Les ostréiculteurs entendus par le ministre de la Pêche
Angélique Négroni
31/07/2009 | Mise à jour : 13:52 | Commentaires 1 | Ajouter à ma sélection
Des ostréiculteurs du bassin d'Arcachon vendent leur production, le 26 juillet 2009, malgré l'interdiction préfectorale.
Des ostréiculteurs du bassin d'Arcachon vendent leur production, le 26 juillet 2009, malgré l'interdiction préfectorale. Crédits photo : AFP
Contesté depuis des années par les ostréiculteurs, le test de la souris sur l'innocuité des huîtres pourrait être remplacé d'ici à fin 2009.
«Les ostréiculteurs du bassin d'Arcachon sont à bout de nerf, plongés dans un désespoir absolu et certains sont désocialisés. C'est catastrophique.» Cette situation décrite par Goulven Brest, président du Conseil national de la conchyliculture (CNC), pourrait prochainement s'améliorer.
Prenant à bras-le-corps le dossier sensible de la surveillance sanitaire des coquillages, le ministre de la Pêche, Bruno Le Maire, a annoncé hier que le test contesté de la souris pourrait être remplacé fin 2009. Ce test qui consiste à injecter au rongeur un extrait de glande digestive du coquillage est au cœur de vifs débats depuis plusieurs années. Goulven Brest qui le juge «bon» assure qu'il est pourtant à l'origine de la situation désastreuse qu'affrontent les entreprises ostréicoles. «Depuis le début des années 1980, ce procédé a fait ses preuves. Mais depuis cinq ans, sur le bassin d'Arcachon, même quand il n'y a pas d'algues toxiques, il livre parfois des résultats défavorables», explique-t-il.
«Une situation absurde»
Selon lui, des molécules, sans conséquences pour l'homme, viennent fausser les résultats. Or, seul moyen de contrôle autorisé au niveau européen, le test reste en vigueur et sur la base de ses résultats, la vente des huîtres, à nouveau autorisée depuis hier, a été interdite à quatre reprises depuis mai. «Une situation absurde», selon le représentant des professionnels de la conchyliculture. À l'issue d'une réunion sur le sujet hier et rassemblant les responsables concernés, Bruno Le Maire a convenu que le test de la souris «le seul disponible» , présentait «un certain nombre d'imprécisions qui sont insatisfaisantes à la fois pour les producteurs et les consommateurs». C'est pourquoi, a-t-il indiqué, «il faut trouver un test alternatif au test de la souris». En accélérant les travaux des chercheurs sur la question, il espère donc obtenir d'ici à la fin de cette année un nouveau mode de contrôle «plus précis, plus convaincant, plus explicatif et tout aussi protecteur pour la santé du consommateur». Mais compte tenu de la situation économique dramatique qui frappe les producteurs d'huîtres dont certains, a rappelé le ministre, «n'ont plus de revenus», il y a urgence à agir. C'est pourquoi, d'ici à l'arrivée du nouveau test qui doit être validé par Bruxelles, Bruno Le Maire assure travailler à «une solution transitoire». Or les professionnels ont déjà soumis au gouvernement une proposition d'attente : «Il s'agit de recourir à chaque fois à trois tests : celui de la souris, mais aussi l'observation du milieu pour s'assurer de la présence ou non d'algues toxiques et le test chimique», explique Goulven Brest, signalant par ailleurs que les producteurs attendaient une réponse dès demain du ministre. Or ce dernier n'a pas fixé de date, évoquant plutôt une réflexion sur plusieurs semaines.
D'ici là, de nouveaux contrôles des coquillages pourraient une fois de plus entraîner l'interdiction de vente. Or, découragés, certains ostréiculteurs pourraient ne pas respecter la consigne comme ce fut le cas tout récemment. Ainsi, en deux jours, dimanche et lundi dernier, les forces de l'ordre ont relevé 37 infractions.
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