoise est que pour continuer à produire une valeur simplement stable, il est nécessaire de produire de plus en plus de marchandises, donc de mettre en œuvre de plus en plus de matières premières. Comme l'univers exploitable n'est pas extensible, ni proportionnel à la soif extractiviste de ce pays, cela détermine une autre limite à son expansion.

Le type d'expansion qu'ils ont choisi n'est quand même pas si mal comparativement à une guerre fratricide contre l'Occident avec l'agitation en toile de fond du "péril jaune". Pour le moment c'est plutôt le "sauveur jaune" de nos économies en déclin.

En effet (d'accord avec toi), eux aussi ont les mêmes contraintes que nous pour les points que tu cites. Pour juger ce qu'il peut se passer ensuite, s'agissant de la croissance "à la chinoise" et ce qu'il vont en faire, ne vaudrait-il pas avoir un cerveau chinois? Ça implique de mettre de la distance par rapport à ses propres réflexions et conceptions du monde ("notre" paradigme occidental à réformer de fond en comble), ce que je ne suis pas capable de faire complètement à mon humble niveau: faudrait trouver un sujet conciliant qui accepte la greffe de son cortex^^. Il va néanmoins être enrichissant de comprendre et observer la façon dont ils vont gérer leur progression via => LEURS PRIORITÉS. Ce qu'ils ont fait est de toute manière "mieux" que le pire auquel on pouvait s'attendre depuis les années 70.

Ahmed a écrit :Ce n'est pas en venant étudier en Europe que les étudiants chinois comprendront cela, puisque le modèle théorique communément admis et enseigné est résolument formaliste et sans aucun souci des contradictions systémiques auxquelles il est tout simplement aveugle.

Oui en effet, c'est ce que je pense aussi, d'ailleurs ce ne sont pas les meilleurs éléments qui viennent ici, on aura droit encore à de belles surprises et à mon humble opinion... En même temps il y a chez tous les asiatiques une sorte de fascination pour l'Occident, qui tient au fait qu'ils se sous-estiment énormément, parce que leur sens du collectif (profondément ancré dans la culture et l'éducation) les mettent dans une situation assez diamétralement opposée à la nôtre.

Ahmed a écrit :Ainsi, la gestion des conséquences négatives de l'activité humaine pour l'accumulation de valeur abstraite, est-elle interprétée comme de nouvelles opportunités de développement***, au lieu d'être comprises comme des frais longtemps différés et qui vont désormais peser sur le fonctionnement d'un système déjà défaillant.
En somme, on attend de l'essor des nouvelles technologies vertes qu'elles nous épargne les conséquences de ce que les anciennes provoquent, dans une absurde synergie.

Leurs préoccupations actuelles sont assez basiques et ne sont pas à la hauteur de la sophistication sémantique sur le devenir de "nôtre" société. C'est un luxe de nantis et un risque d'effet boomerang si on n'agit pas? Chez eux ça viendra peut-être plus tard (à moins que ce ne soit déjà "en cours"...^^). En même temps, si ils font de bons choix (je veux dire meilleurs que "les nôtres" et c'est pas difficile...) sur les questions basiques, autant qu'ailleurs et si ça réussi: ça pourra servir grandement à l'humanité, j'estime...

Ahmed a écrit :Cela ne pourra s'opérer que par le recours massif à l'emprunt, puisque seule l'industrie financière est capable, au travers d'un biais fictionnel, de produire la valeur abstraite capable de financer tous ces faux-frais supplémentaires; en effet, aucune perspective de valorisation réelle ne se manifeste dans les nouvelles productions physiques, faute de vrais nouveaux marchés et de la capacité d'achat correspondante du côté des consommateurs.

Je ne leur souhaite pas, d'ailleurs ils sont très bons dans les calculs d'épiciers... Pour l'endettement ils ont d'ores et déjà compris qu'il valait mieux pour eux ne pas trop "acheter" de la dette américaine (ils l'ont un peu appris à leur dépens et ils ont une bonne mémoire, ils pardonnent mais n'oublient pas, d'ailleurs non, en principe ils ne pardonnent même pas ^^ alors gare à nos fesses!)

Ahmed a écrit :Lorsqu'il deviendra évident que tout ceci n'est qu'artifice, l'édifice s'écroulera à la manière du héros de cartoon qui s'aperçoit soudainement qu'il a quitté le bord de la falaise et qu'il est au dessus du précipice.

