L’« économie verte », mirage ou vraie source de travail ?
Que se cache-t-il derrière les 600 000 emplois verts « promis » par le Grenelle de l’environnement ? Décryptage.
En juin, l’étude du Boston Consulting Group (BCG) pour le ministère de l’Écologie montrait que le Grenelle de l’environnement allait créer 600 000 emplois d’ici 2020, dont 392 000 pour la seule rénovation thermique des bâtiments. Mais dans un article paru le 30 juillet, Le Monde s’interrogeait sur la crédibilité de ce chiffre, révélant que les principales fédérations concernées par les chantiers du Grenelle (bâtiment, travaux publics…) n’avaient pas été consultées.
Reconvertir dans le « vert »
Le BCG reconnaissait en outre qu’il s’agissait d’emplois « créés ou maintenus ». Une nuance de taille… Pourtant, la secrétaire d’État au ministre de l’Écologie, Valérie Létard, a affirmé hier que cette estimation pourrait même s’élever à « 700 000 ou 750 000 emplois » si tous les investissements sont réalisés. Explications de la déléguée interministérielle au Développement durable, Michèle Pappalardo : « Nous avons comparé l’étude avec celles réalisées par d’autres pays à l’occasion de leurs plans de relance, et la France n’est pas la plus optimiste. D’autre part, même si des activités vont disparaître, les formations permettront la reconversion dans des métiers « verts », qui seront donc bien de nouveaux emplois… »
Au-delà de ces querelles, divers experts jugent l’objectif de 600 000 emplois réaliste. Selon l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie), dont les méthodes de calcul sont différentes, l’efficacité énergétique des bâtiments résidentiels devrait, selon son édition 2008, représenter 320 000 emplois équivalent temps plein en 2012, dont 88 000 créations de postes. Mais c’était sans compter sur la rénovation des bâtiments du tertiaire (bureaux, commerce) ou le boom des rénovations de HLM.
Autre exemple : le Syndicat des énergies renouvelables (SER) mise sur 250 000 emplois créés en 2020, contre 134 000 dans l’étude du BCG. À conditions toutefois de maintenir les tarifs d’achat de l’électricité « propre » et de ne pas remettre en cause le développement de l’éolien. Jean Philippe Roudil, délégué général du SER s’inquiète des réticences publiques de Nicolas Sarkozy envers l’énergie du vent, qui ont selon lui « fait fuir plusieurs investisseurs ». Malgré le tassement de la demande, les entreprises de l’énergie verte sont optimistes : « elles résistent bien à la mauvaise conjoncture économique », indique Thomas Gaudin, de l’Ademe.
Le chauffage au bois devrait redécoller
Exemple : après avoir vu son chiffre d’affaire augmenter de 25 % entre 2004 et 2007 (et le nombre de ses salariés de 19 %, soit 49 personnes aujourd’hui), le spécialiste alsacien du chauffage au bois Fondis est certes en récession cette année. Mais il table sur une croissance de 5 à 10 % dès l’année prochaine, et sur trois à quatre embauches.
Enfin, Julien Allaire, économiste au Gart (Groupement des autorités responsables des transports), estime que passer de 600 000 à 800 000 emplois dans le secteur des transports publics — le BCG table sur 249 000 nouveaux emplois en 2018 – ne pose pas de problème… À condition que les investissements publics prévus, (soit 60 milliards d’euros pour les 2000 km de ligne à grande vitesse, 38 milliards pour les transports en commun) soient au rendez-vous.
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