La technologie, moteur du progrès des idées

Débats philosophiques et de sociétés.
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Flytox
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par Flytox » 20/08/15, 21:51

Exnihiloest a écrit :
Flytox a écrit :...
Je trouve que tes "extralucides" sont bien nombreux, pas tous des incompétents, et pas tous achetés pour prêcher le prêt à penser capitaliste. ...

Certes. Mais il y en a autant et même plus qui ne prévoient pas d'apocalypse.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Biais_de_s%C3%A9lection


Les "biais de sélection" semblent concerner de la même manière nos deux "positions" antagonistes. :cheesy: Enfin, tu dois certainement pouvoir apporter de l'eau à ton moulin. Par exemple, quelques liens montrant qu'il faut rester optimiste par rapport à quelques "fondamentaux" de l'économie et à la paix sur la planète etc... seraient les bienvenus..... 8)
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La Raison c'est la folie du plus fort. La raison du moins fort c'est de la folie.
[Eugène Ionesco]
http://www.editions-harmattan.fr/index. ... te&no=4132
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par Exnihiloest » 22/08/15, 15:30

Ahmed a écrit :Exnihilo[b], tu écris:
Je remarque que les 20% vivent bien tandis que les 80% vivent mal.

Ceci est un fait, non une analyse!

C'est exactement ce que je dis.
Quelles qu'en soient les raisons, que peut fournir une analyse, ce fait montre que les avantages acquis pour ces 20% surpassent les inconvénients et autres "dégâts collatéraux" dont ces 20% se plaignent (pollution, consommation, metro-dodo-boulot...).

Je note que l'analyse, tu ne l'as pas fournie non plus. Une réduction du problème au colonialisme n'en est pas une, comme si la richesse de l'Europe ne venait pas essentiellement du développement interne des arts, de la culture, des sciences, des idées en général, de mouvements sociaux, commencés à la renaissance, liés à l'acquisition d'une confiance de l'homme en lui-même pour se sortir du pétrin, plutôt qu'en Dieu, d'une "philosophie" de l'action plutôt que du fatalisme, et d'une organisation sociale en rapport.
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Ahmed
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par Ahmed » 22/08/15, 16:24

Exnihiloest, tu écris:
Quelles qu'en soient les raisons, que peut fournir une analyse, ce fait montre que les avantages acquis pour ces 20% surpassent les inconvénients et autres "dégâts collatéraux" dont ces 20% se plaignent (pollution, consommation, métro-dodo-boulot...).

Je vois que dans ce constat les 80 % passent commodément à la trappe et qu'il n'est tenu nul compte des "dégâts collatéraux" imputables au bien être matériel des 20%...

Quant à l'analyse, elle demande un minimum de développement pour être compréhensible, mais j'allais y venir...

Reprenons le titre de ce fil: "La technologie, moteur des idées".
l'idée explicite est que les progrès technologiques entraînent des effets positifs sur la façon dont une société envisage son fonctionnement.
Il faut d'abord se demander pourquoi la technique peut exercer tant d'influence dans des sphères apparemment très éloignées de la sienne et également s'interroger sur les limites de cette influence: s'agit-il dans les deux cas de phénomènes accidentels, ou bien qui auraient surgi dans un cadre propice (suffisant, mais non nécessaire), ou bien qui en seraient une conséquence directe.

L'antiquité méprisait ouvertement la technique dans ce qu'elle touchait au travail, domaine laissé aux esclaves; seul la technique en rapport avec l'art trouvait grâce aux yeux des anciens, encore ne l'estimaient-ils pas à une si grande valeur.
C'est que les structures de domination reposaient sur d'autres bases et que la technique n'avait qu'un rôle utilitaire.
Au cours des temps, d'autres structures prévalurent, comme le lien féodal, puis la théocratie, et la technique ne jouait toujours pas un très grand rôle dans les esprits et, probablement, cette situation aurait pu durer très longtemps sans la conjonction de plusieurs événements de nature très différentes, advenus en un temps assez bref et qui allait relier la technique au pouvoir.

