Bonjour,
Lecteur de votre site que j’apprécie, je vous adresse le commentaire suivant : « Comment résoudre l’envasement des barrages ? » qui préfigure une collaboration franco-chinoise. Il a été écrit par moi même, le professeur Levacher (université de Caen) et Philippe Dhervilly (Industriel spécialiste des boues).
Comme vous vous l’entendez, vous pouvez en rendre compte ou le mettre en ligne. Libre à vous !
Cordialement,
Comment résoudre l’envasement des barrages ?
S’appuyant sur des lacs artificiels ou des réservoirs, un barrage est un ouvrage d’art favorisant la régulation du débit d’une rivière, d’un fleuve ou d’une marée. Souvent, il favorise l’irrigation des cultures. Parfois il tempère la possibilité de catastrophes naturelles, crues ou inondations. Sous certaines conditions, il autorise la production d’électricité. Longtemps leur édification célébrait une revanche sur la nature. « Aujourd’hui domestiquée ! » s’exclamait le Président Roosevelt en lançant le programme de construction des barrages de New Deal. « Notre pays ne sera plus jamais le même ! » s’enthousiasmait le Président Nasser lors de l’inauguration de celui d’Assouan. « La Chine a vaincu son fleuve ! » claironnent aujourd’hui les autorités chinoises.
Avec la nature, l’arrogance est mauvaise cons! eillère. Un barrage n’est pas une infrastructure neutre. Bousculant l’environnement, il modifie le cycle et la distribution des sédiments. Piégés dans des espaces factices, leur accumulation pose de sérieux problèmes. Dans le cas de barrages côtiers, cette présence affecte non seulement les chenaux de navigation mais aussi les zones de frai du poisson. Ces dépôts ont de multiples répercussions comme la dégradation de la qualité des eaux, l’apparition d’amoncellement inesthétique, les pressions liées aux activités anthropiques et enfin le signal climatique. Fêté comme unique en son genre, la renommée du barrage marémoteur de la Rance est désormais altérée par l’envasement alarmant de son estuaire. Autre exemple, le barrage d’Arzal, utilisé com! me réserve d’eau potable, trouble l’embouchure de la Vilaine, laissant un envasement proche de 22 millions de m3 de vase, soit à lui tout seul, près de 50 % de celui existant en zone portuaire pour la France métropolitaine. En Chine, le barrage des Trois Gorges, le plus important du monde, pourrait contrarier l’écosystème. Née d’une déviation du fleuve Chang Jiang, l’ouvrage est structuré autour d’un réservoir d’une superficie de 1084 km2. Cependant l’évolution sédimentaire demeure une inconnue. Qui plus est, faute de mesures de consolidation, les sédiments constituent un réel danger en cas d’événement sismique. De surcroît, en aval des grandes villes, ils sont parfois contaminés. Ils jouent alors défavorablement sur la qualité des eaux souterraines.
Il n’est donc pas exagéré d’affirmer que la pérennité des barrages dépend des solutions apportées au traitement des sédiments. Cependant, aucun gisement sédimentaire n’est réductible à un modèle scientifique préétabli. Chaque barrage entretient avec son environnement une relation propre. Seul un examen hydro sédimentaire parvient à la modéliser. Seulement voilà, pour livrer des résultats fiables, ces études doivent obligatoirement s’étirer dans le ! temps. Le phénomène s’aggrave alors.
Pour lutter contre la présence des sédiments, à ce jour, aucune solution ne s’impose. La technique de la surélévation de la digue est parfois envisagée. Selon certaines études, elle accélèrerait paradoxalement le dépôt des sédiments. Dans le cas de barrage côtier, ces derniers peuvent être utilisés pour le rechargement des plages proches. Cependant l’option la plus souvent retenue consiste en leur immersion au large. En apparence, cette solution préserve les équilibres estuariens mais elle déplace le problème. Les opérations d’immersion ne peuvent être réalisées qu’en prenant en considération les contraintes de préservation de l’écosystème. Comment prendre alors le problème d’envasement à bras le corps, sachant que l’évacuation de ces dépôts à faible consolidation n’est pas aisée. De surcroît, coûteuse et sans retour é! conomiqu e. La solution pourrait venir de Chine. Confrontée au problème de l’envasement de ses ports et de ses estuaires, ajoutées l’inconnue du barrage des Trois Gorges, la Chine entend apporter une réponse industrielle par la valorisation des sédiments en matériaux de construction. D’abord pour la construction de digue, le remblaiement de route mais aussi pour la fabrication de produit noble, ainsi des briques. Cette démarche associe des industriels à des universités et des centres de recherche. Depuis plusieurs années, des départements de génie civil travaillent sur les performances mécaniques de la vase. L’université de Zhejiang à Hangzhou a élaboré une brique issue des vases de son lac limitrophe. Dans la province de Guangdong, d’autres procédés sont à l’œuvre. Peu à peu, la technique s’améliore. Cette démarche n’est pas innocente. Se conformant aux nouvelles orientations de l’Assemblée National Populaire, la Chine entend désormais devenir le laboratoire du monde. Dans le domaine des nouveaux matériaux de construction, elle profite de la faiblesse de la politique européenne en matière de recherche comme de la stratégie par trop pusillanime des multinationales occidentales. Et déjà, les devance. De surcroît, les énormes besoins de son marché de la construction favorisent ce choix. La demande afflue, pas seulement de Chine mais aussi dans le monde. Au Maghreb, par exemple, l’expertise chinoise pourrait apporter des solutions à certains barrages fortement encombrés, comme ceux de Beni Amrane (Algérie) et de Saboun (Maroc). Inquiètes par les réserves perdues ! en raison de l'envasement des réservoirs du barrage d’Assouan,! les Egy ptiens devraient également consulter les ingénieurs chinois. En France, les préoccupations croissantes des associations, liées à de sérieux problèmes d’envasement non seulement des barrages mais aussi sur l’espace côtier, notamment, en zone portuaire, imposent une solution radicale. La société franco-chinoise Paneurochina entend apporter une réponse globale au traitement de sédiments, issus des barrages ou de la vase de mer. Privilégiant des partenariats entre universitaires et industriels, sa stratégie s’inspire de la méthode chinoise, rompre avec l’attentisme, trouver des solutions durables, préserver l’écosystème.