Le Monsieur nature de TF 1 exploite son image tous azimuts. Un business pour la bonne cause, au prix de quelques entorses à l'écologiquement correct.
Qu'y a-t-il de commun entre des gels douches, des sacs à dos, des lunettes de soleil, des serviettes de bain, des pull-overs, une émission de télé à succès, une chaîne diffusée par satellite, un magazine de presse écrite, un jeu de société, des best-sellers et une fondation pour la sauvegarde de l'environnement ? Un homme et un seul : Nicolas Hulot, quinquagénaire depuis le 30 avril, « télécologiste » qui a réalisé l'exploit de faire d'Ushuaia - une ville de 30 000 habitants au nom imprononçable située en Patagonie, dans le sud de l'Argentine - une marque prospère qui n'en finit plus d'être déclinée en produits dérivés.
« L'émission "Ushuaïa nature" est coûteuse à fabriquer [1 million d'euros par épisode], explique Hubert Taieb, directeur général adjoint de TF 1 Entreprises, la filiale de la chaîne de télévision qui possède et exploite le label écolo depuis le début des années 90. Il n'est pas anormal que l'on cherche à rentabiliser un investissement aussi lourd. » Résultat : TF 1 a cédé en quinze ans la licence d'exploitation à plus d'une quinzaine de sociétés (L'Oréal pour les cosmétiques, Atol pour la lunetterie, Rhonetex pour les vêtements, Lexibook pour l'électronique grand public, Quo Vadis pour la papeterie...) et cautionné ainsi la commercialisation d'une soixantaine de produits dérivés en France. En jouant, même si la chaîne s'en défend, sur l'identification Ushuaïa-Nicolas Hulot pour les consommateurs.
Seule condition à respecter pour les heureux exploitants de la marque aux reflets verts : respecter l'esprit de l'émission de télévision, le navire amiral, à savoir la « naturalité éthique ». Avec plus ou moins de succès ! Si les gels douches Ushuaïa font un tabac dans les linéaires des grandes surfaces, les bâtons d'encens du même nom ont été retirés de la vente fin 2004 après que le magazine Que choisir a révélé qu'ils présentaient un risque cancérigène. Pour éviter que de telles situations se reproduisent, TF 1 finalise une charte d'utilisation pour mettre en place des « obligations en matière de développement durable » qui seront annexées aux contrats de licence. Quoi qu'il en soit, l'opération est plus que rentable : TF 1 estime à... 100 millions d'euros le chiffre d'affaires annuel généré par tous les produits griffés Ushuaïa.
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