D’un cadre enfin donné aux trois séances annuelles d’éducation à la sexualité, rendues obligatoires par une loi de 2001, mais très peu effectives.
En maternelle et primaire, le programme est centré sur la vie affective et relationnelle : respect de l’intimité et de l’égalité filles-garçons, connaître son corps, apprendre à accepter et refuser. À partir du CM1, apprentissage de la puberté. Au collège, la sexualité commence à être abordée, de même que la notion-clé du consentement. Et la question du genre, avec la lutte contre les stéréotypes.
Le texte remanié n’est pas encore public, il sera présenté dans 10 jours, mais j’invite tous ceux que le sujet intéresse à aller voir sa première mouture publié en mars par le Conseil supérieur des programmes, sur le site du ministère de l’Éducation.
Vous mesurerez le gouffre qui sépare la réalité du projet des caricatures de ses détracteurs. Et du titre de une du JDD il y a 8 jours : « Les enfants en danger ? »
Un exemple ? À partir de 4 ans, le programme inclut le fait d’identifier des adultes de confiance. Traduction par les Associations familiales catholiques : il s’agit – je cite – de « conditionner nos enfants à voir en leurs parents des adultes malveillants en puissance » ! En réalité, les milieux les plus conservateurs qui bloquent la loi depuis 20 ans ont toujours dit non par principe à ce que l’école se saisisse de ces questions, qui devraient relever selon eux exclusivement de l’éducation parentale.
Le problème, c’est que les parents, dans leur très grande majorité, ne le font pas, quelles que soient leurs positions sociales. C’est que si on n’éduque par les jeunes à la sexualité, c’est la pornographie qui le fait. Et que les filles sont – comme souvent – les premières victimes de cet obscurantisme : par les violences subies et les grossesses non souhaitées. On compte environ 15 000 avortements par an chez les mineures. C’est une question de santé publique. Et non, ce n’est pas l’Éducation nationale qui met les enfants en danger.L’avenir de ce projet aura valeur de testCompte-tenu de ce qu’il s’est passé il y a un an en Belgique, où un même projet – deux heures par an d’éducation amoureuse – avait dressé contre lui parents catholiques conservateurs, musulmans intégristes et surtout complotistes de tous poils, dans une déferlante de désinformation, où il était question de pédophilie institutionnelle et d’apprentissage de la masturbation. 8 écoles avaient été incendiées ou vandalisées.
Les complotistes adorent les enfants, c’est la matière première des marchands de peur. Il y a deux mois, le bobard de Trump sur les gamins qui changent de sexe après une journée d’école, avait aussi très bien marché. Il sera intéressant de voir si la France parvient à échapper à ce tourbillon délétère.
https://www.radiofrance.fr/franceinter/ ... 24-7397190