"Réinventer le progrès": essai à télécharger
@ Ahmed
désolé pour cette réponse tardive: j'ai un mémoire de Master à paufiner, et puis c'est l'été...
avant tout, merci pour votre très bonne lecture critique qui montre votre fine connaissance du sujet
y répondre est loin d'être évident, il faudrait presque écrire un autre bouquin! je partage certaines de vos remarques pour la simple raison que je ne suis plus en accord total avec mon manuscrit: pour l'essentiel écrit il y a plus de deux années, j'ai depuis étudié la sociologie politique, l'anthropologie, j'ai beaucoup lu, et ma " weltanschauung " (vision du monde) a évolué en conséquence...
qu'est-ce que le progrès? il est évident que mon livre n'est pas assez clair sur cette question, mais y répondre en quelques lignes est utopique
je me contenterai donc de quelques remarques ou interrogations sur les points de désaccord
il ne me semble pas que nous allons vers une décroissance, c'est pour cela que je n'en parle pas, mais vers une fin de la croissance économique, une stabilisation. j'écris un papier sur cette question, je ne manquerai pas de le partager quand je l'aurai achevé, d'ici un mois ou deux
je précise à la fin de l'ouvrage que les différents acteurs sont interdépendants et qu'il s'agit en fait de rétroactions positives. mais je maintiens le rôle prépondérant des médias, d'autant plus que l'actualité semble me donner raison: depuis que les médias parlent de climat (je choisirai 2005 avec le film d'al gore comme date charnière) tout commence à changer!
quant aux "leaders" que j'évoque, je reproduis ci-dessous un article de de l'hebdo challenges qui semble aller dans le même sens
je pense que l'on a enterré Rostow un peu trop vite. son modèle est sans doute un peu trop simple mais il y a quelque chose à conserver. pour avoir vécu quelques années dans les pays africains des plus pauvres, un seul critère me semble suffire pour justifier l'idée de progrès: la baisse de la mortalité infantile, spectaculaire
100% d'accord avec vous, c'est pour cela qu'il me semble dérisoire d'y voir l'opposition que l'on nous présente toujours, elle est moins fondamentale qu'on le croit
quels sont d'après vous mes présupposés??? le libéralisme économique? peut-être, tant qu'il donne des résultats positifs, pas au delà
je ne suis pas partisan de cette idée d'alinéation, je pense que la consommation ou le travail remplissent des fonctions de maintien de la cohésion sociale. ces fonctions sont essentielles, j'en cherche donc d'autres formes, moins nocives pour l'environnement et donc l'humanité. selon votre logique, je remplace effectivement une aliénation par une autre, mais je n'ai pas cet a priori négatif (marxiste?) envers le travail ou la consommation. plus d'autonomie bien sûr! ce serait idéal, c'est l'idée qui sous-tend les nouvelles activités non polluantes que je défend, mais le but du livre est de trouver des solutions aux problèmes écologiques, pas de proposer un monde parfait et utopique...
je ne dit pas qu'il y a égalité de nuisance mais que même les plus pauvres (dans les pays OCDE) ont un mode de vie insoutenable, accuser les riches (qui bien sûr polluent plus) n'est donc pas productif. quant aux entreprises, elle ne produisent que ce que nous voulons bien leur acheter, leurs nuisances sont donc les notres
pas d'accord. la lutte des classes (l'opposition entre les "élites" et "en bas") est pertinente relativement au partage des capitaux économiques, culturels, politiques. les changements de mode de vie sont portés par les classes supérieures puis adoptés par le reste de la population (cf. un autre article de Challenges ci-dessous, hebdo peu marxiste il est vrai!). je fais le pari qu'il en sera de même dans les prochaines années: ce sont les jeunes "CSP+" qui n'achètent plus de voitures, mangent bio, etc.
100% d'accord avec vous sur la deuxième partie. sur la première je suis plus nuancé: notre monde n'est pas parfait mais il est enviable par bien des aspects, il suffit de s'intéresser à notre histoire ou de séjourner (assez longtemps, la première impression est trompeuse) dans des pays au faible niveau de vie pour s'en rendre compte. nous sommes tous les deux des hommes mais bien des femmes, je pense, préfèrent vivre dans une société où elles sont traitées à égal avec les hommes (du moins c'est la tendance)
là il faudrait que vous précisiez...
merci pour cette conclusion encourageante, malgré des divergences d'opinion flagrantes!
désolé pour cette réponse tardive: j'ai un mémoire de Master à paufiner, et puis c'est l'été...
avant tout, merci pour votre très bonne lecture critique qui montre votre fine connaissance du sujet
y répondre est loin d'être évident, il faudrait presque écrire un autre bouquin! je partage certaines de vos remarques pour la simple raison que je ne suis plus en accord total avec mon manuscrit: pour l'essentiel écrit il y a plus de deux années, j'ai depuis étudié la sociologie politique, l'anthropologie, j'ai beaucoup lu, et ma " weltanschauung " (vision du monde) a évolué en conséquence...
qu'est-ce que le progrès? il est évident que mon livre n'est pas assez clair sur cette question, mais y répondre en quelques lignes est utopique
je me contenterai donc de quelques remarques ou interrogations sur les points de désaccord
il prône une sorte de décroissance sans la nommer
il ne me semble pas que nous allons vers une décroissance, c'est pour cela que je n'en parle pas, mais vers une fin de la croissance économique, une stabilisation. j'écris un papier sur cette question, je ne manquerai pas de le partager quand je l'aurai achevé, d'ici un mois ou deux
En dernier lieu, il envisage les possibilités pratiques de l’évolution vers ce qu’il préconise. Après le passage en revue des difficultés et des principaux acteurs d’un éventuel changement, toujours selon la même méthode, la difficulté de la tâche et/ou les limites du procédé rétrécisse le champ du possible aux seuls médias.
On ne peut reprocher à l’auteur son embarras à trouver un acteur possible, un sauveur sur lequel s’appuyer, cependant, il faut bien reconnaître que cet aboutissement peine à convaincre. Faire preuve de naïveté par choix est respectable, mais c’est une contrainte qui devient in fine rédhibitoire et qui conduit, notamment, à prêter aux médias des vertus qu’ils n’ont pas : ce ne sont pas ces organes inféodés aux pouvoirs économiques et politiques qui peuvent choisir d’être les fers de lances d’une décroissance matérielle.
je précise à la fin de l'ouvrage que les différents acteurs sont interdépendants et qu'il s'agit en fait de rétroactions positives. mais je maintiens le rôle prépondérant des médias, d'autant plus que l'actualité semble me donner raison: depuis que les médias parlent de climat (je choisirai 2005 avec le film d'al gore comme date charnière) tout commence à changer!
quant aux "leaders" que j'évoque, je reproduis ci-dessous un article de de l'hebdo challenges qui semble aller dans le même sens
ce n’est pas sans rappeler la thèse de W W Rostow sur les étapes du développement. Thèse qui ne convainc plus que ceux qui ont envie d’y croire. Si aujourd’hui on peut constater un recul de la pauvreté dans le monde, c’est au profit…de la misère.
