Inflation des prix 2004-2014, infographie LeMonde

Economie actuelle et développement durable sont-ils compatibles? PIB, croissance (à tout prix), développement économique, inflation...Comment concillier l'économie actuelle avec l'environnement et le développement durable.
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Did67
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par Did67 » 14/05/14, 14:03

Une lecture de béotien :

a) tout ce qui est indispensable à une vie "saine" (énergie, santé, éducation, alimentation...) augmente...

b) tout ce qui est "futile" à défaut d'être utile (au-delà de la consommation addictive, sensée combler un vide existentiel abyssal), baisse...

Après ça, étonnez-vous que des gens, qui ont de plus en plus de mal a bien vivre et qui sont de plus en plus tenté de "compenser" par des addictions, soient malheureux !

Cela doit être comme une sorte de "tenaille" !
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Ahmed
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par Ahmed » 14/05/14, 20:45

Je ne suis pas sûr du tout que "la dette force les nations à diminuer leurs coûts de fonctionnement".

Les politiques d'austérité célébrées par la propagande sont difficilement justiciables puisque, de toute façon, les traites tirées sur des profits futurs imaginaires ne seront jamais honorées.
Une explication possible, quoique d'une rationalité douteuse (mais, en ce domaine c'est plutôt approprié!), serait qu'une politique budgétaire rigoureuse renforcerait la crédibilité (dans les deux sens du mot!) des états vis-à-vis des bailleurs de fonds...

Ce serait donc le contraire: les états sont contraints d'apparaître comme de bons gestionnaires pour pouvoir accroître leur niveau d'endettement...
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sen-no-sen
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par sen-no-sen » 14/05/14, 21:31

Ahmed a écrit :Je ne suis pas sûr du tout que "la dette force les nations à diminuer leurs coûts de fonctionnement".
(...)
Une explication possible, quoique d'une rationalité douteuse (mais, en ce domaine c'est plutôt approprié!), serait qu'une politique budgétaire rigoureuse renforcerait la crédibilité (dans les deux sens du mot!) des états vis-à-vis des bailleurs de fonds...

Ce serait donc le contraire: les états sont contraints d'apparaître comme de bons gestionnaires pour pouvoir accroître leur niveau d'endettement...


Sauf que "bon gestionnaire" est synonyme de réduction des couts de fonctionnement!
Un pays endetté dois prouver sa "bonne volonté"(sic) à faire des sacrifices,généralement en privatisant des
secteurs clés de l’économie,les créanciers "invitent" donc les pays créditeur à diminuer les couts de fonctionnements,d’où les gels de point d'indice des fonctionnaires,la réduction des effectifs des services publique,l'augmentation de l'age pour accéder à la retraite etc...
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par Ahmed » 14/05/14, 21:39

Tu as raison de mettre des guillemets à "bon gestionnaire", j'ai hésité à le faire car sa connotation ironique me semblait évidente dans le contexte de ma phrase.
Mais j'ai eu tort, car une ambiguïté subsistait pour des esprits peu avertis...
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par Ahmed » 16/05/14, 22:45

Le paradoxe apparent des politiques d'austérité, c'est qu'en agissant sur les deux leviers possibles ; augmentation de l'impôt et diminution des dépenses publiques, elles tendent à minorer la base de ses rentrées.
J'explique : les impôts sont des prélèvements sur les activités productrices de plus-value, soit à leur formation, soit ultérieurement ; lorsque le produit de ces impôts sert à financer des équipements collectifs ou des infrastructures (matérielles ou non), alors, ce prélèvement est générateur de la création de valeur (comme ce fut le cas après la second guerre mondiale), ce n'est évidemment pas le cas lorsqu'il sert au remboursement d'une dette ; son impact peut être résumé par un néologisme : la stagflation ; stagnation de l'économie (moins d'investissement*, pouvoir d'achat en berne**) et inflation rampante (charges en hausse répercutées).
La diminution des dépenses publiques limite la redistribution et accroît donc les inégalités, elle impacte également la masse salariale globale et donc, in fine, le PIB (sans parler des aspects humains, puisque je me limite volontairement à des considérations purement économiques), donc les rentrées fiscales indirectes de l'état.

Ce qui, évidemment, ne manque pas de sel, c'est que c'est en sapant les conditions d'un éventuel remboursement (?) que sont créées les possibilités d'obtention de nouveaux crédits, qui seuls permettront de continuer à faire illusion...