*Vers lequel nous bifurquons au travers des "patriot act" à venir...
**L'autre étant la rente, comme c'est le cas, notamment dans les petits émirats pétroliers.
***Ce qui est vrai au niveau microéconomique, d'où l'erreur, mais nullement d'un point de vue macroéconomique.

Ce que j'évalue mal, c'est comment refonder un nouveau système qui tiendrait compte de tes brillantes observations du monde? (Sans oublier celles des autres sources et auteurs que tu cites.)
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Ahmed
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par Ahmed » 21/11/15, 12:46

Sur le premier point, il semble avéré que le "relâchement" ne doive pas trop survivre dans nos sociétés aux différents chocs qui l'assaillent. Le couplage entre société de consommation et libertés publiques n'est qu'une phase transitoire et les deux sont condamnés par les conséquences externes qu'elles ont provoquées (externalités négatives).

Tu écris:
En même temps il y a chez tous les asiatiques une sorte de fascination pour l'Occident, qui tient au fait qu'ils se sous-estiment énormément...

En ce qui concerne spécifiquement les chinois, il est hors de doute qu'ils ont été profondément humiliés par l'Occident au cours de l'histoire récente et que leur expansion économique et commerciale est une sorte de revanche, préférable effectivement à une riposte belliqueuse. Il n'en reste pas moins que se déterminer par rapport à l'Occident reste problématique et qu'un développement plus endogène, qui serait peut-être possible dans le cas de ce grand pays, aurait été une option intéressante.

Quant au "cerveau chinois", dans la mesure où il doit se colleter avec les contradictions qu'il a importées, je ne crois pas qu'il possède un mode résolutif original, du moins tant qu'il restera dans le cadre choisi.

Le paragraphe sur la dette visait avant tout nos pays, mais la Chine, malgré des excédents de devises (potentiellement fondantes) commence à user de l'emprunt.

Enfin:
Ce que j'évalue mal, c'est comment refonder un nouveau système...
tenant compte de ces évaluations.
Le rôle de la critique est de faire vaciller les certitudes, première étape indispensable à une éventuelle refondation, et là, nous sommes encore loin du compte!
Seule une rupture principielle radicale serait en mesure de sortir de ce mauvais pas.
Ce n'est pas mon rôle de jouer au "grand timonier" (sic!) théorique, ce qui irait à l'encontre de ma conception démocratique dans laquelle la manière de faire importe plus que son résultat (puisqu'il est alors possible d'opérer un correctif).
Je me contenterais d'une suggestion de bon sens, parfaitement illusoire en l'état, mais qui a une valeur explicative face à la "tyrannie de la réalité"* (ou ce que l'on veut faire passer pour tel): orienter les activités humaines vers la satisfaction des hommes et renoncer au fétiche de l'accumulation absurde de la valeur abstraite.

*Excellent livre de Mona Chollet que je n'ai encore que parcouru, mais l'intégrale ne saurais tarder.
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par sen-no-sen » 21/11/15, 13:04

janic a écrit :J’ai proposé à ex , mais c’est valable pour n’importe qui :que vaudrait un groupe qui se recommanderait de notre nom pour commettre des actions violentes ? Quelle valeur cela aurait-il à nos yeux et aux yeux de la société ? Se revendiquer, n’est pas synonyme d’en être crédité.
Or en l’occurrence quelques dizaines de milliers s’autocréditent de cette violence avec en face un milliard et demi d’autres théocrates qui discréditent les premiers : qu’est-ce qui pèse le plus lourd dans la balance ?


Janic tu élude un certain nombre de faits historique dans notre courte période contemporaine....
La révolution Islamique de l'Ayatollah Khomeiny(conséquence encore une fois de l'ingérence du bloc BAO) n'était pas portée par une volonté d'amour entre les peuples....
Idem du FIS(front islamique du salut) du GIA (groupe islamique islamique armée) de Boko Haram et j'en passe...

Utiliser l'argument de la folie pour désigner ses groupes n'est pas recevable,pas plus que d'affirmer que ses individus ne font qu'utiliser l'Islam pour pérenniser leurs actes.
Les individus qui quittent leurs pays pour aller grossir les rangs de daesh ne le font pas pour le sport,mais bien par idéologie.
On ne se fait pas sauter avec du c4 de gaité de cœur...

L'apparition du terrorisme peut être analyser d'un point de vu thermodynamique,un parallèle peut être réaliser avec le triangle du feux qui nécessitent:
1) une énergie d'activation:tension bloc BAO/monde arabe.
2)Un combustible :des individus issus des déstabilisations ou des contradictions de nos sociétés.
3)Un comburant:la religion,le cas échant l'Islam.