je pense que l'on a enterré Rostow un peu trop vite. son modèle est sans doute un peu trop simple mais il y a quelque chose à conserver. pour avoir vécu quelques années dans les pays africains des plus pauvres, un seul critère me semble suffire pour justifier l'idée de progrès: la baisse de la mortalité infantile, spectaculaire
Je ne vois pas, pour ma part, d’opposition aussi absolue entre les deux idéologies* qui ont partagés le monde en deux durant la majeure partie du vingtième siècle : il s’agissait dans les deux cas d’un impérialisme et d’un capitalisme (d’état dans le cas de l’union soviétique, privé dans celui du « monde libre »)
100% d'accord avec vous, c'est pour cela qu'il me semble dérisoire d'y voir l'opposition que l'on nous présente toujours, elle est moins fondamentale qu'on le croit
Le plus curieux c’est que au cours de l’ouvrage, malgré des efforts considérables pour essayer de « relocalisé » l’économie dans des secteurs où elle serait moins nocives, l’auteur en vient à combattre ses propres présupposés (cela est à mettre au crédit de l’honnêteté intellectuelle de J Chamel)!
quels sont d'après vous mes présupposés??? le libéralisme économique? peut-être, tant qu'il donne des résultats positifs, pas au delà
Ce qui nous amène au concept de liberté, jamais évoqué, et pour cause, dans ce corpus. Du fait de l’option comportementaliste l’individu social n’est qu’une marionnette soumise à déterminismes simples, le système actuel n’étant pas durable matériellement, ni satisfaisant humainement, il doit être réformé. L’aliénation** due au travail n’est jamais évoquée, au contraire de celle qui est la conséquence du consumérisme ; cependant, l’auteur entend se servir des divers conditionnements qui ont menés à la surconsommation pour en détourner chaque individu. Curieux renversement qui propose de remplacer une aliénation par une autre et qui fait fi de ce qui est véritablement souhaitable, c’est à dire une autonomie accrue de chacun.
je ne suis pas partisan de cette idée d'alinéation, je pense que la consommation ou le travail remplissent des fonctions de maintien de la cohésion sociale. ces fonctions sont essentielles, j'en cherche donc d'autres formes, moins nocives pour l'environnement et donc l'humanité. selon votre logique, je remplace effectivement une aliénation par une autre, mais je n'ai pas cet a priori négatif (marxiste?) envers le travail ou la consommation. plus d'autonomie bien sûr! ce serait idéal, c'est l'idée qui sous-tend les nouvelles activités non polluantes que je défend, mais le but du livre est de trouver des solutions aux problèmes écologiques, pas de proposer un monde parfait et utopique...
Il s’efforce de pourfendre l’idée, je cite, "répandue" (p.90) selon laquelle les entreprises et les riches seraient les principaux responsables des problèmes environnementaux : pour lui il ya égalité de nuisances.
je ne dit pas qu'il y a égalité de nuisance mais que même les plus pauvres (dans les pays OCDE) ont un mode de vie insoutenable, accuser les riches (qui bien sûr polluent plus) n'est donc pas productif. quant aux entreprises, elle ne produisent que ce que nous voulons bien leur acheter, leurs nuisances sont donc les notres
les difficultés de changer les choses tiennent moins à une inertie généralisée qu’à une volonté de régression sociale pour, me semble-t-il deux raisons :
D’une part l’ancienne opposition avec l’URSS ayant disparu et avec elle son équilibre malsain, mais équilibre quand même : il n’y a donc plus de nécessité de démocratisation accrue.
D’autre part, les ressources nécessaire au gaspillage actuelle étant en déclin, il est vital que ceux qui en ont le pouvoir fasse en sorte de se réserver une part toujours plus grande proportionnellement d’un gâteau toujours plus petit. On le voit la solution ne sera pas du côté des « élites », mais ne pourra s’esquisser que d’en bas, à la fois par la résistance aux pouvoirs et par l’instauration d’une solidarité entre les individus qui œuvrent pour une plus grande démocratie.
pas d'accord. la lutte des classes (l'opposition entre les "élites" et "en bas") est pertinente relativement au partage des capitaux économiques, culturels, politiques. les changements de mode de vie sont portés par les classes supérieures puis adoptés par le reste de la population (cf. un autre article de Challenges ci-dessous, hebdo peu marxiste il est vrai!). je fais le pari qu'il en sera de même dans les prochaines années: ce sont les jeunes "CSP+" qui n'achètent plus de voitures, mangent bio, etc.
j’y verrais un système qui , malgré les apparences de l’abondance, ne fournit visiblement pas un cadre favorable à l’épanouissement humain (l’usage des drogues légales ou non (la plus légale est...l'argent!), les pathologies psychosomatiques et autres, en témoignent clairement) et que de plus, d’un point de vue matériel c’est également insoutenable.
si les sources d’énergies actuelles perduraient, cela résoudrait-il tous les problèmes (conflits armés, inégalités, frustrations, pollution…) ? Je suis même convaincu que si une source d’énergie bon marché, non polluante et infinie apparaissait nous n’en tirerions que peu de profit.
100% d'accord avec vous sur la deuxième partie. sur la première je suis plus nuancé: notre monde n'est pas parfait mais il est enviable par bien des aspects, il suffit de s'intéresser à notre histoire ou de séjourner (assez longtemps, la première impression est trompeuse) dans des pays au faible niveau de vie pour s'en rendre compte. nous sommes tous les deux des hommes mais bien des femmes, je pense, préfèrent vivre dans une société où elles sont traitées à égal avec les hommes (du moins c'est la tendance)
Là où je ne partage pas les vues de l’auteur, c’est dans cette vision mécaniste, intéressante dans sa démarche déductives, mais à la fois peu fructueuse dans ses conclusions et surtout très dangereuse, car contenant en elle les prémisses d’un univers orwellien.
là il faudrait que vous précisiez...
Je vous invite donc à profiter de vos vacances ( ?) et à lire ce bouquin.
merci pour cette conclusion encourageante, malgré des divergences d'opinion flagrantes!
0 x
comme promis, deux articles parus dans le Challenges du mois de juillet:
Fortunes. Les nouveaux codes
Ils se dépensent pour le développement durable
Nos millionnaires ne se contentent plus de s'acheter une conscience en compensant leur bilan carbone. Entre deux jets, ils changent aussi leur mode de vie et convertissent leur entreprise aux valeurs vertes.
Les 500 riches du classement de Challenges ont une dette colossale à l'égard de la planète. Jets privés, hélicoptères, haciendas, berlines et 4 × 4... Chez eux, tout est souvent plus grand, plus gros. Et donc plus polluant. Mais la terre montre des signes d'épuisement, et les mentalités changent rapidement. Y compris chez les 500. Pour les héritiers ou les nouveaux riches, le développement durable est désormais symbole de pérennité. «Il y avait PPR avant Home, et il y aura PPR après Home», affirme, par exemple, François-Henri Pinault, le PDG du groupe de distribution et de luxe qui a financé le film de Yann Arthus-Bertrand sur l'état de la planète. Et d'ajouter : «Notre façon de vivre n'est pas viable, si les entreprises ne s'occupent pas de ça, je ne sais pas comment on va s'en sortir.»
Deniers personnels
Avant lui, Pierre-André Sénizergues, le créateur de la marque de baskets Etnies, avait investi ses deniers personnels dans La Onzième Heure, le film produit par Leonardo DiCaprio sur les méfaits de l'homme. Installé en Californie, ce Frenchy qui a fait fortune résume ainsi son combat : «Quand je rencontre d'autres patrons, je leur demande : qu'est-ce que vous comptez laisser pour vos enfants ? Et ils comprennent qu'il y a autre chose que le retour sur investissement.»
