Pourquoi Total lâche l’exploration offshore controversée du bassin Foz do Amazonas au BrésilAURÉLIE BARBAUX Usine Nouvelle le 07/09/2020
Total a annoncé démissionner de son rôle d’opérateur dans l’exploration offshore de cinq blocs dans le bassin de Foz DO Amazonas, au Brésil. La raison invoquée, une incertitude réglementaire, n’est pas la seule.Aidé par la crise pétrolière et du Covid, Greenpeace vient de marquer un point contre Total. La major a décidé d'abandonner son rôle d’opérateur dans l’exploration pétrolière de cinq blocs du bassin de Foz do Amazonas, à 120 kilomètres au large du Brésil, devant l’embouchure de l’Amazone.
Dans un communiqué daté du 9 septembre 2020, Total indique avoir notifié le 19 août 2020 à ses partenaires sa démission de son rôle d'opérateur des blocs FZAM- 57, FZA-M-86, FZA-M-88, FZA-M-125 et FZA-M-127. Il a aussi informé l'Agence nationale du pétrole, du gaz naturel et des biocarburants (ANP) de cette décision. Total devra néanmoins continuer de mener les processus administratifs, pour le compte de ses partenaires Petrobras et BP jusqu’en février 2021, le temps de désigner un nouvel opérateur et de lui transférer les activités.
UN PLAN D'ÉCONOMIE
Cette décision ne marque en rien un retrait de Total de l’exploration-production au Brésil, un pays où il est présent depuis 40 ans et où il emploie 3 000 personnes. Au contraire, le 17 août dernier, le Français annonçait lancer la phase 3 du champ de Mero, exploité depuis 2017 avec une unité flottante de production, de stockage et de déchargement située en eaux profondes à 180 kilomètres des côtes de Rio de Janeiro. Mero 3 aura une capacité de traitement liquide de 180 000 barils par jour. Son démarrage est prévu d’ici à 2024. En novembre 2019, Total annonçait aussi le démarrage de la production du projet Iara (block BM-S-11A), situé dans les eaux profondes du bassin pré-salifère de Santos.
Mais Total, durement touché par la crise de surproduction pétrolière amplifiée par la crise sanitaire, doit faire des économies pour boucher les 13 milliards de manque à gagner prévus pour 2020. Et son plan d’économie comporte, entre autres, une réduction de 4 milliards de dollars de ses investissements d’exploration production en 2020.
AUTORISATION ENVIRONNEMENTALE REFUSÉE
Ce n’est pas la principale raison de ce désengagement de Total dans ce projet d’exploration de blocs acquis en 2013, suite à un appel d’offres de l’ANP. Malgré des études de Total démontrant que les forages exploratoires seraient effectués à 40 km d’un massif corallien que souhaitent défendre les écologiques de Greenpeace, la demande d’autorisation environnementale, déposée dès 2014 a été refusée en décembre 2018, avec confirmation en avril 2019, à la coentreprise gérant ce projet. Elle est composée de Total (40%), BP (30%) et Petrobras (30%).
Total, déjà sous les feux d’autres critiques d’ONG sur des sites d’exploration au Mozambique et en Ouganda, ferme ainsi un front de lutte avec les ONG environnementales.
Ce n'est qu'un début, car Total reste, pour l’instant, actionnaire du projet. Le Français pourrait chercher à se désengager. Le pétrolier brésilien Petrobras serait peut-être mieux à même de valoriser ces blocs.