Un feux ne prend pas sans une proportion d'oxygène correcte,tout porte a croire que le résultat aurait quelque peu différents si la religion de ses zones déstabilisé avait été autres(ex de l'invasion chinoise au Tibet et de ses 500 000/1000 000 victimes).
Le terrorisme basque ne sévit pas jusqu'en Chine,pourquoi selon toi?

il faudrait aussi expliquer comment « une information hors de l’espace temps » pourrait en faire autant !


Tout comprendre volontairement de travers ne te sera d'aucune utilité,"l'information hors espace-temps" est à comprendre dans le cadre de la théorie quantique,en tant que fonction d'onde de l'Univers.
La réalité ne serait qu'une infime partie visible d'un Tout incommensurable ("Univers en puissance") apparu par décohérence de l'ensemble,rien à voir ici avec un bon dieu qui s'adresse aux hommes...
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"Le Génie consiste parfois à savoir quand s'arrêter" Charles De Gaulle.
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par Obamot » 21/11/15, 13:29

Ahmed a écrit :Sur le premier point, il semble avéré que le "relâchement" ne doive pas trop survivre dans nos sociétés aux différents chocs qui l'assaillent. Le couplage entre société de consommation et libertés publiques n'est qu'une phase transitoire et les deux sont condamnés par les conséquences externes qu'elles ont provoquées (externalités négatives).

C'est également une réalité macroscopique liée au "besoin de contrainte" de Masslow, ce qui te fait parfois tiquer. Alors qu'en fait, il tient aux propres limitations que se fixent les individus eux-même et qui est paradoxalement constitutif de leur construction mentale (relativement au monde qui les entourent). Ainsi il n'y a pas grande divergence entre le fait d'être anticlérical et celui de s'émanciper du "besoin de contrainte". (je trouve...) puisque précisément on retrouve ceci dans le "besoin d'appartenance" (élévation spirituelle confortée dans l'expérience de groupe?) j'en déduis qu'un nouveau modèle de société plus évolué, ne peut pas faire fi des propres limitations auxquelles s'exposent les peuples eux-mêmes et qui fixe a contrario le cadre des libertés tacites (et bien-sûr je ne généralise pas, Masslow ayant bien mis en garde que chaque individu avait sa propre pyramide des besoins. Ce qui permet à certains "privilégiés" de s'émanciper en dépit des limitations des autres faites par complaisance...)

Ahmed a écrit :Tu écris:
Obamot a écrit :En même temps il y a chez tous les asiatiques une sorte de fascination pour l'Occident, qui tient au fait qu'ils se sous-estiment énormément...

En ce qui concerne spécifiquement les chinois, il est hors de doute qu'ils ont été profondément humiliés par l'Occident au cours de l'histoire récente et que leur expansion économique et commerciale est une sorte de revanche, préférable effectivement à une riposte belliqueuse. Il n'en reste pas moins que se déterminer par rapport à l'Occident reste problématique et qu'un développement plus endogène, qui serait peut-être possible dans le cas de ce grand pays, aurait été une option intéressante.

Aurait été si ?

Ahmed a écrit :Quant au "cerveau chinois", dans la mesure où il doit se colleter avec les contradictions qu'il a importées, je ne crois pas qu'il possède un mode résolutif original, du moins tant qu'il restera dans le cadre choisi.

C'est leur talon d'Achille et ils y travaillent, mais c'est dur pour les raisons que tu relèves qui suggère une sorte d'incompatibilité.

D'un autre côté la Chine a beaucoup plus de points forts que nous puisqu'elle a notamment, encore l'avenir devant elle...
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janic
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par janic » 21/11/15, 15:23

Or en l’occurrence quelques dizaines de milliers s’autocréditent de cette violence avec en face un milliard et demi d’autres théocrates qui discréditent les premiers : qu’est-ce qui pèse le plus lourd dans la balance ?
anic tu élude un certain nombre de faits historique dans notre courte période contemporaine....
La révolution Islamique de l'Ayatollah Khomeiny(conséquence encore une fois de l'ingérence du bloc BAO) n'était pas portée par une volonté d'amour entre les peuples....
Idem du FIS(front islamique du salut) du GIA (groupe islamique islamique armée) de Boko Haram et j'en passe...

