Les producteurs du secteur de Guingamp, apporteurs de lait à Entremont, ont proposé un «café d'enterrement» de l'usine, au siège de la filiale Eolys, jeudi matin, après avoir appris que Sodiaal restait seul sur les rangs pour la reprise.
Jeudi matin, au siège d'Eolys, filiale d'Entremont, à Guingamp. Un 24décembre dont beaucoup se seraient bien passé. Des producteurs de lait de différentes tendances syndicales, la plupart adhérents de l'Apli, Association de producteurs de lait indépendants, favorables à une régulation européenne et à la création d'un office du lait, «pour retrouver notre liberté, un prix rémunérateur équitable». Ils apportent le «café d'enterrement» aux salariés d'Eolys, déplacent le sapin de Noël dans l'entrée et repoussent les cadeaux...
L'effet com'
À la suite de l'annonce dans la presse que Sodiaal restait seul sur les rangs pour la reprise d'Entremont (Le Télégramme de mercredi), ils viennent demander des comptes à leurs représentants. «Il y a un gouffre entre les industriels et les producteurs de base. On est trahi par nos coopératives», résume l'un des agriculteurs. Cet article est la goutte qui a fait déborder le vase car il est le résultat d'une communication d'Entremont, contre l'avis des producteurs. La veille de cette communication, lundi à Saint-Brieuc, près de 500 producteurs de lait étaient en effet réunis pour qu'on leur présente les deux offres de reprise, celle de Sodiaal, coopérative, et celle de Lactalis, entreprise privée. Les producteurs, eux, ont plutôt opté pour la solution Lactalis, conscients que les administrateurs d'Entremont étaient favorables à une reprise par le groupe Sodiaal.
L'avis des producteurs laissé pour compte
«Lundi, les représentants d'Eolys s'engagent à respecter l'avis des producteurs, mardi, ils votent à l'unanimité contre et écartent Lactalis sans explications». Gilles Bars, vice-président d'Eolys, producteur de lait élu représentant, est sommé de s'expliquer. «Ce n'était pas un vote, mais une consultation», rectifie-t-il. «Nous l'avons transmise à tous les organismes concernés, y compris au ministère de l'Agriculture. Elle a perturbé Sodiaal qui a exigé un signe fort, sinon ils renonçaient. On se retrouvait donc quasiment sans offre. Or, il faut sauver Entremont. Moi, mon objectif, c'est que le lait des producteurs soit ramassé tous les deux jours». «Nous, on veut être payés», rétorquent les producteurs.
Exclusivité Sodiaal jusqu'au 13janvier
Conclusion de ce dialogue de sourds: «Les coopératives ne nous représentent plus». Et GillesBars d'avouer que, «en tant qu'actionnaires minoritaires (35% contre 65%), on a des contraintes». Celles de suivre les actionnaires majoritaires. Il précise pourtant que «le projet Lactalis n'est pas définitivement écarté. Nous avons donné une exclusivité à Sodiaal jusqu'au 13janvier, pour améliorer son offre». Ce qui signifie que Lactalis pourra présenter la sienne à partir de cette date. Mais un accord risque d'être trouvé avant.
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