http://www.romandie.com/news/n/_En_greve_de_la_faim_pour_defendre_le_photovoltaique210720110907.asp
En grève de la faim pour défendre le photovoltaïque
SAINT-Allouestre (Morbihan) - Dans la grisaille bretonne de juillet, un entrepreneur est en grève de la faim depuis 11 jours pour réclamer le raccordement de sa ferme photovoltaïque au réseau et obtenir des réponses pour la filière énergétique, en crise après des mois d'atermoiements gouvernementaux.
On n'entre plus dans aucune case, il n'y a plus de tarifs de rachat de l'électricité pour les centrales solaires de moins de 250 KWC, explique Franck Le Borgne, dirigeant de One Network Energies.
Ruiné, avec son parc flambant neuf qui ne se raccorde à rien, cet homme affaibli mais déterminé est devenu en quelques jours le symbole des victimes des volte-face du gouvernement sur le développement de l'énergie photovoltaïque. Car la fluctuation des règles s'est soldée par 14.000 licenciements, selon les acteurs de la filière.
Il résiste grâce aux soutiens, politiques comme la candidate EELV Eva Joly, ou professionnels, avec des acteurs de la filière de la France entière qui se sont rassemblés mercredi en fin de journée sur le site pour manifester à ses côtés.
La spécialité de son entreprise, ce sont les suiveurs solaires qu'il a créés, des panneaux solaires sur pieds rotatifs capables de suivre le mouvement solaire pour optimiser la production de 44% dans les régions les moins gâtées par le soleil, comme la Bretagne.
Il a investi 1,5 million d'euros pour son projet pilote installé sur une friche industrielle de Saint-Allouestre (Morbihan) avec une puissance de 412 KWC (kilowatts crête, unité utilisée dans le secteur solaire), soit 60 suiveurs solaires géants. Le tout se répartit entre quatre porteurs de projet, futurs exploitants.
Le dossier est envoyé en août 2010 à ERDF qui a 90 jours pour répondre. L'enveloppe contenant l'accord est prête le 24 novembre, mais le dossier n'est envoyé que le 29 du mois. Avec le temps de réponse, il est trop tard: le gouvernement gèle tout au 1er décembre minuit avec un moratoire de trois mois.
Il y a eu rétention administrative, c'est odieux, méprisant, inhumain, dénonce celui qui affiche ses convictions sur deux affiches géantes accrochées à des panneaux photovoltaïques. Il a multiplié les recours, auprès du gouvernement, jusqu'au chef de l'Etat, et des instances de conciliation, mais en vain.
Son site du Morbihan, mais aussi un autre en Vendée existent, mais sans être raccordés. Son projet de construire une usine de fabrication de suiveurs solaires en Bretagne est aussi tombé à l'eau.
Ma revendication est simple, corrigez cette erreur administrative, demande Franck Le Borgne.
Assis sous un de ses panneaux solaires dans un abri improvisé avec des bottes de paille, il réfute sans sourciller tous les maux dont on a pu accuser les entrepreneurs du photovoltaïque et critique l'hypocrisie du gouvernement.
Oui ses panneaux solaires viennent de Chine mais la France a pris le train du solaire avec des années de retard et on ne peut pas aujourd'hui être à la hauteur des Allemands ou des Chinois.
Nous sommes des créateurs d'emplois, pas des spéculateurs, ajoute-t-il aussi. Selon lui, la filière photovoltaïque avec les fermes au sol, ce sont les tarifs les plus bas que vous puissiez avoir en rachat d'énergie, ça n'augmente pas la facture de courant des particuliers.
C'est une chasse aux sorcières, insiste-t-il. Après dix jours de jeûne, il tient difficilement debout. Il le fait, si ça peut sauver quelques centaines d'emplois.
Je m'arrêterai quand j'aurai obtenu le raccordement des sites pilotes, dit-il. Vendredi Franck Le Borgne aura 46 ans. Il envisage dès lundi de se mettre aussi en grève de la soif.
AFP