Pierre Langlois a creusé le sujet et vous livre ses "découvertes", pas très réjouissant (vu les enjeux, ne comptons pas sur les mass médias pour nous informer à ce sujet)...
Bonjour à tous
Normalement j’hésite à diffuser le genre d’information que contient ce courriel, qui n’est pas confirmée officiellement. Surtout que le sujet ne touche pas directement au transport ou à l’énergie, sauf peut-être pour démontrer à quel point on joue à l’apprenti sorcier avec l’exploitation du pétrole en eau profonde.
Mais, dans ce cas-ci, la gravité des conséquences potentielles d’un ralentissement important du Gulf Stream et les évidences qui s’accumulent sur le refroidissement soudain et important de l’Europe, depuis plus d’un mois, font pencher la balance pour vous soumettre ce qui suit. Je garde cependant une réserve quant à la justesse et à l’impact réel de l’information, tant que des confirmations plus officielles ne seront pas disponibles. Mais, vous comprendrez que si l’information est juste, la gravité des conséquences potentielles a de quoi faire hésiter les autorités à divulguer l’information. Une panique généralisée pourrait s’en suivre et rendrait les choses plus difficile à gérer.
S’il fallait que que le Nord de la France et la Grande Betagne se retrouvent avec des hivers comme au Québec, en l’espace de quelques années ou même d’une génération, ça serait une situation catastrophique pour plusieurs raisons. Tout d’abord ces pays, aux températures normalement clémentes, ne sont pas équipés pour déblayer la neige si elle tombait en grande quantité pendant tout l’hiver. Deuxièmement, leurs canalisations d’eau ne sont pas enfouies à 6 pieds sous terre, comme ici, et sont plus près de la surface. On pourrait donc s’attendre à des bris un peu partout, et l’eau potable pourrait devenir difficilement accessible pour des millions de personnes. Par ailleurs, l’agriculture dans ces pays serait bouleversée et on pourrait s’attendre à des récoltes inférieures et à des pénuries de nourriture...
Mais qu’est-ce que le Gulf Stream?
Le Gulf Stream est un courant marin d’eau chaude circulant dans l’océan Atlantique Nord. Il emmène l’eau chaude tropicale des Caraïbes et du Golfe du Mexique vers le Nord de l’Europe. C’est grâce à ce courant que Paris, qui est plus au nord que la ville de Québec, n’a pratiquement pas de chute de neige en hiver (normalement). La grande Bretagne et les pays scandinaves profitent également d’un climat plus clément. Ce sont les vents dominants d’Ouest vers l’Est, aux latitudes du Nord de l’Europe, qui apportent la chaleur du Gulf Stream pour réchauffer le Nord Ouest de ce continent.
Le Gulf Stream se serait déjà arrêté à de multiples reprises dans le passé à la suite de réchauffement subits de la température, entraînant un froid sibérien en Grande Bretagne et dans le Nord de la France, sans parler des pays scandinaves. Les scientifiques comprennent de mieux en mieux le phénomène. Les réchauffements entraînent une fonte importante de la glace dans l’Arctique, rejetant ainsi à la mer plus d’eau douce, ce qui stoppe éventuellement le Gulf Stream, en empêchant l’eau de ce courant marin de plonger au fond de l’océan. En fait, tout au long de son parcours en surface de l’océan Atlantique, l’eau du Gulf Stream augmente sa salinité par évaporation et devient plus dense en se refroidissant dans l’Atlantique Nord, jusqu’à ce qu’elle cale au fond de l’océan et revienne vers le Sud, via le fond de l’océan. Or, l’eau douce, en diminuant la salinité de l’eau et donc sa densité, empêche graduellement l’eau du Gulf Stream de caler et ralentit ou bloque le mécanisme qui permet au Gulf Stream de fonctionner. Tout ça est bien expliqué dans le documentaire «L’Europe sans Gulf Stream !», réalisé en 2007, que vous pouvez visionner gratuitement à http://www.wat.tv/video/europe-sans-gul ... heu9_.html
Dans ce documentaire, on fait valoir que le réchauffement climatique, causé en bonne partie par nos émissions de gaz à effet de serre, pourrait bien faire arrêter le Gulf Stream d’ici la fin du siècle, via le mécanisme que je viens d’exposer. Par ailleurs, on y mentionne également que le Gulf Stream a ralenti de façon importante depuis les années 1990. Ce ralentissement a été mesuré par les chercheurs du National Oceanography Centre de Southampton, au Royaume-Uni, qui ont publié les résultats de leur recherche en 2005, attestant que le débit du Gulf Stream aurait diminué de 30 % depuis 1992. Voir l’article dans la revue «New Scientist» à http://www.newscientist.com/article/dn8 ... e-age.html
Le déversement de pétrole de l’été 2010 dans le Golfe du Mexique aurait altéré le Gulf Stream
Le Gulf Stream tire son nom du fait que le courant provient du Golfe du Mexique. En fait, le Gulf Stream n’est qu’une partie d’un réseau de courants océaniques qui font le tour du globe. Dans l’Océan Atlantique, le courant global longe la côte de l’Amérique du Sud, pour s’engouffrer dans le Golfe du Mexique, y faire une boucle où l’eau se réchauffe, et ressortir au sud de la Floride pour monter dans l’Atlantique Nord vers le Nord Ouest de l’Europe. La boucle dans le Golfe est pour ainsi dire une partie importante du système de chauffage de l’eau du Gulf Stream. Voici une illustration tirée du documentaire mentionné plus haut, qui illustre le trajet du Gulf Stream.