Franck Riboud, le PDG de Danone, acquiesce. «La croissance ne doit pas être une fin en soi», dit-il. En quelques mois, son groupe vient de créer un fonds d'investissement pour la nature, un autre baptisé Ecosystème, et un blog environnemental, Lespiedssurterre.danone.com. Qu'on se le dise, les riches vivent proprement. Désormais, à chaque fois qu'il prend l'avion, François-Henri Pinault compense ses émissions de CO2 auprès de la société Action Carbone de son ami Yann Arthus-Bertrand. Le fils de François Pinault a aussi remisé son coupé sport et roule en Lexus hybride. Tout comme Antoine Arnault, le fils de Bernard, équipé de la même voiture moins polluante. «Cette prise de conscience, nous ne l'avons pas découverte en visionnant Home, le film par ailleurs magnifique de Yann Arthus-Bertrand. Elle s'est accomplie progressivement», expliquait le président de LVMH lors d'une conférence sur le luxe durable à Monaco, le 15 juin.
A l'instar de Reinold Geiger, le propriétaire de L'Occitane qui ne roule qu'en Vélib'à Paris, Aliza Jabès a aussi renoncé à son 4 × 4 Toyota pour la petite citadine iQ, bien plus propre. Et cette végétarienne rêve maintenant de transformer sa fl otte d'entreprise en une armada de véhicules verts. La fondatrice de la marque de cosmétiques Nuxe, fusion des mots nature et luxe, a entrepris sa révolution verte. Suppression des notices, lancement d'une gamme bio, recyclage des cartouches d'imprimerie, bilan carbone... «Il faut montrer l'exemple.»
«Oui, notre statut de leader du luxe nous oblige à l'exemplarité», dit aussi Bernard Arnault, qui a investi cette année dans Edun, l'entreprise éco-responsable du chanteur Bono et de son épouse. Difficile, en effet, de publier des rapports sur le développement durable sans se soumettre à des règles de vie plus économes. Mais à quels sacrifices nos chers millionnaires sont-ils prêts ? «Ma vision, ma définition du développement durable n'est pas le retour à l'âge des cavernes, au dépouillement total, au renoncement à tout plaisir, tout épanouissement, toute satisfaction», affirme le patron de LVMH. Voilà qui est dit.
Management quotidien
Charles Kloboukoff n'habite pas dans un tipi, mais il a ses convictions chevillées au corps. Quand on l'interroge, le PDG de Léa Nature (115 millions d'euros de chiffre d'affaires) tire son caleçon bio de son pantalon pour l'exhiber. Certes, ce patron écolo, par ailleurs conseiller municipal à La Rochelle, dispose d'un téléphone mobile dont la nocivité des ondes est mal connue, mais il applique les préceptes du développement durable dans son management quotidien.
Son entreprise s'est équipée, par exemple, d'ordinateurs Evolutis, de la société Ashelvea, entièrement biodégradables, compostables et recyclables. Et depuis 2007, Léa Nature reverse une part de son chiffre d'affaires au club 1% Pour la planète créé par Yves Chouinard, le fondateur de Patagonia. «Nous avons aussi mis en place une Amap [Association pour le maintien d'une agriculture paysanne. NDLR] bio au siège de l'entreprise, explique-t-il. Chaque semaine, 80 paniers sont livrés par la Ferme de Magné aux salariés qui le souhaitent.»
Il le reconnaît volontiers, cet hiver, ses quatre enfants ont mangé beaucoup de choux. Mais c'est pour la bonne cause. A son domicile, il a installé un puisard de 300 litres pour récupérer l'eau de pluie, les parquets sont en bambou (ressource renouvelable), et le linge familial est lavé avec de la lessive écologique, en l'occurrence des noix de lavage 100% biodégradables, récoltées dans le piémont himalayen.
Jacques Rocher, lui, consacre sa vie à l'environnement. En 2008, il a reçu le Sceptre d'or du développement durable au Sénat. Le président de la fondation Yves Rocher-Institut de France parcourt le monde pour le reboiser. Il s'est fixé l'objectif de planter 5 millions d'arbres avant fin 2009. En Inde, à Madagascar, au Sénégal... «Chaque jour, c'est l'équivalent de trois fois la surface de Paris qui disparaît à cause de la déforestation», dénonce-t-il. Dans sa vie quotidienne, il multiplie les microgestes. «Je trie mes déchets, bien sûr, je prends des douches de préférence au bain, je viens de troquer ma chaudière au fioul pour une pompe à chaleur...» Le fils d'Yves Rocher, qui mange trois pommes... bio par jour, a aussi proscrit les dosettes de café et roule en Toyota Prius.
L'éco-hôtel spa que le groupe Yves Rocher vient d'inaugurer à La Gacilly, son berceau, est un modèle du genre. La Grée des Landes dispose de toits végétalisés, de deux chaudières à bois alimentées par la forêt voisine de Brocéliande, d'une serre à l'architecture bioclimatique, de matériaux de haute qualité environnementale, tel le chanvre, connu aussi pour ses performances thermiques. Et pas question d'installer le Wi-Fi, les connexions se font par un réseau filaire dans chaque chambre, où les produits monodoses des salles de bains ont été remplacés par des distributeur rechargeables. Le restaurant propose des produits Made in Bretagne et des menus bio. Et à l'extérieur, un jardin planté de roseaux filtre la totalité des eaux usées. Un paradis écolo pour riches en rééducation.
Kira Mitrofanoff
évidemment c'est encore dérisoire, mais c'est la tendance qui est intéressante.
Fortunes. Merci les riches
Cobayes à l'insu de leur plein gré
Les riches sont les premiers servis en nouveautés, biens ou services, quand elles sont rares donc chères, quitte à essuyer les plâtres... Puis le produit se banalisera.
Près du rayon légumes de ce magasin économique de province, elles attendent. Jaune tigré, bien droites dans leurs flacons. Au-dessus de leurs pétales évocateurs propices à tous les fantasmes, un panneau casse le charme : «Orchidées 2 euros pièce seulement !» On brade l'orchidée qui a longtemps été un attribut chic de la France d'en haut. Cette fleur rare et chère est devenue un cadeau de supermarché. «Le prix des orchidées a été divisé par vingt en une vingtaine d'années, depuis que l'on a découvert le champignon microscopique qui favorise sa multiplication», se désole Geneviève Lecoufle, spécialiste de cette merveille de la nature que l'on cultive par champs entiers dans les usines à fleurs des Pays-Bas.
Le marché de l'orchidée illustre le rôle précurseur des riches dans la société de consommation. C'est parce qu'il s'est trouvé une minorité de clients capables de la payer jusqu'à 100 euros pièce que l'on a pu mettre au point une orchidée vendue aujourd'hui à 2 euros.
Démocratisation
Le processus a été plus rapide encore pour le home cinéma. Encore réservé à quelques happy few en 2000, il se payait de 6 000 à... 15 000 euros. Aujourd'hui, ce symbole du co-cooning est disponible à partir de 500 euros, les améliorations techniques en plus. «Les élites, et parmi elles les riches, ont un rôle éminent dans le jeu économique qui a été décrit par l'économiste américain Everett Rogers dès 1962, souligne Bertrand Venard, professeur de management à Audencia. Grâce à son fort pouvoir d'achat, 2% de la population peut s'offrir des produits fabriqués en petites séries et donc très chers, permettant ensuite aux industriels de passer à une production en masse à prix réduits.»
