La Provence a écrit :
MPM : les déchets triés finissent à la décharge
35 contributions Publié le mercredi 25 novembre 2009 à 14H15
A Marignane comme à Marseille, depuis plusieurs semaines, les déchets triés par les particuliers sont directement amenés à la décharge.
Depuis un mois, Silim Environnement envoyait les déchets issus du tri sélectif en décharge. Sur ordre de MPM, assure la société.
Photo Philippe Larue
"Nous assurons la collecte sélective et nous suivons les indications de Marseille Provence Métropole. Si nous avons acheminé ces déchets spécifiques en décharge, c'est parce que MPM nous l'a demandé". C'est ainsi qu'un responsable de Silim Environnement s'est justifié ce matin, après la dénonciation d'une "panne" du tri sélectif sur le secteur de Marignane qui leur est attribué. En d'autres termes, les citoyens s'échinent à séparer le verre et les emballages pour que ceux-ci soient finalement réunis et mélangés aux autres déchets ! Une information que MPM n'a ni confirmée, ni démentie.
Et cela concerne 13 camions au moins "déroutés" par Silim Environnement (filiale de la Société des eaux de Marseille) dans huit communes : Marignane, Saint-Victoret, Châteauneuf-les-Martigues, La Mède, Ensuès-la-Redonne, Gignac, Sausset et Carry-le-Rouet. L'alerte a été donnée par le réseau Ecoforum, qui a dénoncé l'envoi à la décharge d'Entressen de déchets de Marseille Provence Métropole destinés aux centres de tri sélectif.
Ce que nous a confirmé ce matin un salarié de Silim Environnement : "depuis un mois, nous effectuons notre tournée sur le secteur de Marignane mais on nous demande d'emmener ces déchets à Ensuès, mélangés aux autres, au lieu de les acheminer au centre de tri de Palun", géré également par Silim Environnement, qui ne fonctionnait plus depuis la grève des salariés de Bronzo à Marseille il y a un mois... et qui a repris son activité ce matin.
Même situation hallucinante à Marseille, comme nous l'a confirmé l'adjointe UMP au maire de Marseille en charge de la propreté, Martine Vassal. Selon elle, depuis un mois, Sita (filiale de Suez) reçoit la collecte sélective effectuée par Derichebourg dans les bornes de point d'apport volontaire (les énormes conteners installés sur le trottoir qui reçoivent le papier, le verre, le plastique...) sans être en mesure de traiter ces déchets... faute de centre adéquat. Ce qui ne l'a pas empêchée de recevoir l'avis d'attribution de ce marché, grâce à une offre inférieure de 5 millions d'euros à celle proposée par le groupement Bronzo-Queyras.
Dans un communiqué, la société s'explique : "Sita reste en attente de la notification de ce marché et c'est seulement après cette étape que Sita pourrait être chargée de cette prestation". Les lenteurs administratives expliqueraient donc ce "flottement". C'est d'ailleurs la version avancée également par MPM, qui assure que ce "problème de jonction entre deux marchés" devrait être réglé d'ici 2 à 3 semaines. "Le décalage administratif de quelques jours n’a rien d’exceptionnel ou
d’anormal, compte tenu de l’importance, de la complexité technique et de la durée de la procédure pour ce type de contrats, précise la communauté urbaine. Pour le verre et le papier, le tri sélectif n’a jamais été interrompu. Pour les autres déchets recyclables, des mesures de stockage provisoire ont été prises, dans l’attente de la reprise de l’activité par la société
attributaire du marché."
Cela étant dit, Sita reconnaît que "l'ensemble des emballages à trier seront acheminés provisoirement vers Vedène et Narbonne pendant les six premiers mois du contrat, dans l'attente de la construction d'une unité de tri de haute technologie aux portes de MPM."
"La commission d'attribution est souveraine, insiste l'élue UMP, mais je constate que cet appel d'offres a été passé en juin, retiré, repassé... Et qu'aujourd'hui on s'aperçoit qu'il y a eu un flottement. C'est inadmissible. C'est encore un problème de gestion qui vient entâcher la gouvernance partagée. On découvre cela par les médias et personne ne nous donne d'informations. C'est le black-out total à MPM..."
En juin dernier, les six élus qui composent la commission des appels d'offres (trois de gauche, trois de droite) ont choisi à l'unanimité la proposition de Sita, alors que les services techniques de MPM poussaient le duo Bronzo-Queyras. Cette attribution ayant été annulée pour une raison juridique, le marché a été réétudié cet automne. Cette fois, les services techniques s'étaient ralliés à la proposition Sita, qui a de nouveau été choisie par les élus afin que la filiale de Suez prenne le relai de Queyras qui accomplissait cette tâche jusqu'alors.
Ce n'est pas la première fois que de telles défaillances sont pointées. Dans un rapport de 2007 de la Cour des comptes, il est mentionné que "la communauté urbaine a effectivement précisé que les déchets collectés dans les 15e et 16e arrondissements n'ont pas été recyclés, mais ont été envoyés directement dans un centre de transfert, pour finir en décharge. (...) Les entreprises ont donc été indemnisées pour collecter des déchets recyclés en plus de la collecte traditionnelle, pour envoyer finalement une partie de ces déchets en décharge." De même, la SDU-FSU 13 a rappelé il y a quelques temps que lorsque la collecte sélective a démarré à Marseille, "tout est parti pendant six mois dans les poubelles normales, tellement tout était désorganisé...".
Victor Hugo Espinoza, président d'Ecoforum et par ailleurs élu à MPM, rappele qu''"on paie 1000€ par an par tonne pour une collecte sélective et qu'on a en fait une collecte classique qui devrait coûter 280€ par an par tonne".
La rédaction web de La Provence
source : http://www.laprovence.com/article/regio ... a-decharge