En gras à la fin, le passage particulièrement "éconologique"...
Entre crise, krach et dette, nos dernières vraies vacances?
CRISE. Effondrement des bourses, crise de la dette dans de nombreux pays, chômage qui grimpe, plans d'austérité qui se multiplient... Est-ce pour oublier ou par inconscience que les Français sont partis en vacances comme si de rien n'était ?
Sélectionné et édité par Hélène Decommer
Temps de lecture : 2 minutes
Si un extra-terrestre débarquait sur une de nos plages, il aurait beaucoup de mal à croire que nous vivons la pire crise économique depuis la Grande Dépression des années 1930 !
Pour qui a la chance d'être en vacances, le contraste est saisissant entre l'insouciance des estivants qui se pressent sur les plages, terrasses de cafés, restaurants et autres boutiques, et les informations quasi-apocalyptiques que nous livrent radios, télés et quotidiens sur la crise économico-financière qui frappe le monde.
La plage de Trégastel, le 20/08/2011 (LE SAUX LIONEL/SIPA)
En 1939-1940, on avait baptisé "drôle de guerre" cette période de plusieurs mois qui avait séparé la déclaration de guerre du déclenchement effectif des hostilités. De la même manière, nous vivons depuis 2008 une "drôle de crise" où, malgré la succession des "krachs", la majorité de la population continue à vivre à peu près comme avant.
En faisant des économies, en achetant à crédit ou en puisant dans l'épargne (particulièrement importante dans notre pays), mais sans renoncer aux vacances, à l'apéro et au portable. Bien sûr, le nombre d'exclus ne cesse d'augmenter, mais une fois sur la plage, leur sort nous tracasse moins que les rebondissements de l'affaire DSK.
Comme des personnages de dessins animés, nous continuons à avancer une fois arrivés au-delà du précipice, sans nous rendre compte que le sol s'est dérobé sous nos pieds.
Bien sûr, les spéculateurs, les "marchés" et les agences de notation (aussi peu fiables que le Michelin si l'on en croit une récente enquête de Libération) ont leur part de responsabilité dans la crise actuelle, et il ne fait pas de doute que le système financier international doit être réformé en profondeur.
Mais la crise vient aussi du fait que non seulement les Etats, mais également les collectivités locales et les particuliers, ont, depuis des dizaines d'années, dépensé plus qu'ils ne gagnaient et vécu au dessus de leurs moyens. Et au dessus des moyens de la planète, dont nous surconsommons les ressources à un rythme effréné.
Etonnamment, les liens entre dette financière et dette écologique ne sont presque jamais évoqués ni analysés, y compris par les leaders politiques se réclamant de l'écologie.
Sauf rares exceptions, les termes "rigueur" ou "austérité" restent tabou dans le débat politique. Pourtant, il faudra tôt ou tard (et sans doute plus tôt que tard) se résoudre à réduire globalement notre train de vie. Mais cette évolution vers une "simplicité volontaire" n'a des chances d'être acceptable que moyennant une réduction drastique des inégalités sociales.
Qui, parmi les candidats à la présidentielle, aura le courage et la clairvoyance de centrer sa campagne sur cette transition économico-écologique nécessaire, sans tomber dans les solutions simplistes du genre sortie de l'euro ou refus sans nuances de la globalisation de l'économie ?
Dans une tribune publié par le Monde le 13 juillet 2011, le député Vert Yves Cochet, un des rares politiques à être conscient de ces enjeux, n'hésitait pas à annoncer que nous vivions nos "dernières vacances avant la récession". Une telle prophétie peut faire ricaner.
Mais une chose est sûre : nous ne pourrons plus longtemps feindre d'ignorer les menaces qui grandissent ! Bonne fin d'été quand même...
Auteur parrainé par Laurent Joffrin