Pionniers des nouvelles tendances de consommation, les riches sont ensuite imités par le reste de la population pour le meilleur et pour le pire. La cocaïne a ainsi, elle aussi, descendu rapidement la pyramide sociale : «Au début des années 1990, un gramme de coke s'achetait 150 euros, aujourd'hui c'est 40 euros, assure Laurent Karila, médecin addictologue à l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif. Longtemps cantonnée à une élite, la consommation de ce stupéfiant a explosé et concerne maintenant tous les milieux, jeunes, vieux, riches et pauvres.»
Cobayes de la consommation de masse, les riches achètent les nouveaux produits au prix fort et essuient les plâtres. Dès les années 1930, ils ont été les premiers à voyager en avion à une époque où la sécurité n'était pas optimale.
Aujourd'hui, certains sont prêts à subir des semaines de préparation physique et à se délester d'une dizaine de millions de dollars pour participer aux débuts du tourisme spatial.
De même, sur la stèle du monument aux riches pionniers de la consommation, on pourrait inscrire les noms de ceux qui ont été les premiers à faire appel à la chirurgie esthétique à une époque où la main qui tenait le scalpel était moins assurée qu'aujourd'hui, et où la guérison était longue et douloureuse. Certains en portent des stigmates durables : Mickey Rourke ou Elizabeth Taylor pour citer deux cas célèbres. Sans parler de feu Michael Jackson. «En vingt ans, le lifting a été considérablement simplifié et ne nécessite plus qu'une nuit d'hospitalisation, explique le docteur Stéphane Smarrito, chirurgien esthétique exerçant à Paris et en Suisse. Le Botox est arrivé, la liposuccion est devenue plus sûre et la pose de prothèses mammaires a vu son prix diminuer de moitié en même temps qu'elle réduisait les désagréments postopératoires.»
Un autre exemple, celui du GPS, illustre bien ce tribut payé par les riches précurseurs, même s'il est moins tragique que les premiers liftings. Au début des années 1990, les systèmes de navigation balbutiants équipaient les Safrane et Mercedes de PDG moyennant un surcoût de plus de 20 000 francs - l'équivalent de 3 000 euros. Aujourd'hui, le néerlandais TomTom propose le guidage par satellite à tout le monde avec ses petits boîtiers vendus 150 euros pour l'entrée de gamme. «Nous avons la volonté d'offrir un haut niveau de service au plus grand nombre de consommateurs», indique Antoine Saucier, directeur commercial automobile de TomTom, qui ne cesse d'ajouter des fonctionnalités à ses boîtiers. Ces évolutions sont très rapides dès qu'il s'agit de produits high-tech. Ainsi, quand on voit que le Black Berry fait partie des modèles de téléphones préférés des lycéens, qui s'en servent pour se connecter à Facebook et Twitter, on a du mal à se rappeler que ce terminal mobile jadis gris, lourd et coûteux n'était réservé qu'aux cadres dirigeants. «Tout cela était prémédité, assure Arnaud Villeger, le chef du secteur téléphonie de la Fnac, le BlackBerry a d'abord été mis entre les mains des élites pour que tout le monde en veuille.»
Les entreprises connaissent bien la théorie dite «du cycle de vie des produits» décrite par Bertrand Venard : «A son lancement, une innovation est toujours très chère et donc destinée à des clients fortunés, dans un deuxième temps, sa diffusion permet d'atténuer le poids des coûts fixes, dans un troisième temps, on atteint une taille critique qui permet des économies d'échelle et l'on peut, s'il y a de la concurrence, baisser les prix. Enfin, dans la phase de maturité, c'est l'ouverture à une clientèle de moins en moins solvable.»
Le joaillier Mauboussin a misé sur cette logique et multiplié son chiffre d'affaires par trois depuis 2003. «Nous avons décidé de proposer des bijoux accessibles au plus grand nombre, affirme Alain Nemarq, le PDG de la marque qui propose une bague au prix plancher de 890 euros. Du jamais-vu place Vendôme !
Nouvelle vertu du «vert»
Et aujourd'hui, à l'heure ou le bling-bling est oublié pour cause de crise, que nous défrichent les riches ? Selon l'expert en marketing Jean-Noël Kapferer, les riches de 2009 s'achètent une conduite. S'ils flambent, c'est dans le «vert» : «Les consommateurs riches sont en train de défricher le terrain sur les marchés des équipements écolos : maisons passives, pompes à chaleur, véhicules électriques, piscines naturelles...» Comme toujours, la France d'en bas attend sagement son tour, et jouira sans le savoir, le moment venu, d'un des mécanismes les plus compensateurs du système capitaliste.
Fortunes. Les nouveaux codes
Ils se dépensent pour le développement durable
Nos millionnaires ne se contentent plus de s'acheter une conscience en compensant leur bilan carbone. Entre deux jets, ils changent aussi leur mode de vie et convertissent leur entreprise aux valeurs vertes.
Les 500 riches du classement de Challenges ont une dette colossale à l'égard de la planète. Jets privés, hélicoptères, haciendas, berlines et 4 × 4... Chez eux, tout est souvent plus grand, plus gros. Et donc plus polluant. Mais la terre montre des signes d'épuisement, et les mentalités changent rapidement. Y compris chez les 500. Pour les héritiers ou les nouveaux riches, le développement durable est désormais symbole de pérennité. «Il y avait PPR avant Home, et il y aura PPR après Home», affirme, par exemple, François-Henri Pinault, le PDG du groupe de distribution et de luxe qui a financé le film de Yann Arthus-Bertrand sur l'état de la planète. Et d'ajouter : «Notre façon de vivre n'est pas viable, si les entreprises ne s'occupent pas de ça, je ne sais pas comment on va s'en sortir.»
Deniers personnels
Avant lui, Pierre-André Sénizergues, le créateur de la marque de baskets Etnies, avait investi ses deniers personnels dans La Onzième Heure, le film produit par Leonardo DiCaprio sur les méfaits de l'homme. Installé en Californie, ce Frenchy qui a fait fortune résume ainsi son combat : «Quand je rencontre d'autres patrons, je leur demande : qu'est-ce que vous comptez laisser pour vos enfants ? Et ils comprennent qu'il y a autre chose que le retour sur investissement.»
Franck Riboud, le PDG de Danone, acquiesce. «La croissance ne doit pas être une fin en soi», dit-il. En quelques mois, son groupe vient de créer un fonds d'investissement pour la nature, un autre baptisé Ecosystème, et un blog environnemental, Lespiedssurterre.danone.com. Qu'on se le dise, les riches vivent proprement. Désormais, à chaque fois qu'il prend l'avion, François-Henri Pinault compense ses émissions de CO2 auprès de la société Action Carbone de son ami Yann Arthus-Bertrand. Le fils de François Pinault a aussi remisé son coupé sport et roule en Lexus hybride. Tout comme Antoine Arnault, le fils de Bernard, équipé de la même voiture moins polluante. «Cette prise de conscience, nous ne l'avons pas découverte en visionnant Home, le film par ailleurs magnifique de Yann Arthus-Bertrand. Elle s'est accomplie progressivement», expliquait le président de LVMH lors d'une conférence sur le luxe durable à Monaco, le 15 juin.
A l'instar de Reinold Geiger, le propriétaire de L'Occitane qui ne roule qu'en Vélib'à Paris, Aliza Jabès a aussi renoncé à son 4 × 4 Toyota pour la petite citadine iQ, bien plus propre. Et cette végétarienne rêve maintenant de transformer sa fl otte d'entreprise en une armada de véhicules verts. La fondatrice de la marque de cosmétiques Nuxe, fusion des mots nature et luxe, a entrepris sa révolution verte. Suppression des notices, lancement d'une gamme bio, recyclage des cartouches d'imprimerie, bilan carbone... «Il faut montrer l'exemple.»