(à suivre, il fait chaud 8) )
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par chatelot16 » 22/08/15, 17:08

oui les romain a une certaine peride meprisaient la technique et laissait ça aux esclaves ! cela ne leur a pas reussis puisqu'il on disparu en decadence

je trouve qu'en france (et en europe ) les siecle de 1700 , a 1900 on été une grande periode de progrès dans tous les dommaine , et je pense que la technique l'a rendu possible ... mais technique ou philosophie , c'est comme l'oeuf et la poule ... inutile de dire lequel est le premier les 2 sont indispensable

je pense que le mepris de la technique des romain les a conduit a la perte , mais attention on est en train de faire la même chose , quand la finance meprise le travail ... a force de mepriser la competance technique les financier finiront par avoir leur decadence ... vont il entrainer le monde entier dans cette decadence ... les romain n'ont pas fait disparaitre le monde entier
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par Exnihiloest » 22/08/15, 17:40

chatelot16 a écrit :...on est en train de faire la même chose , quand la finance meprise le travail ... a force de mepriser la competance technique les financier finiront par avoir leur decadence ... vont il entrainer le monde entier dans cette decadence ... les romain n'ont pas fait disparaitre le monde entier

Tant que la mondialisation n'est pas achevée, tant qu'il restera des blocs qui se concurrencent ou s'opposent, comme c'est le cas aujourd'hui, on peut en effet garder espoir. Si l'Europe "décade", ce n'est pas sûr que ce sera le cas pour la Chine ou la Russie.

La finance méprise le travail et la compétence technique, et le politique en France méprise le travail manuel. S'il manque des emplois, il ne manque pourtant pas de travail, mais personne pour le faire. A force de mettre en avant les "services" et d'engager les jeunes dans un enseignement trop général qui souvent les barbent alors qu'ils pourraient s'éclater dans l'apprentissage de métiers manuels et des secteurs de la production, on ne s'étonne plus de la perte des PME et des artisans.
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par Exnihiloest » 22/08/15, 17:42

Flytox a écrit :...
Les "biais de sélection" semblent concerner de la même manière nos deux "positions" antagonistes. :cheesy: Enfin, tu dois certainement pouvoir apporter de l'eau à ton moulin. Par exemple, quelques liens montrant qu'il faut rester optimiste par rapport à quelques "fondamentaux" de l'économie et à la paix sur la planète etc... seraient les bienvenus..... 8)

Ce serait passer du coq à l'âne. Je n'ai pas dit qu'il y a lieu d'être optimiste sur la paix ou l'économie, ce serait une première, au moins pour la paix, depuis les débuts de l'humanité. J'ai parlé du progrès matériel et seulement dit qu'il faut cesser de se plaindre sans arrêt de son sort d'occidental, et cesser de désigner des boucs émissaires à chacun de ses soucis, quand tout le monde en est responsable et y trouve son intérêt, un intérêt réel (système éducatif, de santé, une certaine liberté d'expression même pour critiquer avec véhémence le gouvernement, ce qui est plutôt rare dans le monde, aides sociales...).

J'ai aussi dit que nous sommes victimes d'un alarmisme permanent.
Petite digression. Prenons un exemple, le climat.
Il est évident que si quelqu'un a à dire : "je ne prévois pas de réchauffement global mettant en difficulté l'économie mondiale, la vie humaine ou la survie des espèces", il ne passera pas au 20h ni ne fera la une des journaux, contrairement à celui qui affirme "nos modèles climatiques démontrent que Londres sera bientôt noyé par la montée des océans, tandis que la forêt équatoriale va se transformer en désert aride, et tout cela est la faute de l'homme".
Dans le cas du climat, pourquoi voit-on peu de "modérateurs" de ce discours récurrent ? Parce que la vérité est devenu une Vérité officielle. Quand l'ensemble des gouvernements constituent un organisme "scientifique" unique en charge du climat, organisme dont les subventions sont liées à son alarmisme et l'avancement de ses membres à leur allégeance, quelle voix contraire pourrait se faire entendre sinon celle de "marginaux" qui, ipso facto, n'ont plus de crédibilité ?
En science, la méthode veut que les résultats des uns soient vérifiés par des équipes indépendantes, avant d'obtenir un consensus qui fera référence. Avec le climat, c'est l'avis péremptoire du GIEC publiant ses "conclusions" sans aucun crible, qui en tient lieu. Il n'y a pas possibilité de débat scientifique, il n'y a pas possibilité de réfutation, donc il n'y a pas de science, et "ce qui est affirmé sans preuve peut être nié sans preuve".
Avec d'obscurs modèles numériques, dont la variation d'un chouïa d'un paramètre initial abouti vite à des divergences énormes, on peut prévoir aussi bien un froid polaire à Tahiti qu'un climat équatorial en Sibérie. Comme ces paramètres initiaux sont obtenus à partir de données plus ou moins manipulées (les données brutes ne sont en général pas exploitables telle quelles) et dont la marge d'incertitude est supérieure au chouia en question, on ne s'étonne plus que le résultat soit politique, avec la cerise sur le gâteau : le réchauffement est d'origine anthropique, "c'est la faute à l'homme" !

