Lutter contre la déforestation est l'un des moyens dont disposent les Etats pour réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ce mécanisme, nommé REDD, est en discussion au sommet de Copenhague. Une fois de plus il met face à face pays riches et pays en développement.
Image du bassin amazonien obtenu par CLASlite: en rose et bleu les zones déforestées, en vert la forêt intacte.
Image du bassin amazonien obtenu par CLASlite: en rose et bleu les zones déforestées, en vert la forêt intacte. (Courtesy Greg Asner/CLASlite)
Les Etats réunis pour le sommet de Copenhague parlent gros sous, c’est inévitable. Il faut financer la lutte contre le réchauffement climatique, en particulier les aides apportées aux pays pauvres ou en développement qui sont très vulnérables aux changements climatiques. La préservation des forêts est l’un des enjeux importants de cette coopération mondiale.
Elle est discutée depuis plusieurs années dans le cadre du dispositif REDD, acronyme bien pratique qui résume un long intitulé : «réduction des émissions liées à la déforestation et à la dégradation de la forêt dans les pays en développement».
Les émissions de CO2 émises par la destruction des forêts tropicales représentent 12 à 20% des émissions annuelles globales de gaz à effet de serre (GES). Couper les arbres et modifier les sols libèrent de grandes quantités de CO2 stockées par ces forêts. Sans compter que la déforestation réduit l’étendue d’un des principaux puits de carbone naturels de la planète. Le Brésil, l’Indonésie (qui a aujourd’hui le rythme de déforestation le plus alarmant) et le Congo sont les premiers concernés par la REDD.
Ce schéma peut être financé de deux façons : soit par des mécanismes de marché, les pays qui protègent leurs forêts vendant des crédits d’émissions sur un marché carbone international. Soit par des fonds gouvernementaux –il en existe déjà qui financent des projets en Amazonie ou en Indonésie.
Le système de marché peut avoir des effets pervers : d’abord celui de permettre aux pollueurs de continuer à émettre des GES alors qu’il est important de réduire rapidement les émissions (lire 2020 année charnière…). Il risque aussi de transformer les forêts en nouvel ‘or vert’, convoité par des investisseurs, au détriment des populations qui vivent dans ces forêts sans la détruire. Un chercheur britannique, Simon Lewis (University of Leeds) écrivait récemment dans la revue Nature que les habitants des forêts tropicales devaient être les bénéficiaires d’au moins 50% des financements de la REDD, afin de préserver leurs moyens de subsistance et d‘éviter une nouvelle crise humanitaire.
A la question du financement de ce schéma de protection de la forêt tropicale s’ajoute le problème de ses objectifs. Pour l’instant les pays en développement sont réticents face aux contraintes chiffrées.
L’efficacité de la REDD dépendra aussi des technologies mises en place pour surveiller et quantifier la déforestation. Cette surveillance des forêts a déjà commencé dans le bassin amazonien, au Brésil. En mariant les images satellites disponibles gratuitement avec des méthodes d’analyses développées par des chercheurs de la Carnegie Institution (Californie, E-U), le système CLASlite révèle les régions du bassin amazonien intactes et celles qui sont dégradées. Selon ses promoteurs, cinq pays de la région Andes-Amazone ont adopté ce système et son usage devrait s’étendre.
Cécile Dumas
Sciences-et-Avenir.com
11/12/09
http://tempsreel.nouvelobs.com/actualit ... cales.html