Un monde nouveau sans règles, bien ou mal?

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Ahmed
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par Ahmed » 14/07/12, 22:33

@ Janic:
Mais cette hiérarchie est remplacée par l'autorité du savoir ou supposé tel. Un borgne pour un aveugle?

Au niveau du forum cette autorité n'a guère de poids et reste facile à contester. Par ailleurs, le savoir n'est ni un attribut congénital, ni un absolu et il est toujours possible de l'acquérir ou, au moins, de l'accroître...

@ Obamot: Ta traduction est correcte, mais, du fait qu'elle n'est pas complète, n'offre pas une synthèse satisfaisante de l'ensemble de l'article.
Sans vouloir traduire ni résumer méthodiquement ce texte, voici ce qu'il me suggère:

Dans le contexte allemand, (probablement sous l'influence protestante?), se développe un compromis entre démocratie/capital original, fondé sur le partenariat.
A une production de qualité et à haute valeur ajoutée est associée une politique de plein emploi, de stabilité, de qualification et de salaires élevés, dans un cadre de rémunération global ne comprenant que des écarts très limités, ceci par le biais d'institutions que tu as évoquées.

Cependant, ce modèle s'est progressivement délité, selon l'auteur, parce qu'il est compliqué dans ce contexte de gérer les évolutions économiques, mais aussi à cause du poids de la réunification qui imposa de lourds sacrifices, enfin et surtout parce que l'influence de la mondialisation qui succéda à l'internationalisation modifia profondément la donne.
Concurrencée par le Japon sur le terrain de la qualité et par la pénétration de la finance internationale qui avait peu à faire du volet sociétal du compromis allemand, les normes mondiales ne pouvaient que s'imposer à terme.
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par janic » 15/07/12, 07:50

@ Janic: Citation:
Mais cette hiérarchie est remplacée par l'autorité du savoir ou supposé tel. Un borgne pour un aveugle?

Au niveau du forum cette autorité n'a guère de poids et reste facile à contester.
selon quels critères, justement? Internet??? :cry:
Par ailleurs, le savoir n'est ni un attribut congénital, ni un absolu et il est toujours possible de l'acquérir ou, au moins, de l'accroître...
mais là, toujours, dans quel sens?
Etant écolo-VGL, je vois en permanence le sens en question lequel ne tolère quasiment aucune remise en cause. :frown:
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par Ahmed » 15/07/12, 15:49

Oui, Janic, le média (internet) ne change pas fondamentalement les données anthropologiques générales!
Sur des forums spécialisés il y a forcément une ouverture d'esprit plus grande en ce qui concerne l'orientation du forum considéré, cependant le courant majoritaire ne traduit qu'une inflexion mineure par rapport à l'opinion "courante" (si tant est que ce qualificatif ait un sens).
Pour beaucoup, il s'agit de changer pour que tout reste comme avant; probablement ce serait aussi ma tendance si je n'était pas quelque peu lucide sur "la misère du présent" comme le dit A. Gorz et sur l'ampleur des évolutions futures...
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par Obamot » 15/07/12, 20:47

Ahmed: le dernier exemple donné figure à la page 25 (dans les conclusions)

Après il n'y a plus que la bibilographie. Néamoins, je t'enlèverais sûrement les mots de la bouche en disant qu'il faut se garder de tout enthousiasme démesuré sur le système économique de "Soziale Marktwirtschaft". Dans mon coin, nous avons aussi le nôtre (eu égard à la majorité germanophone du pays):
https://www.econologie.info/share/partag ... aK6Vvl.pdf

Puisque tu fais référence au protestantisme, ce système de gouvernance a quelque chose d'anglo saxon dans les gênes (c'est ce qui est relevé plus haut avec Mc Gregor, et avant lui le taylorisme, seuls Herzberg, Masslow et un troisième dont j'oublie le nom à l'instant ont fait de timides avancées amha).

Dans les années 70 le même paradigme a eu cours sous Margaret Thatcher et Keith Joseph pendant un temps. Leur but n'était pas tant de s'engouffrer dans ledit système que de prouver que seule une économie de marché pur jus pouvait permettre le "progrès social (vs une économie sociale de marché). Ils l'abandonnèrent évdiemment plus tard assez vite au profit du système de prédation actuel – plus sophistiqué et pervers – que j'appelle le nouveau management (benchmarking et monitoring à tous les étages vers une culture de résultat et d'optimisation à outrance et surtout des évaluations continuelles qui minent les relations entre collègues et débouche sur une sorte de mobbing institutionalisé, qui conduit au burnout (voire au suicide une fois que le citron a été complètement pressé) et tout ça sous le régime soit-disant convivial du bottom up, pour faire circuler l'information de la base directement vers le sommet de la hiérarchie — qui donne l'illusion «d'être important» — et bien qu'étant efficace, n'est qu'un échelon de surveillance supplémentaire tout en donnant aux travailleurs, le sentiment d'une forte identité corporative via leur engagement personnel, sauf que: ce n'est pas le but recherché par la direction, mais bien l'accroissement de la productivité et rentabilité à tout prix.

