La technologie, moteur du progrès des idées

Débats philosophiques et de sociétés.
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Exnihiloest
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par Exnihiloest » 18/08/15, 12:26

Flytox a écrit :...
Le progrès "s'organise" "tout seul" à partir des bénéfices de quelques uns....sur le dos des autres...

Ce n'est pas en montant en épingle des excès du capitalisme qu'on peut contrer un argument comme celui de l'espérance de vie, multipliée par 3 sur 250 ans, preuve d'un indubitable progrès matériel qui concerne tout le monde. Quant au progrès "immatériel", quand je vois que la plupart des gens préfèrent regarder des émissions de télé-réalité plutôt qu'une émission historique sur Arte ou un débat avec des philosophes sur France 2, je ne peux que m'incliner et laisser chacun libre de ses choix.
Si chacun a certainement un rôle pour faire évoluer positivement (selon lui) la société, les mentalités, les idées, c'est non moins certainement par l'exemplarité, et non pas par la contrainte politique ou économique ni les leçons idéologiques.
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Ahmed
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par Ahmed » 18/08/15, 12:41

Ce qui fausse le débat, c'est que tu sépares le progrès scientifique ou technique du contexte global et surtout de la finalité irrationnelle en vue de laquelle il se déploie. S'il y a continuité dans le progrès (notion assez curieuse employée intransitivement!), ce n'est, au sens actuel, que sur une période courte et cet accroissement, que chacun constate, se fait sans autre direction que celle imprimée par les automatismes systémiques.

Tu écris:
Le pessimisme méthodique condamne ou entrave terriblement tout projet de changement, par le refus de la prise de risque, l'exigence irréaliste de preuves indubitables de non-risques, la défiance de fait envers les acteurs. La conséquence est l'immobilisme, et conséquemment entraîne le déclin censé être combattu.

C'est le contraire, l'optimiste n'a aucune raison de changer ce qui va bien; celui qui est conscient des dangers d'une voie qui n'est pas choisie* peut assumer un changement radical, ce qui comporte également des risques, mais c'est le lot de l'humanité, comme tu l'as bien noté. Il est clair pour moi que le pessimisme méthodique constitue la base d'un véritable optimisme (ultérieur, en quelque sorte).

*Tout système est mauvais, en ce sens qu'il fonctionne à son profit, sans volonté de nuire ou non, mais il aboutit nécessairement à des dégâts collatéraux fatals, un peu comme un virus qui n'a pas le désir, ni intérêt à détruire son hôte, mais qui finit par le tuer de par son fonctionnement.
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par dede2002 » 18/08/15, 20:24

Il y a un phénomène qui me semble-t-il n'a pas été cité c'est l'illusion technique (développée dans le livre de Jacques Neiryncq "le huitième jour de la création")

Un exemple: la photo.

Quand j'étais môme, mon père faisait des diapos. C'était cher et on se faisait de temps en temps des soirées diapos, il avait le temps de tout classer et noter.
Ensuite on a eu les photos couleurs à 50 cts le tirage, au fil des ans on se retrouve avec une armoire pleine de pochettes pleines, il y en a tellement qu'on retrouve difficilement celle qu'on cherche,
Puis est venu le numérique, avec 50 photos dans la carte, puis 4000 photos dans la carte et des milliers dans l'ordi, rebelote on retrouve difficilement celle qu'on cherche...

Actuellement les jeunes délaissent l'appareil photo pour faire des "milliers de" photos de qualité douteuse avec leur smart phone doté d'une lentille grosse comme une lentille.

Et ils écoutent du mp3 bridé a 10kHz, souvent en mono, quel progrès!
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par Flytox » 18/08/15, 20:39

Exnihiloest a écrit :
Flytox a écrit :...
Le progrès "s'organise" "tout seul" à partir des bénéfices de quelques uns....sur le dos des autres...