Les prédictions à la Nostradamus des climatologues, et la réalité :
- en 2005, l'UNEP, programme environnemental des nations unis affirmait : "en 2010, quelque 50 millions de réfugiés climatiques auront frénétiquement fuit ces régions du globe [Bahamas, Ste-Lucie...]". Où sont-ils donc ?
- en 2000, David Viner, climatologue universitaire, parlant à une revue britannique : "d'ici quelques années, les chutes de neige deviendront un événement très rare et excitant en Grande-Bretgne. Les enfants ne sauront plus ce qu'est la neige"
- en 2001, le GIEC prédit dans son 3ème rapport “les températures hivernales plus douces vont faire baisser les tempêtes de neige". 2013 : quatrième plus grand record des chutes de neige.
- en 1988, Hansen, climatologue réputé, fer de lance du réchauffement global et de son origine anthropique, affirmait : "l'autoroute de la rive ouest de l'Hudson sera sous les eaux dans les 20 ans" (2008).
- 12 décembre 2007, la BBC reprenant l'alarmisme de Gore, avalisé par des climatologues comme Wieslaw Maslowski, titre : "l'artique sera libre de glace d'ici 2013"
etc etc


Les climatologues, c'est comme les économistes. Ils sont capables de vous expliquer après, pourquoi ce qu'ils avaient prédit avant, ne s'est pas produit :cheesy:. Mais rarement. Car contrairement aux seconds, les premiers cachent d'autant qu'ils le peuvent leurs plantages réguliers.

Le site d'un climatologue dissident : http://wattsupwiththat.com/
Et comme on le voit, on peut contester le réchauffement global anthropique tout en restant "vert".
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par Exnihiloest » 22/08/15, 18:47

Ahmed a écrit :Exnihiloest, tu écris:
Quelles qu'en soient les raisons, que peut fournir une analyse, ce fait montre que les avantages acquis pour ces 20% surpassent les inconvénients et autres "dégâts collatéraux" dont ces 20% se plaignent (pollution, consommation, métro-dodo-boulot...).

Je vois que dans ce constat les 80 % passent commodément à la trappe et qu'il n'est tenu nul compte des "dégâts collatéraux" imputables au bien être matériel des 20%...

C'est ne pas lire ce que j'écris ("Le message positif est de chercher à obtenir les mêmes avantages pour les 80% restant...", ou lire ce que je n'écris pas.

Reprenons le titre de ce fil: "La technologie, moteur des idées".
l'idée explicite est que les progrès technologiques entraînent des effets positifs sur la façon dont une société envisage son fonctionnement.
Il faut d'abord se demander pourquoi la technique peut exercer tant d'influence dans des sphères apparemment très éloignées de la sienne et également s'interroger sur les limites de cette influence: s'agit-il dans les deux cas de phénomènes accidentels, ou bien qui auraient surgi dans un cadre propice (suffisant, mais non nécessaire), ou bien qui en seraient une conséquence directe.

L'antiquité méprisait ouvertement la technique dans ce qu'elle touchait au travail, domaine laissé aux esclaves; seul la technique en rapport avec l'art trouvait grâce aux yeux des anciens, encore ne l'estimaient-ils pas à une si grande valeur.
C'est que les structures de domination reposaient sur d'autres bases et que la technique n'avait qu'un rôle utilitaire.
Au cours des temps, d'autres structures prévalurent, comme le lien féodal, puis la théocratie, et la technique ne jouait toujours pas un très grand rôle dans les esprits et, probablement, cette situation aurait pu durer très longtemps sans la conjonction de plusieurs événements de nature très différentes, advenus en un temps assez bref et qui allait relier la technique au pouvoir.

