Le photovoltaïque européen dans la tourmente
Alors que le solaire photovoltaïque européen est en pleine tourmente, comme on a pu le voir récemment avec le dépôt de bilan de Photowatt en 2011 et celui du fabricant allemand de cellule photovoltaïque Q-Cells le 3 avril, faut-il revenir à des mesures protectionnistes pour sauver l'industrie dans l'Union? En Europe les gouvernements baissent tour à tour les tarifs de rachat mais dans le reste du monde, les Etats continuent de soutenir leur propre filière.
Après l’euphorie de la fin des années 2000, la filière solaire française, et plus largement européenne, subit un retour de balancier. Depuis trois ans, les gouvernements de l’Union réduisent leur soutien à l’industrie et les particuliers n’ont plus un aussi bon a priori de l’énergie solaire depuis qu’elle n’est plus autant rentable (voir encadré). En France, on se souvient notamment du moratoire de 3 mois en 2010 sur les grands projets photovoltaïques puis de la diminution de 20% des tarifs d’achat et du crédit d’impôt l’année suivante. Mais le phénomène est plus général, rappelle le cabinet Grant Thornton : en 2011, le gouvernement italien a lui aussi baissé ses tarifs de rachat et cette tendance devrait se poursuivre (entre 25 et 45% de baisse à prévoir en 2012 et 2013). Tout comme l’Allemagne qui va opérer en juin une réduction de 15% (initialement prévue en avril) afin de contrôler un marché qui a crû plus vite que prévu (7,5 GW installés en 2011 comparé à 2,5/3,5 GW attendus). Et un projet de réduction de 50 % des tarifs de rachat serait dans les cartons au Royaume-Uni. Des politiques à l’origine de la débâcle que connaissent aujourd’hui de nombreuses entreprises du secteur ? « En grande partie oui », selon Marc Claverie, responsable cleantech et associé transaction advisory services chez Grant Thornton. Certes l’Europe, particulièrement l’Allemagne et l’Italie (60 % de la croissance du marché mondial en 2011, selon l’EPIA, l’association européenne de l’industrie photovoltaïque) font encore la course en tête, mais la capacité annuelle installée sur le continent devrait passer de 17,5 GW en 2011 à 10 GW en 2012, soit une baisse de 42%, selon le cabinet. Et la filière industrielle amont tangue : en France on connaît les difficultés du fabricant de modules Photowatt, pionnier hexagonal du solaire, qui a dû déposer le bilan en novembre 2011 avant de se faire racheter par EDF. C’est désormais au tour de l’allemand Q-Cells, ex-leader mondial de la production de cellules photovoltaïque (2007), de déposer les armes*…
La tentation du protectionnisme
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En France, le solaire n’a plus bonne presse
Omniprésent dans les magazines grand public il y a encore trois ans, le solaire semble aujourd’hui ne plus avoir aussi bonne presse. Ni une aussi bonne image auprès des particuliers. « Logique », selon Jean-François Rousseau, vice président du Syndicat des énergies renouvelables (SER) et responsable qualité d’EDF ENR Solaire. « On a trop parlé de photovoltaïque. Et aussi, je crois, mal parlé. Nous nous sommes nous-mêmes mis dans l’ornière en insistant sur l’argument de la rentabilité pour les particuliers. Or, si l’idée est bien que le particulier s’autofinance à terme en produisant une partie de son électricité grâce aux panneaux photovoltaïques, la rentabilité est loin d’être immédiate. Il y a du travail pour remonter la pente… », estime-t-il. Cependant, malgré le ralentissement du marché dû aux baisse des tarifs d’achat, l’objectif d’installation de 5,4 GW en 2020 prévu par le Grenelle en 2007 devrait être atteint dès 2016, selon Jean-Louis Bal, le président du SER. Le syndicat plaide pour une nouvelle cible de 20GW, permettant de « reconstruire la filière ».
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