Ce qu'il faut comprendre sur le plan légal, c'est qu'une telle mesure drastique et obligatoire, ne devrait jamais avoir d'effet rétroactif. Ainsi la loi ne devrait s'appliquer que pour les nouvelles variétés découvertes et/ou produites dès la date de mise en vigeur! Ainsi on laisserait «au marché» le soin de décider quelle est la bonne formule. Parce qu'à chaque fois que l'industrie se mèle des lois, elle s'arrange toujours pour rendre les clients captifs, et donc de faire en sorte que les lois du marché ne s'appliquent pas à elle!
Bien que le travail des obteneurs, inspire le respect sous certains angles (antoine111 a raison de mettre dans la balance les points positifs de la profession, mais quels sont-ils réellement... eu égard aux espèces rustiques... à part être «aux ordres» de l'industrie et la grande distribution, qui veulent des produits «standards») il faut donc s'intéresser aux causes du problème (comme à chaque fois...)
Les causes sont simples: la marchandisation du vivant (qui ne plait pas non plus à Clasou...), la spéculation, les profits éhontés des privés, donc de l'industrie que cette nouvelle loi va favoriser! Et surtout, de la grande distribution!
Ainsi, «assurer un recette aisée qui ne limite pas la ressource» est certes louable, mais ce qui doit primer c'est la qualité même de la ressource avant tout!
Les perdants comme à chaque fois: les agriculteurs, et à l'autre bout de la chaîne: les consommateurs (qui n'en profiteront qu'un temps...)
Et donc malgré les arguments louables d'Antoine111, je serais plutôt contre, pour différents motifs.
D'abord il est une question de principe, que la préservation / protection du vivant, devrait être du rôle de l'État, dans l'intérêt supérieur des populations. C'est donc dès le départ une hérésie, que l'on en soit arrivé à une situation où quelques individus — flairant éventuellement un marché de niche (les obteneurs) — aient cherchés à développer une filière qui n'aurait même jamais dû être de leur ressort... Bien que j'applaudisse les dissidents qui l'ont fait pour lutter contre le système. Ils savaient donc probablement dès le départ, qu'il travaillaient alors pour la gloire... puisqu'ils l'ont fait toute leur vie durant de façon quasi bénévole... après il ne faut pas qu'ils viennent se plaindre! Parce que finalement ils n'ont fait que chercher des variétés qui étaient in-fine favorables à l'industrie, éventuellement sans le savoir eux-mêmes (quoi que... ^^), et finalement à leur dépens, je m'explique, même si c'est cruel d'en être arrivé là pour eux:
antoinet111 a écrit :Christophe a écrit :Pourquoi ne pas réfléchir à des offres de leasing à long terme? Un agriculteur cultive ta semence "améliorée" tant qu'il récolte, il paye une redevance à la tonne vendue et non pas aux nombres de graines semées...Un truc très faible mais qui permettrait de financer la recherche à l'INRA (ou ailleurs)
Les agriculteurs ne veulent pas payer, ils en ont, pour la plupart rien à foutre de la création variètale, donc c'est pas forcement la bonne solution.
Et bien non, pas d'accord !
Si je suis 100% POUR la protection intellectuelle, les efforts individuels etc, je suis résolument CONTRE la marchandisation du vivant, le dépôt de brevet sur le bioalimentaire, c'est une hérésie ! Et ce non-seulement pour des questions d'éthique, mais surtout des questions de santé publique!
Quel poids ont les «indépendants» face à l'industrie (Montsanto et les autres qui se frottent actuelement les mains).
MAIS LE PLUS GROS SCANDALE, C'EST POUR LES PAYS DU TIERS MONDE. Le risque est grand que de telles mesures ne fassent des émules... Pour de mauvais arguments. Car nous sommes au cœur d'un paradoxe:
— d'un côté de la balance nous avons l'argument massue de l'autosuffisance alimentaire, l'hygiène (arguments repris en cœur par l'industrie);
— de l'autre côté l'intérêt sanitaire, dont tous les arguments vont à l'encontre des intérêts de l'industrie. Dans ce contexte «»
Ceux qui ont bossé toute leur vie pour spéculer gagner là-dessus en ont pour leur grade! Fallait pas jouer et tenter de gagner du fric avec ça! C'est ÇA la leçon à en tirer !
En continuant comme ça on joue avec le feu. On va finir par être complètement captif de l'industrie, on marche sur la tête!
SI ON VEUT SE LA JOUER ECONOMIE DE MARCHÉ, IL FAUT FAIRE PAYER LA GRANDE DISTRIBUTION ET SURTOUT DEMANDER SON AVIS AU CONSOMMATEUR FINAL!!!
Parce qu'on a beau dire, l'agroalimentaire s'industrialise au mépris de la qualité... Les consommateurs n'ont JAMAIS VOULU l'uniformité. Mais celle-ci ne vient pas du travail ou non des obteneurs, elle vient par le fait que la grande distribution et l'industrie imposent des standards, c'est là qu'il faut taper dans la fourmilière!
Et tout ça est dans la pure logique du CODEX ALIMENTARIUS, ce monstre à la solde de l'industrie et en contradiction totale avec les critères essentiels de la santé publique.
Là où il faut s'indigner, c'est que depuis les années cinquantes, le coût du panier de la ménagère ne cesse baisser, ce qui va de pair avec la BAISSE de la qualité.
