Plus le temps passe, plus j'observe la ville, plus je m'intéresse à la qualité de vie, plus je m'interroge sur ce qui peut l'améliorer, et plus je croise... la voiture, ou plutôt l'absence de voiture...
N'étant pas technophobe, antiprogrès, ni même anti-voiture, j'en viens quand même de plus en plus à la conclusion que l'usage de la voiture est un grand facteur de mauvaise qualité de vie dans les grandes villes par de multiples aspects !
Sans vouloir la mort de la voiture, je pense qu'il serait intéressant de prendre conscience de toutes les implications et conséquences que son usage immodéré en ville entraîne...
1) Invasion de l'espace public pour l'usage d'un bien privé individuel...
Même s’il a tendance à baisser (et il faut s’en réjouir), le nombre de places publiques de stationnement extérieures dans Paris est très important : 154 100 (source : http://www.paris.fr/pratique/voirie-cha ... 2_port_653 )
A raison de 10 m² par place (5mx2m), cela représente plus de 1,5 km² soit près de 1,5% de la superficie de Paris (105 km²), et même près de 2% si l’on excepte les bois de Boulogne et de Vincennes. Quand on connait la pression foncière qu’il y a à Paris, on peut penser que cela est loin d’être négligeable ! Et je ne compte pas la surface des routes, parfois à 3 voire 4 voies (Champs-Elysées, avenue qui serait certainement l’une des plus belles au monde sans voiture mais qui est à mon goût la plus horrible avec toute cette circulation actuellement).
Il est parfois difficile de cheminer sur les trottoirs étroits, emplis de devantures, abribus, bouches incendies, scooters garés, feux, potelets anti-stationnement… Et à côté de ça, que trouvez-vous : toute une file de voitures garées, dont la largeur équivaut ou excède celle du trottoir.
Je vois ces voitures garées toute la journée, ne pas bouger... Et pendant ce temps, les piétons galèrent !
D’une certaine façon, c'est comme si moi je décidais de laisser un canapé entier dans la rue, de venir de temps en temps m'y coucher, sinon pas touche, c'est mon canapé, et pendant ce temps-là il squatte la rue !"
Après, mes pensées ont dérivé. En regardant ma rue et mon quartier, je me suis dit "Si on enlevait tout ce qui a trait à la voiture, comment serait l'espace ?"
Mentalement, j'ai donc enlevé :
- les voitures garées sur les places de stationnement, certes, mais aussi :
- les panneaux de signalisation (souvent plantés en plein milieu du trottoir)
-les potelets et barrières anti-stationnement sauvages (qui réduisent quand même un peu la largeur utile du trottoir)
- les horodateurs
- les chaussées réservées uniquement aux voitures
- les entrées et sorties de parking
- les stations-service
Quand on additionne tout cela, on se rend compte à quel point c’est énorme !!!
Il ne sert finalement à rien de pester contre les commerçants, cyclistes...
80% de la place dans la rue est dévolu à la voiture...
2) Isolement social dans son quartier
Qui aime bien se promener, rencontrer des gens, discuter, faire son shopping dans le bruit et la puanteur, au bord d'une route à fort trafic, sur un trottoir où on doit se serrer ?
Personne ! Alors un trop grand trafic routier conduit les gens à rester enfermés chez eux...
Certaines études ont prouvé le lien entre le nombre d'amis, de fréquentations que vous avez dans votre quartier et la densité de voitures et de routes.
- les enfants qui n'ont plus trop d'endroit où jouer dehors, se dépenser..
3) Pollution et maladies
La pollution automobile tue autant, sinon plus que les accidents...
Leucémies, cancers, des études montrent un lien.
La valeur limite à ne pas dépasser pour cause d'impact sur la santé est de 40 micro g par m3.
Nous en sommes entre 85 et 115. Ces micro-particules pénètrent profondément dans les voies respiratoires.
Pour Paris, 40% des particules sont émises par le transport. Source http://fr.wikipedia.org/wiki/Particules_en_suspension
La France (comme d'autres pays) a d'ailleurs été épinglée par l'Europe à ce sujet car dépassements depuis 2005. (Alerte pollution vue sur le site Respire le périph)
4) Accidents de la route
Curieusement, une tonne d’acier lancé à 50 km/h est plus dangereux qu’un cycliste à 30 km/h, surtout pour les autres…
5) Bruit
Subir le bruit routier, dans son logement, conduit à de la fatigue mentale.
Lors des enquêtes d’opinion sur la qualité de vie, la première source de nuisance rapportée (et de loin !) est le bruit généré par la circulation automobile.