Ce n'est pas en montant en épingle des excès du capitalisme qu'on peut contrer un argument comme celui de l'espérance de vie, multipliée par 3 sur 250 ans, preuve d'un indubitable progrès matériel qui concerne tout le monde.

Rassure toi, il ne m'est jamais venu à l'idée de regretter l'énorme augmentation actuelle de la durée de vie. Après, dans un avenir relativement proche, faudra pouvoir maintenir le score, ce sera pas gagné pour tout le monde (surtout si t'es pas riche / puissant)....à plus de 7 milliard d'humains, avec une biosphère dévastée, des ressources minérales et énergétiques en berne (plus du tout en phase avec la "demande"), il va bien falloir s'occuper du "progrès aveugle" et de l'accostage à pleine vitesse avec le mur de la pénurie au fond de l'impasse.

Soudain, quand on voit qu'on va avoir un accident sur la route, on peut choisir:
- de freiner le plus tôt possible pour minimiser l'impact.
- ou d'accélérer sa 2CV pour essayer de passer par dessus (genre K2000).
Chui pas sûr que les deux solutions donnent le même nombre de victimes. :mrgreen:

Si chacun a certainement un rôle pour faire évoluer positivement (selon lui) la société, les mentalités, les idées, c'est non moins certainement par l'exemplarité, et non pas par la contrainte politique ou économique ni les leçons idéologiques.

Chai pas où sont les meilleures solutions :cry: mais chui sûr que s'y prendre trop tard pour freiner la machine est une erreur fondamentale. :?
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La Raison c'est la folie du plus fort. La raison du moins fort c'est de la folie.
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par Exnihiloest » 19/08/15, 11:33

Flytox a écrit :...Soudain, quand on voit qu'on va avoir un accident sur la route, on peut choisir:
- de freiner le plus tôt possible pour minimiser l'impact.
- ou d'accélérer sa 2CV pour essayer de passer par dessus (genre K2000).
...

Je ne le nie pas non plus. Le défaut de ce raisonnement est dans les a-priori : "on voit qu'on va avoir un accident", comme si c'était une réalité tangible et admise par tous, alors que c'est une prédiction de voyant extralucide. S'il y a bien un constat que notre environnement subit des dégâts et qu'on devrait en prendre plus soin, rien ne permet ni d'extrapoler l'apocalypse ni d'affirmer que les dégâts ne sont pas collatéraux à une nécessaire exigence prioritaire, faire vivre des milliards d'individus sur terre. Le problème initial est la pression démographique. C'est une illusion de croire qu'on peut la gérer sans incidence négative pour la planète et sans incidence négative pour la vie humaine elle-même (même la vie humaine obéit à l'adage "ce qui est rare est cher", une des raisons pour lesquelles on en fait si peu de cas aujourd'hui).
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par Exnihiloest » 19/08/15, 12:39

Ahmed a écrit :Ce qui fausse le débat, c'est que tu sépares le progrès scientifique ou technique du contexte global...

Là je ne vois vraiment pas ce qui te fait dire ça, alors que le sujet de ce fil est justement d'affirmer le contraire. Relis le premier post : tu vois que j'ai relié le progrès technique directement à celui des idées, lesquelles ont eu un impact énorme sur le contexte global comme le prouvent les exemples que j'ai cités. Je ne sépare pas le progrès scientifique ou technique du contexte global, je dis que le premier a un impact fort sur le second, plus que l'inverse, même si bien sûr le système reboucle.

... et surtout de la finalité irrationnelle en vue de laquelle il se déploie.
S'il y a continuité dans le progrès (notion assez curieuse employée intransitivement!), ce n'est, au sens actuel, que sur une période courte et cet accroissement, que chacun constate, se fait sans autre direction que celle imprimée par les automatismes systémiques.

