
Confinement oblige, j'en profite pour parler un peu de ce projet qui ne devrait se concrétiser que dès que les choses s'amélioreront... Je serai d'autant plus à l'écoute des remarques et critiques éventuelles que rien n'est encore figé dans le marbre.
Je résume l'idée générale, sans entrer dans les considérations particulières qui m'y ont conduit: la collecte des déchets verts par les collectivités locales et surtout le transport coûte une fortune (du fait de la faible densité des déchets verts, le camion transporte surtout...de l'air). Le traitement des déchets (broyage, compostage) est pris en charge gratuitement par une entreprise qui est livrée aux frais de la collectivité, comme déjà précisé, ce qui sous-entend un travail de concentration des déchets, originellement dispersés, vers un lieu unique.
Si l'on considère maintenant les choses sous l'angle purement fonctionnel, la solution actuelle passe par le compostage, solution qui bénéficie d'une image très positive dans l'opinion publique, mais qui n'est cependant pas si vertueuse que ça. En effet, ce sont des bactéries thermophiles qui sont chargées du boulot et ce avec force dégagement de CO²: elles s'emploient à réduire la matière organique en terreau; je dis bien réduire, car l'énergie nécessaire étant prélevée sur la masse initiale, il s'observe une forte diminution de volume pour obtenir in fine un reliquat, certes utilisable, mais d'un intérêt agronomique modeste. De plus ce substrat devra être de nouveau dispersé auprès des jardiniers utilisateurs...
La filière que je souhaite mettre en place procède de façon radicalement différente et vise à valoriser les déchets au plus près des usagers. La collecte des déchets se fera au niveau de la Commune et la transformation se limitera au broyage: ainsi, les usagers pourront, selon leurs besoins, repartir avec du broyat ou non et ceux qui seraient demandeurs de broyat sans disposer de déchets pourraient également trouver leur bonheur, bien sûr dans la limites des flux disponibles (un utilisateur professionnel serait introduit dans le circuit pour lisser les flux).
Je suis conscient que la réussite d'un tel projet repose d'une part sur une volonté ferme de la part de la municipalité, un engagement fort du personnel (qui devra être formé correctement et s'y trouver lui aussi valorisé) et d'autre part sur la mise en place d'une réelle pédagogie articulée autour de plusieurs axes sur lesquels je reviendrais plus tard. Cette pédagogie qui est la part la plus importante et la plus délicate à déployer devra insister surtout sur les aspects pratiques et donc les multiples applications en paillage, sans oublier certaines possibilités annexes (couches chaudes de printemps, toilettes sèches, litières animales...).
D'un point de vue théorique, qui m'est cher, il y a migration d'une solution qui externalise à la fois la transformation au détriment des acteurs du sol et la maîtrise qui est déléguée à un intervenant externe et invisible, pour aller vers une reprise en main locale de l'ensemble du processus d'une façon transparente et redirigée en faveur du fonctionnement du sol. Cet aspect doit figurer en filigrane dans l'ensemble de la communication, même s'il risque d'être plus difficilement communicable au début... Il est possible que cela passe par un accent mis sur la différence de l'évolution du carbone qui, avec cette démarche, est stocké durablement dans le sol: on sait que la question du CO² ne laisse plus personne absolument indifférent... La gestion de l'eau avec les périodes de sécheresses estivales serait aussi un point d'appui intéressant, tout comme celle des adventices, en tant qu'alternative crédible aux désherbants chimiques, évitant ainsi le recours au désherbage manuel.