Comparatif des parachutes de secours parapente ou paramoteur
Lire aussi ce témoignage récent d'un pilote belge ayant fait un secours qui aurait pu...très mal finir: http://www.parapentebelge.be/parapenteb ... 0anodin%20!
Le secours ne nous rend pas invulnérable !
En stage cross, le mardi 29 mai 2012 avec Antoine (moniteur passagers du vent à Annecy) Journée un peu venteuse au départ de Montmin Passage par la Margeria, le Colombier,l'Acluzat . Le gros du groupe est passé plus au Nord vers le Grand Arc tandis que nous sommes trois pilotes à contourner la dent par la droite pour rejoindre le Grand Arc . (départ vers 2200m). La traversée de la vallée d’Albertville est un peu secouant. Arrivé en milieu de vallée au niveau de l’autoroute et, en une fraction de seconde, ma voile plonge vers la droite, se ferme et part immédiatement en twist. Propulsé vers l’avant, mon corps se retrouve à l’horizontale ; je suis pendu dans les cuissardes et dans une rotation d’une vitesse inouïe. Les suspentes complètement torsadées jusqu'aux élévateurs me poussent la tête en avant. A 45 degrés devant moi, je n’ai plus qu’un chiffon. J’arrive à lancer le secours qui s’ouvre très rapidement mais dont les suspentes viennent s’enrouler autour de celles de la voile qui est toujours en rotation. J’ai le temps d’attraper mon micro et de dire deux fois : Marcel, secours ! Je descends comme une pierre. Au bout d'un (très long ) moment et toujours en auto-rotation (bien que freinée par le secours un peu ouvert) , et sans que je comprenne comment, le secours se libère tout doucement et se met en miroir avec ma voile. Je descends toujours aussi vite. Complètement basculé en avant et sans possibilité d’atteindre les D, j’attrape les commandes qui pendent devant moi et les enroule rapidement autour de mes mains. Après un temps infini (étant ma position dans la sellette), j’arrive à effectuer une dizaine de tours de chaque côté et la voile revient vers moi. Thierry Moreau me guide et m’encourage à la radio. Le secours prend le dessus et je me remets à descendre à la verticale. Parti avec 1900 m de vide sous moi, il m’en reste tout au plus 3 ou 400, à ce moment. Je descends vers l’échangeur de l’autoroute sans pouvoir rien faire. J’ai le choix entre la rivière (le torrent), deux lignes de peuplier en bordure du cours d’eau, l’autoroute et toutes ses bretelles d’accès et 3 étangs répartis de part et d’autre du cours d’eau. Je viens de survoler plusieurs milliers d’hectares de prés et de champs cultivés et le seul endroit où il ne fait pas bon se poser se trouve sous mes pieds. Ma voile dérive et me pousse vers le torrent (l'Isère). A quelques dizaines de mètres du sol, nouveau coup de vent vers les peupliers. A ce moment, j’aperçois la ligne moyenne tension qui barre la rivière et que je franchirai de justesse avant de retraverser le torrent à quelques dizaines de mètres de hauteur. La brise qui souffle dans le couloir de la rivière me ramène vers la ligne électrique. Au moment de la toucher, le hasard voudra qu’en dernière minute, une petite bourrasque me pousse vers une petite île en bordure de rivière que je percuterai pieds joints et jambes fléchies. Contact violent au niveau de la tête qui me laissera groggy pendant quelques secondes (enfin, je crois parce que les autres pilotes auront trouvé très long le temps où Thierry m’appelle à la radio, pour me demander si tout va bien.) Apres quelques secondes (minutes), je peux répondre à la radio pour rassurer tout le monde. Je suis sur une île complètement entourée d’eau et c’est un galet que ma tête a heurté. Mon secours, toujours gonflé me tire vers l’arrière et (miracle ) dans l'axe de la gravière.Mon parapente se trouve à moins de trois mètres du torrent. Je le maîtrise. Thierry m’annonce à la radio qu’il essaye de se poser rapidement pour me rejoindre. Un automobiliste qui m’a vu descendre est déjà là mais ne peut me rejoindre à cause de l’eau qui nous sépare. Je le rassure. Les secours ont été prévenus mais finalement, ils seront décommandés. Thierry me rejoint et puis c’est Guy qui arrive (la navette). Je remballe comme je peux et c’est dans un mètre d’eau (le bras mort qui me sépare de la rive) que je retraverse mon matériel. Au moment où je mesure ma chance d’être indemne, le contrecoup arrive et je m’écroule un peu : gorge serrée, mains qui tremblent …. C’est dans un état complètement second que l’on rentrera vers Florimontane après avoir récupéré tous les autres pilotes qui se sont posés entretemps. Deux heures à somnoler pour tenter de reprendre pied et puis un léger souper. Le lendemain, je repars en cross avec les autres. Après un premier déco raté à Montmin , je repars vers les dents de Lanffont avec le groupe. Je comprends très rapidement que je n’irai pas très loin. J’ai perdu tous mes repères, le moindre mouvement de ma voile provoque des réactions de pilotage disproportionnées et je reste constamment « pendu « à mes commandes. Je décide d’arrêter et annonce mon atterrissage prématuré au groupe. J’ai renoué avec la peur de mes débuts en parapente. Moment très difficile après l’atterrissage en prenant la mesure de tout ce qui est à reconstruire. Mon analyse. Apres discussion avec le moniteur, on évoque la possibilité d’un manque de réaction (tempo éventuellement). Ce que je retiens c’est que l’extrême violence et la rapidité de l’incident, jamais aucun stage SIV ne me permettra de le gérer (je ne parle évidemment que pour moi). Le twist (plusieurs tours) ne m’a permis aucune réaction. Dans ce cas, les D sont évidemment inaccessibles et la tension dans les suspentes ne permet pas d'en isoler une pour tirer sur la voile. J’ai perdu près de 1500 m pendant le temps de la manœuvre – que se serait-il passé avec moins de hauteur ? Les élévateurs du parachute de secours, sous la violence du frottement, ont partiellement fondu et seront remplacés le lendemain. Ma malchance majeure est évidemment d’être tombé au seul endroit à éviter dans cette immense vallée. Le miracle c’est la présence de cette petite île d’une trentaine de mètres de large sur la quelle je me pose, l’extrémité de ma voile se trouvant à 2 ou 3 mètres de l’eau du torrent. Si je tombe dans l’eau, la violence de la rivière ne me laisse aucune chance. Avec 10 tours de suspente autour de mes gants, je mettrai (sur la terre ferme) de longs moments avant d’être en mesure de les enlever. J’aurais été dans l’impossibilité d’atteindre un coupe-suspente. L’île sur laquelle je me pose est visible sur Google (coordonnées : 45° 34’06 .31 N ; 6° 13’ 14.87 E – village de Chamousset / Aiton). Il semble que la cause de l'incident soit la traversée d'une zone de cisaillement entre brise de vallée et vent météo. Deux jours plus tard, dans des conditions météo plus calmes, on volera au Semenoz pendant plus de trois heures , pas vraiment détendu mais décidé à revoler. J'avais une confiance totale en ma voile , confiant dans ce que les stages pilotage m'avaient appris et convaincu que le parachute de secours me préservait de tout pour le cas ou ..... Faudra se rendre à l'évidence : en parapente, on ne maîtrisera jamais tout ! Soyez prudents ! Marcel Guillaume