La France surinvestit-elle dans le nucléaire ?

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jlt22
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La France surinvestit-elle dans le nucléaire ?




par jlt22 » 31/07/09, 14:15

Article trouvé dans Les Echos

Benjamin Dessus

Bulle nucléaire, le retour

BENJAMIN DESSUS EST PRESIDENT DE GLOBAL CHANCE

A la fin de l'année dernière (« Les Echos » du 24-12-2008), nous mettions en garde l'opinion et le gouvernement contre le risque de voir la France surdimensionner très largement son parc de production électrique en 2020, comme elle l'a déjà fait dans les années 1980. L'analyse du document préparatoire de Programmation pluriannuelle des investissements électrique (PPI) montrait en effet que, si les engagements du Grenelle étaient tenus, 130 TWh d'électricité ne trouveraient pas preneurs en France en 2020 et devraient donc être exportés (contre 80 TWh en 2008).

Six mois plus tard, alors que le président d'EDF demande une augmentation des tarifs de 20 % pour financer ses investissements, où en est-on ?

Jean-Louis Borloo a présenté le 3 juin dernier à la presse un document PPI en tout point semblable au document préparatoire, alors que la situation a profondément évolué. La crise est passée par là, alors que la PPI continue à l'ignorer en affichant une croissance annuelle du PIB de 2,1 % par an de 2008 à 2020. On sait pourtant que l'indice de production industrielle qui a déjà perdu 11 % en 2008 va continuer à chuter en 2009, d'au moins 15 %. Au total sur ces deux années le retard de croissance est de l'ordre de 30 % par rapport aux prévisions de la PPI. Il est donc tout à fait improbable que la consommation d'électricité du secteur industriel atteigne 158 TWh en 2020 (contre 132 en 2008) comme s'obstine à le prévoir la PPI, en maintenant l'hypothèse d'une réindustrialisation massive de la France, inverse de la tendance historique, et en niant la crise. Il est bien plus probable que cette production, continue à perdre des points dans l'ensemble du PIB français. On peut donc très sérieusement se demander si la consommation de l'industrie en 2020 affichée par la PPI n'est pas surestimée de 20 à 30 TWh. Compte tenu de ce ralentissement, ce sont plutôt 150 à 160 TWh d'électricité excédentaire qu'il faudrait essayer d'exporter en 2020.

Comment exporter 160 TWh par an alors que nos lignes transfrontalières à haute tension sont aujourd'hui limitées à moins de 100 TWh ? Il faudrait, d'ici à 2020, un effort d'investissement de lignes 400.000 volts sans précédent qui se heurtera certainement à des questions d'acceptation sociale majeures, avec des retards et des surcoûts importants.

A qui exporter ? A nos voisins européens nous dit-on. A ceci près que eux aussi connaissent la crise et parfois plus durement que nous, qu'ils ont entrepris des politiques de maîtrise de l'électricité volontaristes (contrairement à la France) et de production d'électricité renouvelable et que certains d'entre eux, avec l'appui de notre président VRP en réacteurs nucléaires, envisagent de nouveaux réacteurs .

Enfin, à quel coût ? Là encore on nage en pleine incertitude : depuis 2003, dernière date à laquelle la direction générale de l'énergie (DGEMP), a publié des chiffres concernant l'EPR, les coûts d'investissement ont été multipliés par 2,5. Rien qu'entre 2006 et 2008, le coût complet de production d'électricité en base de l'EPR de Flamanville, selon EDF, passe de 46 euros/MWh à 54 euros/MWh, et à 60 pour Penly, contre 28,40 euros/MWh en 2003 (DGEMP), plus qu'un doublement en cinq ans ! Et les difficultés que rencontre aujourd'hui EDF dans la construction de Flamanville ne sont pas pour nous rassurer.

On a le sentiment qu'on reproduit les mêmes erreurs que dans les années 1970-1980 : on « prévoyait » en 1975, sous la pression du lobby nucléaire, une consommation de 1.000 TWh en 2000 (contre 474 TWh en réalité) d'où le surdimensionnement du parc nucléaire, d'une douzaine de tranches, qu'on a connu.

