par Christophe » 30/09/21, 09:50
Comment rendre un enfant stupide
Quelles attitudes des parents pourraient freiner le développement cognitif des enfants ? Nourrir une peur excessive qu’il se blesse, se perde, s’échappe, et vouloir l’obliger à rester toujours calme, docile. (en accès libre)
L’enfer est pavé de bonnes intentions : la surprotection d’un enfant pourrait lui rendre un très mauvais service en freinant le développement de son intelligence !
Parfois, « prendre un enfant par la main », c’est rendre un enfant pas malin : qui trop embrasse mal étreint… Telle est la leçon inattendue prodiguée par trois psys radicalement différents et qui pourtant, lorsqu’ils doivent répondre à une question qu’on ne leur pose jamais (« Comment rendre un enfant stupide ? »), accordent leurs violons : ce qui rend un enfant stupide, ce ne sont pas les écrans ou les mauvaises fréquentations, mais la surprotection. Laquelle peut prendre plusieurs formes.
D’abord, nourrir une peur excessive qu’il se blesse, se perde, s’échappe, et vouloir l’obliger à rester toujours calme, mignon, docile. C’est légitime mais doit rester dans les limites du raisonnable, selon Josette Serres, ingénieure de recherche au CNRS spécialisée dans le développement cognitif du nourrisson, et formatrice petite enfance (1) : « Ce qui est fondamental pour le développement de l’intelligence, c’est l’action ! Toute découverte et toute connaissance passe par elle, dès le plus jeune âge. Si on veut rendre un enfant stupide, on n’a qu’à l’empêcher d’agir. » Dès son plus jeune âge, l’enfant apprend en effet par le corps. C’est par son intermédiaire qu’il parvient à estimer ce dont il est capable, et apprécier les conséquences de ses actes sur son environnement : capter l’intention d’un adulte, ou encore mettre en mouvement un objet puis constater qu’il reste à terre, hors d’atteinte, quand il l’a fait tomber de sa chaise pendant le repas… Le corps sert tout autant d’instrument que d’étalon. « Quand un enfant entre dans un carton, ce n’est pas pour jouer, mais pour en mesurer le volume par rapport à son corps. Si l’objet est plus petit, il le porte à sa bouche. On qualifie de “boucle perception/action” cette interaction réciproque entre corps et environnement. Or, nos enfants bougent moins. » Vraiment ? Oui, poursuit J. Serres : « Quand l’enfant commence à marcher, on veut le protéger, empêcher qu’il se fasse mal. À la crèche, on voudrait l’empêcher de courir. À l’école, on lui demande de ne pas remuer. Plus tard, il reste scotché devant les écrans. On lui donne moins d’opportunités d’expérimenter des choses et d’explorer. »
La facilité ne rend pas forcément très futé
(...)
0 x