Did67 a écrit :il nous faut rester conscient que c'est à ce prix que nous avons tous le confort matériel dont nous profitons...
Je ne suis pas du tout d’accord avec cette déduction hâtive : la réduction des employés et leur mise « sous pression » a pour but de générer des bénéfices supplémentaires et non d’augmenter la satisfaction des clients. Avant cette nouvelle et regrettable approche managériale, un nombre plus important et plus disponibles d’employés ne pouvaient être que plus disponibles et plus efficaces pour ce qui est du confort que tu évoques.
Ailleurs tu affirmes que toute valeur provient du travail, cependant
ce qui vaut ne peut se chiffrer (d’accord, j’avoue, je fais semblant de ne pas comprendre, mais quel beau sujet de méditation !(à ajouter à celui de Lietseu)).
Dans un monde qui s'adonne à la tyrannie des chiffres, faut-il s'étonner de n'être qu'un numéro et d'être traité comme tel?
Je suis globalement d’accord avec l’analyse de
Christine quoique je souhaite l’exprimer sous une forme un peu différente.
Je dois d'abord souligner que le travail manuel* souffre depuis longtemps d’un grand discrédit et, que de ce fait il apparaissait cohérent avec ce jugement que de mauvaises conditions de travail y soient associées.
Le travail non-manuel** qui formait le pôle logiquement antithétique s’exonérait alors de ces contraintes : le fait que la dégradation du travail comme valeur concerne désormais toutes les catégories sociales introduit une confusion majeure dans les repères sociologiques, d’où la violence du ressenti.
Pour l’exprimer autrement, il existait un mode d’emploi simple et donc bien compris du fonctionnement sociétal, beaucoup se sont appliqués à en suivre les règles, avec parfois un certain succès, puis ces règles sont devenues de moins en moins opérantes dès lors qu’elles étaient plus suivies!
Premier désarroi, bientôt suivi d’un second : ces règles sont désormais proclamées officiellement caduques.
*Le travail manuel est jugé dégradant, me semble t’il, parce qu’il renvoie à la nature et à sa propre nature (je recommande la lecture de Terrasson sur « La haine de la nature »). L’attrait morbide exercé par l’économie virtuelle par rapport à l’économie réelle me semble procéder d’un démarche assez analogue.
**Je ne peux me résoudre à qualifier de travail « intellectuel » un travail qui n’est pas manuel mais demandant souvent bien moins de réflexion !