Plusieurs milliers de manifestants, principalement français, allemands et suisses, se sont rassemblés samedi devant la gare de Colmar pour demander la fermeture de la centrale nucléaire de Fessenheim, la plus ancienne du parc électronucléaire français, a constaté Reuters.
"Pas d'acharnement thérapeutique pour la plus vieille centrale de France", pouvait-on lire sur une banderole.
La police évaluait le nombre des manifestants à 3.300 vers 14H30 alors que les antinucléaires, retardés par les embouteillages autour de la ville en quasi état de siège, continuaient d'arriver.
La plupart des accès autoroutiers à la préfecture du Haut-Rhin sont fermés et un périmètre d'environ deux kilomètres autour de la gare est interdit à la circulation.
Des policiers équipés de barrières anti-émeutes gardent les axes stratégiques.
"C'est une situation ubuesque », a estimé le sénateur Vert du Haut-Rhin, Jacques Muller, qui participe à la manifestation organisée par le réseau associatif Sortir du nucléaire.
"Elle montre la réalité : le nucléaire, c'est tabou. La démocratie se retrouve bafouée", a-t-il ajouté.
La préfecture s'est défendue de toute démesure dans la gestion des forces l'ordre, estimant que « la présence de groupes violents est toujours possible". Elle souligne la nécessité d'empêcher les manifestants d'approcher du centre-ville.
DES CARS BLOQUES?
Le maire UMP de Colmar, Gilbert Meyer, avait exclu dès le départ cette éventualité et proposé aux manifestants de se réunir dans un stade, ce qu'ils ont refusé.
La préfecture a également démenti avoir empêché des autocars allemands de passer la frontière comme l'ont affirmé des manifestants.
Stéphane Lhomme, porte-parole du réseau Sortir du nucléaire a maintenu auprès de Reuters ces accusations.
« On nous dit que des cars sont arrêtés à la frontière. Il y a des vérifications très longues où chacun est contrôlé. Ils vont être relâchés mais trop tard pour la manifestation », a-t-il estimé.
La manifestation se tient à quelque jours du début de la troisième visite décennale de la centrale de Fessenheim, un bilan de santé qui dira si ses deux réacteurs de 900 mégawatts sont aptes à fonctionner dix années de plus.
Mise en service au bord du Rhin en 1977, elle est pointée du doigt depuis trois ans par l'Autorité de sûreté nucléaire (ASN), l'organisme de contrôle des activités nucléaires civiles, qui relève des « écarts » vis-à-vis des règles d'exploitation plus nombreux que dans les autre centrales hexagonales.
L'ASN a néanmoins jugé dans son rapport 2008 que le site était « en progrès ».
Son président, André-Claude Lacoste, estimait en novembre dernier « très improbable » que l'ASN préconise une fermeture de l'installation lorsqu'elle rendra son avis début 2011.
Patrick Genthon avec Gilbert Reilhac, édité par Sophie Louet
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