*L'affectation d'une plus grande masse de capitaux en direction des états, comme la stagnation de la formation de la plus-value ne sont pas si préoccupants, dans la mesure où, contrairement à la période d'après guerre les possibilités d'investissement rentables sont en berne : de ce point de vue, il n'y a pas concurrence entre l'état et les investisseurs privés.
**Contrairement à ce que soutient J.L. Mélenchon, la politique inverse, une relance par la consommation serait, elle-aussi, illusoire, puisqu'elle se traduirait par une hausse de l'inflation : plus généralement, les politiques dites Keynésiennes, si efficaces en leur temps, sont devenues inopérantes au stade actuel.
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par sen-no-sen » 16/05/14, 23:25

Ahmed a écrit :Ce qui, évidemment, ne manque pas de sel, c'est que c'est en sapant les conditions d'un éventuel remboursement (?) que sont créées les possibilités d'obtention de nouveaux crédits, qui seuls permettront de continuer à faire illusion...


C'est une simple démonstration de l'application de "l'exponentialisme" opérant au sein de chaque système.
Tout systèmes tend irrémédiablement vers la maximisation de son influence,le système du crédit n'échappe pas à cette mécanique infernale,la croissance par la dette puis la dette par la croissance et ainsi de suite...sauf que cette logique finit par butée sur les limites physique qui sous tendent le système,qu'ils soient sociaux, économique ou écologique se terminant dans un collapse...
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par Ahmed » 17/05/14, 13:13

Oui, l'exponentialisme est au cœur de ce système très particulier, ou du moins son expansion...
C'est sa finalité: faire qu'un capital initial se voit augmenter par l'incorporation de travail vivant*; dès lors que cette condition n'est plus remplie (par l'éviction des travailleurs résultant de l'essor de la productivité), la seule solution est d'adjoindre à l'économie dite "réelle", une source de capital-fictif.
Je dois préciser, et c'est important, que le capital-fictif, bien que d'une origine différente du capital réel, se comporte à tous égards comme ce dernier (sauf que sa durée de vie est limitée).
En réalité, il possède un autre attribut réel-fictif, c'est son ancrage dans un travail vivant se situant dans un avenir hypothétique.
Du fait du lien entre ces deux formes du capital, il est nécessaire pour que se développent les produits financiers qu'existe un espoir de remboursement: c'est ce qui explique que les états se soumettent aux souhaits de leurs créanciers, incapables qu'ils sont d'envisager la sortie d'un système dont il s'efforce seulement de retarder l'effondrement (en s'efforçant de contracter de nouveaux emprunts pour remplacer ceux venant à échéance).

*C'est Ricardo qui le premier a insisté sur ce phénomène (A. Smith l'avait déjà évoqué), J.S. Mill, son élève le reprit à son tour, suivi de Marx: c'est, comme souvent en économie (et d'autres domaines) un fait parfaitement contre-intuitif. Ce fait a ensuite été contesté par les économistes qui se sont orientés vers les grands équilibres macro-économiques, sans plus s'interroger sur l'origine de la création de valeur.
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par Ahmed » 17/05/14, 22:21

Sen-no-sen, une particularité du capital fictif qui ne manquera pas de t'intéresser, car elle rejoint tes préoccupations sur l'anticipation de l'avenir, est son caractère éminemment métaphysique.

Dans certaines conditions, comme lors de la première période fordiste (après la crise de 1929), comme la seconde (après guerre) et même pendant une partie de la transition post-fordiste (à partir des années 80), l'injection de plus en plus massive de capitaux-fictifs issus du travail vivant non-encore réalisé a réussi la performance de transformer cette promesse en réalité ; il s'agit bel et bien d'une sorte de prophétie auto-réalisatrice.
Rien de mystérieux là dedans cependant : la profusion de crédits à taux très bas du gouvernement Roosevelt, d'inspiration keynésienne (première période fordiste), allait débloquer des activités nouvelles qui nécessitaient un investissement de plus en plus massif, ce que les entreprises ne pouvaient plus, à ce stade de développement, se permettre toutes seules.
Autrement dit, d'une certaine manière, ces activités se sont rétro financées elles-mêmes à partir des profits qu'elles réaliseront ultérieurement, ce que J-P Dupuy qualifie de boot strapping.
Aujourd'hui la situation est toute autre, puisque les conditions d'activités productrices nouvelles se réduisent comme peau de chagrin et ce sont les industries financières qui s'autovalorisent en boucle pour augmenter un capital qui n'est plus attaché à un travail vivant que de façon de plus en plus fantomatique.
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par sen-no-sen » 19/05/14, 18:50

Ahmed a écrit :Sen-no-sen, une particularité du capital fictif qui ne manquera pas de t'intéresser, car elle rejoint tes préoccupations sur l'anticipation de l'avenir, est son caractère éminemment métaphysique.