«Oui, notre statut de leader du luxe nous oblige à l'exemplarité», dit aussi Bernard Arnault, qui a investi cette année dans Edun, l'entreprise éco-responsable du chanteur Bono et de son épouse. Difficile, en effet, de publier des rapports sur le développement durable sans se soumettre à des règles de vie plus économes. Mais à quels sacrifices nos chers millionnaires sont-ils prêts ? «Ma vision, ma définition du développement durable n'est pas le retour à l'âge des cavernes, au dépouillement total, au renoncement à tout plaisir, tout épanouissement, toute satisfaction», affirme le patron de LVMH. Voilà qui est dit.
Management quotidien
Charles Kloboukoff n'habite pas dans un tipi, mais il a ses convictions chevillées au corps. Quand on l'interroge, le PDG de Léa Nature (115 millions d'euros de chiffre d'affaires) tire son caleçon bio de son pantalon pour l'exhiber. Certes, ce patron écolo, par ailleurs conseiller municipal à La Rochelle, dispose d'un téléphone mobile dont la nocivité des ondes est mal connue, mais il applique les préceptes du développement durable dans son management quotidien.
Son entreprise s'est équipée, par exemple, d'ordinateurs Evolutis, de la société Ashelvea, entièrement biodégradables, compostables et recyclables. Et depuis 2007, Léa Nature reverse une part de son chiffre d'affaires au club 1% Pour la planète créé par Yves Chouinard, le fondateur de Patagonia. «Nous avons aussi mis en place une Amap [Association pour le maintien d'une agriculture paysanne. NDLR] bio au siège de l'entreprise, explique-t-il. Chaque semaine, 80 paniers sont livrés par la Ferme de Magné aux salariés qui le souhaitent.»
Il le reconnaît volontiers, cet hiver, ses quatre enfants ont mangé beaucoup de choux. Mais c'est pour la bonne cause. A son domicile, il a installé un puisard de 300 litres pour récupérer l'eau de pluie, les parquets sont en bambou (ressource renouvelable), et le linge familial est lavé avec de la lessive écologique, en l'occurrence des noix de lavage 100% biodégradables, récoltées dans le piémont himalayen.
Jacques Rocher, lui, consacre sa vie à l'environnement. En 2008, il a reçu le Sceptre d'or du développement durable au Sénat. Le président de la fondation Yves Rocher-Institut de France parcourt le monde pour le reboiser. Il s'est fixé l'objectif de planter 5 millions d'arbres avant fin 2009. En Inde, à Madagascar, au Sénégal... «Chaque jour, c'est l'équivalent de trois fois la surface de Paris qui disparaît à cause de la déforestation», dénonce-t-il. Dans sa vie quotidienne, il multiplie les microgestes. «Je trie mes déchets, bien sûr, je prends des douches de préférence au bain, je viens de troquer ma chaudière au fioul pour une pompe à chaleur...» Le fils d'Yves Rocher, qui mange trois pommes... bio par jour, a aussi proscrit les dosettes de café et roule en Toyota Prius.
L'éco-hôtel spa que le groupe Yves Rocher vient d'inaugurer à La Gacilly, son berceau, est un modèle du genre. La Grée des Landes dispose de toits végétalisés, de deux chaudières à bois alimentées par la forêt voisine de Brocéliande, d'une serre à l'architecture bioclimatique, de matériaux de haute qualité environnementale, tel le chanvre, connu aussi pour ses performances thermiques. Et pas question d'installer le Wi-Fi, les connexions se font par un réseau filaire dans chaque chambre, où les produits monodoses des salles de bains ont été remplacés par des distributeur rechargeables. Le restaurant propose des produits Made in Bretagne et des menus bio. Et à l'extérieur, un jardin planté de roseaux filtre la totalité des eaux usées. Un paradis écolo pour riches en rééducation.
Kira Mitrofanoff
évidemment c'est encore dérisoire, mais c'est la tendance qui est intéressante.
Fortunes. Merci les riches
Cobayes à l'insu de leur plein gré
Les riches sont les premiers servis en nouveautés, biens ou services, quand elles sont rares donc chères, quitte à essuyer les plâtres... Puis le produit se banalisera.
Près du rayon légumes de ce magasin économique de province, elles attendent. Jaune tigré, bien droites dans leurs flacons. Au-dessus de leurs pétales évocateurs propices à tous les fantasmes, un panneau casse le charme : «Orchidées 2 euros pièce seulement !» On brade l'orchidée qui a longtemps été un attribut chic de la France d'en haut. Cette fleur rare et chère est devenue un cadeau de supermarché. «Le prix des orchidées a été divisé par vingt en une vingtaine d'années, depuis que l'on a découvert le champignon microscopique qui favorise sa multiplication», se désole Geneviève Lecoufle, spécialiste de cette merveille de la nature que l'on cultive par champs entiers dans les usines à fleurs des Pays-Bas.
Le marché de l'orchidée illustre le rôle précurseur des riches dans la société de consommation. C'est parce qu'il s'est trouvé une minorité de clients capables de la payer jusqu'à 100 euros pièce que l'on a pu mettre au point une orchidée vendue aujourd'hui à 2 euros.
Démocratisation
Le processus a été plus rapide encore pour le home cinéma. Encore réservé à quelques happy few en 2000, il se payait de 6 000 à... 15 000 euros. Aujourd'hui, ce symbole du co-cooning est disponible à partir de 500 euros, les améliorations techniques en plus. «Les élites, et parmi elles les riches, ont un rôle éminent dans le jeu économique qui a été décrit par l'économiste américain Everett Rogers dès 1962, souligne Bertrand Venard, professeur de management à Audencia. Grâce à son fort pouvoir d'achat, 2% de la population peut s'offrir des produits fabriqués en petites séries et donc très chers, permettant ensuite aux industriels de passer à une production en masse à prix réduits.»
Pionniers des nouvelles tendances de consommation, les riches sont ensuite imités par le reste de la population pour le meilleur et pour le pire. La cocaïne a ainsi, elle aussi, descendu rapidement la pyramide sociale : «Au début des années 1990, un gramme de coke s'achetait 150 euros, aujourd'hui c'est 40 euros, assure Laurent Karila, médecin addictologue à l'hôpital Paul-Brousse de Villejuif. Longtemps cantonnée à une élite, la consommation de ce stupéfiant a explosé et concerne maintenant tous les milieux, jeunes, vieux, riches et pauvres.»
Cobayes de la consommation de masse, les riches achètent les nouveaux produits au prix fort et essuient les plâtres. Dès les années 1930, ils ont été les premiers à voyager en avion à une époque où la sécurité n'était pas optimale.
Aujourd'hui, certains sont prêts à subir des semaines de préparation physique et à se délester d'une dizaine de millions de dollars pour participer aux débuts du tourisme spatial.
