"On va taxer un certain nombre de comportements, principalement celui qui consiste à utiliser des énergies d'origine fossile", indique Michel Rocard, qui préside la conférence d'experts sur la Contribution Climat Energie (CCE). A peine révélée, la mesure fait déjà polémique.
Michel Rocard (Sipa)
Michel Rocard (Sipa)
Michel Rocard, qui préside la conférence d'experts sur la Contribution Climat Energie (CCE), ou "taxe carbone", a indiqué, mercredi 22 juillet sur France Inter, que celle-ci ne devrait s'appliquer qu'aux énergies fossiles (pétrole, gaz, charbon) dès l'année 2010. Il confirme ainsi l'information parue dans les Echos mercredi matin. Le quotidien indiquait que la taxe carbone sur les énergies "fossiles" consistera en une contribution de 32 euros par tonne de CO2 émise à partir de 2010.
"En gros, il s'agit de ça", mais "c'est un avis : le gouvernement reste maître de sa décision, qu'il prendra au moment de la rédaction du projet de loi de finances 2010", a précisé Michel Rocard sur France-Inter.
"On va taxer un certain nombre de comportements, principalement celui qui consiste à utiliser des énergies d'origine fossile" responsables "du gaz à effet de serre (qui va) transformer la planète en poêle à frire et rendre la poursuite de la vie impossible sur la planète", a déclaré l'ancien Premier ministre sur France Inter.
La facture s'établira autour de 300 euros par an "pour un peu plus de la moitié des ménages", a-t-il indiqué.
Compenser en terme de pouvoir d'achat
Si "c'est un impôt nouveau un peu particulier, il ne faut pas que cette ponction du pouvoir d'achat soit trop terrible" pour les ménages, a assuré l'ancien Premier ministre. "Il est largement prévu que nous devons compenser ça, mais en terme de pouvoir d'achat, de manière à laisser intact le signal prix, l'incitation aux gens à se déplacer moins, à avoir petit à petit des voitures électriques, à mettre des doubles vitres pour faire de l'économie sur le chauffage, chauffer à 19 degrés", a-t-il précisé.
"Ces compensations sont fort partielles", remarque l'UFC-Que Choisir, qui dénonce, mercredi, dans un communiqué, un "hold-up fiscal" consistant à "taxer les consommateurs pour baisser les coûts des entreprises". "Cette taxe carbone n'est rien d'autre qu'une mesure de TVA sociale déguisée sous un apparat écologique", considère l'association en indiquant qu'elle "combattra ces propositions qui, si elles étaient adoptées par le gouvernement, constitueraient le pire des scénarios pour le pouvoir d'achat des consommateurs".
L'UFC-Que Choisir y voit une autre intention
"Ce n'est pas une charge destinée à améliorer le financement de l'Etat", a souligné Michel Rocard, assurant qu'il s'agissait de "modifier nos comportements".
Pour l'UFC-Que Choisir, cependant, "il ne fait nul doute que plus la taxe augmentera, car c'est sa vocation, plus l'Etat captera la recette fiscale au détriment des consommateurs". L'association accuse la commission Rocard de vouloir "utiliser la recette fiscale pour financer la suppression de la taxe professionnelle".
L'association de défense des consommateurs préférerait "le dispositif du chèque vert où l'ensemble des recettes fiscales est restitué aux consommateurs".
Interrogé sur le sujet lors du compte-rendu du Conseil des ministres, le porte-parole du gouvernement Luc Chatel n'a pas confirmé la proposition de Michel Rocard. L'ancien Premier ministre "doit remettre ses conclusions vendredi" à Jean-Louis Borloo (Ecologie) et Christine Lagarde (Economie). "Attendons les propositions officielles de Michel Rocard pour réagir", a-t-il conclu.
(Nouvelobs.com avec AP)
obs news source