Dans certaines conditions, comme lors de la première période fordiste (après la crise de 1929), comme la seconde (après guerre) et même pendant une partie de la transition post-fordiste (à partir des années 80), l'injection de plus en plus massive de capitaux-fictifs issus du travail vivant non-encore réalisé a réussi la performance de transformer cette promesse en réalité ; il s'agit bel et bien d'une sorte de prophétie auto-réalisatrice.


Howard Bloom parle de "l'impératif messianique" en matière économique,je pense que le terme est en effet très juste comme tu l'indique.

Aujourd'hui la situation est toute autre, puisque les conditions d'activités productrices nouvelles se réduisent comme peau de chagrin et ce sont les industries financières qui s'autovalorisent en boucle pour augmenter un capital qui n'est plus attaché à un travail vivant que de façon de plus en plus fantomatique.



Si l'on suis le processus actuel,il est possible que d'ici 30 ans environ,il n'y est plus de travail (pour...tout le monde!)
Cela peut paraitre science-fictionnel,mais cela en prend bien le chemin,preuves à l'appui.
Cependant il ne faut pas rêver,la fin du travail pour l'homme ne sera pas synonyme de vacances...mais de mort.
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par Ahmed » 19/05/14, 21:39

Concernant la question du travail, depuis ses débuts du capitalisme est apparu comme une dynamique qui a réquisitionné un maximum de force de travail, puis, au fur et à mesure de son évolution, cette dynamique a constamment remodelé les modalités du travail pour en arriver, récemment, à l'évincer progressivement du procès productif.

Si, comme tu le remarques, la courbe de l'emploi tend vers zéro, il est impossible (dans le système actuel) qu'elle l'atteigne, pour la raison que c'est la source même de toute capitalisation.

On pourra faire objection à cette opinion en faisant remarquer que si la valorisation du capital ralentie actuellement, elle se poursuit néanmoins. C'est parfaitement exact, mais l'essentiel de la valorisation se fait désormais grâce au travail vivant se situant dans le futur et, donc, non réalisé à ce jour.

Pour autant, la fin du travail en tant que catégorie spécifiquement liée au capitalisme adviendrait nécessairement avec la fin de ce dernier, puisque ce n'est qu'un mode de rapport particulier entre les hommes; bien évidemment cela ne signifierait pas la disparition de l'activité, activité qui est le mode de rapport entre l'homme et la nature qui lui est, au contraire du travail, trans-historique.

J'ai déjà mentionné l'effet réel du capital-fictif, il existe également une autre aspect, proprement métaphysique lui aussi, qui est que l'existence de ce capital repose uniquement sur l'espoir de l'accomplissement de son potentiel de valorisation : en l'absence de la confiance, tout s'écroule instantanément. C'est ce qui explique l'acharnement des gouvernements à faire illusion pour pouvoir, à l'aide de nouveaux emprunts, couvrir les précédents auquel s'ajoute les sommes devant servir à couvrir le fonctionnement courant.

Sen-no-sen, tu opposais dans un message antérieur, la forte baisse des marchandises de grande consommation et, je cite : "...une augmentation radicale de tous les domaines stratégiques nécessaire à la vie, la vraie : immobilier, alimentation de qualité, transports...
Dans certaines zones, l'immobilier a grimpé de 50%, voire 100% en moins de 20 ans
!"

Les statistiques, pas plus que les économistes classiques ne font la distinction entre valeur et prix.
La valeur est celle du travail vivant incorporé dans la marchandise, auquel s'ajoute le coût de fonctionnement de l'environnement de travail, le prix peut fluctuer fortement en plus ou en moins autour de la valeur.
Prenons le cas typique de l'immobilier : c'est un bien d'équipement durable qui se déprécie constamment (puisqu'il se consomme), quoique lentement ; cependant ce déclin de sa valeur peut être compensé par l'effet de rente dans de telles proportions que la dépréciation du bien n'entre plus en ligne de compte.
J’entends par effet de rente, une possibilité pour un capital de s'accroître sans que cela ne résulte du produit d'un travail vivant, mais d'une situation particulière : emplacement, monopole, entente, spéculation contrat exclusif...
Exemple : lors de la récente crise des subprimes aux USA, les prix de l'immobilier avait, antérieurement, grimpé progressivement bien au-delà de sa valeur réelle, pour ensuite s'effondrer bien au-dessous...
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