De même, sur la stèle du monument aux riches pionniers de la consommation, on pourrait inscrire les noms de ceux qui ont été les premiers à faire appel à la chirurgie esthétique à une époque où la main qui tenait le scalpel était moins assurée qu'aujourd'hui, et où la guérison était longue et douloureuse. Certains en portent des stigmates durables : Mickey Rourke ou Elizabeth Taylor pour citer deux cas célèbres. Sans parler de feu Michael Jackson. «En vingt ans, le lifting a été considérablement simplifié et ne nécessite plus qu'une nuit d'hospitalisation, explique le docteur Stéphane Smarrito, chirurgien esthétique exerçant à Paris et en Suisse. Le Botox est arrivé, la liposuccion est devenue plus sûre et la pose de prothèses mammaires a vu son prix diminuer de moitié en même temps qu'elle réduisait les désagréments postopératoires.»
Un autre exemple, celui du GPS, illustre bien ce tribut payé par les riches précurseurs, même s'il est moins tragique que les premiers liftings. Au début des années 1990, les systèmes de navigation balbutiants équipaient les Safrane et Mercedes de PDG moyennant un surcoût de plus de 20 000 francs - l'équivalent de 3 000 euros. Aujourd'hui, le néerlandais TomTom propose le guidage par satellite à tout le monde avec ses petits boîtiers vendus 150 euros pour l'entrée de gamme. «Nous avons la volonté d'offrir un haut niveau de service au plus grand nombre de consommateurs», indique Antoine Saucier, directeur commercial automobile de TomTom, qui ne cesse d'ajouter des fonctionnalités à ses boîtiers. Ces évolutions sont très rapides dès qu'il s'agit de produits high-tech. Ainsi, quand on voit que le Black Berry fait partie des modèles de téléphones préférés des lycéens, qui s'en servent pour se connecter à Facebook et Twitter, on a du mal à se rappeler que ce terminal mobile jadis gris, lourd et coûteux n'était réservé qu'aux cadres dirigeants. «Tout cela était prémédité, assure Arnaud Villeger, le chef du secteur téléphonie de la Fnac, le BlackBerry a d'abord été mis entre les mains des élites pour que tout le monde en veuille.»
Les entreprises connaissent bien la théorie dite «du cycle de vie des produits» décrite par Bertrand Venard : «A son lancement, une innovation est toujours très chère et donc destinée à des clients fortunés, dans un deuxième temps, sa diffusion permet d'atténuer le poids des coûts fixes, dans un troisième temps, on atteint une taille critique qui permet des économies d'échelle et l'on peut, s'il y a de la concurrence, baisser les prix. Enfin, dans la phase de maturité, c'est l'ouverture à une clientèle de moins en moins solvable.»
Le joaillier Mauboussin a misé sur cette logique et multiplié son chiffre d'affaires par trois depuis 2003. «Nous avons décidé de proposer des bijoux accessibles au plus grand nombre, affirme Alain Nemarq, le PDG de la marque qui propose une bague au prix plancher de 890 euros. Du jamais-vu place Vendôme !
Nouvelle vertu du «vert»
Et aujourd'hui, à l'heure ou le bling-bling est oublié pour cause de crise, que nous défrichent les riches ? Selon l'expert en marketing Jean-Noël Kapferer, les riches de 2009 s'achètent une conduite. S'ils flambent, c'est dans le «vert» : «Les consommateurs riches sont en train de défricher le terrain sur les marchés des équipements écolos : maisons passives, pompes à chaleur, véhicules électriques, piscines naturelles...» Comme toujours, la France d'en bas attend sagement son tour, et jouira sans le savoir, le moment venu, d'un des mécanismes les plus compensateurs du système capitaliste.
0 x
-
- Econologue expert
- Messages : 12684
- Inscription : 25/02/08, 18:54
- Localisation : Bourgogne
- x 3374
Absent moi-même plusieurs jours, je reçois avec plaisir votre réponse.
Vous dites:
Plus loin :
Sur la croissance, il est bien évident qu’elle passe d’abord par une phase transitoire de stagnation avant d’amorcer un réel déclin : les conditions de la croissance ont objectivement cessés d’exister mais les pratiques conservent une certaine inertie comme on le verra plus loin (dans le post suivant).
Concernant Rostow, je maintiens mon propos : les thèses qu’il avance sont indéfendables et risibles. Si mes souvenirs sont bons, il s’agissait d’une œuvre de commande à des fins de propagande.
La diminution de la mortalité infantile est un fait incontestable due à une certaine médicalisation, mais cela ne corrobore en rien les affirmations de Rostow.
La prééminence de l’économique, du travail comme lien social… Ce que je ne nie aucunement en tant que constat, mais cette approche rejette d’emblée d’autres possibles.
Sur le libéralisme économique, vous semblez tirer argument de la disparition de son système concurrent pour en conclure à une meilleure efficacité de celui-là. Cependant, il faut tenir compte de l’aspect dynamique : l’URSS s’est écroulée, mais le libéralisme peut disparaître à son tour, rien ne permet d’affirmer que des causes, peut-être pas si éloignées, n’auront pas le même effet…
Sur l’aliénation dans le travail et la consommation, il y aurait beaucoup à dire : je pense que (re)lire Illitch, Marx et beaucoup d’autres dont le nom ne me viens pas à l’esprit, s’impose… (Marcuse fut célèbre en son temps mais son style est particulièrement indigeste : bon courage !).
Sur la liberté le choix est encore plus grand : tous les philosophes en ont traité puisque c’est la pierre angulaire de cette discipline…
vous dites ne pas "proposer un monde parfait et utopique"...
Pour la perfection, je vous suis : seules les dictatures peuvent se réclamer de cette qualité ; la proposition inverse est également pertinente : lorsque la politique cesse d’être l’art du possible pour viser à la perfection, la dictature est en vue.
Pour l’utopie, je crois qu’il faut laisser ouverte la porte des possibles, sous peine de se cantonner à une perpétuelle réitération de l’existant.
Je poursuivrais la suite de cette réponse très bientôt.
Vous dites:
Absolument d'accord! Ma critique aurait mérité également de plus amples développements pour être plus précise."y répondre est loin d'être évident, il faudrait presque écrire un autre bouquin!"
Plus loin :
Certainement ! Des livres entiers lui on été consacrés sans épuiser le sujet… Ce qui n’empêche pas cette ambigüité d’être gênante car ce concept entre dans la catégorie des mots « valises » où tout le monde croit entendre la même chose alors que chacun met un sens qui lui est propre.qu'est-ce que le progrès? Il est évident que mon livre n'est pas assez clair sur cette question, mais y répondre en quelques lignes est utopique.
Sur la croissance, il est bien évident qu’elle passe d’abord par une phase transitoire de stagnation avant d’amorcer un réel déclin : les conditions de la croissance ont objectivement cessés d’exister mais les pratiques conservent une certaine inertie comme on le verra plus loin (dans le post suivant).
Concernant Rostow, je maintiens mon propos : les thèses qu’il avance sont indéfendables et risibles. Si mes souvenirs sont bons, il s’agissait d’une œuvre de commande à des fins de propagande.
La diminution de la mortalité infantile est un fait incontestable due à une certaine médicalisation, mais cela ne corrobore en rien les affirmations de Rostow.
"quels sont d'après vous mes présupposés???"
La prééminence de l’économique, du travail comme lien social… Ce que je ne nie aucunement en tant que constat, mais cette approche rejette d’emblée d’autres possibles.
Sur le libéralisme économique, vous semblez tirer argument de la disparition de son système concurrent pour en conclure à une meilleure efficacité de celui-là. Cependant, il faut tenir compte de l’aspect dynamique : l’URSS s’est écroulée, mais le libéralisme peut disparaître à son tour, rien ne permet d’affirmer que des causes, peut-être pas si éloignées, n’auront pas le même effet…
Sur l’aliénation dans le travail et la consommation, il y aurait beaucoup à dire : je pense que (re)lire Illitch, Marx et beaucoup d’autres dont le nom ne me viens pas à l’esprit, s’impose… (Marcuse fut célèbre en son temps mais son style est particulièrement indigeste : bon courage !).
