"L'humus citoyen" : Compostage des Bio-déchets urbains

Impact sur l'environnement des produits en fin de vie: plastiques, produits chimiques, véhicules, marketing de l'agroalimentaire. Recyclage et recyclage direct (upcycling ou surcyclage) et réutilisations d'objets bon pour la poubelle!
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"L'humus citoyen" : Compostage des Bio-déchets urbains




par grelinette » 23/03/18, 12:44

Bonjour,

J'ouvre ce sujet séparé des autres discussions sur ce même thème car la question est vaste et d'actualité. Ce sujet est à rapprocher de celui de moinsdewatt dans lequel il rapporte que le PDG de Véolia dit que : "Les déchets sont la matière première du XXIe siècle"...

Il y a eu le 12 mars dernier en région PACA une grande journée d'informations et de rencontres sur le thème du compostage des bio-déchets d'origine urbaine. Un article est paru dans l’édition du 13 mars du journal La Provence sous le titre printanier « Le compostage fleurit grâce à l'humus citoyen » : https://www.laprovence.com/article/edition-aix-pays-daix/4876562/le-compostage-fleurit-grace-a-lhumus-citoyen.html

Je vous soumets le petit texte suivant en espérant que la question ouvre une réflexion constructive, permette d'imaginer des solutions, et poser des chiffres plus précis sur les coûts d'une valorisation par compostage en local. (voir les chiffres du paragraphe qui suit, en bleu).

« L' Humus Citoyen »

Aujourd’hui les bio-déchets urbains, principalement les restes alimentaires et végétaux provenant de la population, des cantines, restaurants, commerces, entreprises d’espaces verts et autres acteurs locaux, sont mal gérés et très peu valorisés. Il n’y a pas encore de tri séparé au niveau de la population pour les restes alimentaires, et les bois et végétaux sont à déposer en vrac à la déchetterie ce qui s’avère peu motivant quand on a un simple sac de feuilles mortes, de tonte de pelouse ou un arbre de noël défraîchi plus faciles à poser dans le conteneur poubelle au coin du quartier.
Donc, déjà en début de chaîne la collecte des bio-déchets n’est pas encore au point et une grande partie de ces déchets finissent dans les poubelles puis en usine d’incinération.

Pourtant les volumes sont colossaux, non polluants, et assez faciles à recycler par méthanisation, cogénération ou compostage et quelques précurseurs commencent à étudier le problème.

Pour faire simple,

- d’un côté il y a les industriels qui étudient des solutions globales et d’envergure mais avec un impact local souvent négatif : circulation de gros camions, pollution, installation d’une usine de traitement, épuisement des bio-ressources locales au détriment des autres activités,

- de l’autre, il y a quelques petits acteurs locaux qui proposent des solutions de proximité et suggèrent de transformer ces bio-déchets en compost afin d’enrichir les sols locaux, notamment comme solution alternative pour les agriculteurs qui utilisent des engrais chimiques.

C’est pour étudier et débattre de cette question que le 12 mars dernier une journée de « Rencontre Régionale du Réseau Compost PACA » a été organisée à Aix-en-Provence par quelques associations actives sur ce sujet (GESPER, GERES, Réseau Compost Citoyen, etc).

Nous avons commencé à étudier un service de collecte des bio-déchets, principalement d’origine alimentaire, sur une commune de 10000 habitants. C'est très variable selon les villes et les régions, mais l'ADEME évalue que la quantité moyenne de bio-déchets (or végétaux) est d'environ 100 kg/an par habitant .

Une commune de 10 000 hab. produit donc 1000 Tonnes / an (soit 19 T hebdo), et en bout de chaine, on peut évaluer une production de compost de 300 tonnes. Il est aussi admis qu'on peut écouler en moyenne 10 tonnes de compost par an sur un hectare de terre. (Quantité qui dépend de la nature du sol et du type de production agricole).
Les 300 tonnes de compost produit peuvent donc enrichir quelques 30 hectares de terres. (C'est les vers de terre qui seraient contents !)

Contenu poubelle.jpg
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L'objectif est de trouver des solutions efficaces pour collecter une partie de ces déchets afin de produire du compost qui pourrait être utiliser en local par les particuliers, les jardins partagés et exploitations agricoles locales.

Il ne s’agit pas de concurrencer les camions industriels de collecte des poubelles mais de tester des solutions de traitement de proximité et évaluer les capacités d’une auto-valorisation locale par compostage. Mais se pose d’abord la question de la collecte des déchets auprès de la population à cause de la réglementation (agrément), l’organisation, la logistique, les Métropoles (qui ont pris la compétence de la gestion des déchets), et bien sûr le coût humain et matériel d’un tel service, puis, le coût de la valorisation des déchets par compostage.

Aujourd’hui il est difficile de trouver un « modèle économique » viable en local pour ce service car les recettes couvrent difficilement les charges (*), et il y a peu d’exemples de PME locales rentables et autonomes qui agissent sur ce marché.