(à suivre, il fait chaud 8) )

Ici, quelques gouttes tombent à l'heure où j'écris (je suis dans l'ouest).
Au temps de la théocratie, la technique jouait un grand rôle, moins considéré que l'art pur peut-être, et que la théologie sûrement, je te l'accorde, mais grand quand même : les architectes des cathédrales, les compagnons, les artisans, faisaient parti de ceux qui gagnaient bien leur vie. C'est qu'on avait de la considération pour leurs compétences.
L'Eglise catholique faisant construire des cathédrales, c'est bien mettre la technique au service du politique : en mettre plein la vue à la "plèbe", illustrer la puissance de dieu, donc asseoir son pouvoir. Pour la com de l'époque, belle réussite. Du côté de l'aristocratie on était pas non plus en reste avec la technique, utilisée dans l'armement et dans les fortifications. Je ne suis donc pas sûr que la technique n'avait pas la même importance qu'aujourd'hui mais simplement elle ne pouvait pas avoir le même impact, du fait de sa "rudimentarité".
Le principe d'utilisation de la technique par le pouvoir ne me semble pas nouveau. Les chars romains en sont aussi la preuve. Selon toi on l'utilisait tandis qu'on la méprisait. Mais es-tu sûr que ce n'est pas aujourd'hui encore pareil ? Quand on voit l'ignorance des politiques en sciences et techniques, je le dirais bien. Quand on voit leur traitement de la technique par rapport à l'artistique, je le dirais aussi (20 ans de protection d'un brevet d'invention après son dépôt, mais 50 ou 70 ans après la mort de l'auteur pour une musique ou un livre).
Je pense donc que c'est surtout l'efficacité de la technique moderne qui change la donne. Si celle-ci a amélioré le sort de seulement 20% de la population terrestre, normal puisque c'est son sort que voulait améliorer cette population, est-ce que cela l'a été d'une manière significative au détriment des 80% ? je ne le pense pas et le pense d'autant moins quand je vois le décollage économique de l'Asie, et l'Afrique aussi qui commence à frémir. Nous avons eu la chance d'être les pionniers dans le monde, pour des raisons et une multitude de facteurs qui ne dépendent que partiellement de nous-mêmes. On n'a pas de raison d'être immodeste, mais pas de raisons non plus de culpabiliser.

Pour en revenir au sujet, je remarque qu'il n'y a nul besoin d'invoquer les sphères gouvernementales pour relier l'invention de l'imprimerie à la diffusion des idées et de la culture, celle de la roue aux échanges commerciaux entre régions éloignées, ou la pilule à la revendication de la liberté sexuelle. Le politique récupère ce que la technique initie. On le voit plus que jamais aujourd'hui, après la radio et la TV, avec Internet.
Le politique n'est jamais un pionnier, sauf exception parfois catastrophique. C'est un régulateur. Il arrive après la bataille et récupère. Mon fil est sur le lien technique=>idée. Le traitement ultérieure de la technique, et des idées qui en émergent, est un autre (vaste) débat.
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Ahmed
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par Ahmed » 22/08/15, 21:38

Petite parenthèse avant de continuer: je n'ai jamais nié l'importance de la technique pour les pouvoirs: par ex. , la suprématie militaire romaine découle directement de son armement et de son organisation, mais la technique reste seconde, surtout dans les esprits et ce n'est pas elle qui structure la société.

Bien entendu, pas question d'être exhaustif, seulement de marquer à grands traits quelques jalons significatifs...
Le premier serait probablement l'invention et l'utilisation (l'un n'entraîne pas nécessairement l'autre, ce qui est le cas aujourd'hui) des armes à feu; leur développement a entraîné l'extension de l'usage de l'argent, du fait de leur coût élevé par rapport à l'armement traditionnel.
Un autre serait le mouvement des "enclosures", qui privilégie en Angleterre l'appropriation des communs pour l'élevage du mouton et constitue l'amorce de la révolution industrielle par le biais du "factory system", le regroupement d'artisans dans des locaux dédiés (s'oppose au "domestic system") et annonce la création des bagnes ouvriers .
La découverte des Amériques qui permis la mise en circulation d'une masse d'argent-métal accrue.
Les conflits religieux du XVI s. ont également joués un grand rôle en ce sens qu'il signait l'impossibilité d'une vie commune sur des bases religieuses et encourageait à adopter une solution de refondation sociétale sur d'autres bases, ou bien l'exil vers le nouveau monde.