Sur la liberté le choix est encore plus grand : tous les philosophes en ont traité puisque c’est la pierre angulaire de cette discipline…
vous dites ne pas "proposer un monde parfait et utopique"...
Pour la perfection, je vous suis : seules les dictatures peuvent se réclamer de cette qualité ; la proposition inverse est également pertinente : lorsque la politique cesse d’être l’art du possible pour viser à la perfection, la dictature est en vue.
Pour l’utopie, je crois qu’il faut laisser ouverte la porte des possibles, sous peine de se cantonner à une perpétuelle réitération de l’existant.
Je poursuivrais la suite de cette réponse très bientôt.
0 x
"Ne croyez surtout pas ce que je vous dis."
-
- Econologue expert
- Messages : 12684
- Inscription : 25/02/08, 18:54
- Localisation : Bourgogne
- x 3374
Je cite en entier une de vos réponses, car il s’y glisse, à mon sens la même erreur que dans le cas de l’aliénation que je me suis contenté de survoler plus haut.
Si j’en juge par ce texte, la différence, en termes de conséquences, entre la consommation d’un pauvre et celle d’un riche serait de nature semblable, mais différente par son degré.
C’est oublier que l’opposition entre pauvre ou riche n’est pas anecdotique ou indifférente, comme le serait par exemple "blond ou brun", mais fait référence à un rapport de pouvoir (je n’ai pas écrit "de classe !") entre des dominés et des dominants. Ce rapport de pouvoir structure la société de telle sorte que les choix essentiels sont fait par les dominants, les dominés ne pouvant que choisir à l’intérieur de ce qu’on leur propose.
La dernière phrase me permet de préciser un peu : elle semble admettre l’idée d’une symétrie et d’une égalité parfaite entre les deux agents économiques que sont l’entreprise, d’une part, et le consommateur, d’autre part.
Il est bien évident qu’il s’agit là d’une illusion : la production technique de masse suppose une organisation poussée au plus haut degré, cela implique également une maîtrise de la consommation, maîtrise qui s’opère par le biais de la publicité et des mass-médias et qui vise à circonvenir le plus complètement possible le consommateur.
Je donnerais un exemple concret du non-choix réel du consommateur : aux Etats-Unis existait un maillage très serré de transport collectif, lorsque se sont développées les usines de production d’automobiles à la chaîne, ce réseau a été sciemment démantelé.
Autre exemple, Nous avons le choix entre un grand nombre de marques et de modèles (souvent fabriqués par la même société !) de nombreux objets mais tous sont conçus pour être rapidement hors d’usage, soit par fabrication, soit par une obsolescence due à l’incompatibilité avec d’autres objets plus récents ou tout simplement à la mode.
J’arrête là, il serait possible de les multiplier à l’infini.
Vous demandez des précisions sur : "Là où je ne partage pas les vues de l’auteur, c’est dans cette vision mécaniste"
Notre société est tout entière dominée par la technique, ou si vous préférez cette formulation, la dominance s’organise à partir de la technique*. Dès lors, il n’est pas surprenant que la technique envahisse jusqu’à notre interprétation du monde ; vous choisissez une approche sociologique qui ne manque pas d’intérêt mais qui ne peut donner plus que ses limites.
Explicitant l’homme dans ses déterminismes qui sont nombreux et puissants, j’en conviens, cette méthode telle que vous l’appliquez va trop loin dans ses conclusions : même si le déterminisme opérait à 95 ou même 99% (les pourcentages ne sont là que pour image…), alors resterait 5 ou 1 % d’inexpliqué, la part de la liberté, part minime mais part essentielle!
Vous ne prétendait pas fournir « clé en main » un monde parfait, (j’approuve chaudement !), vous souhaitez plus modestement apporter plus d’autonomie et de mieux-être à l’individu…gràce à un conditionnement par des médias ou des « modèles » : ça pose au moins deux problèmes.
1- qui va déterminer (c’est bien le mot !) la direction de ce conditionnement et sur quel critères ? Comment peut-on seulement imaginer qu’il puisse y avoir non seulement une recette » au bonheur humain, mais une quasi obligation au bonheur ?
2- il y a une contradiction absolue entre l’autonomie et le conditionnement : que dire d’une autonomie qui résulterait d’un conditionnement, sinon que c’est absurde.
*et non de la technologie, que vous employez comme son synonyme. Il s’agit d’un anglicisme trop souvent employé à tort, puisque en français technologie signifie science ou étude de la technique.
je ne dit pas qu'il y a égalité de nuisance mais que même les plus pauvres (dans les pays OCDE) ont un mode de vie insoutenable, accuser les riches (qui bien sûr polluent plus) n'est donc pas productif. quant aux entreprises, elle ne produisent que ce que nous voulons bien leur acheter, leurs nuisances sont donc les nôtres
Si j’en juge par ce texte, la différence, en termes de conséquences, entre la consommation d’un pauvre et celle d’un riche serait de nature semblable, mais différente par son degré.
C’est oublier que l’opposition entre pauvre ou riche n’est pas anecdotique ou indifférente, comme le serait par exemple "blond ou brun", mais fait référence à un rapport de pouvoir (je n’ai pas écrit "de classe !") entre des dominés et des dominants. Ce rapport de pouvoir structure la société de telle sorte que les choix essentiels sont fait par les dominants, les dominés ne pouvant que choisir à l’intérieur de ce qu’on leur propose.
La dernière phrase me permet de préciser un peu : elle semble admettre l’idée d’une symétrie et d’une égalité parfaite entre les deux agents économiques que sont l’entreprise, d’une part, et le consommateur, d’autre part.
Il est bien évident qu’il s’agit là d’une illusion : la production technique de masse suppose une organisation poussée au plus haut degré, cela implique également une maîtrise de la consommation, maîtrise qui s’opère par le biais de la publicité et des mass-médias et qui vise à circonvenir le plus complètement possible le consommateur.
Je donnerais un exemple concret du non-choix réel du consommateur : aux Etats-Unis existait un maillage très serré de transport collectif, lorsque se sont développées les usines de production d’automobiles à la chaîne, ce réseau a été sciemment démantelé.
Autre exemple, Nous avons le choix entre un grand nombre de marques et de modèles (souvent fabriqués par la même société !) de nombreux objets mais tous sont conçus pour être rapidement hors d’usage, soit par fabrication, soit par une obsolescence due à l’incompatibilité avec d’autres objets plus récents ou tout simplement à la mode.
J’arrête là, il serait possible de les multiplier à l’infini.
Vous demandez des précisions sur : "Là où je ne partage pas les vues de l’auteur, c’est dans cette vision mécaniste"
Notre société est tout entière dominée par la technique, ou si vous préférez cette formulation, la dominance s’organise à partir de la technique*. Dès lors, il n’est pas surprenant que la technique envahisse jusqu’à notre interprétation du monde ; vous choisissez une approche sociologique qui ne manque pas d’intérêt mais qui ne peut donner plus que ses limites.