Ca ne fait que confirmer ce que j’ai dit : « s’auto recommander d’être et être sont deux choses différentes » et le ratio ne change guère.
C'est comme lorsque dans nos contrées des individus ou des groupes s'affublent du nom de chrétiens (c'est moins facile avec le judaïsme qui a des frontières abondamment gardées)
Il faut là encore faire un ratio entre ces tyrans qui imposent leur point de vue par la force et la multitude de ceux qui n’approuvent pas ces tyrans mais qui se taisent pour conserver leur vie surtout en responsabilité de famille. Mais quand ces tyrans disparaissent c’est un immense soulagement, des cris de joie, de liesse, comme lorsque NOTRE dernière guerre à pris fin.
Utiliser l'argument de la folie pour désigner ses groupes n'est pas recevable,pas plus que d'affirmer que ses individus ne font qu'utiliser l'Islam pour pérenniser leurs actes.
Au contraire ! Certes l’invocation de la folie ne suffit pas (Hitler, Napoléon étaient-ils fous ?) Ils étaient surtout ambitieux pour eux-mêmes au travers de la position qui leur avait été accordée.
Pour les individus utilisant l’Islam comme prétexte: l’inquisition, la révolution française ont fait de même (je ne préjuge pas des actes de foi servant à guillotiner tous les gênants) Oui ce n’est que prétexte, celui-ci ou un autre faisant l’affaire pourvu que leur but d’hégémonie soit atteint.
Les individus qui quittent leurs pays pour aller grossir les rangs de daesh ne le font pas pour le sport,mais bien par idéologie.
Oui et non ! L’idéologie demande une connaissance approfondie de celle-ci ! Or combien de ces partants pour le casse pipe savent réellement l’idéologie de Daesh ?
On ne se fait pas sauter avec du c4 de gaité de cœur...
Non, mais par conditionnement : oui ! Les kamikazes japonais savaient eux au moins les raisons de leur sacrifice. En est-il de même pour ces gamins qui veulent jouer les martyrs au prix de leur vie en se disant qu’au moins celle-ci aura servi une cause (noble à leurs yeux) plutôt que d’être considérés comme des rebuts de la société, rejetés par celle-ci ?
Un feux ne prend pas sans une proportion d'oxygène correcte,tout porte a croire que le résultat aurait quelque peu différents si la religion de ses zones déstabilisé avait été autres(ex de l'invasion chinoise au Tibet et de ses 500 000/1000 000 victimes).
Ainsi que le remarquent Christophe, Ahmed, Obamot, la religion n’est qu’un prétexte, n’importe quoi d’autre peut faire l’affaire si ses propriétés de comburant sont là. La difficulté c’est qu’historiquement autorité civile et autorité religieuse se sont quasiment toujours trouvées mêlées et donc la part de l’un ou de l’autre est difficile à discerner.
Pourtant je doute que les bombes atomiques américaines (pouvoir d’Etat et religion sont séparés) sur le Japon eussent été religieuses et ça a fait plus de morts que Daesh, pas plus que toutes nos guerres de conquêtes civiles et leurs multitudes de morts aussi.
Le terrorisme basque ne sévit pas jusqu'en Chine,pourquoi selon toi?
Aucune idée, mais des historiens ont montré que l’antisémitisme avait essaimé jusqu’en Chine, lors même qu’aucun chinois n’avait vu un sémite.
sen no sen
Citation:
il faudrait aussi expliquer comment « une information hors de l’espace temps » pourrait en faire autant !
Tout comprendre volontairement de travers ne te sera d'aucune utilité,"l'information hors espace-temps" est à comprendre dans le cadre de la théorie quantique,en tant que fonction d'onde de l'Univers.
La réalité ne serait qu'une infime partie visible d'un Tout incommensurable ("Univers en puissance") apparu par décohérence de l'ensemble,
C’est le bla bla bla habituel, ce mantra ne change rien à la réalité des choses. C‘est la même chose ! Remplacer un terme peu clair par une autre encore plus incompréhensible ne fait pas avancer le schmilblick! Essaie de raconter ce genre de discours à l'homme de la rue ( et tous ne sont pas idiots) et tu passeras pour un zombie, un ET.
Rien à voir ici avec un bon dieu qui s'adresse aux hommes...
Et l’information s’adresse à qui ?
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« On fait la science avec des faits, comme on fait une maison avec des pierres: mais une accumulation de faits n'est pas plus une science qu'un tas de pierres n'est une maison » Henri Poincaré

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