Je ne pense pas que tu puisses tirer grand chose d'une grille explicative focalisée sur l'intérêt, étant donné que l'intérêt d'un capital, qu'il soit temporairement fictif ou réel n'a pas posé, historiquement parlant de problème au fonctionnement du capitalisme, dans la logique duquel il s'inscrit parfaitement, au point d'avoir constitué longtemps un de ses moteurs les plus puissants.
Le vrai problème systémique aujourd'hui n'est pas l'intérêt des dettes, mais le fait que, contrairement aux phases antérieures où le capital réel découlait du capital fictif* et venait accroître le capital social, le capital fictif qui est consommé ou qui est remboursé avec un nouvel emprunt disparaît à son échéance sans que rien ne subsiste. Ceci a pour conséquence que pour maintenir son influence sur l'activité productrice de valeur (abstraite), il faille sans cesse augmenter la masse de capitaux fictifs, puisqu'il faut à chaque fois fournir un volume de remboursement (qui se trouve donc détruit) et un capital au moins équivalent au précédent, pour jouer le rôle des titres échus. Ce n'est donc pas sur l'intérêt que se joue la partie, mais sur une augmentation linéaire du capital: lors de sa destruction, une base 100 doit être remplacée par 200, puis à son tour par 300, puis 400, etc... En ce sens, le crédit, au lieu d'être un fortifiant, est devenu un simple palliatif qui perfuse en permanence l'économie, productrice de moins en moins de valeur.
Les choses sont donc beaucoup plus graves, car cette course effrénée à une valorisation future de plus en plus incertaine aboutit au trou noir qu'évoque
Sen-no-sen ici.
*La marchandise ne contient la valeur que jusqu'à sa commercialisation, après cela ce qui n'est plus pour l'acheteur qu'un bien de consommation ou un investissement à court ou moyen terme se trouve soit immédiatement détruit (consommation), soit progressivement (automobile, maison), alors que la valeur retourne, augmentée, dans le capital-argent de l'industriel .