6) Coupures et allongement du temps de trajet de proximité
Si en milieu peu dense, la voiture permet de réduire les distances, il n’en est pas de même dans les grandes villes et à Paris en particulier : non seulement la voiture est en moyenne moins rapide que le vélo, mais tous ceux qui pratiquent le vélo dans cette ville savent que ce sont précisément les voitures qui ralentissent les vélos !
Les routes sont-elles vraiment ultra-rapides ? Elles vous font éventuellement arriver plus vite à un endroit, pour une fois arrivés, aller plus lentement (et je ne parle pas des bouchons, du temps pour se garer…).
Ceci nonobstant :
- le manque d'activité sportive des automobilistes coincés dans leur voiture
- la pollution pour les automobilistes dans leur voiture (ils en respirent plus que les riverains)
- le stress de la conduite
- la perte de la beauté de la ville, l'impact esthétique des routes et endroits trop faits pour la voiture : imaginez une seule seconde l’avenue des champs Elysées sans véhicules à moteur et sans bruit... De plus, il deviendrait possible dans ce cas de verdir cette avenue pour la rendre encore plus belle, car les 6 à 8 ( l’avenue est grosso modo aussi large qu’une autoroute !!!) voies de circulation deviendraient superflues).
Enfin, et c’est la raison principale, il me semble que Paris intra-muros est particulièrement bien adaptée à une absence de voitures. S’il y a une ville dans laquelle il serait ultra bénéfique à maints égards de restreindre l’usage de la voiture, c’est bien Paris, en raison de ses caractéristiques :
- ville dense : les distances parcourues sont généralement très faibles tant tout est à portée de main,
- superficie faible : en pédalant doucement, on va d’un bout à l’autre de Paris en moins de 45 minutes en vélo et certainement en moins de temps encore si l’on interdit la circulation automobile, tant celle-ci ralentit les vélos.
- la forme de « patate » de Paris intra-muros constitue un considérable atout pour restreindre la circulation automobile, je m’explique : le danger lorsqu’on interdit les voitures dans une ville est d’avoir un report de la circulation en périphérie ; or, dès aujourd’hui, étant donné la forme de Paris, lorsqu’on est en banlieue nord et que l’on veut se rendre en banlieue sud, ou lorsqu’on est en banlieue ouest et que l’on veut passer à l’est, on ne rentre pas dans Paris mais on contourne la ville par le périphérique (dans l’immense majorité des cas, je ne dis pas que c’est toujours exactement comme ça), de sorte que le report de circulation en banlieue serait quasi-négligeable.
La perception de la ville par ses habitants s’en trouverait complètement changée, et on ne subirait plus (ou beaucoup moins) cette sensation d’étouffement que tout habitant de Paris a pu ressentir un jour. Car si la ville est incontestablement très dense, il faut souligner que sa perception est tout à fait subjective ; enlevez tous les véhicules et restreignez la circulaion automobile et les habitants auront une vision beaucoup moins dense, moins étouffante de la ville ! Les avantages qu’offre une ville comme Paris en terme de possibilité d’activité, sans en subir les inconvénients en résumé !
Il serait bien sûr nécessaire, pour permettre aux nombreux habitants de banlieue de se rendre à Paris (pour leur travail ou leurs hobbies), de construire de nombreux parkings au niveau des sorties de périphériques et au niveau des métros, stations de RER et de bus à l’extérieur de Paris. Ces stations devraient être reliées à des stations de vélos en libre service et pourquoi pas également à des parkings (surveillés) pour vélos personnels ; ainsi, les usagers auraient le choix de finir leur trajet, soit en vélo, soit en transports en commun.
Bien sûr, il serait indispensable d’autoriser la circulation à certaines catégories d’usagers, cela va de soit : ambulances, taxis, livraisons…
Alors certes, interdire la circulation automobile ne comportera certainement pas que des avantages pour tout le monde, mais de façon globale, il me semble qu’il y a ENORMEMENT plus d’avantages que d’inconvénients ! D’ailleurs, faisons le raisonnement inverse : imaginons que Paris a toujours été interdite aux véhicules à moteur et que d’un coup les pouvoirs publics décident de les autoriser : personne n’accepterait cela, en particulier les riverains qui considéreraient cette mesure comme une folie ! L’acceptation des véhicules à moteur en ville dense résulte du seul fait qu’elle fait partie intégrante du quotidien des gens.
Enfin bref, à l’heure de la mise en place de cette c… d’autolib’, ceci tient du rêve… Mais qui sait, avec un baril de pétrole régulièrement en hausse, dans quelques temps…
J'ai fait un rêve : Paris sans voiture
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Re: J'ai fait un rêve : Paris sans voiture
Je relance ce sujet puisque Hidalgo rêve d'une journée européenne sans voiture...
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