Et ce n'est pas la perspective d'une percée du véhicule électrique (« Les Echos » du 26 décembre 2008) qui risque de changer la donne : si l'objectif ambitieux de 1 million de véhicules électriques en 2020 était tenu, pour 10.000 km/an par véhicule, cela ne représenterait que 2, 5 TWh/an de consommation supplémentaire, moins d'un quart de la production d'un EPR, 0,5 % de la consommation nationale …

On comprendrait mal dans ces conditions que le débat national sur le nouvel EPR de Penly, qui va s'ouvrir, se borne à des considérations locales et ne soit pas l'occasion de revenir sur les prévisions de demande et la pertinence des choix d'investissement. Et puis, dans la période actuelle, ne vaudrait-il pas mieux investir dans la réhabilitation thermique des bâtiments dont le contenu en emplois par million d'euros dépensé est au moins 5 fois supérieur à celui d'une centrale nucléaire.

Les investisseurs éventuels qui s'intéressent à l'EPR de Penly seraient bien inspirés de ne pas trop se fier à ces « prévisions » officielles, mais de faire sérieusement leurs calculs de rentabilité en fonction de perspectives plus réalistes.


Le rapport PPI:

http://www.developpement-durable.gouv.f ... i_2002.pdf

Voilà pourquoi le PDG d'EDF réclame 20% d'augmentation sur les tarifs électricité !!!
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par simseb » 31/07/09, 14:19

Il faut prévoir le développement fort et rapide des transports électriques à venir sous peine de manquer de jus lorsque des milliers de voitures seront branchées chaque soir.
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par ex-océano » 02/08/09, 19:52

La plupart des voitures roulent pour aller au travail et pour en revenir. On peut aussi se ravitailler en énergie électrique durant la journée si l'entreprise pour laquelle on travaille installe des panneaux PV sur son toit afin d'alimenter des bornes de recharge pour ses employés.
Cela pourrait être considéré comme une aide au transport...
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par Bucheron » 02/08/09, 21:57

simseb a écrit :Il faut prévoir le développement fort et rapide des transports électriques à venir sous peine de manquer de jus lorsque des milliers de voitures seront branchées chaque soir.
L'article en parle, et les ordres de grandeur sont donnés... Pas de quoi s'affoler !
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par Remundo » 23/02/13, 23:11

Corinne LEPAGE publie un article "énergique" contre la filière nucléaire française.
Le nucléaire est en train de ruiner la France

NUCLÉAIRE - Une grande part des difficultés économiques que rencontrent notre pays vient du secteur nucléaire, qu'il s'agisse de notre balance commerciale ou de notre développement industriel ou encore des coûts et de la précarité énergétique
[]
Aucun EPR n'est vendu et ne risque de l'être compte tenu de l'enlisement des chantiers finlandais et français. Échecs successifs à Abu Dhabi, aux Emirats arabes Unis, aux Etats Unis et en Tchéquie. Quant aux partenariats avec la Chine, à la condition qu'ils ne nous dépossèdent pas de notre patrimoine immatériel (brevets), quelles seraient les retombées pour notre commerce extérieur?
[]
Les situations financières d'EDF et d'Areva sont plus que préoccupantes

EDF vient d'exiger 5 Mds d'euros de l'Etat, qui bien évidemment manqueront ailleurs. L'EPR est en passe de devenir un gouffre financier. Flamanville, qui tangente désormais les 9 mds d'euros, est déserté par le partenaire d'EDF, ENEL contraint de surcroît à lui rembourser la bagatelle de 610 M d'euros. Et qui va assumer la différence entre le prix de revient et le coût de l'EPR construit par Areva en Finlande (9Mds) et des 2 EPR construits en Chine a moitié prix.
[]
Le coût exorbitant du nucléaire va plomber durablement le prix de l'énergie

En effet, le prix de l'électricité va monter sauf que cette hausse va désormais être très largement le fait du nucléaire qui sera plus cher que l'éolien terrestre -les courbes sont en passe de se croiser en Allemagne- et sans doute le solaire va suivre (le prix du nucléaire augmente quand le prix des ENr baisse).