Pour ajouter à ce stress intense, vient se greffer la précarité des places de travail (turn over, immigration tolérée qui fait une grosse pression sur les salaires à la baisse) et les bas coût de main d'œuvre de certains pays finissent par rendre l'environnement de travail souvent invivable à moyen terme. Qu'importe, les travailleurs finissent par changer de travail et y laisser des plumes.

Lorsque cela craque, ça fait mal: statistiquement la moitié de la population aurait recours à un psy durant le déroulement sa vie...

Et pour le résultat, nous voyons où nous en sommes! Etre arrivés jusqu'au point où des pans entiers de l'économie réelle se devraient d'atteindre des rendements approchant ceux des placementss spéculatifs est ahurissant... Ce d'autant que cette situation amène les investisseurs à se désintéresser de l'économie réelle, excepté les startup, pour autant qu'elles soient très prometteuses...! Les yankees nous ont fait marcher sur la tête... et quel gouvernement se plaint haut et fort? Aucun, on leur donne plutôt les numéros de comptes en banque de ceux qui placent leurs captiaux chez nous sous la menace de chantage et nous nous couchons pour sauver nos réseaux de distribution installés là-bas, parce que ce sont eux qui tiennent le couteau par le manche..

Dans l'intervalle, les acquis sociaux obtenus après de longues luttes sont effacés les uns après ées autres. C'est ainsi qu'il nous imposent LEUR «modèle économique».
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par Ahmed » 15/07/12, 22:16

J'ai mentionné cet article parce qu'il est intéressant, non parce que j'adhère totalement au niveau d'analyse dont le champ me semble restreint...
Effectivement, le "Soziale Marktwirtschaft", ne me fascine pas spécialement! C'est, au mieux, une modalité temporaire d'équilibre sociétal ; d'après le peu que j'ai pu apprendre directement, la dissolution progressive de ce fonctionnement a d'importants retentissements psychologiques sur les travailleurs rejetés hors de l'emploi et qui se sentent à la fois "trahis" et humiliés.

Concernant ta remarque sur les gênes anglo-saxons de ce modèle allemand, je pense que tu fais allusion au pacte fordien; il y a en effet des similitudes, ce qui n'est sans doute pas l'effet du hasard mais bien d'une phase historique commune.
Je crois cependant que le système allemand reposait sur des origines plus anciennes et plus complexes que ce pacte, d'une part nettement plus circonstanciel et d'autre part beaucoup moins sociétal qu'industriel et commercial.

Ce qui me semble intéressant de souligner, c'est que, indépendamment de leurs nuances (importantes) toutes deux visaient une politique de plein emploi, d'amélioration des salaires, de consommation via l'amélioration constante de la productivité.
En clair, moins une redistribution qu'une meilleur efficacité productive; ce qu'en termes marxistes on appellerait une augmentation de la plus-value relative.

Cependant, cette orientation était condamnée à terme du fait de limitations évidentes:
- épuisement des ressources (énergie, matières premières);
- contamination par l'accumulation de déchets( pollution, impact climatique);

Ainsi que par d'autres qui le sont beaucoup moins:
- diminution de la rentabilité du fait de la part croissante de l'investissement;
- diminution de la rentabilité du fait de la constriction de la masse salariale (qui vient rompre le cycle production/consommation amorcé par le pacte fordien);

Les grandes évolutions actuelles s'en déduisent: recentrage des firmes sur l'élément financier, recherche de la baisse du coût salarial (l'Allemagne recourera massivement à sa voisine la Tchéquie pour la main d’œuvre, à la Chine pour les composants, aux gel des salaires, à la mise au travail au rabais des chômeurs).

Cette baisse globale de rentabilité s'est trouvée masquée par divers moyens successifs:
- des politiques monétaires qui ont laissé filé l'inflation (années 70 en France)
- suite à la décision américaine, restriction du crédit => chômage/déflation => augmentation de la dette publique (années 80 et suivantes en France)
- Aux USA, attaques en règle du welfare state qui entraine un recours compensatoire plus important à l'emprunt privé qui conduira à la crise des subprimes
- En Europe, également crise de la dette, qui est un report de la dette publique sur la dette privée (et que l'on pourrait traduire en termes marxistes par une augmentation de la plus-value absolue).

En arrière plan de ces comportements, il faut percevoir le pouvoir décroissant de l'opinion publique, le démantèlement des contre-pouvoirs (Reagan, Thatcher), son incompréhension devant ces bouleversements que les médias expliquent...à leur façon...
Ceci explique que de politiques indolores, les seules acceptables alors, l'évolution se fasse désormais vers des politiques beaucoup plus agressives.
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