Explicitant l’homme dans ses déterminismes qui sont nombreux et puissants, j’en conviens, cette méthode telle que vous l’appliquez va trop loin dans ses conclusions : même si le déterminisme opérait à 95 ou même 99% (les pourcentages ne sont là que pour image…), alors resterait 5 ou 1 % d’inexpliqué, la part de la liberté, part minime mais part essentielle!
Vous ne prétendait pas fournir « clé en main » un monde parfait, (j’approuve chaudement !), vous souhaitez plus modestement apporter plus d’autonomie et de mieux-être à l’individu…gràce à un conditionnement par des médias ou des « modèles » : ça pose au moins deux problèmes.
1- qui va déterminer (c’est bien le mot !) la direction de ce conditionnement et sur quel critères ? Comment peut-on seulement imaginer qu’il puisse y avoir non seulement une recette » au bonheur humain, mais une quasi obligation au bonheur ?
2- il y a une contradiction absolue entre l’autonomie et le conditionnement : que dire d’une autonomie qui résulterait d’un conditionnement, sinon que c’est absurde.
*et non de la technologie, que vous employez comme son synonyme. Il s’agit d’un anglicisme trop souvent employé à tort, puisque en français technologie signifie science ou étude de la technique.
0 x
"Ne croyez surtout pas ce que je vous dis."
-
- Econologue expert
- Messages : 12684
- Inscription : 25/02/08, 18:54
- Localisation : Bourgogne
- x 3374
Venons-en aux 2 articles cités à l’appui de votre thèse (mais il en existe bien d’autres sur "l’économie verte").
Pour le premier, le plus intéressant, un petit détour est nécessaire.
Au début des années 70 l’écologie politique était un mouvement confidentiel suscitant incompréhension et sarcasmes dans l’opinion publique. Puis, sous l’influence conjointe de certains groupes influents (club de Rome) et des désillusions de la fin des "trente glorieuses" (qui ne l’étaient pas tant que ça), cette même opinion publique vira du tout au tout pour sombrer peu à peu dans l’écolomania qui sévit aujourd’hui.
Certains sur ce forum se réjouissent de ce qu’ils perçoivent comme une "prise de conscience", alors que, en réalité, depuis que l’écologie est partout, elle n’est plus nulle part.
Triomphe de la propagande, cette machiavélique récupération d’idées portées, au départ, par des gens sincères et désintéressés peut, dès lors, servir de machine de guerre pour relancer la croissance qui s’essoufflait ! Un comble, l’écologie au service du gaspillage !
Pour cela il a suffit de surenchérir sur l’élan initial et, bien sûr, d’inactiver la dimension critique originelle. Plan génial qui a cependant mis du temps à rallier à lui tous ceux qui espèrent bien en tirer profit, probablement n’en avaient-ils pas évalué tout son potentiel...
Cerise sur le gâteau, le marketing vert ne permet pas seulement d’espérer continuer à piller la planète « respectueusement », il fait aussi diversion par rapport au problème social et politique. Les plus avisés des dominants savent pertinemment que la grosseur du gâteau va se restreindre inexorablement et que s’il veulent conserver les plus grosses parts, il n’y a guère qu’une stratégie de possible : d’une part, se dissimuler derrière l’écran de fumée d’une idéologie justificatrice (ce ne sera plus la religion comme autrefois, ni la croissance comme hier, mais l’environnement*), d’autre part, pour ceux, minoritaires, qui ne seront pas abusés, l’usage accru de la violence d’état.
Le premier article se termine par ce commentaire:
La vraie tendance, c’est, justement, vers le dérisoire, le symbolique ; le petit investissement mystificateur qui entrainera et dupera les foules.
Vous voyez que je suis d’accord que cela fonctionne bien comme il est décrit dans votre livre. Pour ce qui est des conséquences, elles seront vraisemblablement très différentes que celles que vous envisagiez…
Le second texte cité est une variante de la fumeuse théorie économique libérale dite du « ruissellement » ; dans le cas présent, cela explicite bien le mécanisme de la consommation ostentatoire chère à Thorstein Veblen. Cela ne fait que confirmer le rôle des "leaders" d’opinion, qui ne fait pas débat : ce que je conteste c’est la pertinence de l’emploi de ce média qui ne doit pas s’évaluer à sa seule efficacité mais à sa finalité. Il y a ici un radical antagonisme entre le moyen et la fin.
*ou la "religion de l'environnement" avec ses rites, son crédo et sa culpabilisation.
Pour le premier, le plus intéressant, un petit détour est nécessaire.
Au début des années 70 l’écologie politique était un mouvement confidentiel suscitant incompréhension et sarcasmes dans l’opinion publique. Puis, sous l’influence conjointe de certains groupes influents (club de Rome) et des désillusions de la fin des "trente glorieuses" (qui ne l’étaient pas tant que ça), cette même opinion publique vira du tout au tout pour sombrer peu à peu dans l’écolomania qui sévit aujourd’hui.
Certains sur ce forum se réjouissent de ce qu’ils perçoivent comme une "prise de conscience", alors que, en réalité, depuis que l’écologie est partout, elle n’est plus nulle part.
Triomphe de la propagande, cette machiavélique récupération d’idées portées, au départ, par des gens sincères et désintéressés peut, dès lors, servir de machine de guerre pour relancer la croissance qui s’essoufflait ! Un comble, l’écologie au service du gaspillage !
Pour cela il a suffit de surenchérir sur l’élan initial et, bien sûr, d’inactiver la dimension critique originelle. Plan génial qui a cependant mis du temps à rallier à lui tous ceux qui espèrent bien en tirer profit, probablement n’en avaient-ils pas évalué tout son potentiel...
Cerise sur le gâteau, le marketing vert ne permet pas seulement d’espérer continuer à piller la planète « respectueusement », il fait aussi diversion par rapport au problème social et politique. Les plus avisés des dominants savent pertinemment que la grosseur du gâteau va se restreindre inexorablement et que s’il veulent conserver les plus grosses parts, il n’y a guère qu’une stratégie de possible : d’une part, se dissimuler derrière l’écran de fumée d’une idéologie justificatrice (ce ne sera plus la religion comme autrefois, ni la croissance comme hier, mais l’environnement*), d’autre part, pour ceux, minoritaires, qui ne seront pas abusés, l’usage accru de la violence d’état.
Le premier article se termine par ce commentaire:
évidemment c'est encore dérisoire, mais c'est la tendance qui est intéressante
La vraie tendance, c’est, justement, vers le dérisoire, le symbolique ; le petit investissement mystificateur qui entrainera et dupera les foules.
Vous voyez que je suis d’accord que cela fonctionne bien comme il est décrit dans votre livre. Pour ce qui est des conséquences, elles seront vraisemblablement très différentes que celles que vous envisagiez…
Le second texte cité est une variante de la fumeuse théorie économique libérale dite du « ruissellement » ; dans le cas présent, cela explicite bien le mécanisme de la consommation ostentatoire chère à Thorstein Veblen. Cela ne fait que confirmer le rôle des "leaders" d’opinion, qui ne fait pas débat : ce que je conteste c’est la pertinence de l’emploi de ce média qui ne doit pas s’évaluer à sa seule efficacité mais à sa finalité. Il y a ici un radical antagonisme entre le moyen et la fin.
*ou la "religion de l'environnement" avec ses rites, son crédo et sa culpabilisation.
0 x
"Ne croyez surtout pas ce que je vous dis."
Revenir vers « Medias et actualités: émissions TV, reportages, livres, actualités... »
Qui est en ligne ?
Utilisateurs parcourant ce forum : Macro et 370 invités