Le progrès a commencé à l'âge de la pierre, s'est poursuivi à l'aire du feu, du fer, de l'agriculture, de la roue, de l'écriture, des cathédrales (en Europe), de l'imprimerie...
Voir le progrès sur "une période courte", c'est le limiter à la période contemporaine alors que l'humanité a toujours progressé.
Le progrès n'est pas linéaire, il serait plutôt exponentiel en ce moment mais sans aucune certitude que cela continue dans l'avenir. Par contre ce qu'on peut dire, c'est que globalement, il n'a pas cessé depuis le début de l'humanité.

...l'optimiste n'a aucune raison de changer ce qui va bien; celui qui est conscient des dangers d'une voie qui n'est pas choisie* peut assumer un changement...

Je suis d'accord avec ça. De toute façon, comme presque toujours, tout le monde est d'accord sur la finalité, vivre heureux dans un monde équilibré.
C'est sur l'interprétation des constats et/ou la méthode que les gens divergent.
"Aucune raison de changer ce qui va bien", mais chacun voit différemment ce qui va bien ou pas. "Dangers d'une voie qui n'est pas choisie", mais ce qui est vu par l'un comme danger nécessitant intervention, ne l'est pas forcément par l'autre, non pas que celui-ci serait aveugle, mais que chacun mesure les risques sur des critères différents et choisit une voie évaluée sur sa propre échelle des valeurs.

Le problème est complexe. On ne peut pas supposer qu'on disposerait d'un référentiel commun, absolu, partagé de constats indiscutables à propos desquels on devrait agir. Ensuite sur ces constats qui donnent lieu à interprétations différentes, chacun peut proposer sa méthode, tu le fais, je le fais, mais s'il veut la faire accepter par tous pour pouvoir la mettre en œuvre, il va avoir du mal. C'est la raison pour laquelle je préconise plutôt l'exemplarité comme méthode car on peut la mettre en œuvre sans attendre personne (acheter bio, boycotter le non-recyclable, ne pas jeter ses mégots dans l'espace public, monter son éolienne...). N'oublions pas que la force du capitalisme, ce sont ses salariés et ses clients, donc nous. Nous en sommes responsables tout autant que les "capitaines" d'industrie. C'est notre comportement individuel de tous les jours qui peut contrer le bazar, en devenant massif.
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par Exnihiloest » 19/08/15, 13:14

dede2002 a écrit :...
Et ils écoutent du mp3 bridé a 10kHz, souvent en mono, quel progrès!

C'était vrai à l'époque où les supports mémoire des lecteurs portables coûtaient chers et où les sites de téléchargement économisaient la bande passante. Ce n'est plus le cas aujourd'hui. Cela fait déjà quelques temps que les MP3 écoutés par les jeunes sont en stéréo et à au moins 128Mb/s. Même si ce n'est pas la panacée, pour écouter dans le bus sur un casque bas de gamme, c'est peut-être suffisant.
On voit sur le P2P que les nouvelles mises à dispo sont plutôt en 320Mb/s ou en FLAC. Le FLAC n'est pas une "illusion technique", c'est la copie conforme d'un CD, et cela s'entend, si bien d'ailleurs qu'on a vite fait de comprendre que les éditeurs nous fourguent n'importe quoi, aux différences parfois énormes constatées dans la qualité d'un même morceau provenant de CD différents, question de master.

La musique, comme la photo, obtenues aujourd'hui à profusion et à coût quasiment nul, obéissent aussi à l'adage que j'ai cité plus haut "ce qui est rare est cher". Il y a une perte considérable de leur valeur par rapport à l'époque précédente. Mais c'est le lot du tout progrès. Avant qu'on obtienne l'aluminium par électrolyse, ce métal était précieux. Il y a eu dans le passé des bijoux en aluminium !