J'ai bossé autrefois avec un cinglé de la CEE (Commission Economique pour l'Europe), et bien sachez que c'est lui qui fixait le callibre des fruits et légumes: résultats des millions de tonnes d'invendus sur les marchés à cause d'une décision de technocrate! Heureusement il y a à peine quelques années, ces mesures absurdes ont disparu.
Ce sont ces technocrates qui prennent des décisions à la con, alors même qu'ils n'ont jamais su planter un clou ni bien sûr une salade ou des céréales...
Le législateur aurait dû INTERDIRE depuis belle lurette le trafic des semences. C'est une question de logique. Si il y a bien un rôle qui devrait être invasif de l'État, ce devrait être celui-là. Parce qu'il doit être le garant de la santé publique! Si il y a bien un domaine qui ne devrait pas être contrôlé par «des intérêts privés», c'est bien celui là.
Je n'ai rien contre les «obteneurs», si leur travail est méritoire et va dans le sens de la santé publique c'est très bien, mais ce qui ne colle pas c'est que ça ne devrait pas relever d'intérêts privés. Ça non alors! Et hélas, cette décision profitera avant tout à l'industrie (les semanciers), et non pas à ces derniers. Les semanciers mènent le bal et n'en ont eux strictement rien à foutre du travail de quelques électrons libres. Qui eux crèveront la dalle tout autant, parce qu'ils ne maîtrisent pas LA DISTRIBUTION !
Encore une fois, c'est là où il aurait fallu taper ! Mais baucoup trop de gros intérêts en jeu... Alors entre la peste et le choléra, le législateur a manqué de courage!
D'ailleurs, sur le plan politique, je trouve cette décision contradictoire avec la bonne idée de taxer les sodas!
Bien avant cela, les gouvernements se devaient de prendre des mesures sanitaires comme l'interdiction de la commercialisation des farines raffinées, voilà qui serait un VRAI PROBLÈME à régler... Parce que les variétés qui sont développées dans ce but (la grande majorité) ne vont pas dans l'intérêt: ni de la santé publique, ni dans celui des consommateurs!
Même l'INRA ne fait pas son travail dans le domaine, puisqu'ils ont travaillé sur des variétés dans le sens des besoins de l'industrie agroalimentaire.
Alors même qu'il est reconnu sur le plan de la santé publique, que des carrences alimentaires notoires sont apparues dans nos sociétés, à cause de l'alimentation par les farines rafinées!
Quel est leur intérêt pour le consommateur et pour sa santé? Aucun, car les farines rafinées sont DÉVITALISÉES, faites l'expérience vous même, soumettez des farines dévitalisées et des farines complètes à des mites... Et vous verrez le résultat! La vermine ne s'y intéresse pas, parce qu'il n'y a plus de vie là-dedans! Elle-même ne s'y trompe pas!
Alors que nous, nous sommes tellement dégénérés que nous ne sommes plus capables de faire la différence avec notre goût et notre odorat!
Évidemment que des farines dévitalisées sont hygiéniques, parce qu'elles sont stables! Or ce qui fait leur instabilité originelle, c'est précisément «la VIE»! On sait ça depuis bien longtemps, notamment avec les études de Linus Pauling, et bien avant ça avec la découverte du scorbut..
Quel est leur intérêt pour l'industrie? Gigantesque:
— facile à stocker et pour longtemps!
— ne nécessite guère de contrôle une fois transformée!
— donnent un produit «standard».
— permettent de spéculer sur le prix des matières premières.
— permettent de maintenir une pressions sur les prix énorme contre l'intérêt des producteurs/agriculteurs.
— favorisent les grandes exploitations.
— sont d'un intérêt considérable puisqu'elles permettent d'obtenir des produits standards et ainsi de simplifier les processus de transformation/fabrication.
— en provoquant des grosses carrences alimentaires dans la population, rende l'oppération très profitable pour l'industrie pharmaceutique, qui elle va vendre des médicaments pour contrer les effets, mais là ce ne sera pas donné pour les consommateurs...
Quel est leur intérêt du point de vue de la santé publique? Elle permettent temporairement d'améliorer le «quantitatif» pour répondre au besoin de l'accroissement de la poulation mondiale (c'est toujours l'argument qu'ils nous sortent pour justifier ça...). Mais c'est faire la promotion d'une alimentation purement calorique... Sans aucun intérêt sanitaire à long terme. Ce sont tous des aliments qui conduisent à l'affaiblissement de l'espèce...
Cela dit je peux me tromper, mais alors pour démontrer le contraire, il faudra des arguments bien plus solides que ceux qui sont notoirement là pour défendre l'intérêt privé (même de marginaux) contre l'intérêt réel de la collectivité.
Cela dit je suis pour une taxe sur la recherche, afin que les obteneurs puissent vivre décemment. Mais cette taxe devrait être justifiée par la variété produite/fournie par l'agriculteur (donc sur facture), et elle devrait bien sûr être payée par L'ACHETEUR en sus du prix de la production. Puis versée directement à un organisme indépendant chargé de faire des statistiques et de rémunérer/répartir cette manne vers les obteneurs indépendants (exception faite de l'industrie, qui a d'autres moyens pour amortir «la recherche»). Ainsi les agriculteurs pourraient continuer à replanter leur propre production issue de semences émanant de leur propre recherche agronomique! Ils devraient alors s'acquitter de la taxe, mais recevoir dans le même temps un subside pour leur travail de recherche! Là ça me semblerait plus équitable qu'une interdiction pure et dure. Parce qu'au fond, à quoi servira l'interdiction, elle n'empêchera pas les fraudes, donc autant faire payer LE DEMANDEUR !