L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) prévoit de financer en partie deux projets de biocarburant de seconde génération, validés en juin dernier par son Comité de pilotage. La décision inquiète les associations écologistes, alors que l’expertise de l’ADEME sur le bilan énergétique des biocarburants de première génération n’est toujours pas parue. FNE demande un gel de tout développement industriel des agrocarburants, qu’ils soient de première ou de deuxième génération, tant que leur intérêt environnemental et énergétique n’aura pas été démontré.
L’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie (Ademe) devrait financer en partie les projets de production de biocarburant de seconde génération (à partir de la plante entière) GAYA et BioTFuel, validés en juin dernier par son Comité de pilotage.
Porté par GDF SUEZ, GAYA a pour objectif de démontrer à l’échelle pré-industrielle la validité technique, économique, environnementale et sociétale de la filière de production des biocarburants gazeux par voie thermochimique. Le projet prévoit de construire et d’exploiter pendant 7 ans une chaîne complète de démonstrateurs. Labellisé par le pôle de compétitivité TENERRDIS, le dossier réunit des organismes de recherche (LGC, LSGC, RAPSODEE, UCCS), des centres techniques (CEA, CIRAD, CTP, FCBA), un exploitant de la filière ressource (UCFF) et des industriels (GDF SUEZ, Repotec).
Le deuxième projet, BioTFuel, est porté par un consortium réunit autour de SOFIPROTEOL, du CEA, de l’IFP, d’Axens, de Total et d’un partenaire gazéifieur. Objectif : mettre au point une licence de procédés pour une valorisation par voie thermochimique de biomasse d’origine lignocellulosique et de charges fossiles (par ajout de charbon), pour l’obtention de biocarburants de type biogazole et biokérozène. Le procédé prendra en compte l’ensemble de la chaîne de gazéification de la biomasse : préparation et trituration de la biomasse, torréfaction, gazéification, train d’épuration des gaz, synthèse Fisher Tropsch (FT). Le démonstrateur sera réalisé à une échelle encore éloignée d’une infrastructure industrielle, mais devrait permettre de lever les verrous technologiques afin de développer des licences pour des unités de production capable à terme de produire 200 000 à 300 000 litres de biocarburant par an.
Les écologistes inquiets
La production de biokérozène intéresse tout particulièrement les compagnies aériennes, montrés du doigt comme l’un des principaux responsables de la pollution dans le secteur des transports. Il pourrait se substituer, au moins partiellement, au kérosène. Plusieurs vols d’essais ont déjà eu lieu en 2008 et 2009 pour tester la formule sur des avions de type Boeing avec Air New Zealand, Continental Airlines et Japan Airlines. À chaque fois, les mélanges se sont comportés sans altérer le fonctionnement des moteurs.
Reste à connaître les avantages objectifs des biocarburants sur l’environnement. L’expertise attendue de l’ADEME sur le bilan énergétique des agrocarburants de première génération se fait toujours désirer. Repoussée plusieurs fois, la remise des résultats devrait se faire courant octobre. Mais les associations de défense de l’environnement s’inquiètent déjà d’un développement à grande échelle qui ne serait pas sans conséquence sur l’agriculture. Selon Jean-Claude Bévillard, responsable des questions agricoles à FNE, « il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs !. Avant tout développement industriel des agrocaburants – qui, au passage, n’ont rien de « bio » - une expertise sur leur bilan énergétique, climatique, environnemental (eau, sol, biodiversité) et sanitaire est indispensable ». Pour France Nature environnement, « la vocation première de l’agriculture est de nourrir sainement les hommes, pas de d’alimenter les moteurs de nos voitures ! ».
9 octobre 2009, Patrick Cros
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