(*) Quelques chiffres incontournables : (à rectifier si vous avez des chiffres plus précis)

- la collecte d’1 tonne de bio-déchets est facturée 100€ en moyenne aux producteurs (restaurant, grandes surfaces, cantines, etc)
- 1 tonne de bio-déchets compostés donne environ 300 kg de compost, donc un tiers de sa masse initiale (sans tenir compte des « additifs » négligeables en terme de masse)
- Le prix de vente professionnel du compost est d’environ 30€ la tonne. Ne pas oublier qu’il faut environ 3 T de bio-déchets pour obtenir 1 T de compost, donc au final 1 T de bio-déchets composté rapporte environ 10€
- Il faut ajouter quelques coûts pour vendre ce compost :
- Analyse chimique obligatoire du compost afin qu’il soit conforme à la « norme », soit environ 1000 € par an (coût qui dépend du nombre de polluants mesurés)
- Ajout de carbone pour équilibrer le compost en Azote/Carbone : principalement ajout de copeaux de bois « propres ».

In finé, collecter 1 tonnes de bio-déchets rapporte, dans le meilleur des cas, 110 € de chiffre d’affaire.
Reste à calculer le coût humain et matériels pour la collecte d’1 T de bio-déchets
.


Pour la collecte, il peut s’agir d’un geste volontaire de la population qui déposerait ses bio-déchets triés dans des conteneurs placés dans les quartiers comme pour le papier, le carton et le verre, ou venir directement sur un site de compostage communal, ou bien d’un service de collecte directement auprès des habitants.
Pour les professionnels (restos, cantines, commerces, etc) il faut à priori un service de collecte « à la porte » de l’entreprise.


Il y a beaucoup de questions à se poser mais qu’en pensez vous et avez-vous des idées ?
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Re: "L'humus citoyen" : Compostage des Bio-déchets urbains




par dede2002 » 24/03/18, 07:30

grelinette a écrit :
...
Les 300 tonnes de compost produit peuvent donc enrichir quelques 30 hectares de terres. (C'est les vers de terre qui seraient contents !)

[/b]


Salut,

Les vers de terre ne se nourrissent pas de compost, mais de matière organique non décomposée.

Au niveau de ce calcul:
" 1 tonne de bio-déchets compostés donne environ 300 kg de compost, donc un tiers de sa masse initiale (sans tenir compte des « additifs » négligeables en terme de masse)
- Le prix de vente professionnel du compost est d’environ 30€ la tonne. Ne pas oublier qu’il faut environ 3 T de bio-déchets pour obtenir 1 T de compost, donc au final 1 T de bio-déchets composté rapporte environ 10€"

Je trouve un autre résultat: 1 t de compost vaut 30 euro, mais a coûté 300 euro à la collecte (3 t de déchets, les camions transportent beaucoup d'eau), donc une tonne de compost "coûte" 270 euro...?

Ou est l'erreur?

A+ :)
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Re: "L'humus citoyen" : Compostage des Bio-déchets urbains




par sicetaitsimple » 24/03/18, 12:19

dede2002 a écrit :
Je trouve un autre résultat: 1 t de compost vaut 30 euro, mais a coûté 300 euro à la collecte (3 t de déchets, les camions transportent beaucoup d'eau), donc une tonne de compost "coûte" 270 euro...?
Ou est l'erreur?


Oui, je pense que c'est comme cela qu'il faut raisonner.

La collecte et le traitement des déchets (dont celui de nos ordures ménagères) sont des activités qui ont un coût pour la collectivité, qu'il soit payé directement par les entreprises ou par les impôts locaux notamment taxe d'enlèvement des ordures ménagères pour les particuliers.

- coût de la collecte: camions, carburant, salaire des éboueurs,....( attention quand je parle "coût", j'essaie juste d'être factuel, je ne reproche pas aux éboueurs de toucher un salaire!)
- coût du traitement: mise en décharge, tri et valorisation matière, incinération avec ou sans valorisation énergétique, méthanisation des matières organiques, compostage, coût de fonctionnement des déchetteries,......

A ces coûts engagés viennent se soustraire quelques revenus, mais ceux-ci restent en général très marginaux:

- valorisation matière (verre, papier/carton, plastiques, compost,...)
- valorisation énergétique (vente de chaleur, d'électricité ou de gaz).

C'est bien sur la diminution du coût plus que sur l'éventuelle valorisation des produits qu'un mode "différent" de collecte et traitement peut trouver sa place.