À partir de là, les choses évoluent très vite et la technologie finira par apparaître, i.e., un ensemble de techniques coopérant ensemble et se renforçant de leur convergence au XIX s.
Désormais, la technique sera la source du pouvoir au travers de l'économie nouvelle (qui n'a plus que le nom en commun avec l'ancienne); une compétition entre les nations et les individus s'engage pour l'appropriation de savoirs techniques , sachant que toute technique supérieure dévalorise les autres ainsi que leurs usagers. (je souligne cette phrase, car c'est une clé importante pour la compréhension du reste)
Le problème de la religion a été évincé en apparence et reporté sur une nouvelle religion unificatrice: la création de valeur abstraite au travers de la production de marchandises.
C'est là que se manifeste son influence sur les idées: pour que son expansion pusse se faire, il est nécessaire que disparaissent les anciens mode de relation sociaux (qui n'était pas parfaits, loin de là!) qui s'opposait à la concurrence et au changement. Les droits de l'homme en découlent par ex. directement (rappelons, et ce n'est pas un hasard que le droit de propriété y est également proclamé).

À partir de ce point, la suite est connue: l'armement permet la conquête de territoires et leur exploitation en tant fournisseur de matière première, valorisation de produits agricoles par l'esclavage et débouchés pour les produits manufacturés. Le néocolonialisme qui succédera à cette période est une forme plus subtile et plus efficace d'extractivisme, assurant à bon marché matière première et débouchés (sans parler du système de la dette héritée de la période coloniale).
Un exemple des interactions très néfastes entre deux économies dans un rapport de force inégal: les denrées alimentaires européens produits de façon mécanisée et fortement subventionnée détruise l'agriculture paysanne qui ne bénéficie pas des mêmes conditions => cultures d'exportation et exil en ville. Il en est évidemment de même pour les produits manufacturés locaux.

Il faudra ensuite examiner les aspects les plus récents de ces mécanismes, mais il est déjà évident, sauf à se réfugier dans le déni de réalité, que l'extractivisme n'est pas généralisable et qu'imaginer que les appauvris pourraient user de la même recette que les enrichis (encore une fois, je ne mets pas en doute l'inventivité des européens) relève d'une analyse complétement tronquée des faits.
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par Exnihiloest » 25/08/15, 10:20

Pas plus aujourd'hui qu'hier je ne vois dans la technique une "source du pouvoir". C'est un moyen. Qu'on parle des armées de légionnaires, équipés de chars, d'armes, d'équipes de terrassement bien outillées pour construire un réseau de voies de communication, pour la conquête de l'Europe au temps de la Rome antique, ou de centrales nucléaires vendues clés en main, de méthodes statistiques, de réseaux radio/TV mondiaux pour faire entendre la voix d'un pays, de recettes de manipulation psychologique, ce n'est que l'utilisation de connaissances et de moyens matériels rendus possibles par l'état du savoir humain à la période considérée. Rien ne change sur le fond.
Ce qui a changé aujourd'hui et qui est vraiment la source du pouvoir, c'est l'information et la communication, bien plus efficaces qu'autrefois pour la manipulation de l'opinion. Car contrairement à la Rome antique l'information circule aujourd'hui dans tous les foyers. Si la technique moderne la facilite, lier technique et pouvoir serait confondre le marteau avec la main qui le tient et la forme qu'elle souhaite donner au fer rouge.

Pour le reste, Ahmed, si je reconnais une bonne partie des travers de la civilisation occidentale dont finalement tu parles en évoquant son évolution, je ne te suis pas dans ton analyse bien trop manichéenne du sujet, pour deux raisons.
La première, c'est d'interpréter a posteriori une évolution, liée à une multitude de facteurs hétéroclites, comme étant un objectif issu de la volonté délibérée d'acteurs voulant aller dans un sens unique. J'y vois une similarité avec la méthode du croyant qui interprète l'évolution darwinienne, enchaînement de causes et d'effets aboutissant à un état des lieux, comme la création d'un démiurge dans le but précis d'obtenir cet état des lieux.
La seconde raison, l'historien Pierre Nora l'a bien ciblée : "Toujours cette manie d'aujourd'hui de ne juger l'histoire qu'en termes moraux et de plaquer sur le passé des grilles d'interprétation qui ne sont valables que pour le présent".