Inversement on voit que la nature devient précieuse, alors qu'elle ne faisait pas recette dans les années 1950 où chacun pouvait en profiter facilement et sans entrave. La valeur n'existe pas intrinsèquement, elle s'attache à ce qui nous manque. Comme c'est souvent par le progrès qu'on réussit se procurer ce qui nous manque (en particulier par les marchés de masse), le progrès détruit des valeurs, mais elles se réfugient ailleurs : l'homme est un perpétuel insatisfait toujours en soif de quelque chose, faisant la valeur de ce quelque chose.
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par chatelot16 » 19/08/15, 15:18

il peut y avaoir des progrès dans n'importe quel domaine , de la philosophie a la mecanique simple

pendant des siecle c'est la philosophie qui etait devant et la mecanique n'avancait pas ... on est passé par une periode de progrès mpecanique et autre technique enorme , et on arrive a un point ou les science humaine philosophie et politique ne savent pas utiliser les progrès technique trop rapide ... les benfice que les progrès tecnique pouraient apporter sont en grande partie gaspillé par l'ineficacité de ceux qui commande

il faut bien sur continuer a faire des progrès technique mais il faudrait absolument mettre la priorité a un progrès politique pour arreter le gaspillage ... sinon on va continuer a augmenter le gaspillage plus vite que le progrès technique

pourquoi constate t on une baisse du niveau de vie ? ( sauf pour les privilegié ) parce que la mauvaise organisation de la soçété actuelle gaspille trop

inventer de la technique c'est bien , mais il est urgent d'inventer des nouvelle idée pour sortir du piège actuel
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par Flytox » 19/08/15, 20:37

Exnihiloest a écrit :
Flytox a écrit :...Soudain, quand on voit qu'on va avoir un accident sur la route, on peut choisir:
- de freiner le plus tôt possible pour minimiser l'impact.
- ou d'accélérer sa 2CV pour essayer de passer par dessus (genre K2000).
...

Je ne le nie pas non plus. Le défaut de ce raisonnement est dans les a-priori : "on voit qu'on va avoir un accident", comme si c'était une réalité tangible et admise par tous, alors que c'est une prédiction de voyant extralucide. S'il y a bien un constat que notre environnement subit des dégâts et qu'on devrait en prendre plus soin, rien ne permet ni d'extrapoler l'apocalypse ni d'affirmer que les dégâts ne sont pas collatéraux à une nécessaire exigence prioritaire, faire vivre des milliards d'individus sur terre. Le problème initial est la pression démographique. C'est une illusion de croire qu'on peut la gérer sans incidence négative pour la planète et sans incidence négative pour la vie humaine elle-même (même la vie humaine obéit à l'adage "ce qui est rare est cher", une des raisons pour lesquelles on en fait si peu de cas aujourd'hui).


Je trouve que tes "extralucides" sont bien nombreux, pas tous des incompétents, et pas tous achetés pour prêcher le prêt à penser capitaliste. Pourtant leurs propos convergent grosso modo vers (pas dans l'ordre d'importance) l'évidence de la pénurie de métaux, d'eau, de surface cultivable, de pétrole etc...et tous pour dire que c'est à la louche pour les 10 à 40 ans à venir et que l'incidence sera des plus importantes sur la population / économie / paix mondiale.

Pour ma part, les prédictions pas du tout lucides sont dans le camp de ceux qui soutiennent que "ça va passer tranquille" moyennant quelques "progrès" (à se dépêcher de sortir du chapeau), alors que les principaux indicateurs (non manipulés) convergent et sont déjà au rouge... Si je comprends bien le fond de ta pensée, il est urgent de ne rien faire, sauf attitude exemplaire....à l'échelle microscopique.