Source : Le Huffington Post
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par jlt22 » 13/03/13, 13:39

Effectivement, le prix du nucléaire va plomber durablement le prix de l'énergie:

Lu dans dossier de capital sur L'EPR de Flamanville:

Aujourd’hui, 93% du génie civil serait achevé et l’on peut espérer que le chantier ne connaîtra plus de contretemps. Mais l’on sait déjà que l’énergie qui sortira bien un jour de l’EPR ne sera pas donnée : selon la Cour des comptes, le prix de revient devrait se situer à 90 euros le mégawattheure (MWh), contre 32 euros en moyenne dans les 58 centrales en activité. Ce tarif est deux fois plus élevé que celui annoncé par EDF au lancement du projet en 2005. Et il est comparable à celui de l’électricité produite par l’éolien terrestre. Le mythe du nucléaire bon marché a vécu !


Dossier complet:
http://www.capital.fr/enquetes/derapages/epr-six-ans-de-galere-819081
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par Did67 » 13/03/13, 15:12

Se rappeler que cela fait quelques années que les directeurs successifs d'EDF "réclament" 30 % de hause de leur tarif...

Ils connaissent les comptes, eux !
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par moinsdewatt » 13/03/13, 21:01

jlt22 a écrit :Effectivement, le prix du nucléaire va plomber durablement le prix de l'énergie:

Lu dans dossier de capital sur L'EPR de Flamanville:

Aujourd’hui, 93% du génie civil serait achevé et l’on peut espérer que le chantier ne connaîtra plus de contretemps. Mais l’on sait déjà que l’énergie qui sortira bien un jour de l’EPR ne sera pas donnée : selon la Cour des comptes, le prix de revient devrait se situer à 90 euros le mégawattheure (MWh), contre 32 euros en moyenne dans les 58 centrales en activité. Ce tarif est deux fois plus élevé que celui annoncé par EDF au lancement du projet en 2005. Et il est comparable à celui de l’électricité produite par l’éolien terrestre. Le mythe du nucléaire bon marché a vécu !


Dossier complet:
http://www.capital.fr/enquetes/derapages/epr-six-ans-de-galere-819081


Hi HI Hi, l' electricité est encore plus chére en Allemagne. Bien qu' ils aient plus d' éolienne et de centrales solaires PV que la France.
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par Cuicui » 13/03/13, 22:19

moinsdewatt a écrit :[Hi HI Hi, l' electricité est encore plus chére en Allemagne. Bien qu' ils aient plus d' éolienne et de centrales solaires PV que la France.
Cela signifie-t-il que le nombre d'éoliennes et de centrales solaires en Allemagne est encore insuffisant pour pallier le manque de centrales nucléaires ?
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par Did67 » 14/03/13, 09:31

L'Allemagne paye très cher une part de courant issu d'énergies renouvelables subventionnées (éolien, photovoltaïque et méthanisation - 7 000 unités contre 90 en France).

En effet, par un mécaisme de type CSPE, particulièrement favorable, le prix du courant est "plombé". Pour l'instant.

Le système est en révision. La production de cultures énergétiques pour le biométhane est dans quelques endroits, en train de "flinguer" l'agriculture "productrice de nourriture" !

Les experts allemands prévoient que dans 10 à à 15 ans, cet "inconvénient" deviendra un avantage quand le prix des autres énergies aura flambé, mais que l'Allemagne aura un parc "renouvelable" plus ou moins amorti, une expertise qui lui aura permis de baisser les piix de production... et d'exporter (déjà, le "gros" des équipeme,nts des unités de méthanisation françaises est d'origine allemande !)

Ce qu'essaye de faire EDF actuellement, en tirant en longueur des centrales amorties (et remboursées), pour produire du courant moins cher (que celui qui sortira des nouvelles centrales).

Insidieusement, il y a un second aspect : cela permet d'échapper 10 ou 20 ans encore au problème du démantellement, qui sera un gouffre financier, sans production en face ! [se renseigner sur la vitesse d'avancement du démantellement de Brennilis en Bretagne ou de Chooz dans les Ardennes]

http://www.lemonde.fr/planete/article/2 ... _3244.html
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