Forusémide / TEVA : quelles leçons ???

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Forusémide / TEVA : quelles leçons ???




par Did67 » 26/06/13, 12:08

Vous connaissez mes réfléxions répétées sur les effets pervers de notre société "médiatisée" à outrance.

Je mets cette réflexion, copier sur le site Internet du Journal LE MONDE, ce jour :


Furosémide Teva, ou l’incurie administrative

Les crises sanitaires se succèdent à un rythme accéléré mais ne se ressemblent pas, sauf sur un point inquiétant: l’incapacité de l’administration à hiérarchiser et gérer les alertes préalables aux prises de décision efficaces.

Défaut de réaction et perte de temps concernant l’interdiction du Médiator comme le retrait des prothèses mammaires PIP; précipitation et hypermédiatisation vis-à-vis de la pilule Diane 35 que l’Agence européenne du médicament a bien confirmé dans ses indications; acharnement vis-à-vis des prothèses de hanche Ceraver dont le défaut de marquage CE était à risque nul au dire même de l’autorité qui a publiquement fustigé la firme et enfin, panique nationale indescriptible pour un comprimé de somnifère sorti dont on ne sait où ! (sans doute du sac de la malade) et retrouvé dans une boite de Furosémide Teva. Trop, c’est trop ! L’Agence Nationale de Sécurité des Médicaments et sa tutelle, le Ministère de la Santé, étalent dans chacune de ces « affaires » leur incapacité à répondre de façon appropriée à la question du risque supposé. Incompétence et affolement se conjuguent pour le pire qui, tenant lieu de cap aux autorités, les engluent dans la crainte mortifère de se retrouver au banc des accusés. Pour connaitre la complexité de notre système sanitaire, je ne veux pas m’ériger en donneur de leçon, mais juste rappeler quelques éléments de bon sens .

Une Agence Sanitaire Nationale ne peut trouver sa crédibilité qu’à quatre conditions :

1° Acquérir un statut indépendant de la tutelle gouvernementale,

Un directeur qui est révocable au gré du pouvoir ne peut avoir la liberté de décision qui sied à ce genre de responsabilités. La pression du politique est toujours très forte en ce qu’il privilégie la plupart du temps son image et l’effet médiatique qui le servira par rapport à la résolution de la question de fond. L’indépendance de décision et d’action est donc primordiale. En clair, un directeur d’Agence doit être capable de raccrocher son téléphone en disant non à un ministre trop insistant sans risquer ses foudres. C’est au prix de cette liberté qu’il gagnera en crédit et en respect.

2° Agir sur les bases de données fiables et refuser de décider sans enquête suffisamment étayée.

A vouloir se protéger en vertu d’un principe de précaution qui gèle toute initiative autre que répressive, on accumule des décisions affligeantes qui entachent gravement la confiance que l’on peut avoir dans des institutions guidées par la seule peur. De façon pragmatique, et ce dans tous les domaines de l’action humaine, une décision peut être considérée comme valable lorsqu’il y a 75% de chances qu’elle soit la bonne au regard des informations collectées et des enquêtes diligentées. Les organismes sanitaires, soit agissent trop rapidement sans colliger le minimum de preuves qui puisse les conduire à interdire, soit au contraire et tout aussi détestable, cherchent la perfection méthodologique qui les mène à reporter leurs décisions aux calendes grecques tant que 100% des preuves ne sont pas apportées. On oscille donc entre deux extrêmes délétères qui ne facilitent pas la tâche pour les décideurs de faire le bon choix au bon moment. Il en est ainsi, une action politique responsable doit assumer l’incertitude de ses choix, or la tactique en vigueur consiste à carrément se défausser de cette responsabilité au prétexte de protéger la population au nom de cette notion floue qui ne repose même plus sur la précaution mais uniquement sur la seule peur de la peur. La précipitation devient alors le moteur de l’action, dérive perverse qui se retournera vite contre ses promoteurs dont les discours et annonces seront de moins en moins crus.

3° Se taire et ne diffuser l’information que lorsqu’elle est justifiée par un risque majeur.

Il eut été tellement plus simple d’alerter sans tambour ni trompette la firme Ceraver de se mettre en conformité pour la modification à minima de ses prothèses orthopédiques, sachant que le risque sanitaire avait été d’emblée déclaré comme nul. Même attitude vis-à-vis du Furosémide. Pourquoi n’avoir pas fait analyser les boites sans ce battage médiatique infernal amenant des malades à arrêter leur traitement pour rapporter, tremblants, chez leur pharmacien ces pilules qui « tuent » ? Danger autrement plus grand qui ne semble pas inquiéter les autorités outre mesure !

Le système d’alerte mis au point et financé par les pharmaciens eux-mêmes sous l’égide de leur Conseil de l’Ordre est remarquable d’efficacité puisqu’en moins de trois heures plus de 95% des officines étaient prévenues de l’affaire Teva. Une fois l’alerte donnée aux professionnels, il n’y avait aucune raison pour l’Agence de crier haut et fort au drame sanitaire sans aucune preuve supplémentaire. Mais dans l’ambiance actuelle de suspicion vis-à-vis de l’industrie pharmaceutique, les pouvoirs publics veulent s’afficher comme protecteurs, transparents et vertueux. Ils ont, en fait, profondément écorné leur image de décideurs responsables en jouant avec le feu. Rappelons-nous cet ordre du septième art : SILENCE, ON TOURNE !

4° Reconnaitre ses erreurs et publier ses excuses aussi largement que ses décisions erronées l’ont été. Réhabiliter ceux qui ont pâti d’une action médiatique disproportionnée est une exigence morale. Un organisme public peut se tromper, mais il doit savoir accepter de faire amende honorable, attitude qui n'est pas le fort de la haute fonction publique.

Souhaitons que ces errements multiples nous apprennent à mieux piloter notre système de protection sanitaire, crise après crise. Veiller aux alertes, les vérifier, puis agir, réclame des circuits de décision courts. En temps de guerre, l’armée sait réduire ses échelons hiérarchiques pour mieux combattre. La politique de simplification administrative souhaitée par le Président de la République devrait s’attaquer dare-dare au mille-feuille de nos institutions sanitaires en les concentrant. La dispersion des lieux de pouvoir est l’une des principales sources de perte d’efficience. Finalement, il reviendrait à la Haute Autorité de Santé, de par son indépendance réelle, de couvrir l’intégralité du champ du médicament et des dispositifs médicaux.
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