http://www.bastamag.net/Quand-le-monde- ... -de-metaux

Moins de vingt métaux étaient exploités dans les années 1970. Ce chiffre a depuis été multiplié par trois.
Mais les réserves ne sont pas infinies. Une cinquantaine de métaux – sur la soixantaine exploités
– seraient menacés de pénurie. Il reste plus d’un siècle de réserve pour le cobalt ou le platine.
Celles de l’argent, de l’antimoine (utilisé notamment dans l’électronique), de l’indium (utilisé dans
les cellules photovoltaïques ou les écrans LCD) se limiteraient à 20 ans, pointe l’étude de Philippe
Bihouix. Et il ne resterait que 30 à 60 ans de réserve pour la plupart des grands métaux industriels :
zinc, cuivre, nickel, plomb…


http://www.cnrs.fr/cw/dossiers/doseau/d ... risque.htm

La population mondiale devrait passer de 6 milliards d'individus en l'an 2000, à 8 milliards en l’an 2025.
La quantité moyenne d'eau douce disponible par habitant et par an devrait donc chuter de 6 600 à
4 800 mètres cubes, une réduction de presque un tiers. Si parallèlement la tendance actuelle à l'augmentation
des prélèvements en eau se poursuit, entre la moitié et les deux tiers de l'humanité devraient être en situation
dite de stress hydrique en 2025, seuil d'alerte retenu par l'Organisation des nations unies (ONU) et
correspondant à moins de 1700 mètres cubes d'eau douce disponible par habitant et par an. Le risque
d’une pénurie d’eau douce existe donc bel et bien.

L’un des problèmes majeurs en matière d'eau douce et d'alimentation humaine est posé par l’irrigation, car
pour nourrir toute la population de notre planète, la productivité agricole devra fortement augmenter.
Alors que l’irrigation absorbe déjà aujourd’hui 70 % des prélèvements mondiaux, une consommation jugée
très excessive, celle-ci devrait encore augmenter de 17 % au cours des 20 prochaines années. Le facteur
déterminant de l'approvisionnement futur de l'humanité en eau douce sera donc le taux d'expansion de
l'irrigation. Autrement dit, seule une nette amélioration de la gestion globale de l’irrigation permettra
de réellement maîtriser la croissance de la consommation.

Un autre enjeu de taille pour les années à venir est celui de la satisfaction de l’ensemble des besoins
en eau potable de l’humanité. Aujourd’hui, déjà un habitant sur cinq n’y a pas accès. Or, selon l’ONU,
sur les 33 mégapoles de plus de 8 millions d'habitants qui existeront dans 15 ans, 27 seront situées
dans les pays les moins développés et donc les moins à même de pouvoir répondre aux besoins. En outre,
même si de légères diminutions de la consommation en eau sont observées depuis quelques années aux
États-Unis et en Europe, les prévisions sont alarmistes, avec 40 % d’augmentation de la consommation
municipale et domestique dans les 20 ans à venir.



http://www.melchior.fr/terres-arables-e ... 271.0.html


Terres arables et population

L'analyse de la disponibilité des terres arables effectuée par le Club de Rome est encore intéressante
à plus d'un titre. Elle est intéressante d'abord, pour l'effort de méthode qui la sous-tend : il vaut
mieux une tentative d'évaluation chiffrée qu'une affirmation générale liée à un sentiment. Ensuite,
pour l'analyse causale qui la motive. Le texte dit clairement qu'un accroissement des ressources
alimentaires disponibles entraînerait automatiquement un accroissement de la population mondiale.
On sait aujourd'hui que le schéma de la transition démographique est universel et que la quantité
de ressources disponibles n'est plus le régulateur ultime de la fécondité. Enfin, on notera la
tentative d'intégrer les progrès de productivité. Reste que la comparaison de ces estimations aux
travaux actuels montre que les craintes n'étaient pas fondées.

Meadows Donella H., Meadows Dennis L., Randers Jorgens et Behrens William W., (1972), Rapport sur les
limites de la croissance, Paris, Fayard, p. 166-171





Les limites de la croissance exponentielle : terres arables et population




Des études récentes démontrent que la surface totale des terres susceptibles d'être cultivées n'excède
pas 3,2 milliards d'hectares. Les terres les plus riches, environ la moitié de cette superficie, sont
effectivement cultivées de nos jours. Pour défricher, irriguer, fertiliser la seconde moitié, la
transformer en terre arable, il faudrait investir de 215 à 5 275 dollars à l'hectare (de 1 000
à 27 000 francs au taux de change de 1972. Rappelons que l'euro vaut 6,55957 francs, ndlr). Le coût
moyen serait de l'ordre de 1 150 dollars à l'hectare (environ 6 000 F). Selon un autre document de la
F.A.O., la création de nouvelles terres cultivables est prohibitive sur le plan économique.
(…)

En supposant que l'on soit décidé à payer le prix, combien pourrait-on nourrir de personnes, théoriquement
tout au moins ?