Quelques éléments à l'appui.
Sur l'obtention du savoir technique, pour toi "une compétition entre les nations et les individus s'engage pour l'appropriation de savoirs techniques".
Entre pays, compétition peut-être, émulation sûrement, mais tentative d'appropriation du savoir, non. Un savoir se crée, et en général se partage de fait. Car de toute façon, il est quasiment impossible de garder secrète une avance technique, encore moins une avancée scientifique. Si les brevets d'invention sont publics, et qu'il y a de si nombreux colloques scientifiques internationaux, c'est qu'on suppose que tout le monde est gagnant dans le processus de diffusion et d'exploitation du savoir. Contrairement au domaine social ou économique, c'est bien dans les sciences et techniques qu'il y a encore le plus de circulation et d'uniformité dans le monde (je parle du savoir, je n'en dirai pas autant des moyens techniques, bien sûr).

Sur la "création de valeur abstraite au travers de la production de marchandises". "C'est là que se manifeste son influence sur les idées: pour que son expansion puisse se faire, il est nécessaire que disparaissent les anciens mode de relations sociaux", nous dis-tu.
C'est invertir les causes et les effets. Il n'est pas "nécessaire" que les anciens modes de relations sociaux disparaissent, rien n'est fait dans ce but, ce n'est l'objectif de personne, mais ils disparaissent parce qu'on en adopte de nouveaux. De même tu soulignes que "toute technique supérieure dévalorise les autres ainsi que leurs usagers". Bien sûr mais d'une part c'est tout l'intérêt du progrès, et là encore ce n'est pas le but mais la conséquence. Qui va s'étonner et regretter que l'apparition de la botte en caoutchouc ait "dévalorisé" le sabot ?! Devait-on continuer à entretenir des sabotiers pour qu'ils continuent à fabriquer des sabots peu confortables que plus aucun paysan ne veut depuis qu'il a goutté au confort de la botte ?

Sur le néocolonialisme et la colonisation
La colonisation est le domaine traditionnel du jugement moral anachronique dont parlait Pierre Nora. Toutes les colonisations n'ont pas été négatives ni faites dans le seul but de développer son propre mode économique au détriment du colonisé. Si cela a été le cas en Amérique du Sud au temps des conquistadors, cela ne l'a pas été en Gaule. Les Gaulois ont profité de la colonisation romaine, et les romains aussi qui ont su exploiter des connaissances et techniques gauloises. La "romanisation" s'est passée dans une période plutôt prospère dont personne n'est ressorti perdant. Dans les colonisations plus récentes, comme celle par différents pays européens de l'Afrique, si bien sûr l'obtention de matières premières comptait, l'idée était que le développement profitait à tout le monde. Pourquoi la France, par exemple, mettait en place un enseignement pour les enfants au Maghreb, en Afrique subsaharienne, en Asie..., si des matières premières et de la main d'oeuvre lui suffisait ? L'argument de l'alibi culturel, que ce serait seulement pour "faire passer la pilule", me semble un peu léger...
La colonisation ne choquait pas plus l'occidental de l'époque, que l'esclavage ne choquait le citoyen romain de la Rome antique. C'était la normalité. Dans la Rome antique, le vaincu pouvait devenir un esclave, et le Romain qui avait un esclave n'était pas moins un citoyen respectable que ne l'est aujourd'hui celui qui demande un travail à un artisan. Un fonctionnement social est déterminé par la mentalité de l'époque.
La colonisation choque aujourd'hui parce que nous la jugeons avec nos critères d'aujourd'hui. Abandonner toute colonisation est souhaitable aujourd'hui, cela correspond au progrès général des idées. Mais n'amalgamons pas systématiquement colonisation et colonialisme en prêtant systématiquement à nos aïeux des buts et méthodes à la bassesse inacceptable, celle d'abominables exploiteurs.

Sur l'extractivisme
On ne peut évidemment pas croire qu'on peut le généraliser tel qu'il était dans le passé à ceux que tu appelles les "appauvris" et qui sont en fait ceux restés pauvres par rapport à ceux, enrichis, qui en ont profité. On ne peut pas non plus le conserver tel qu'il était dans le passé, même aux "enrichis". Mais on peut penser que les premiers peuvent prendre le train en marche, et que le train n'utilisera plus les mêmes voies que par le passé. "Rien ne se perd, tout se transforme", l'exploitation des ressources et leur recyclage peuvent continuer, et c'est justement un des rôles de l'écologie de nous préciser comment désormais le faire proprement et équitablement.
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par sen-no-sen » 25/08/15, 18:56

Exnihiloest a écrit:

