Certes mais lorsque tu as été bon élève que tu as écouté les conseils de tes profs que tu as suivi ce que l'on t'a présenté comme la "voie royale" pour ton avenir et que tu sors de là entre 20 et 25 ans survitaminé et prêt à bosser, n'es-tu pas en droit d'exiger que ce que t'a dis l'EN soit un minimum vrai ??
Il faut avoir les idées claires : avoir une formation, c'est toujours mieux, mais cela n'induit aucun emploi automatique, surtout en France...
Les jeunes, se présentant comme très dégourdis et mâtures, s'étonnent paradoxalement que les études ne fournissent pas systématiquement du travail.
Pourtant, c'est le bon sens même que de s'en rendre compte, même en étant jeuneQuand je me suis engagé dans des études ambitieuses, j'avais 18 ans. Je savais qu'elles me permettraient forcément de trouver quelque chose, mais pas forcément aussi reluisant que les pubs des écoles d'ingé avec leur salaires moyens que je percevais déjà comme de l'esbrouffe (ou alors, c'était probablement 70h/semaine, en retour une vie infernale...), ni même peut-être dans l'ingénierie !!
En plus de cela, pour ma part, j'ai un caractère très indépendant et je me trouve tout seul de l'activité comme certains l'auront vu
C'est aussi cette aspect entrepreneuriat, parlons plutôt modestement d'initiative personnelle, qui manque beaucoup en France, notamment aux jeunes diplômés. Nombreux sont ceux qui attendent l'entreprise comme seule ressource avec une paye qui tombe comme un métronome à la fin du mois.
Sauf qu'
il faut absolument diversifier les activités, et faire des choses aussi étonnantes que son jardin, son verger, diversifier son patrimoine,
épargner; etc... que l'on ait le BEP ou un master, c'est valable pour tout le monde.
C moa a écrit :Remundo a écrit :Tu poses beaucoup de questions. Je dirai qu'en France, on a tendance à inverser les rôles entre l'éducation nationale et le marché du travail.
C'est l'éducation qui donne tous les savoirs élémentaires (nécessaires à l'adaptabilité de l'élève, puis du citoyen à son environnement socioprofessionnel), et le marché du travail qui offre les emplois et les formations spécialisées "sur le tas" qui en découlent.
PAS l'inverse
Peux-tu développer ton "pas l'inverse" et surtout "les savoirs élémentaires" STP ??
Pas l'inverse ? Et ben tu permutes...
Ce n'est pas à l'éducation de fournir les emplois et leurs savoir-faire spécifiques et ce n'est pas le rôle de l'entreprise de fournir les savoirs élémentaires.Quels sont les savoirs-élémentaires ? Il y a eu une vaste polémique là-dessus il y a quelques années, menées avec une similitude stupéfiante avec le plan DARCOS actuel par les mêmes "organisations" : de mon point de vue, dans l'idéal les voici:
- Maîtrise du Français (orthographe, grammaire, vocabulaire, savoir écrire une lettre professionnelle et son CV)
- Maîtrise des mathématiques (liens logiques, proportionnalité, géométrie de base, Pythagore, Thalès, surface et volume des figures usuelles périmètre (cube, sphère, cylindres, cercle...)
- Maîtrise de l'Anglais.
- Mais aussi du savoir-vivre : arrêter de tout contester, écouter les instructions et les appliquer sans mettre en cause constamment l'autorité du "supérieur"
(c'est très à la mode le refus de toute forme d'autorité... il ne s'agit pas de sombrer dans le despotisme, mais l'anarchie ne vaut guère mieux...)
Toute personne n'ayant pas ces outils, ou dumoins "retenu l'essentiel de ces outils" à sa disposition va au devant de graves difficultés socioprofessionnelles.Que l'EN ne se méprenne pas : être en phase avec le monde professionnel, ce n'est pas former les gens spécifiquement aux métiers des professionnels : ils évoluent 20 fois plus vite que les programmes s'adaptent.
Il faut savoir qu'on enseigne encore le dessin technique sur la planche à dessin, avec le crayon fort et le crayon fin, et l'équerre à l'heure de la maquette numérique (Digital Mock Up) de tout objet industriel...
Dans l'informatique, que l'on enseigne l'algorithmique, mais pas un langage spécifique.
Dans l'usinage, que l'on enseigne les conditions d'usinage optimales, mais pas un logiciel de CFAO périmé au bout de 6 mois.
Dans l'apprentissage, que l'on fasse manipuler les apprentis chez les artisans, comme cela fonctionnait très bien dans le temps.
On pourrait multiplier les exemples à l'infini. Rassurons nous, cela se fait généralement comme ça encore pour l'essentiel.
![Razz :P](https://www.econologie.com/forums/images/smilies/icon_razz.gif)
Ensuite, le relai est passé à l'entreprise et le salarié motivé et curieux se formera tout au long de son parcours professionnel...
Par exemple, j'enseigne l'optique, mais pas la visionnique industrielle, j'enseigne la thermodynamique, mais pas les flux thermiques dans une culasse de moteur, l'électricité, mais pas le fonctionnement d'un processeur, etc...
Il faut simplement apprendre aux gens à communiquer (français + anglais), à raisonner (les maths, les algorithmes... les sciences fondamentales pour les emplois scientifiques), et à savoir apprendre (écouter, comprendre, appliquer). Voilà l'essence même de mon métier, tel que je le perçois, en ayant connu "les deux mondes" (l'industrie et l'EN), traditionnellement très cloisonnés.
Voilà, c'est un point de vue... En la matière, le débat est sans fin...
Je ne suis pas convaincu non plus qu'il faille plus de moyens mais quand on voit l'état de certains établissements, on peut se poser des questions quant à sa répartition
Vivement un grenelle de l'éducation !!!
Ce qui me frappe dans tous ces Grenelles, c'est qu'on parle beaucoup... et on agit moins.