La superficie de terre arable consacrée à chaque individu était en moyenne de 0,4 ha en 1970 (ce qui
supposait une superficie mondiale des terres cultivées de l'ordre de 13 milliards d'hectares à cette époque).
On a vu. que c'était insuffisant (1 /3 du globe souffre de malnutrition), les experts américains estiment
qu'elle devrait être de 0,9 ha. La courbe inférieure de la figure ci-dessous, cependant établie sur la base
de 0,4 ha par personne, donne la superficie des terres cultivables qui serait nécessaire pour nourrir une
population croissante.


La courbe supérieure représente la superficie des terres, arables disponible en fonction du temps. L'allure
de cette courbe est intéressante :

Jusqu'au début du XXe siècle, le plafond théorique des superficies cultivables était de 32 millions de km2.
A partir de cette époque, ce plafond décroît du fait de l'urbanisation. On suppose que le logement, les
installations de production industrielle, et l'infrastructure associée routes, canalisations, équipements
collectifs, égouts, etc., font "mordre" pour chaque individu une surface de 800 m2 au détriment de la terre
cultivable disponible. En outre, l'érosion de la terre arable par suite de culture intensive, – phénomène
dont nous n'avons pas tenu compte – est loin d'être négligeable.

En admettant qu'on puisse utiliser intégralement la superficie des terres arables théoriquement disponibles,
et cela dans les conditions les meilleures possibles, le manque de terre cultivable se fera désespérément
sentir avant même l'an 2000 si la population continue de s'accroître au taux actuel et si on n'arrive pas à
satisfaire ses besoins alimentaires en utilisant pour chaque homme une superficie de terre encore inférieure
au strict minimum actuel.

La figure ci-dessus traduit clairement quelques-unes de lois fondamentales qui caractérisent l'expansion dans
un système fini.

- Premièrement, elle montre comment on peut passer en quelques années d'un état d'abondance à un état de disette.
Il y a eu jusqu'à ces dernières décennies un excédent considérable de terres susceptibles d'être cultivées. Dans
les 30 ans à venir (temps de doublement de la population mondiale), nous risquerons d'être exposés à une pénurie
brutale. Tout comme le propriétaire de l'étang au nénuphar, la race humaine ne disposera peut-être que d'un temps
extrêmement réduit pour faire face à une crise résultant d'une croissance exponentielle dans un espace fini.

- Deuxièmement, elle fait apparaître qu'il est peu important de quantifier avec précision les hypothèses relatives
aux limites de notre écosystème dans un contexte où la croissance exponentielle se poursuit inexorablement.

Nous pouvons toujours imaginer que l'urbanisation ne conduira pas au sacrifice d'un iota de terre arable. Dans ce
cas la superficie potentiellement cultivable resterait constante comme le montre la droite en pointillé de la
figure ci-dessus (droite d'ordonnée 32 000 000 de km2 Le point d'intersection de cette droite avec l'exponentielle
se situerait aux environs de l'an 2010 ce qui laisse un répit de 10 ans par rapport à l'hypothèse précédente.

Nous pouvons aussi supposer qu'il est possible de doubler ou même de quadrupler le rendement des terres grâce à des
progrès des techniques agricoles et à des investissements financiers permettant de tirer le meilleur parti possible
de toutes les techniques. Les conséquences d'une multiplication par deux et par quatre de la productivité des terres
(courbes pointillées à droite de l'exponentielle) se traduisent respectivement par un ajournement de la crise à 30
et à 60 ans environ, ce qui correspondra dans chaque cas à un délai inférieur au temps de doublement de la population.