Nota: je ne parle ici que de coûts directs, on pourra me dire que je ne parle pas d'externalités, c'est parfaitement exact mais si on veut se perdre dans un raisonnement il suffit de commencer par parler d'externalités.
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Re: "L'humus citoyen" : Compostage des Bio-déchets urbains




par Ahmed » 24/03/18, 12:47

Je connais surtout la question des déchets verts qui coûtent effectivement très cher à la collectivité, aussi bien en frais de déchetterie qu'en transport. Les branchages, c'est surtout de l'air (faible densité du fait de l'élasticité et de la conformité des branches) et de l'eau, donc des bennes qui ne transportent pas grand chose, en réalité.
J'étais intervenu dans un projet de traitement des branchages sur le lieu de la déchetterie, avec l'idée que ce qui encombre les uns serait une ressource pour les autres; malheureusement, c'était assez complexe si l'on tient compte de l'investissement, de la sécurité et surtout de la logique de fonctionnement qui ne "colle" pas vraiment avec la perception administrative: l'idée a donc été abandonnée.
Toutefois, et c'est également vrai pour d'autres déchets, ce qu'il faudrait parvenir à faire, c'est avant tout de supprimer ce concept de déchet qui constitue une aberration: la nature n'en produit pas. Ceci pourrait se faire facilement pour les déchets verts, comme vu plus haut, et pour les autres, soit par une non production de ce qui les génère in fine, soit par une conception qui tienne compte de cet aspects des choses.
Cependant la segmentation des domaines ne laisse guère d'espoir pour cette approche globale.
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Re: "L'humus citoyen" : Compostage des Bio-déchets urbains




par sicetaitsimple » 24/03/18, 14:03

Oui, et pourtant les déchets verts ne sont pas forcément ceux qui coûtent le plus cher à la collectivité, du fait des apports "volontaires" en déchetterie ( le coût de transport est directement payé par celui qui produit) et des collectes sélectives dans les agglomérations à la saison de production, collectes généralement "propres", au sens pas mélangées avec d'autres produits.

Et la valorisation peut être diversifiée (plaquettes de chauffage, BRF, compost) avec une utilisation généralement très locale.
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Re: "L'humus citoyen" : Compostage des Bio-déchets urbains




par Ahmed » 24/03/18, 18:12

Je pense qu'un traitement des déchets verts très local serait la meilleure solution: c'est ce que je pratique personnellement et le coût énergétique du broyage est bien inférieur à celui du transport à la déchetterie: c'est une des raisons* de l'enthousiasme de mes voisins!

* Une autre est la perte de temps évitée; il y a aussi la limitation de volume hebdomadaire: bien souvent la taille produit ponctuellement de gros volumes et bien que le reste du temps il n'y ait pas de branchages, la quantité qu'il est possible d'évacuer est limitée.
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Re: "L'humus citoyen" : Compostage des Bio-déchets urbains




par Did67 » 26/03/18, 18:01

N'oubliez pas que je rêve toujours d'un modèle de "phénoculture" (le terme est inexact, du coup) consistant en une collecte séparée des "biomasses fermentescibles" et en une "décomposition de surface à froid"... pour produire des légumes en circuit très court (à l'échelle d'une commune)...
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Re: "L'humus citoyen" : Compostage des Bio-déchets urbains




par Gaston » 26/03/18, 18:27

sicetaitsimple a écrit :Oui, et pourtant les déchets verts ne sont pas forcément ceux qui coûtent le plus cher à la collectivité, du fait des apports "volontaires" en déchetterie ( le coût de transport est directement payé par celui qui produit)
Il faut quand même financer le transport de volumes considérables entre les déchetteries et le(s) site(s) de valorisation éventuels.
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Re: "L'humus citoyen" : Compostage des Bio-déchets urbains




par dede2002 » 26/03/18, 19:26

Did67 a écrit :N'oubliez pas que je rêve toujours d'un modèle de "phénoculture" (le terme est inexact, du coup) consistant en une collecte séparée des "biomasses fermentescibles" et en une "décomposition de surface à froid"... pour produire des légumes en circuit très court (à l'échelle d'une commune)...


Dans le groupement de communes autour de chez moi on y est presque, la décomposition se fait au bord des champs dans des gros andains qui sont ensuite épandus, on pourrait directement épandre sur le champ pour une décomposition de surface, on éviterait l'étape du brassage des andains...

https://acade-agro.ch/projets/gcbc/compostpanneau1.pdf
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Re: "L'humus citoyen" : Compostage des Bio-déchets urbains




par sicetaitsimple » 26/03/18, 22:09

Gaston a écrit :
sicetaitsimple a écrit :Oui, et pourtant les déchets verts ne sont pas forcément ceux qui coûtent le plus cher à la collectivité, du fait des apports "volontaires" en déchetterie ( le coût de transport est directement payé par celui qui produit)
Il faut quand même financer le transport de volumes considérables entre les déchetteries et le(s) site(s) de valorisation éventuels.


Oui, bien sûr, comme pour le reste de ce qui est collecté en déchetterie. Mais ça se fait par échange de bennes pleines/vides, c'est quand même certainement plus efficace qu'une collecte à domicile.
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