CertainesIdées, tu écris :
J'ai l'impression que vous ne croyez pas en une solution étatique aux problème environnementaux mais uniquement à une somme de changements personnels.
Ensuite :
Je me trompe ?
Est-ce de l'humour ?
Sur le premier point, tu as raison, nous ne croyons pas que la solution viendra d'en haut. Non seulement parce que les gouvernements européens (et pas seulement eux!) ne jurent que par la croissance et l'emploi (quel qu'en soit le contenu!), mais également car il n'existe aucune force politique qui va dans le sens des mesures ambiguës que tu prônes : c'est le désert.
Malgré ces objections de taille et largement suffisantes pour plomber tes bonnes intentions, le principal est ailleurs.
Il va de soi que le développement des énergies alternatives ne connaîtrait plus d'entraves le jour où sa rentabilité serait suffisamment attractive pour générer le maximum de gaspillage requis pour le bon fonctionnement du système...
La question est donc la suivante : dans un cadre voué à l'accumulation de la valeur abstraite, comment serait-il possible d'envisager
sérieusement une orientation qui irait à son encontre ?
Parler de sobriété est carrément blasphématoire !
Quant aux oligarchies, quelle est leur crédibilité lorsqu'il s'adressent au « peuple* », comme tu le fais , avec la condescendance qui va avec, pour leur expliquer (c'est gentil à eux!) qu'il faut se serrer la ceinture, travailler plus pour gagner moins ?
Sur le deuxième point, je ne crois pas à une somme de changements individuels, mais à une organisation des individus (ce qui est très différent) pour impulser des changements radicaux vis-à-vis des objectifs actuels et satisfaire les vrais besoins dans l'équilibre avec le reste du vivant.
Rien ne prouve que cela puisse fonctionner et que le système ne continuera pas, imperturbablement sur sa lancée, mais c'est la seule possibilité qui existe.
Le « bourrage de crâne » qui explique depuis tant de décennies que le salut réside dans la fuite en avant technologique prévaudra-t'il, ou bien la conscience que les vielles recettes ne sont plus la solution mais le problème s'imposera-t'elle ?
Plus loin, tu parles de participation et de coopératives, deux formes qui visent à réconcilier faussement des oppositions d'intérêt entre des catégories sociales : en rendant le système plus acceptable, on en dissimule les défauts et on prolonge son influence.
La participation ne change rien aux rapports sociaux du travail, à son aliénation, ni à son contenu : il ne fait qu'entretenir la dépendance à l'argent.
Les coopératives peuvent apparaître comme des havres de liberté, alors que, soumis aux lois du marché, elles n'ont que la liberté de s'y soumettre.
Janic, tu écris :
...le bilan destruction/construction est en défaveur du second actuellement...
Effectivement, si comme le dit Sen-no-sen, le capitalisme n'a pas été mensonger, mesuré à l'aune de la transformation du monde et de l'accumulation de biens matériels, le processus de
destruction constructive, cher à
Schumpeter, se révèle désormais aux yeux de beaucoup comme un marché de dupe et les espoirs qu'il a suscité ne sont plus de mise. L'ampleur des dégâts et l'impossibilité d'y remédier apparaissent pour ce qu'elles sont : non des erreurs de fonctionnement que quelques régulations adroites pourraient corriger, mais faisant partie de son essence la plus intime.
De même que les cellules d'un corps cumulent les erreurs au cours du temps et vont vers la mort de l'ensemble, ce système voué à l'accumulation périra de ses contradictions. La différence, et elle n'est pas mince, est qu'il nous entraînera avec lui si nous ne sommes pas capables d'en percevoir le danger et de nous en émanciper avant qu'il ne soit trop tard.
*Je n'emploierais pas ce terme, pour ma part, et ce pour deux raisons: la première est qu'il est inadéquat de désigner une réalité diverse sous un seul nom, la seconde, que faisant partie du peuple, je ne souhaite pas adopter cette distance qui est tout sauf neutre.