Naturellement la société ne se laissera pas surprendre du jour au lendemain par l'apparition de la crise. Celle-ci
n'est pas un phénomène ponctuel et les symptômes s'en manifesteront bien avant qu'elle n'ait atteint son paroxysme.
Les prix des denrées augmenteront de telle sorte que les plus démunis mourront de faim ; d'autres, moins défavorisés,
seront amenés à n'utiliser qu'une portion réduite de la terre disponible en se contentant de produits médiocres. Ces
symptômes se manifestent déjà dans bien DES ENDROITS DU MONDE. Bien que la moitié seulement des terres potentiellement
cultivables soient utilisées aujourd'hui, 10 ou 20 millions de décès sont chaque année imputables, plus ou moins
directement, à la malnutrition. Plus ou moins directement... car il apparaît maintenant qu'une grande partie de ces
décès est plutôt liée à des contraintes sociales qu'à des causes uniquement matérielles. Une relation claire existe
entre ces deux catégories de limitations du système de production des denrées alimentaires. Si de bonnes terres
faciles à aménager et à mettre en culture étaient encore disponibles, aucune considération économique ne s'opposerait
à ce que l'on nourrisse ceux qui ont faim, et il n'y aurait pas de dilemme. Mais la meilleure moitié des terres
potentiellement cultivables est déjà utilisée et la mise en culture de nouvelles terres serait si onéreuse que la
société l'a jugée "non rentable. C'est le type du problème social que des limitations purement matérielles rendent
particulièrement ardu.

Même si la société acceptait de payer le prix de la mise en valeur de nouvelles terres ou d'une amélioration des
rendements, la figure ci-dessus montre avec quelle rapidité un nouvel accroissement de population amènerait une
nouvelle crise : Chaque crise successive sera plus dure à surmonter. Toute duplication du rendement de la terre
coûtera plus cher que la précédente. Ce phénomène pourrait s'appeler la loi des coûts croissants. Exemple : Pour
augmenter de 34% la production mondiale de denrées alimentaires entre 1951 et 1966, les dépenses annuelles des
agriculteurs se sont accrues, en moyenne, de 63% pour les tracteurs, de 146% pour les engrais azotés. Parallèlement,
la consommation annuelle de pesticides a triplé. Le prochain accroissement de 34% nécessitera des investissements
encore plus importants et l'utilisation de plus de ressources naturelles.


http://www.lajauneetlarouge.com/article ... dTD8pdGR2A

Idem pour le pétrole.....dont dépend tout le reste.....
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La Raison c'est la folie du plus fort. La raison du moins fort c'est de la folie.

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par Ahmed » 19/08/15, 21:20

Je vais d'abord répondre sur les objections faites à Flytox, pour ajouter à sa propre réponse mon point de vue (avec son aimable autorisation, évidemment!8) ).

Il y a de beaux a priori dans l'idée que "la technique résoudra les problèmes engendrés par la technique", que, rien n'étant parfait (ce qui est vrai!), les bienfaits du progrès s'accompagnent de dégâts collatéraux accidentels et qu'un soin plus grand serait susceptible d'éviter, qu'il est de ce fait urgent de réconcilier l'écologie et l'économie (comme si la conséquence pouvait être dissociée de sa cause!); bref, on n'en finirait pas d'enfiler ces poncifs saugrenus!

Le clou de l'argumentation reste cependant ceci:
Le problème initial est la pression démographique.

Le procédé de l'amalgame est décidément un grand classique jamais démodé!
Vingt pour cent de la population mondiale consomme quatre vingt pour cent des ressources et on vient nous dire que ce sont les 100% des individus peuplant la terre qui posent problème! Joli tour de passe-passe!
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"Ne croyez surtout pas ce que je vous dis."

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