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Europe 1
Le train de vie de nos élus
Indemnités, notes de frais, avantages en nature... Malgré les engagements à la transparence et à la rigueur en temps de crise, notre enquête montre que les zones d'ombre et les petits arrangements subsistent
Nicolas Sarkozy continue de flamber. Selon les calculs du député PS René Dosière, qui s'est fait une spécialité de traquer les mécomptes du Châ teau, ses dépenses -113 millions d'euros - ont grimpé de 18,5% l'an dernier : «Les charges de fonctionnement - réceptions, fournitures, téléphone, internet... - ont doublé et les voyages ont augmenté de 26%. On nous dit que l'on met en concurrence les fournisseurs, mais la réception du 14-Juillet a coûté 475 000 euros l'an dernier, contre 413 000 un an auparavant.» Plus troublant : la comptabilité laisse apparaître un trou. «La présidence a dépensé 3 millions d'euros de plus que le budget qui lui était accordé», explique René Dosière. Pour justifier cet écart, l'Elysée avance qu'il s'agit là d'une somme due par le ministère des Affaires étrangères. Drôle de comptabilité ! En tout cas, la volonté d'économie affichée par Sarkozy ne se traduit pas dans les chiffres. A une exception près : les aides sociales. Cette enveloppe qui sert à donner des coups de pouce aux Français dans le pétrin a bien été diminuée de 22%.
En temps de crise, le train de vie des élus est à l'évidence un sujet ultrasensible. Au Royaume-Uni, le scandale des notes de frais bidon des parlementaires provoque une crise de régime (voir ci-contre). La plus ancienne démocratie du monde est touchée au coeur. Qu'en est-il en France, où la République s'est coulée dans les palais et les fastes de l'Ancien Régime ? Certes, de réels progrès ont été accomplis. En 2002, Lionel Jospin a mis fin au règne des fonds secrets, cet argent noir qui servait à rémunérer les ministres et leurs cabinets (voir p. 16). Trois ans plus tard, le scandale provoqué par le logement de fonction de l'éphémère ministre Hervé Gaymard (2005) a précipité l'adoption d'une réglementation... Et incité une bonne partie du gouvernement à renoncer à cet avantage (voir p. 16). Mieux : après les excès de son prédécesseur Christian Poncelet, Gérard Larcher, le président du Sénat, s'est imposé une discipline : diviser par deux la surface de son logement. Quant à Nicolas Sarkozy, force est de reconnaître qu'il a rompu avec l'hypocrisie de ces prédécesseurs en levant un coin du voile sur les riches heures de l'Elysée.
Mais, justement en temps de crise, est ce que le moral des français avait besoin de savoir "ça" ?