par freddau » 25/09/06, 09:20
Pour certains, le « peak oil » est déjà atteint. D'autres ne l'envisagent pas avant trente ans.
PEUT-ON situer exactement le peak oil, c'est-à-dire ce moment où la production de pétrole commencera à décliner ? Vaste débat, récurrent certes, mais rendu encore plus aigu après l'annonce par Chevron, voilà quelques jours, de la découverte d'un gisement extrêmement prometteur dans le golfe du Mexique.
Selon la cinquième compagnie mondiale, ce champ gigantesque pourrait abriter de 3 à 15 milliards de barils. « Mais cela ne bouleversera pas l'équilibre des réserves mondiales. Par ailleurs, les difficultés technologiques, du fait des grandes profondeurs, et l'ampleur des investissements requis sont deux obstacles de taille », souligne Nathalie Alazard-Toux, directeur des études à l'Institut français du pétrole (IFP).
D'une manière générale, l'horizon du peak oil est lié à quelques données incontournables : l'état des réserves bien sûr, mais aussi et surtout le - double - rythme de la production et de la consommation mondiales. Soit un outil statistique jamais figé, qui rend l'estimation d'un point culminant particulièrement complexe. « C'est bien simple, tandis que les observateurs les plus alarmistes soulignent que le peak oil est déjà atteint, d'autres ne l'envisagent pas avant trente ans », ajoute Nathalie Alazard-Toux.
Pour Thierry Desmarest, le président de Total, interrogé par Le Figaro au début de l'année, tout dépend si la consommation continue à grimper aussi rapidement ou si l'on décide de prendre des mesures pour la limiter. « Au rythme actuel, le peak oil se situerait entre 2020 et 2025. Si on arrive à ralentir la croissance de la demande mondiale de pétrole, en particulier par des économies d'énergie, à moins de 1 % par an, on pourra reculer ce peak oil après 2030 et se donner davantage de temps pour développer des énergies alternatives. » (Lire nos éditions du 16 février.)
Le prix élevé du baril n'encourage pas à investirSelon Jean-François Giannesini, expert indépendant, c'est moins le stade le plus haut de la production que celui des découvertes qui doit être analysé. « Or, le peak oil des découvertes a été atteint il y a déjà vingt ans. Désormais, tout est une question d'investissements. Ou bien l'on accélère la production, et la fin du pétrole se rapproche, où alors on maintient le niveau actuel et la chute sera moins brutale. »
Mais comme le remarque aussitôt Jean-François Giannesini, ce n'est pas un baril à 60 dollars, garant de hauts revenus pour les pays producteurs et les grandes compagnies, qui va les encourager à produire trop massivement, sous peine de faire baisser les cours.
« Les pays producteurs sont astreints à un subtil équilibre : d'un côté, ils ne veulent pas d'un pétrole trop cher qui encouragerait le développement d'autres énergies, de l'autre, ils se félicitent de constater qu'un baril dont le prix a triplé en quatre ans n'a pas ralenti la consommation mondiale », poursuit Nathalie Alazard-Toux.
Dans ces conditions, les pays producteurs vont continuer à veiller jalousement sur l'accès à la ressource. C'est le cas d'Aramco, la compagnie nationale saoudienne, qui n'a encore jamais donné de licence d'exploitation pétrolifère sur le sol du royaume. Pour leur part, les grandes compagnies internationales ont déjà commencé à réhabiliter des gisements anciens, tout en exploitant des types de pétrole non conventionnels comme les schistes bitumineux ou les sables asphaltiques.
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