Or, à la fin de juillet 2010, Gianluigi Zangari, un chercheur italien qui étudie, entre autres, le Gulf Stream, et travaille au National Institute of Nuclear Physics (INFN), réalise à partir de cartes satellites que la boucle du Gulf Stream dans le Golfe du Mexique s’est refermé sur elle-même, et contribue beaucoup moins à réchauffer le courant qui va normalement adoucir les hivers de l’Europe de l’Ouest. On peut visualiser cette situation inquiétante dans les cartes suivantes qu’il publie dans une note en ligne ( intitulée «RISK OF GLOBAL CLIMATE CHANGE BY BP OIL SPILL») sur le site de l’Association italienne de géophysique. Pour télécharger cette note, allez à la page
http://www.associazionegeofisica.it/Notiziario.html
dans la section AGI - NEWS
Pour bien comprendre ce qui se passe, on peut aller chercher les cartes antérieures sur le site du Colorado Center for Astrodynamics Research (CCAR) à la page: http://argo.colorado.edu/~realtime/welcome/
Sur ces cartes, on voit bien que le trajet de l’eau du Gulf Stream dans le Golfe du Mexique était bien plus long, ce qui permet, en principe, d’accumuler plus de chaleur pour l’envoyer vers le Nord Ouest de l’Europe.
Le chercheur italien, M. Zangari, fait le lien entre la perturbation de la circulation d’eau dans le Golfe et le gigantesque déversement de pétrole de l’été dernier. Car, 80 % du pétrole déversé a coulé dans le Golfe après qu’on ait déversé des millions de gallons de produits dispersants. Ce pétrole sous-marin qui se retrouve entre deux eaux pourrait, selon lui, avoir modifié la circulation du Gulf Stream dans le Golfe.
Il est difficile de dire si cette perturbation n’est que passagère, si elle risque de se répéter régulièrement, ou encore si elle pourrait persister pendant des décennies éventuellement, ou même s’agraver. Mais, une chose est sure, elle a fait baisser le transfert de chaleur tropicale vers le Nord de l’Atlantique, et a affecté également le Jet Stream, ce courant d’air en haute altitude qui influence de façon importante le climat.
Les scientifiques de l’Europe de l’Est, quant à eux, prédisent l’hiver le plus froid depuis 1000 ans en Europe, dû à une diminution de 50 % du Gulf Stream depuis quelques années. C’est du moins ce que rapportaient les journalistes de Russia Today (RT) le 4 octobre dernier. Cette chaîne d’information continue, lancée en décembre 2005, diffuse en anglais. Voir le reportage à http://rt.com/news/prime-time/coldest-w ... -measures/
En regardant le froid et les tempêtes de neige qui sévissent en Europe depuis un mois, on est en droit de se demander si effectivement il n’y a pas réellement quelque chose qui cloche avec le Gulf Stream.
Espérons que ce ne soit que passager, car je n’ose imaginer ce qui se passerait advenant un arrêt éventuel du Gulf Stream, comme c’est arrivé à de multiples reprises dans le passé.
Je vous demanderais de ne pas me poser de questions sur ce sujet épineux, car je ne suis pas un expert. Vous pouvez effectuer vos propres recherches, si vous voulez en savoir davantage, et tirez vos propres conclusions.
Bien cordialement
Pierre Langlois, Ph.D.
Physicien: consultant / auteur
Site Internet: http://www.planglois-pca.com
Désolé de vous avoir gaché la journée