PITTSBURGH - Les Etats membres du G20 ont crié victoire, vendredi, dans leur combat contre la crise économique et financière et ont promis de faire davantage de place aux pays émergents dans la reconstruction et l'encadrement de l'économie mondiale.
Les chefs d'Etat et de gouvernement du G20 réunis à Pittsburgh se sont dits convaincus d'avoir remporté leur bataille contre la crise financière. Cela a marché, clament-ils laconiquement dans leur communiqué final. (Reuters/Jim Bourg)
Dans leur communiqué final, les chefs d'Etat et de gouvernement du Groupe des Vingt s'engagent en outre à poursuivre les mesures de relance pour garantir une reprise durable de la croissance, à créer le cadre nécessaire à un rééquilibrage coordonné de l'économie mondiale et à édicter de nouvelles et plus rigoureuses normes règlementaires pour le secteur bancaire d'ici 2012.
"Ici à Pittsburgh, les dirigeants représentant les deux tiers de la population mondiale ont adopté un plan international pour l'emploi, la croissance et une reprise économique durable", s'est félicité le Premier ministre britannique Gordon Brown.
Dressant le bilan des engagements pris en avril, lors du sommet de Londres, les membres du G20 se montrent très satisfaits: "Cela a marché", clament-ils laconiquement dans le point 5 de leur communiqué final. "Notre réponse énergique a contribué à stopper la chute dangereuse de l'activité mondiale et à stabiliser les marchés financiers."
Barack Obama, hôte pour la première fois d'un grand rendez-vous international, n'a pas caché sa satisfaction. "On ne peut tolérer que perdure l'économie du passé, avec ses hauts et ses bas."
"Il est hors de question d'attendre qu'il y ait la crise pour coopérer. C'est pourquoi notre nouveau cadre de travail permettra à chacun d'entre nous d'évaluer les politiques des autres, de parvenir à un consensus sur les réformes et de garantir que la demande mondiale soutient la croissance pour tous", a déclaré le président des Etats-Unis.
"UNE RECONNAISSANCE DES RÉALITÉS"
Troisième sommet du genre depuis le début de l'année, le G20 de Pittsburgh a ainsi propulsé l'organisation au rang de "forum prioritaire" en matière de coopération économique mondiale. G7 et G8, qui assuraient depuis des décennies la coordination des politiques économiques des grandes puissances, sont ainsi supplantés, ce qui consacre le poids grandissant de la Chine ou de l'Inde dans la croissance mondiale.
"Ce mouvement vers le G20 et cette démarcation du G7 est une reconnaissance des réalités économiques. On ne peut parler de l'économie mondiale sans avoir les économies émergentes les plus dynamiques à la table des négociations", a commenté John Lipsky, directeur général adjoint du Fonds monétaire international (FMI), interrogé par Reuters Television.
Les révélations sur l'existence d'un deuxième centre d'enrichissement d'uranium en Iran ont par ailleurs donné à Barack Obama l'occasion de lancer un appel à la cohésion pour amener Téhéran à renoncer à ses activités nucléaires sensibles.
La République Islamique, a-t-il déclaré en présence de Nicolas Sarkozy et de Gordon Brown, a été avertie qu'elle devait faire un choix quant à la "poursuite d'une voie qui mène à la confrontation", lors de la réunion du 1er octobre à Genève avec les grandes puissances.
"EXCÈS DE CONFIANCE"
Malgré leur victoire, les Etats membres du G20 reconnaissent que beaucoup reste à faire pour assurer une reprise économique durable. "Le sentiment de retour à la normalité ne doit pas nous conduire à un excès de confiance", disent-ils dans le communiqué. "Nous voulons une croissance sans cycles d'expansion et de ralentissement extrêmes et des marchés qui encouragent la responsabilité et non l'inconscience."
Outre les mesures de régulation, qui doivent être arrêtées avant la fin 2010 et mises en oeuvre deux ans plus tard, le G20 a décidé d'encadrer les salaires et les primes dans le secteur bancaire. Les Etats membres se sont entendus sur une disposition qui permettrait aux entreprises de récupérer des bonus versés dans certaines circonstances, afin de ne pas encourager les risques excessifs.
En ce qui concerne la répartition des voix au FMI, "nous avons pris l'engagement d'un transfert de quotes-parts au profit des pays émergents et en développement dynamiques d'au moins 5% depuis les pays surreprésentés vers les pays sous-représentés en utilisant la formule actuelle des quotes-parts comme la base de notre travail", disent-ils.
Au chapitre de l'environnement, le G20 annonce la fin à moyen terme des subventions en faveur des énergies fossiles et promet de redoubler d'efforts pour parvenir à un accord de la conférence de Copenhague sur le réchauffement climatique, qui se tiendra du 7 au 18 décembre.
Enfin, les chefs d'Etat et de gouvernement apportent leur soutien à l'appel de Barack Obama en faveur d'un rééquilibrage de l'économie, qui passe par une réduction des excédents commerciaux des pays exportateurs tels que la Chine et du déficit des gros importateurs comme les Etats-Unis.
Ils promettent de coopérer à l'évaluation de leurs politiques respectives et de juger collectivement de leur cohérence avec une croissance plus durable et plus équilibrée.
Malgré la cohésion affichée à Pittsburgh, les délégués n'ont pu cacher certaines frictions. De nombreux Européens ont notamment jugé les engagements en matière de lutte contre le réchauffement insuffisants.
"Je ne cache pas mes craintes quant à la lenteur des progrès. Les négociations ne peuvent durer éternellement. Le moment est venu d'agir", a ainsi souligné José Manuel Barroso, le président de la Commission européenne.
A l'extérieur du centre de conférence, 10.000 manifestants ont défilé dans le calme après les heurts de jeudi.
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