par Rajqawee » 28/09/20, 15:17
Oh, alors on va parler philosophie, en fait.
Mon avis personnel, c'est qu'on a besoin des deux points de vue (on va l'appeler la position "confort nécessaire" et la position "sobriété"), parce que les deux ne se font pas dans le même temps. J'essaye de structurer tout ça.
Effectivement, il faut définir quels sont les besoins humains en matière de confort (c-a-d, en matière de capacité à transformer l'environnement).
On pourrait être tenté de répondre par une position absolue, qui est qu'en fait, l'être humain n'a besoin de presque rien. On l'a déjà fait, il y'a quelques 45 000 ans (et puis avant), en vivant comme des chasseurs cueilleurs. Ca fonctionne, et on vit. Bon. Mais on n'était pas très nombreux comme humains, et en plus, on ne connaissait rien d'autre.
Eh oui, car on a aussi le problème de l'adaptation hédoniste : bien que ce niveau de confort nous paraisse banal (exemple, on appuie sur un bouton et pouf la lumière est là), il est n'a pas toujours été là. Mais du coup, il nous apparaît aujourd'hui comme un besoin. Un besoin...pour être heureux.
Soyons clairs -et c'est bien ce que je vois chez les gens - une fois qu'on a connu un niveau de confort, assez naturellement, revenir à "moins de confort" c'est souvent très mal vécu.
Bon, de là à dire que confort = bonheur, il n'y aurait qu'un pas. Mais c'est une fausse piste, et on le sait. Les personnes les plus confortablement installées ne sont pas spécialement plus heureuses que les autres (encore une fois, adaptation hédoniste !), en tout cas, pas longtemps.
D'ailleurs, de nombreuses personnes se mettent volontairement dans des situations d'inconforts totales, pour leur...plaisir (le sport !). Comme quoi, on peut perdre du confort et trouver cela intéressant. Même plaisant !
Mais alors c'est un peu débile : perdre du confort, c'est être moins heureux, mais l'avoir, ça ne servirait pas à grand chose de plus. Pour moi, c'est...exactement ça ! C'est symptomatique d'une addiction. On ne peut s'en passer, même si en prendre ne procure pas vraiment de plaisir. On est, en tant que société, addict au confort (du coup, à l'énergie). Souvent aussi à titre individuel.
Or, si on est addict, se passer subitement de ce à quoi on est addict, c'est un sacré risque. Ca créé des tensions extrêmes. Comme on dit, souvent, il vaux mieux se sevrer.
Donc en fait, on a besoin des deux visions : à la fois on a besoin de confort car on en est tous dépendants (et surtout, nos sociétés en sont largement dépendantes). Mais à la fois on a besoin d'en limiter le recours, car ça en devient néfaste. Et pour ça, il faudrait surtout de la pédagogie pour apprendre aux gens que la course au confort, ça n'amène pas spécialement vers le bonheur.
C'est le chemin que je parcours depuis 10 ans (beaucoup appellent ça le minimalisme), qui je trouve est logique et cohérent avec l'écologie, c'est de "s'amuser autant en dépensant moins" (d'énergie. pas d'argent. mais souvent ça revient au même).
Bon d'accord, c'est très bien le pavé, mais c'est quoi le niveau de confort que l'on garde ? Ça, c'est la destination, et personne ne la connaît puisqu'en plus elle est changeante ! A titre individuel, j'ai déjà "sacrifié" beaucoup plus de confort que ce que j'aurais probablement accepté au moment où j'ai commencé le chemin. Parce qu'à cette époque, je partais de beaucoup plus loin.
Nos sociétés auront encore plus de mal à définir ce niveau de confort "souhaité", car il sera plus complexe. Une chose est "sûre" pour moi, c'est qu'on sait pour l'instant dans quel sens on doit aller : moins de consommation.
Et en fait, c'est ça la point crucial, je pense : comprendre, et faire comprendre, qu'une bonne partie de notre confort est néfaste donc pourquoi ne pas tout simplement s'en séparer ? Non seulement, on sera plus heureux, mais en plus, on sera moins néfastes pour l'environnement.
Enfin, l'énergie libre ou gratuite : ça restera de l'énergie. Ça reste de la transformation de l'environnement. Ça ne change, je pense, rien au problème du dessus.
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