Je constate qu'il y a 250 ans, il n'y avait ni pollution atmosphérique, ni réchauffement climatique, ni pesticides, ni plastiques dans des zones océanes, mais qu'un enfant sur deux mourrait en bas âge, qu'on travaillait plutôt 60h que 35 et que l'espérance de vie était environ 28 ans.
Le progrès est donc considérable, et oui, "nous en sommes la cause".
Un progrès n'est jamais parfait et oui, nous subissons les conséquences du revers de la médaille. Normal, on n'a pas le paradis sur terre.
C'est le bilan complet qui compte. Malgré tous les problèmes des sociétés modernes, je pense qu'après avoir replacé les choses dans le contexte historique, on n'a pas à s'en plaindre, on devrait même s'en réjouir.
Le progrès matériel va continuer et doit continuer car l'homme n'a de cesse d'améliorer sa condition.


L'augmentation de l'espérance de vie est souvent montrer comme étant LA conséquence bienheureuse du progrès technique.

Il me semble que cet argument,non sans être totalement faux demeure toutefois largement exagéré.
D'une part on remarque,preuves archéologique à l'appui que l'espérance de vie est une donnée particulièrement fluctuante allant jusqu’à des "scores" très avantageux (comme ce fut le cas dans la Grèce antique) jusqu’à des niveaux très bas comme aux 18èmes siècles en Europe.

L'époque contemporaine a elle vu l'émergence d'une très nette augmentation de l'espérance de vie,sauf que celle ci n'est pas réellement la conséquence du progrès au sens strict mais le fruit d'une convergence d'effets positifs.
Tous nos centenaires* ont en effet bénéficié d'une "base solide"'(environnement préservé,alimentation diversifié) ainsi que d'un grand nombre d'avancé dans le domaine médicale.
Hors c'est uniquement la convergence entre ses différents points qui fut le garant d'une augmentation de l'espérance de vie.

Néanmoins...l'espérance de vie est une donnée limitative,auquel il est plus judicieux d'adjoindre la notion d'espérance de vie en bonne santé,car vivre centenaire en étant raccordé à un monitoring n'est guère synonyme de plénitude...
On remarque par exemple que l'augmentation de l'espérance de vie en bonne santé est proche de la stagnation dans les pays développés (voir en diminution) et que l'espérance de vie quant à elle tends a diminuer comme c'est le cas aux USA:

L'espérance de vie ne fait plus guère de progrès aux Etats-Unis et le pays recule au classement des grands pays industrialisés en la matière, selon une étude américaine publiée jeudi 7 octobre. Les chances de vivre encore quinze ans pour les hommes de 45 ans sont ainsi en recul par rapport à douze autres pays, affirme l'étude menée par l'université Columbia pour le Commonwealth Fund, un centre de réflexion sur la santé. Les Etats-Unis se plaçaient en 2005 au dernier rang de ce classement, alors qu'en 1975 ils occupaient la troisième place. Les Américains vivent par exemple 5,7 années de moins "en bonne santé" que les Japonais, assure l'étude.
En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/ameriques/article ... 5YOMJkV.99


La vague de centenaires en Europe (il existe bien évidemment des décalage avec les autres régions du monde) est sur le point de finir.
Les effets positifs convergents ne sont plus en synchronisme,nous verrons donc logiquement apparaitre une diminution plus ou moins rapide de l'espérance de vie ses prochaine années progrès technique ou pas.
En effet comme le relève des études sur la Grèce antique c'est avant tout la stabilité (a tous les points de vue:écologique,économique,sociale etc...) qui est le garant d'une espérance de vie importante.

Le progrès technique est également rappelons le un puissant vecteur de technologies meurtrières,hors, il me semble tout à fait logique que par un processus d"équilibrage",toute les années grappillées par les "trente glorieusards" soit imputé aux prochaine générations,et cela tout les indicateurs le confirme.

Autre point important,mais non des moindres,l’augmentation de la qualité de vie, indéniable chez les humains industrialisé c'est traduite par une diminution forte de la biodiversité,on retrouve donc bien notre effet d'équilibrage(conséquence thermodynamique de la loi de conservation de l'énergie),exit donc la "surunité" humaine,tout développement se fait nécessairement sur le dos d'autrui....

*Cela va paraitre politiquement incorrect mais j'irai a penser que l’augmentation de l'espérance de vie aux cours du siècle derniers est un rattrapage de l'explosion thermodynamique des deux conflits mondiaux...
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"Le Génie consiste parfois à savoir quand s'arrêter" Charles De Gaulle.

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